we return to each other in waves ☾ geonhee

Elle laisse échapper un rire tellement elle est prise au dépourvu par le surnom. Il n’y a que Geonu pour lui rappeler son titre ; elle-même l’oublie la majorité du temps. « Eh oui. » répond-elle, avec une voix timide. Quelqu’un d’autre aurait pu surenchérir avec un peu de plus de confiance, quelque chose du genre tu ne traînes pas avec n’importe qui ! mais elle en est incapable. Elle est déjà fière d’elle d’avoir réussi à répondre quelque chose de positif. « Oui, c’était pas vraiment touristique, mais il y a un très beau parc national et aussi une station de ski qui sont vraiment sympathiques à voir. Et un temple aussi ! » S’ils avaient été trop occupés pour visiter avant les jeux olympiques, ils avaient pris le temps de le faire après l’obtention de leur titre. Leur façon de célébrer.

Son sourire s’agrandit tandis que son visage prend une expression de fierté. Elle a réussi à deviner ; à lire dans ses pensées, même, comme il dit. Sunhee commencerait-elle à briser le mystère de Geonu ? Ce n’est peut-être pas grand-chose, un détail insouciant, mais elle est quand même contente de pouvoir accumuler des connaissances à son sujet. « C’est vrai ?! » exclamé avec les yeux brillants, sur le ton de la plaisanterie. « Ce n’est pas de la triche, le café ! J’ai quand même trouvé toute seule. » Lentement, le portrait du jeune homme dans sa tête devient de plus en plus détaillé, connaissant ses préférences, ses réactions, découvrant des nouvelles intonations et expressions au-fur-et-à-mesure ; comme ce regard qu’il lui lance et qui la rend soudain timide.

« Tu pourras le goûter, si tu veux. Quoi que, je ne suis pas sûre que ça se marie très bien avec le café. » Elle rétorque avec le même sourire taquin que lui, amusée des habitudes du jeune homme. Alors qu’elle découvre à chaque fois quelque chose de différent, lui finit par prendre les mêmes choses. Elle écoute silencieusement Geonu passer commande. Quand il a fini, elle se rapproche de lui et s’arrête à quelques centimètres. Elle peut sentir son odeur de si près, et ça la marque parce qu'elle a à la fois l'impression de ne jamais l'avoir vraiment senti, et l'impression que l'odeur du jeune homme lui est déjà familière. Puis, chassant cette pensée de sa tête, elle vient lui chuchoter, discrètement afin que le serveur n’entende pas : « Tu as oublié de préciser que l’americano doit être froid. » Elle recule en souriant, contente d’avoir pu corriger son erreur avant qu’il ne soit trop tard.

Est-ce que tu serais pas déjà en train de me proposer d’aller faire du ski l’hiver prochain ? Geonu taquin dont le sourire s’était fendu en deux, laissant apparaitre quelque chose de tout aussi ravi que dangereux. Et il ne pouvait s’empêcher de plaisanter, poussant Sunhee dans ses retranchements : heureux de la voir rester à l’aise. Car c’était là le plus important non ? Après toutes ces semaines, elle l’était enfin, bronchait à peine face à ses blagues.

Il adorait ça.
En retirait un plaisir particulier, car il faisait mal de la voir rejeter une partie de sa personnalité. Surtout celle-ci.
Surtout celle-lci, oui, car elle continuerait d’y être confrontée.
Geonu carnassier et joueur, qui entreprenait quelque chose de plus grand : montrait son intérêt à sa façon.

Sunhee n’était pas une amie.
Elle ne le serait jamais.
Devrait briser son coeur pour le forcer à la considérer comme telle.
Mais il n’en était pas encore là.

Et il avait un si grand sourire, Geonu, face à ses exclamations et protestations. Ce n’est pas de la triche ! semblait-elle s’indigner, mi-taquine mi-offensée. Balle au centre, alors. Admis les mains en l’air, dans un petit rire. Geonu qui s’avouerait vaincu encore et encore pour elle, si cela pouvait continuer à alimenter son sourire bienheureux et insouciant. Oui, je crois que pour cette fois, on devra se cantonner à nos boissons respectives. Geonu pas très friand des boissons gazeuses : la seule qu’il appréciait étant alcoolisée. La bière. Le ton de la conversation était si léger que lui-même avait fini par se perdre dans son propre jeu. Il en aurait presque oublié l’objectif premier, s’était égaré au fil des rires contents de sa Sunhee et d’une atmosphère bien trop agréable.

La commande n’avait tardé à lui faire repousser les cornes.
Geonu qui avait frissonné à l’approche d’une Sunhee timide, qui était venue susurrer dans son oreille. Il avait du se retenir pour ne pas l’attraper quand elle s’était éloignée, comme par réflexe : comme si à présent qu’elle s’était approchée par elle-même, il pouvait la garder là, tout contre lui. Surprise. Avait-il méticuleusement articulé sans hausser la voix, tournant lentement son visage vers Sunhee. S’approchant à son tour, il était venu chuchoter tout près d’elle : Il s’agit bien d’un americano chaud. Et le diablotin n’aurait pu être plus heureux de son effet, sa voix trahissant son amusement. Se reculant, il était resté assez proche pour que ses yeux se perdre dans les siens dans un message taquin, frôlant la provocation :

Alors, la balle toujours au centre ?

La dynamique change entre eux de manière si évidente que même Sunhee le remarque. Elle ne saurait pas dire ni comment, ni pourquoi, encore moins en quoi elle a changé, mais elle remarque avec aisance le nouveau comportement de Geonu. « Peut-être bien ? » répond-elle avec un sourire taquin, décidant de rentrer dans le jeu. Elle ignore dans quel jeu précisément, une nouvelle fois, mais décide d’y aller naturellement, de se laisser emporter par l’ambiance.

Jusqu’à ce que le regard du sorcier prenne une lueur encore différente, à laquelle elle n’est pas du tout habituée. La taquinerie, elle connaît bien, mais cette fois-ci il y a quelque chose en plus. Quelque chose qui la prend au dépourvu, d’une manière agréable néanmoins. « Balle au centre, oui ! » rétorque-t-elle avec engouement, puis un petit rire amusé quand elle l’entend rire et le voit lever les bras en l’air. Quel combat sont-ils en train de mener ? Elle n’a pas sûre de comprendre vraiment ce qui est en train de se passer. « Dommage ! » Un petit haussement d’épaule en disant ça, dommage pour lui avant tout, qui ne pourra pas goûter les boissons gazeuses qu’il a lui même recommandées.

Quand il passe commande, Sunhee est tellement sûre d’elle qu’elle ne remet pas en question la possibilité qu’il puisse vraiment vouloir une boisson chaude. Elle est habituée à ce qu’il commande toujours un ice coffee, tellement qu’elle en oublie qu’il lui avait dit, en décembre, qu’il commandait du froid en hiver et du chaud en été. C’est pourquoi son sourire confiant disparaît quand il se rapproche d’elle de nouveau — au lieu de dire au serveur « pardon, j’ai oublié de préciser que je le voulais froid », comme elle l’avait anticipé — et lui chuchote qu’il n’a rien oublié du tout.

Elle se dit que la surprise qu’elle ressent — qui a fait sauter un battement à son coeur — est due à ce changement de commande et pas du tout au visage de Geonu si près du sien, soudainement. Ni à son odeur qui vient chatouiller ses narines, ni à cette proximité à laquelle elle n’est pas habituée avec d’autres personnes que Naeun ou Yuyeon, ni aux yeux du sorcier plongés dans les siens. Elle est à peu près sûr qu’elle ne les a jamais vus d’aussi près, ses yeux noirs qui offrent pourtant quelques nuances de marron, maintenant qu’elle les observe bien. Ils reflètent la lumière de l’endroit et Sunhee compare, pendant quelques secondes, les points blancs à des étoiles dans un ciel nocturne. Elle en a le souffle coupé pendant un instant, a l’impression que le temps s’est arrêté, puis se rend compte que ce n’est pas le cas et qu’elle l’observe silencieusement depuis trop longtemps. « Oh. » dit-elle, très visiblement troublée. « Ça veut dire que j’ai perdu, ça ? » demandé quand elle a un peu repris ses esprits, d’un ton qu’elle espère léger, un petit sourire sur les lèvres.

Geonu n'aurait pu être plus heureux qu’à l’instant où Sunhee avait répondu peut-être d’un sourire complice, le rejoignant dans cet échange taquin mais pas que. Tout semblait si différent. Leur dynamique venait de changer, les propulsant vers une nouvelle étape dans leur relation. Après un premier chapitre retrouvailles et un second découverte, quel serait le titre du prochain ?

Lui qui ne pouvait plus faire de pas en arrière, n'avait pas envie de le faire. Pourrait-il espérer un rapprochement donnant suite à un quatrième chapitre ? Sans que ce dernier se désagrège, que les pages s'arrachent et que tout finisse par faire si mal ?

It’s settled, then. Dit chaleureusement (bien trop content) alors qu’il s’était retenu de passer un bras derrière ses épaules pour l’avoir là où il se sentait le plus a l’aise : contre lui. Sunhee qu’il n’osait pourtant pas tout à fait regarder, de peur de se perdre encore et encore sur sa silhouette : sur sa tenue et tout ce qu'elle incarnait. Et il aurait presque eu envie de lui demander d’où venait ce changement de style, si le printemps allait la faire renoncer aux mom jeans et pulls bien trop grands pour sa fine stature.

Mais n’avait rien dit.
Comme toujours.
Ne voulait pas faire de commentaire déplacé : toute personne était libre de s’habiller comme elle le désirait.  Peut-être ? Murmuré non loin d’elle alors qu’il ne l’avait pas quittée des yeux, Geonu. Sunhee troublée qui, il le sentait, semblait le redécouvrir à cet instant. Elle pourtant si attachée à tout ce qu’ils avaient pu être. Mais comment lui dire, oui, que l’enfant qu’elle avait connu des années auparavant était mort ? Il avait changé. Il n’y avait plus que lui, jeune adulte : mélange savant entre la décontraction et le désintérêt.

Enfin, lorsque ça ne la concernait pas.
Là, il était et resterait très attentif.

Mais je pense que je préfère perdre quand c'est face à toi. Sourire alors qu'un grattement de gorge l'avait forcé à se redresser, provenant du serveur : ce dernier avait avancé vers eux leur commande. Merci. Répondu simplement alors qu'il avait tendu l'eau gazeuse dans une belle bouteille en verre à Sunhee, ainsi que son sandwich. On y va ? Demandé alors qu'il avait commencé à se mettre en route, attendant cependant qu'elle arrive à son niveau pour réellement avancer. Il avait fait un signe de tête à l'employé pour lui dire au revoir et avait définitivement quitté le café. Contente de l'esthétique de ta boisson ? Demandé gentiment alors que leurs épaules semblaient s'effleurer bien plus souvent qu'auparavant. Il n'était plus à côté d'elle, mais avec elle.

Avait pris une gorgée de son americano qui lui avait littéralement brûlé la gorge. Grimaçant de plaisir, Geonu s'était dit d'aujourd'hui était décidément une bonne journée.

Elle ignore ce qui la touche tant dans des mots aussi simples. C’est peut-être le fait qu’on ne lui ai jamais dit des choses pareilles, ou qu’elle est habituée à perdre pour faire plaisir aux autres (sauf dans le cas du patinage artistique, bien sûr).
Ou bien, peut-être que ça n’a rien avoir ni avec l’un, ni avec l’autre ; mais plutôt avec le regard qu’il lui lance et sa voix murmurée. Elle peut presque sentir son souffle contre elle.

Elle ne sait pas quoi répondre, ni comment réagir, totalement troublée par ce Geonu qui lui est inconnu — et heureusement pour elle, le serveur les interrompt juste à temps. Quand il s’éloigne d’elle pour prendre les boissons, elle a la sensation de prendre sa première vraie respiration depuis des heures.
Paradoxalement, même quand il se remet à une distance convenable, elle a l’impression de toujours sentir son odeur de verveine. Comme si sa présence était toujours là, à ses côtés ; comme si elle ne partirait jamais. « Oui, allons-y. » dit-elle après avoir pris la bouteille d’eau gazeuse, joliment décorée par des cerises qui flottent dedans. Elle l’admire plusieurs secondes, avant de lever les yeux vers Geonu. « Très contente, même ! » Sourire sur les lèvres, mais Sunhee ne pense pas à sortir son téléphone pour prendre la boisson en photo.

Contrairement à d’habitude, son esprit reste quand même préoccupé par autre chose. La pensée ressurgit comme un intrus pas invité et fait disparaître soudainement son sourire, alors qu’elle prend la première gorgée de sa boisson. Devrait-elle le dire à Geonu ? Elle ne peut pas lui cacher, de toute façon. Il finira par l’apprendre, en avril, quand ses entraînements seront intensifiés. Dans ce cas-là, il vaut mieux lui dire maintenant. Que le sujet soit abordé, puis oublié.
Ou à défaut d’être oublié, qu’il soit au moins abordé.

Elle ne relève pas la tête vers lui quand elle se met à parler, le regard fixé devant elle, là où le paysage printanier commence à apparaître. Elle peut voir les premiers pétales voler jusqu’à eux. « Au fait, à mon dernier entraînement, Yuyeon m’a dit qu’il voulait reprendre la compétition. » Le ton de la conversation, comme si c’était une information aussi peu importante que l’esthétique de sa boisson. Elle se dit que si elle ne le regarde pas, elle ne trahira pas ses émotions — bien consciente que ses yeux expriment plus de choses que ses mots. « On a décidé de participer aux championnats en Corée, le 14 mai. » « On », même si c’est en réalité lui qui a proposé l’idée, elle qui a accepté, sonnée par la nouvelle. « Du coup, je pense que j’aurai moins de temps en avril. » Elle fait de son mieux pour maintenir sa voix neutre et elle est étonnée d’y parvenir. Après tout, elle a réussi à bien jouer le rôle face à Yuyeon, alors Geonu n’y verra que du feu, lui aussi, non ?

Les choses se passaient rarement comme on l’espérait. Geonu rigoureux qui avait travaillé dur pour obtenir ce qu’il voulait dans ses études et sa vie professionnelle. Et il était de ces personnes méconnues à qui la vie réussissait : avait toujours réussi à obtenir le bon stage, à s’en sortir lors des examens, à trouver une place tranquille dans la bibliothèque pourtant pleine à craquer.

Sa relation aux autres était quant à elle plus compliquée.
Lui qui avait besoin d’un certain contrôle, qui appréciait pouvoir prendre du recul et comprendre. Comprendre mais pas trop, jamais tout à fait. Surtout plus jeune. Geonu qui avait longtemps pensé et qui pensait peut-être encore que tout n’était pas bon à savoir. Les relations passionnelles étaient dangereuses : si elles apportaient un certain confort de par leur intensité, l’allumette finissait par s’embraser et ne rien laisser (que des cendres).

Peut-être avait-il un sens moral trop fort, une incapacité à accepter certaines choses. Mais comment faire, lorsqu’il était impossible de contrôler ce qui était extérieur à soi ? Car c’était ça : des variables inconnues. Ses amis étaient des x et des y, qui à son contact se retrouvaient coincés avec lui dans une équation. La leur.

À partir de là, il n’était plus qu’une question de temps avant que la ligne ne soit franchie. Au fil des rencontres, des semaines et des années : viendrait le jour où l’inconnue révèlerait sa valeur et tous ses secrets. Geonu adolescent qui pourtant ne voulait pas savoir.


Ne voulait pas avoir à choisir.
Eux face à ses principes.
Eux face à son sens moral.
Eux face à la justice.

Il avait fallu que la mort vienne frapper à sa porte pour qu'il se retrouve contraint et s'y mêle. Il avait fallu oui voir son colocataire en larmes, ayant perdu sa petite amie dans une overdose pour que tout finisse par lui retomber dessus. Il était impossible de fuir. Impossible de fuir ses responsabilités et ceux qu’il aimait : n’avait eu d’autres choix que de se faire face.

D’accepter sa sensibilité et toutes ces choses qu’il avait enfouies en lui.
Geonu emphatique à l’intelligence émotionnelle bien trop à vif. Geonu qui s’était carapacé toute sa vie pour se protéger. Car comment supporter la peine des autres alors qu’eux-mêmes ne la supportaient pas ? Comment accepter des fardeaux qu’ils trouvaient si lourds qu’ils les vomissaient sur leur entourage, dans l’espoir que l’un ou l’autre le partage.

Geonu parfois préférait ne pas savoir. C’était peut-être cruel, mais il préférait les bons moments aux mauvais. Il se préservait et se priorisait. Alors paraissait-il si conciliant, si adroit et à l’écoute : lui en réalité si désintéressé, si en dehors de tout et des autres surtout.

Mais la vie se passait rarement comme on l’espérait.
Encore et encore.
Et Geonu avait changé.

Il n’était plus rien de ce gamin présent pour les bons moments et les bons moments seulement. Il avait gouté au bonheur et avait commencé à le répandre autour de lui : était si serein et si ancré qu'il avait commencé à pouvoir aider, supporter, porter. Geonu aux épaules plus larges qu’il ne le pensait, qui écoutait ses amis et sentait son coeur se briser à chaque fois qu’il sentait que non, ça n’allait pas.

Et pour ceux qui avaient franchi la ligne d’amis à famille, il aurait tout donné : aurait été prêt à sacrifier une partie de sa vie pour eux. Car Geonu avait fini de fuir et avait réalisé qu’il était là pour protéger.

Pour le meilleur comme pour le pire.
Il espérait le meilleur.
Savait que ce serait souvent le pire.

Le silence entre lui et Sunhee avait semblé prendre de la lourdeur, eux qui quelques instants plus tôt riaient encore, pris dans un jeu qui la dépassait mais que lui comprenait. Et c’était toujours un peu comme ça, avec sa partenaire : de moments légers s’ensuivaient des coups au coeur, des vagues si puissantes qu’elles emportaient tout. Qui pouvait bien les provoquer, alors que lui était si calme ? Qui pouvait bien les provoquer oui, alors que lui oeuvrait à la voir sourire et rire : briller comme son prénom, comme le soleil qu’elle incarnait.

Sunhee était peut-être un peu brisée.
Et Geonu le savait, savait deviner les craquelures dans ses mimiques, dans certains de ses commentaires murmurés l’air de rien. Sunhee si honnête qu’elle finissait par se trahir, mais faisait tout pourtant pour ne pas ruiner le moment.

Car exprimer ses sentiments revenait pour elle à ruiner le moment.
Avait-il déjà vu quelqu'un de si dédié à l’autre, et si peu à soi-même ? Hmm. Moue pensive alors qu'il avait regardé devant eux, laissant s’installer un silence alors qu’elle venait de lâcher une énième bombe. Tic tac tic tac. Le compte à rebours était lancé et peut-être espérait-elle qu’il joue à son jeu.

Mais lui ne pouvait plus, non, fermer les yeux.
Plus maintenant, plus après tout ça : surtout pas pour elle.

Je vois. Sourire distant alors que leurs épaules s’étaient comme bousculées, Geonu qui avait regardé le ciel et ce bleu si bleu mêlé au rose si pur des pétales de cerisiers. Et toi, tu veux quoi ? Car elle avait évoqué la volonté de Yuyeon, lui avait dit oui qu’ils avaient décidé de reprendre la compétition : mais n’avait pas parlé de la sienne, de volonté.

Serait évidemment ravi de la voir poursuivre ses rêves, ne doutait pas une seule seconde qu’ils pourraient remonter très haut et très fort dans les classements. S’ils s’en donnaient les moyens, ils pourraient être champions d’Asie puis champions du monde. Geonu qui croyait en eux, qui croyait en Sunhee plus que tout à cet instant. Aussi avait-il envie de se réjouir avec elle, se la prendre dans ses bras et la faire tourner (encore et encore) autour de lui jusqu’à ce que son cri surpris se fende en un rire incontrôlable et irrépressible.

Mais devait-il se réjouir ?
Sunhee toujours si heureuse pour tout, qui pourtant était si neutre à ce moment.
Elle n’avait même pas feint un sourire : avait probablement pensé qu’il la trahirait plus que son silence. Mais Sunhee dans le silence n'était pas Sunhee. Elle vibrait et débordait.

Alors il l’avait regardée, Geonu, d’un regard sincère et calme.
Avait attendu qu’elle lui dise s’il devait se réjouir ou l’écouter.
Car il l’écouterait, tout autant qu’il pourrait se réjouir.
Serait-là quoiqu'il advienne.

Les mots sont sortis. Elle les a dit, enfin. Elle devrait se sentir soulager mais ce n’est pas le cas. Le fait de l’avoir dit rend le fait plus réel, et le poids devient plus lourd encore dans son ventre. Elle se force à ne rien laisser paraître, le regard perdu dans le paysage qui les entoure, s’oblige à remarquer intérieurement des détails futiles. Oh, regarde comment vole le pétale, il a une trajectoire étrange, alors que le pétale ne fait rien d’autre que suivre la trajectoire du vent.

Et le silence s’installe entre eux, quelques secondes qui lui paraissent durer une éternité. Elle ne tourne pas le regard vers lui pour lui faire face, n’essaie pas de changer le sujet non plus. Elle se contente de porter à sa bouche la limonade, de boire, comme si c’était naturel de ne rien dire de plus. Même lorsque leurs épaules se bousculent — cette fois-ci, elle l’a bien senti et remarqué — elle continue obstinément à regarder en face, puis sur le côté. Partout, sauf vers lui.

Jusqu’à ce qu’il pose la question. La question que Yuyeon n’avait pas posée, qu’elle aurait aimé que personne ne lui pose. Parce qu’elle déteste la réponse, s’en veut de ne pas être sur la même longueur d’onde que son partenaire.

Elle est si surprise par la question — parce que que Geonu ait remarqué quelque chose, c’est déjà étrange, mais qu’il le souligne l’est encore plus — qu’elle ralentit son rythme de marche.
Sa première intention est de fuir la question. Répondre par un sourire, par un mensonge, ou détourner le sujet. Mais quand elle ouvre la bouche pour le faire, aucun son ne sort, et elle sait pourquoi. Elle sait que c’est à cause du regard du jeune homme, sincèrement intéressé et sincèrement inquiet.

Sunhee ne sait pas mentir.
Sunhee n’aime pas mentir.
Et elle a l'impression que Geonu lit en elle comme dans un livre ouvert. Qu'il sait précisément ce qu'elle pense et ce qu'elle ressent, comme si son regard la mettait à nu.

Alors elle passe la langue sur ses lèvres, prend une grande inspiration, hausse les épaules. Elle essaie de ne pas avoir l’air trop déconfit, de garder un espèce de détachement, quand elle répond : « Autre chose ». Oui, elle veut autre chose. Elle veut la liberté, que la compétition ne lui offrira jamais. « Mais ça n’est pas important. Je ne peux pas priver Yuyeon de faire ce qu’il a envie, par pur égoïsme. » dit pour mettre un terme à la discussion, pour cacher sa culpabilité et sa tristesse. Or, elle a elle-même entendu sa voix se briser en disant ça, sait que le masque est brisé.

Elle pousse un soupir, déglutit, fuit du regard le jeune homme. « La compétition, c’est bien. Ça permet de progresser et de tester ses limites. De découvrir des choses, sur le patinage artistique, sur soi-même, sur son partenaire, sur les autres. C’est stimulant et motivant. Mais ça a plein d’autres défauts. » dit-elle, comme pour se justifier, comme s’il lui avait reproché de ne pas être aussi joyeuse que Yuyeon à l’idée de la reprise.

Sunhee dont le masque se craquelait, dont les efforts pour rester neutre la trahissait plus encore. She was a giver. Sunhee si habituée à donner qu’elle en oubliait le plus important : ses sentiments. Et quand arrêterait-elle de culpabiliser ? Quand comprendrait-elle que changer n’était pas un crime, qu’elle-même se serait prise dans ses bras s’il s’était agi d’une amie ? Je vois. Geonu qui café à la main avait respecté cette distance qu’elle tâchait tant bien de mal d’instaurer entre eux.

Une distance qui n’était pas physique, non.
Une distance verbale. Et il avait tout fait pour ne pas la brusquer, avait laissé ce silence planer entre eux un moment après que sa voix calme était venue répondre à ses confessions. Leurs épaules avaient continué de s’effleurer, se bousculant de temps à autre : répétant le mouvement. Geonu qui avait fini son café et l'avait fait disparaitre, la mer se révélant à eux alors qu’ils s’étaient rapprochés des cerisiers dont les pétales dansaient tout autour d’eux. Je comprends. Rajouté peu de temps après, mais assez pour qu’elle ait pu se préparer à ce qui allait suivre.

Geonu qui était venu passer un bras autour d’elle pour la serrer contre lui, s’arrêtant de marcher. Sa main était remontée jusqu’à sa tête alors qu’il l’avait invitée à se blottir là, tout près de lui. Il serait là, ne la lâcherait pas. Ça n’a pas du être facile, Sunhee. Je suis désolé que tu te sois sentie obligée de te sacrifier pour ton partenaire, car la compétition est tout ce que vous avez connu et que lui en rêve encore. Doucement, il était venu caresser ses cheveux, cherchant à être le plus rassurant possible.

Geonu qui n’avait jamais été aussi calme qu’à cet instant. Il semblait si tranquille, comme si tout ce qu’il avait vécu avait été dans le but de pouvoir la soutenir à ce moment présent. Je suis désolé que tu te sois retrouvée si jeune dans un milieu si cruel, que tu aies dû subir la pression de cent hommes alors que tu n’étais qu’une enfant, que tu aies dû grandir trop vite et découvrir tous les aspects pervers de la compétition. Il avait baissé son visage jusqu'à que sa joue vienne se reposer sur la tête de sa Sunhee, finissant de la prendre entièrement dans ses bras.

Avait l’impression que même à l’abri, si proche de lui, il lui serait impossible de la protéger de ses démons. Je suis désolé que tu aies dû devenir si forte si jeune, et qu’aujourd’hui encore tu te sentes coupable de développer de nouveaux rêves et de nouvelles envies. Malgré les bons côtés de la compétition, malgré tous ces championnats gagnés et malgré le meilleur des partenaires. Une main toujours dans les cheveux de son amie, Geonu était venu de l’autre tapoter doucement son dos. It's okay not to be okay, Sunhee. Avait-il conclu d'une voix teinté de tristesse, car il avait mal pour elle. It's okay to be hurt, to have your own dreams. It's okay to be yourself.

Si mal.
Mal mal mal.
Il avait si mal pour elle. Et tu es déjà tant.
Conclut tout doucement, d'un murmure pourtant si fort.
Si fort car il y croyait tant.
Dur comme fer.

Elle sirote manuellement sa limonade, si bien qu’elle ne réalise même pas qu’elle l’a terminée. Elle se sent mal-à-l’aise, pas à cause de Geonu — bien au contraire — mais parce qu’elle a honte. Honte d’annoncer une bonne nouvelle avec une tête pareille, honte de ne pas faire honneur à son parcours, à ses titres, en préférant la liberté à la reprise. Elle est tellement immergée dans ses pensées qu’elle ne réalise pas tout-de-suite ce qui se passe quand elle sent Geonu l’attirer vers lui.

Lorsqu’elle sent son bras l’entourer, sa main se glisser vers sa tête, elle réalise qu’il est en train de l’enlacer. Pire encore, elle réalise qu’elle-même, dans un réflexe presque infantile, elle a trouvé refuge contre lui, contre son torse. Sa main libre s’est serrée dans son dos avec force avant même qu’elle prenne conscience de ce qui se passe, comme si Geonu était une bouée lancée au milieu de la mer. Elle a d’ailleurs complètement oublié le paysage autour, la mer, les fleurs de cerisier.

Les larmes dont elle n’avait même pas présagé la présence se sont mises à couler aussi soudainement qu’une averse en plein mois de juillet. Les mots du jeune homme sont comme un pansement sur chacune de ses blessures, ils la soulagent d’un poids, indéniablement, mais les larmes ne s’arrêtent pas pour autant. C’est peut-être par ces larmes qu’elle a retenues longtemps qu’ils s’en vont.

Elle se laisse consoler. Elle se laisse bercer au rythme des caresses dans ses cheveux. Elle se blottit plus fort contre lui quand il pose sa tête sur la sienne. Son monde, à cet instant, n’est plus que Geonu. Elle ne voit que lui. Ne sent que son odeur. Ne ressent que ses touchers. N’entend que ses paroles. Tous ses sens sont mobilisés par lui, et rien d’autre.

C’est comme s’il savait. Il parle comme s’il savait avec précision tout ce par quoi elle est passée. Comme s’il avait été à ses côtés toutes ces années, à l’observer et attendre le bon moment pour la consoler. Elle sait que c’est absurde, qu’il ne sait pas, qu’il ne peut pas savoir, mais c’est parce qu’elle a l’impression que malgré tout, il sait, qu’elle parvient à se remettre à parler. Là, dans ses bras, les yeux fermés, comme à l’abri de tout, et avant tout du regard des autres. « C’était si dur, la compétition pour moi, si dur. » confié d’une petite voix brisée, interrompue par les sanglots. Ce n’est ni le meilleur moment, ni la meilleure position pour raconter des choses pareilles, mais elle ne parvient pas à s’arrêter. Elle a soudainement envie de parler, alors elle le fait. « Au début, le plus dur, c’était le rythme imposé. Les heures et les heures. Les humiliations quand on n’y arrivait pas. Et puis les remarques incessantes. Sur le poids La performance. Le poids. La performance. Toujours des critiques. La peur d’être nulle ou de ne plus jamais s’améliorer. » Elle prend une respiration, elle tremble presque dans ses bras. Se sent si faible, si épuisée soudainement. Une part d’elle s’en veut, elle devrait prétendre que tout va bien, ne pas gâcher leur sortie en continuant de pleurer. Cependant, elle est incapable de s’arrêter. « Mais j’ai de la chance. J’ai réalisé que j’avais de la chance quand mon amie m’a dit que son coach l’agressait sexuellement. » Elle ne comprend pas pourquoi elle le dit avec une telle facilité. Une histoire enfouie au plus profond d’elle, qu’elle n’a jamais raconté à personne. Ni à Yuyeon, ni à Naeun. Parce que son amie, en quittant le milieu suite à sa dépression, lui a dit de garder le secret. Et elle l’a fait, puisque de toute façon, elle était incapable d’amener un sujet pareil avec qui que ce soit.

Sauf Geonu.
Avec lui, elle y arrive. Les morts sortent seuls, avec une facilité déconcertante.
Parce qu’au fond, c’est comme s’il savait.

« À ce moment-là, j’ai vraiment voulu arrêter. J’ai failli arrêter. Quand j’ai réalisé ce qui se passait autour de moi. J’ai voulu tout abandonner. » Et elle ne sait pas trop comment elle a fait pour continuer. Sans doute parce que Yuyeon était là, et qu’il a toujours été sa force la plus évidente. Mais avec lui, elle n’a jamais réussi à dire tout ça.
Elle n’y arrivera probablement jamais.

Elle s’était accrochée à lui et lui ne l’avait pas lâchée. Geonu qui avait serré Sunhee tout contre lui, les yeux fermés et les sourcils froncés. Il n’avait pas cessé une seule seconde de caresser son dos, gardant précieusement sa tête contre son torse, venant presser sa joue tout contre elle comme elle était tout contre lui. Geonu cocon qui tentait vainement de protéger Sunhee et de lui apporter tout le confort qui lui avait jusqu’alors été refusé.

Il avait accepté chacun de ses sanglots et soubresauts, continuant de la serrer si fort contre lui, quoiqu’un peu précieusement. Parfois sa main venait caresser ses cheveux, parfois il recommençait à tapoter son dos. Geonu qui ne cessait jamais d’être là dans ce récit si difficile et si douloureux. Sunhee qui vomissait toutes ses peurs tout son dégoût toutes ces choses qui lui avaient fait si mal.

Sunhee qui avait été si forte, si forte malgré l’adversité et les horreurs. Sunhee si sensible et si fragile qui avait dû grandir si vite dans ce monde d’adulte. Et elle avait tenu bon, avait tenu bon au bras de son partenaire, partageant avec lui un rêve commun. Il avait été son pilier mais également un de ses plus gros fardeaux : lui avait permis de tenir mais l’avait empêchée de s’autoriser de flancher. Sunhee qui s’était mise des béquilles pour tenir, qui s’était forcée à sourire jusqu’à se tromper elle même, jusqu’à y croire. Car il ne suffisait que d’y croire, non ? Car à force d’y croire tout finirait toujours par aller.

You’ve been through so much. Murmuré tout contre elle, contre sa Sunhee si fragile et tremblante (si forte), dont les sanglots ne semblaient ne pas avoir de fin. Combien de fois, combien d’années s’était-elle retenue ? Avait-elle donc passé sa vie à prioriser les autres plutôt que sa propre personne ? It’s okay to be tired, it’s okay to need a break. Continué tout doucement, alors que Geonu ne l’avait pas lâchée. Il ne voulait pas la lâcher.

Ne pouvait pas la lâcher.
Avait l’impression que le moment où il le ferait elle lui échapperait.
Reprendrait ce sourire et lui dirait que tout allait.
Que tout irait.

Mais tout n’allait pas toujours bien.
Tout n’avait pas à aller bien. It’s okay Sunhee, it’ll be okay. Car tout irait bien, tout finirait par aller bien même si elle n’allait pas bien aujourd’hui. Car Sunhee avait le droit de ressentir, de crier et de pleurer. Car elle avait le droit d’extérioriser tous ces sentiments qu’elle avait gardé en elle toutes ces années, avait le droit pour d’en parler et de se sentir légitime. I’m so proud of you, and we all love you so much nonetheless. Geonu qui avait semblé se défaire d’elle, lui laissant de l’espace pour mieux la reprendre contre lui : la serra de face bien fort, bien tendrement. Merci d’avoir eu le courage de me dire tout ça. Avait doucement embrassé ses cheveux avant de lui redire, cette fois-ci dans leur langue natale : Je suis si si fier de toi. Et peut-être n’était-il pas légitime, mais il le pensait plus que jamais. Geonu si calme qui pourtant avait si mal, Geonu qui restait droit car tout ce qu'il avait vécu jusqu’à aujourd’hui - il le savait - était pour ce moment là.

Encore et encore.
C’était comme une certitude.
Et il avait souri, car rien ne pourrait le faire douter.
Pas même les doutes de Sunhee : croirait pour eux deux.

I’m so proud of you. Depuis combien de temps n’a-t-elle pas entendu ces quelques mots ? Elle l’entendait avant, presque tout le temps. Puis avec le temps, les mots se sont faits de plus en plus rares. Les gens sont-ils déçus ? Eux qui étaient si fiers d’elle et de ses exploits, se sont-ils rendus compte des failles ?
Il n’y a pas de place pour les faiblesses dans la compétition. Elles sont forcément présentes, chez tout le monde, mais il faut savoir les dissimuler pour donner l’impression d’être fort. Les gens sont fiers d’une athlète quand elle gagne et montre sa joie de gagner, mais le seraient-ils s’ils savaient que l’athlète n’a rien de plus que les autres, sinon des heures et des heures d’entraînement supplémentaires ? Le seraient-ils s’ils savaient toutes les fois où l’athlète a pensé à tout laisser tomber, à chaque chute, à chaque remarque, à chaque mauvais jour ?
Elle aimerait ne pas se poser toutes ces questions. Du moment qu’elle est satisfaite de son propre travail, pourquoi devrait-elle se préoccuper de l’opinion des autres ? Les dégâts de la compétition, elle le sait. À force de s’en remettre à l’avis du coach, puis des juges, puis des spectateurs, elle a intégré que ce n’est pas son opinion qui compte le plus. Alors elle se retrouve à toujours attendre une validation extérieure — c’est pourquoi ces mots, prononcés par Geonu qui plus est, lui sont d’un réconfort énorme. Ils calment ses larmes, apaisent sa culpabilité.

Elle se retrouve sans rien à dire, elle qui pourtant aurait pu passer des heures à énoncer tout ce qui a été du pour elle pendant toutes ces années. Tous les aspects négatifs, pourtant bien présents, lui semblent moins dérangeants maintenant qu’elle est dans ses bras. « Merci. » murmure-t-elle avec une voix cassée par les larmes, en décidant de ne pas trop s’interroger sur ce qu’elle a senti sur ses cheveux. Est-ce qu’un pétale est tombé sur elle, ou est-ce que c’est autre chose ? Les sanglots restent présents mais les larmes ne coulent plus, et au bout d’un instant, elle finit par reculer légèrement.
Qu’est-ce qu’elle peut faire, maintenant ? Elle se sent comme une imbécile d’avoir pleuré aussi longtemps dans ses bras, d’avoir gâché leur après-midi légère, d’avoir même mouillé ses habits. Le rouge lui monte même aux joues, tellement elle est gênée — ce n’est pas la première fois qu’elle pleure en public, mais c’est différent de pleurer dans les bras de quelqu’un. Elle passe ses mains sur son visage pour essuyer les traces des larmes. « Je suis désolée… Je crois que ton pull est mouillé, à cause de moi. » Pour ne pas dire qu’elle est désolée pour tout le reste. De lui avoir imposé des confidences qu’il n’a pas demandées, sur des choses qui ne l’intéressent peut-être pas. « Je sais pas pourquoi… je… j’ai jamais vraiment parlé de tout ça à quelqu’un, en fait. » Elle baisse la tête vers le sol en parlant, essaie de lui expliquer que c’est pas dans ses habitudes de se plaindre autant, comme s’il lui avait reproché. « Je peux le faire. Je vais y arriver. Et ça va déjà mieux, grâce à toi. Merci. » rajoute-t-elle en levant la tête vers lui, les yeux rouges mais un petit sourire sur le visage.