Port Elizabeth
22h15 Franchement, si c’est pas le paradis, on n’en est en tous cas pas loin. Les jours s’enchaînent au rythme des visites, des activités et pour Joyce, des feuillets de carnet noircis de ses esquisses. Comme maintenant. Parce que même sans être en présence d’un animal, Nuri sur fond de plage, franchement, c’est canon. « Arrête de bouger, » qu’elle grogne, essayant d’esquisser les traits du visage de la Tolkien, renfrognés comme pas deux. Et ce malgré tous ses efforts, impossible de la dérider. Le sel, ça la connaît aussi – si on veut aller par là, mais après tout, sa chérie a beaucoup plus de raison de bouder qu’elle, et en plus, si elle continue à la faire chier pour poser, elle va finir par en prendre une. Abandonnant la partie dans un soupir résigné, elle glisse sa main dans son sac, pour lui tendre une bouteille d’alcool local – il y en a trois en tout là-dedans, et si elle n’entend pas griller toutes ses cartouches de suite, Noor a bien droit à un petit before en sa compagnie. « Allez, goûte moi, c’est putain d’bon. » A l’amarula direct, parce que qui a le temps ? Rangeant son matériel, elle se laisse tomber dans le sable, encore chaud de la journée. T-shirt bâillant sur ses épaules – oui, ça, c’est Paco – et short noir sur le maillot de bain, elle ne compte pas garder ses vêtements longtemps, parce que des vacances sans bain de minuit, impossible. Et surtout pas pendant cette soirée improvisée, hors des clous. Il a juste fallu qu’elle lâche une fois de plus que ras-le-bol, ça manque d’alcool, viens on picole, pour que d’autres s’intéressent au projet. Le lieu n’a pas été très difficile à trouver – ils ont été lâchés dans le coin pour manger. Suffisamment près de l’hôtel pour ne pas se perdre sur le chemin, suffisamment loin pour ne pas tomber sur les profs en étant complètement bourrés / dégriser en route / faire de charmantes rencontres / toutes les propositions précédentes. « T’sais quoi ? On abandonne tout et on reste ici. On ouvre un bar, on bourre la gueule des touristes et on se tape les plus canons, le tout en bronzant toute la putain de journée. » Un plan sur la comète qu’elle abandonnera aussi vite qu’il lui est venu. Roulant dans le sable pour aller lui piquer la bouteille, elle s’en envoie une lampée, appuyée sur un coude, la levant vers les silhouettes des autres étudiants qui commencent à se montrer : « Allez on bouge son putain de joli petit cul, on allait commencer sans vous. » Bouteille qui se tend au premier arrivé, avant de caler sa tête contre les jambes de Nuri, sortant une clope qu’elle allume aussitôt. « Qui vient ? » qu’elle demande un peu au hasard, histoire de se rendre compte de si la soirée va attirer un peu ou beaucoup de problèmes. Et on sait tous qui du chaos ou de l’ordre a sa préférence.
- résumé:
- Le mot est passé pendant la troisième étape : ce soir ça picole sur la plage ! Nuri et Joyce ont pris de l'avance à l'Amarula, que Joyce offre à la première personne qui se pointe, demandant qui va venir pour mettre l'ambiance.