Nothing breaks like a heart {Fevie

this world can hurt you
Au milieu de son emploi du temps bien trop rempli, Evie avait décidé de s’accorder un peu de temps pour elle. Les contrats avec Mahoutokoro et les différentes équipes professionnelles venaient d’être finalisés et la technomage pouvait espérer tenir les délais fixés par sa hiérarchie. Cette nouvelle gamme était la sienne, son projet, son test d’aptitude vis-à-vis du conseil d’administration. L’anglaise était stressée mais confiante. S’il y avait bien deux domaines qu’elle maîtrisait, c’était bien la technomagie et le quidditch. C’était également le début des qualifications pour le Wizard Bowl. Autant de choses qui remontaient Evangeline comme une pendule. Pour ne pas exploser en vol, elle s’était improvisée une après-midi shopping, dépensant une bonne partie de son salaire sur Amaterasu Avenue. Elle avait trouvé une magnifique cape au tissus iridescent dont la chaleur évoluait en fonction de la température de sorte qu’elle puisse être portée toute l'année et un nombre indécent de sous vêtements parfaits pour des activités tout aussi indécentes. Elle avait également acheté tout un tas de cadeaux pour les jumelles d'Ichiro et Nae. Ses achats l’avaient mis de bonne humeur, aussi, c’est en sifflotant qu’elle remontait l’allée de nuages. Elle en était au milieu d’un tube à la mode lorsqu’elle aperçut la mine morose de Félix. Il ne l’avait pas habitué à ça. D’eux deux, elle était généralement la moins enjouée. Elle n’aurait sans doute pas du s’inquiéter outre mesure, surtout qu’ils n’étaient pas à proprement parlé les meilleurs amis du monde mais leur petite rivalité entre nature et technologie avait pris une nouvelle tournure quand il lui avait demandé son aide pour un projet particulier. A son corps défendant, elle s’était surprise à apprécier la compagnie du Daichi. Elle se décida donc à l’aborder, tapotant son épaule. “Hello, Flower Boy. So… there’s a fashion victim hiding behind that whole mother earth defender of yours?”. Son sourire se fana bien vite face au manque de réaction de Félix. Quelque chose n’allait pas, c’était évident. “Are you alright?” Elle ne pouvait s’empêcher de s’inquiéter Evie, elle détestait voir les gens souffrir autour d’elle et, quelque chose chez le Daichi hurlait sa souffrance à la face du monde.

this world can hurt you
Une semaine, tout juste. Felix commençait enfin à croire à ce qu’il vivait, ce qu’il ressentait. Comme une roue qui ne cesse de tourner sans être capable de s’arrêter sur le réel, le temps lui jouait des tours mais enfin la course folle s’était arrêtée. Cass était rentrée à Haïti, il avait su apprécier le soutien et les messages ; et bien qu’il n’était pas encore question de rebondir, il avait commencé à sortir de nouveau, prendre l’air. Vivre, juste un peu, une vie différente et nouvelle, le museau à moitié curieux et à moitié terrifié.
Errant sans but dans les ruelles, c’est du côté des grands magasins qu’il flâne. Il n’a pas remis un pied à l’université pour le moment, il préfère respirer ailleurs, loin des regards accusateurs et de la pitié ambiante qui allait encombrer l’air. On lui avait dit, pour se reconstruire, de s’acheter de nouvelles choses, d’être actif et reconstruire son image, tant pour lui que pour les autres. Un sac gonflé d’achats futiles pend donc à son bras, quand il sent quelques secousses sur son épaule.

Evangeline. Elle doit savoir, déjà. Elle était invitée. Elle avait aidé à construire le cadeau de mariage, enfermé aujourd’hui à double tour dans l’armoire. Felix lui offre un sourire qui respire le réflexe. Pas forcé, juste absent. La jeune femme avait pourtant été d’une grande aide, pus soutenante qu’il l’aurait pensé, attentive et agréable. Mais il n’y peut rien Felix, en la voyant il voit Sawako qui n’aura jamais son cadeau, il voit le temps perdu sur une immense pendule, et le temps à venir qu’il préférerait perdre plutôt que de le passer à combler de tentatives stupides de respirer sans oxygène. « Hey. Sorry… not really fashion victim, no, just kinda needed it. My wardrobe is dying. ». Dying. Il s’attriste lui-même avec le champ lexical choisi, baisse les yeux et froisse les sourcils sans répondre à la réelle question d’Evie. « What are you doing here ? Fashion victim too ? Tente à nouveau un sourire amusé, mais les coins de ses lèvres retombent. Sorry, I’m not really a good company… yet. Il marque une pause. You’ve heard, anyway. I’m sure you did, so… Yeah. Wanna take a coffee ? ». A quoi bon lutter. Cette fois, au moins, le sourire à demi-vaincu est un peu plus doux.