Let me help you

Enfermé dans le sein de sa propre salle de classe, celle dans laquelle il enseignait depuis des années, il s'exerçait en profitant du calme qui régnait lorsque les élèves n'étaient pas là. Il était habitué au fait d'être entouré constamment de personnes mais ne pouvait pas non plus nier le fait qu'il appréciait avoir de la tranquillité de temps à autre, accompagné de solitude. Cependant, il s'arrêtait dans ses étirements en entendant du bruit dans les couloirs, se demandant qui pouvait bien se trouver là alors qu'il n'y avait pas de cours à cette heure-ci. Faisant venir à lui sa baguette et sa bouteille d'eau, il s'approchait de la porte pour l'ouvrir et lancer un coup d'œil vers le couloir. Reconnaissant une silhouette qu'il connaissait de ses cours, il s'aventurait alors dans l'espace commun en prenant la parole. " — Félix ? Are you okay ?" Questions aux milles significations, aux intérêts personnels mais aussi professionnels. Parce qu'il savait que la santé, aussi bien physique que mental, était primordiale dans la catégorie artistiques qu'ils pratiquaient tous les deux. " — What are you doing here ? Want to practice outside of class ?" Il était loin d'être le genre de professeurs qui réprimandaient les élèves qui n'obéissaient pas toujours aux règles, sachant que la danse était un art qui devait être pratiqué très régulièrement si l'on veut maintenir un niveau parfait.

@Felix Gabriel

Dans le silence de la fin de journée, le calme qui faisait taire les cris, les rires et les chuchotements, en tendant l'oreille on entendait les pas de Felix qui tapait sur le sol. Pieds qui frôlent le parquet, courent et sautent dans les airs pour retomber, gracieux, dans un bruit étouffé. Chassés et piqués sans musique en fond, une simple envie de venir tournoyer, bouger, oublier aussi. Il avait appris à l'apprécier, cette solitude qu'il détestait pourtant. Elle le calmait, le défoulait ; et la danse, le chaos qu'il réveillait lorsqu'il contemplait son reflet triste dans la glace... C'était son outil pour s'échapper et chasser le quotidien qui ne faisait toujours pas tout à fait sens.

Une heure qu'il était là, transpirant et muet, ponctuant juste de quelques cris et souffles ses gestes tantôt lents, tantôt vifs. Alors il suffisait. Bientôt ce serait le personnel de ménage qui viendrait le déranger. Il s'apprêtait à rentrer, satisfait d'avoir pu s'exprimer sans ces mots qui pèsent trop, rendent le cauchemar réel. Un dernier regard, déçu et dégoûté, dans le miroir ; puis le Daichi recule et passe la porte pour retourner dans les couloirs, sac de sport sur le dos, sans prendre la peine de se changer ou prendre une douche.
Il se croit seul, il se croit silencieux, mais pourtant il découvre le visage de Rosewood, coincé là à le regarder. Surpris, il ne dit rien à la première question, un simple Hm coincé entre les dents. Puis il inspire, retrouve sa voix qu'il ne fait pas suffisamment fonctionner, dernièrement. « Sorry. I thought I was alone... don't wanna practice, no, just... Needed to express myself. Sorry for bothering you. I'll leave. ». Les yeux qui fuient ceux du professeur, tombent le long de ses joues comme des pleurs, il racle sa gorge et se penche dans une courtoisie qui n'est tout à fait dans ses habitudes.
C'est Sawako normalement, la japonaise polie. Lui, il n'est que le Haïtien toujours heureux.

@Isaac Rosewood