may my heart be the softest place you fall (saeta♡)

02.06.22 — @kim saebyeog

you walk in, and
my heart beats different

Kouta avait le cœur qui battait la chamade. Certes, ce n’était pas la première fois qu’il se tapait l’incruste dans le club de littérature, mais quand il le faisait, il se sentait terriblement imposteur. Comme un fantôme, une personne qui ne devrait pas être là et qui s’imposait malgré tout. D’habitude, il y avait Usagi pour le rassurer, lui lancer des sourires de temps à autre pour lui rappeler qu’il existait, qu’il était bien là parmi eux, visible par les autres, et qu’il avait le droit d’être là. Il avait été invité par Usagi. Il avait sa place ici. Alors au fur et à mesure de la séance, il apprenait à se détendre et se retrouvait presque un peu déçu que ce soit terminé. Après tout, ce club, c’était comme s’il s’improvisait étudiant, tout à coup. Comme s’il étudiait ici, qu’il assistait à son club, chose normale pour tous les élèves. Kouta, c’était quelque chose qu’il n’avait jamais expérimenté et ça faisait battre son cœur plus rapidement, un sourire se montrant presque sur ses lèvres (mais il se disait qu’il se ferait probablement juger s’il se montrait aussi heureux en assistant simplement à la réunion d’un club, alors il réprimait son sourire, faisait comme si tout était normal).

Aujourd’hui pourtant, Usagi n’était pas là. Prévenu quelques minutes avant la réunion, elle lui avait dit qu’elle avait un empêchement mais qu’elle était confiante qu’il s’en sortirait très bien. À ce moment-là, Kouta s’était arrêté dans ses pas, fixé l’écran du téléphone, relu la phrase comme si en la relisant plusieurs fois, il verrait que ce n’était pas ce qu’elle avait voulu dire. Mais non. Usagi ne venait pas aujourd’hui, Kouta se retrouvait seul. Le stress monta en flèche dans ses veines, le cœur battant encore plus rapidement et il hésita à faire demi-tour, à inventer une excuse— non, pas besoin d’excuse. Contrairement à Usagi, lui avait besoin d’une excuse pour venir, pas pour son absence. Et puis, un autre message apparut sur son écran. Et puis il y aura Sae, il prendra soin de toi, t’en fais pas ! Saebyeog, Kouta avait deviné. En assistant la première fois au club, il avait découvert qu’Usagi et Saebyeog se connaissaient et qu’ils sortaient même ensemble. Kouta les trouvait mignons, ils semblaient heureux ensemble. Lui était encore en train de se remettre de sa rupture avec Eiso (ça ne faisait même pas un mois depuis qu’il avait eu son cœur brisé), de la révélation d’Alma (non, Yujin), de ses sentiments mitigés. Il ne savait plus ce qu’il ressentait, ne voulait plus y penser, et voir Saebyeog et Usagi heureux le laissait penser à autre chose, à se sentir heureux pour eux. Après tout, Saebyeog et Usagi étaient tous les deux de belles personnes. Ils méritaient le bonheur.

Mais aujourd’hui, Usagi n’était pas là et Saebyeog devait s’occuper de lui, alors qu’ils n’étaient pas amis. Ils étaient quoi, même ? Kouta ne saurait pas trop définir leur relation. Certes, Kouta l’avait aidé le jour du silence et il avait senti quelque chose de bizarre en lui, mais à chaque fois qu’ils se voyaient, c’était toujours l’un qui allait mal. Il espérait qu’aujourd’hui, ça irait mieux.

Hésitant, il prit une grande inspiration avant de toquer à la porte, puis de l’ouvrir. Quelques paires de yeux se tournèrent vers lui et il fut immédiatement rassuré en voyant Saebyeog. « Hey… » Kouta se faufila rapidement à travers la pièce pour s’asseoir à côté de Saebyeog — la place habituelle d’Usagi. « Um… Usagi told me she wouldn’t be here today… You know it too, right ? » Bien sûr qu’il le savait, c’était son petit-ami alors que Kouta n’était qu’un ami. Encore une fois, il se sentait stupide (comme d’habitude). Assis à côté, plus proches que d’habitude, les épaules presque à se frôler : le transfert de magie et de vie plus puissant que d’ordinaire (et ils l’ignoraient tous les deux).

02.06.22 — @yoshino kouta

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Le club avait des airs d’habitude confortable, de douceur et de passion, réunissait des âmes semblables, des amoureux de la littérature. Tous se ressemblaient et tous étaient si différents, si bien que Saebyeog en découvrait toujours un peu à chaque séance ; il y avait toujours une part de surprise. Et c’était aussi ça, qui lui plaisait autant, c’était de se lancer à l’aveugle dans un désert fait de merveilles cachées sous dix centimètres de sable. Il suffisait de se pencher et d’y plonger la main pour en trouver une, et ça pouvait ne jamais s’arrêter. Ça durait une heure, le temps de leur session habituelle, et chaque semaine le désert changeait, se mouvait au gré des présents, laissait sous les dunes les fantômes des absents. Cette semaine, Gigi n’était pas à ses côtés (trop occupée à briller, sans doute) et elle l’avait chargé personnellement de se montrer accueillant et bienveillant avec Kouta, juste avant de s’envoler tel le papillon qu’elle était. Il avait hoché la tête d’un sourire et accepté, bien sûr, parce qu’elle aurait pu lui demander de lui décrocher la Lune et ça n’en aurait pas été plus compliqué.
“Hey…” L’ensemble du groupe le salua et Saebyeog lui adressa un sourire, accueillant et bienveillant, lorsque Kouta se glissa à ses côtés, à la place de Gigi, les joues un peu rosies de sa gêne habituelle - Saebyeog la connaissait, depuis leurs quelques rencontres, voire il y trouvait même un certain réconfort en se disant qu’il était capable de la reconnaître et qu’elle lui allait bien, au teint. Ça lui donnait cet air un peu ingénu, mélange de douceur et de timidité. “Um… Usagi told me she wouldn’t be here today… You know it too, right? - Yes, she told me, we were together right before the session. She says sorry once more. Don’t worry, you’ll be fine.” Il tente de le rassurer, bien conscient que pour un cracmol, participer à ce club devait relever de l’exceptionnel, en tous cas de l’extraordinaire.
Se lance dans des envolées lyriques lorsque c’est son tour, l’épaule à quelques centimètres de la sienne, le hensoku qui gronde en silence, se réjouit d’avoir trouvé l’âme-sœur, se donne et s’adonne sans le dire, plus qu’il ne l’a jamais fait. Et ni l’un ni l’autre n’en savent rien, vivent sans s’interdire, dans l’ignorance et l’insouciance, dans la seule proximité physique d’une amitié à peine naissante.
Et quand finalement la session touche à sa fin, que les gens se lèvent pour s’en aller, Saebyeog se lève à son tour et se tourne vers Kouta avec un sourire, lui faisant comprendre qu’il ne s’en irait pas tout de suite. “Did you like today’s session?”

02.06.22 — @kim saebyeog

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Saebyeog le rassura de la même manière qu’Usagi l’avait fait : ça irait, tout ira bien. D’un coup, Kouta se dit qu’ils faisaient bien la paire, ces deux-là. Un couple parfait, sans doute. Quand il les regardait, il avait l’impression d’être en train de regarder les étoiles dans le ciel, une sensation de calme et de réconfort le gagnait. Il leur souhaitait d’être heureux pendant longtemps, sans encore comprendre que c’était lui pourtant, qui allait être la cause de leur rupture (ou plutôt, c’était leurs étoiles qui avaient déjà prédit qu’ils ne resteraient pas ensemble ; Saebyeog et Kouta voués à être ensemble, promesse du dragon).

La session se déroula mieux que Kouta ne l’avait pensé, il ne s’était pas trop ridiculisé, avait même pu avoir des échanges intéressants, les autres l’écoutant d’une oreille attentive, ne le jugeant pas parce que c’était un cracmol. Il ne s’était jamais senti aussi accueilli dans un groupe que là, et il s’en sentait reconnaissant parce que tout ça, c’était grâce à Usagi et Saebyeog. Saebyeog qui pendant toute la session avait veillé sur Kouta, attentif à ce qu’il disait, vigilant à ce qu’il se sente bien. Ça faisait longtemps qu’il ne s’était pas senti aimé, comme ça, même si ce n’était pas vraiment de l’amour, sans doute (mais même l’attention l’émouvait). « Yeah, I did. It was really great… Thank you. » Il lui sourit légèrement, conscient que les autres partaient et que malgré tout, Saebyeog ne partait pas. Pour parler avec lui de la séance, de son ressenti ? Kouta s’en sentait touché. On ne prêtait pas aussi attention à lui, normalement. « What about you ? Was today… good ? »