— save rock and roll / nana

En ce jour férié, JP décide enfin de rattraper son retard dans les matières principales. Une petite démotivation et un manque de temps accaparé par ses occupations annexes avaient mis un frein dans ses études. Avant le weekend, son professeur l’avait menacé sur les résultats de son semestre si le jeune homme ne se décidait pas à se reprendre en main. Alors il cherche éperdument ses senpai dans les couloirs pour obtenir leur aide. Tous rentrés chez eux pour le weekend prolongé, il se rabat sur son amie orpheline. Ça doit faire deux heures qu’il arpente tous les recoins possibles parce qu’il a perdu son téléphone pour l’appeler. Le dernier recours étant la salle sur demande, il élimine cette possibilité par manque de désespoir. S’il ne pouvait parler à Nana, il irait voir Sofia jusqu’à ce que la chanteuse soit retrouvée (vivante, on l’espère). Il se met à fouiller le cluster Arts & Clubs où l’artiste se cache souvent. Puis le pont arrondit dont il monte les marches péniblement. Un à un, les mots apparaissent sur le bout des escaliers (YOU’RE NOT ALONE) Des messages réconfortants qui lui retournent le cœur (HANG IN THERE) Tant il veut vomir sur cette niaiserie affichée fièrement (BELIEVE IN YOURSELF) Bataillant son malaise, il arrive au sommet du pont arrondi et identifie immédiatement la chevelure rose. Enfin repérée celle-là. Ce n’est pas parce qu’elle est plus connue que lui qu’elle peut se permettre de le faire tourner en bourrique dans l’école. « Wesh, la star. » pousse-t-il avec un rire sec au fond de la voix. Ironie éclaire pour les deux amis toujours foutus ensemble. Il la rejoint sur le pont arrondi, la saturation de la couleur rouge brûlant sa rétine. Il déteste passer par le coin des troubadours. Il saute pour s’asseoir sur le bord, ainsi bloquant la vue de sa camarade avec son physique athlétique. « J’ai besoin de tes notes de l’année dernière stp. Le prof de Simulation veut pas lâcher ma veste. » Il lève les yeux au ciel et prend une voix nasillarde moqueuse. Car tous deux se sont retrouvés dans la même situation plusieurs fois. « Apparemment, je sèche déjà trop de cours pour avoir mon année. Mais ce gros bâtard n’a pas capté qu’on n’était même pas à la moitié du semestre encore. » Il pourrait continuer sur ses déboires académiques mais il la trouve étrange. Il remue sa main devant son visage. Eh oh! Le tableau qui se dessine lui déplaît alors il demeure silencieux. Puis, tout à coup, il pose sa main sur sa tête rosée comme un petit chiot qu’on patpat. « Mais qu’est-ce tu fous. Tu boudes ou quoi ? » Forcée de croiser son regard, il esquisse un sourire de victoire. Gotcha, starlette.

Il perd toute sa pensée. Lorsqu’il la voit dans les nuages, absente alors que la plus belle image de Mahou s’offrait à elle (lui-même) – il sait que ça ne va pas. Une discrète expression curieuse se forme dans les coins de son visage. A peine perceptible. Il l’observe elle, l’analyse, la scrute. Chaque pincement de lèvres, battement de cils ou de mèche qui s’envole. Tout pour la comprendre. Puis elle confesse. Préoccupée. Et lui il se redresse, détourne le regard de l’objet de sa réflexion. Nana c’est Nana, elle ne se refera jamais. Il y a tant de choses qui peut la tenir éveillée la nuit ou la plonger dans ses pensées. Il est pareil quand il cogite JP. Quand la machine tourne et fume à l’intérieur jusqu’à ce que les engrenages s’en rouillent.
A trop la déchiffrer, il oublie lui-même ce qu’il est venu chercher. Haussement d’épaule, dédain dans les yeux bruns, il relâche : « Laisse tomber. Qu’est-ce qui se passe ? » Quelques idées viennent à lui. La tournée du Vortex Club s’est sans doute mal terminée (things happen backstage) ou elle aussi, les profs ne croient pas en son futur. Ils partagent ce poids avec tant d’élèves sur le campus. Mais elle est différente Nana, elle est maline et intègre. Si quelqu’un doit réussir, ça sera elle.
Il veut tenter une blague, une légèreté pour préparer l’averse qui allait s’abattre mais en ruminant dessus, il s’aperçoit que certaines choses doivent être gardées pour soi. Qu’une oreille attentive vaut mieux qu’un rire forcé. Toi aussi tu t’es faite embarquer dans une séance d’autographe illicite ? Silence entre eux. Et enfin, un soupir. « Dude, crache ta soupe. Le suspens me tue. » Leur degré d’amitié était encore trop instable pour considérer la chanteuse comme une présence indispensable dans sa vie mais il s’essaye aux relations humaines. Faiblement. Inconsciemment.

Le sarcasme de la rockstar lui fait échapper un court sourire. Haussement d’épaules, regard plongé, il s’efforce à ne pas renchérir car sinon les deux spécimens finiraient la nuit à se jouter. Patient, il attend. Tout sortira de ses lèvres d’un instant à l’autre. Alors il hume l’air, touche le bois, se perd. C’est dans ces moments-là qu’il a l’air si humain. Lorsque le regard n’est pas fixé sur sa silhouette et qu’on n’attend rien de lui. Le petit Jojo se retrouve en João. Il sait de quoi elle parle. Immédiatement, ses pensées retrouvent le scandale qui a fait la une des journaux de Kanto. Nana et Zenith, le couple interdit. Rien à dire dessus. Ce n’est pas le genre de mec à s’insurger dans l’intimité des autres, il aime trop qu’on respecte la sienne. « Ah, ça... » est tout ce qu’il pousse faiblement en regardant les inscriptions sur le pont {HANG IN THERE} Il ne fera pas l’affront de lui demander si c’est vrai ; le gars s’en tape totalement. « Ça sert à rien de ressasser ce qu’il s’est passé. Tant que toi tu sais que c’est pas vrai. » Le nombre de fois où il aurait voulu caresser un retourneur de ses doigts et retourner dans le passé, à la maison. De toute évidence perdu sur ce nouveau terrain, il patauge un peu, il teste les eaux, s’aventure sur des terres qu’il ne connait pas : l’émotion, le réconfort, la proximité avec l’autre. Habitué des condoléances, des désolations et autre sentiment factice, il se sait en désavantage sur ce sujet. Comment console-t-on une amie ? « Enfin, j’veux dire que les erreurs arrivent tout le temps. » Et elle le délivre de cette situation comme si elle savait qu’il n’allait pas dire les bonnes choses (JP maladroit) Lui, il aurait juste haussé les épaules et enduré les critiques comme un justicier dans l’ombre pour ensuite cogiter toute la nuit. De cette conversation, il retient seulement ce qui l’amuse : « Tu viens de dire que je suis beau là ? Je suis sous le charme, vraiment, Nana-chan, épouse-moi. » Tirade poussée ironiquement, séduction involontaire. « Team Nobu ou Zen, on s’en fout en vrai. Les vrais fans savent que toi et moi, on est meant to be. » Rire sec qui sort du fond de ses entrailles, il ne cherche qu’à la faire sourire. C’est ça la solution.

Le sarcasme et la séduction comme roue de secours, JP apporte très peu de réconfort à la guitariste. Il ferme une paupière en silence, clin d’œil au soleil qui l’éblouit. La chaleur qui gracie sa peau comme dernier recours pour s’échapper. Et pourtant, il reste et fait face à cette agitation inattendue. Soudainement, il se met à genoux face à elle et prend ce sourire plein d’espoir que jette les canards et les niais. « Nana Jung, ô belle Nana, je j’aime si fort depuis le premier jour. Veux-tu m’épouser ? » La réplique rivalise avec la performance des plus grandes récompenses de la cérémonie des WizAwards ; il est bon acteur le Jojo mais il se relève aussitôt avant qu’un cliché d’eux soit pris et qu’on la dépeigne comme une femme fatal avec un nouveau scandale. Elle a ri, sa tâche ici est terminée. Et puis, il ne croit pas au mariage ou même à l’amour si ça importe. Les relations sont un précipice sans fond dans lequel il refuse de se jeter. On perd tant de soi-même quand on aime, quand on aime comme lui. Et pourtant, il jette un regard par-dessus son épaule – protecteur, inquiet, apaisant – et replace ses yeux sur l’horizon, certain que la belle se sortira de cette peine avec le temps. Ses petits rires moqueurs et cette gêne surjouée lui suffit pour s’assurer qu’elle ne joue pas l’équilibriste au-dessus d’un ravin. « J’ai brisé plus de cœurs que ça, tu sais. » affirme-t-il avec un large sourire (factice comme sa vie) et l'arrogance qui le trahit. Ça fait partie du jeu, de la persona qu’il s’est construite. Elle connait bien ça Nana, elle doit bien le ressembler là-dessus. Entre la réalité et la fiction, la fantaisie et la vérité, se trouvent les gens comme eux. « Mais si un jour tu te sens à battre ce record, ring me. I’ll be yours for a day. » Anglicisme relâché avec légèreté pour se moquer de la réputation d’homme à tout faire qu’il a collé sur son front. Ce n’est pas la première fois que les deux denki ont abusé de leur popularité pour tromper la foule. Jouer le petit ami enjoué, l’ex relou ou l’ami patient se trouve quelque part dans les lignes du manuel de l’intérim parfait.

le voilà qui se met à genoux pour illustrer ses propos fous. tentative pour faire naître un sourire encore plus éclatant au creux de ses lippes. nana en est bien consciente. les notes de son rire cristallin s'envolent dans l'air frais du matin. paume qu'elle pousse délicatement contre le front du denki pour le repousser. c'est à peine si elle offre un regard à ce qui les entoure. peu surprise de voir cette déclaration factice être affichée à la une des journaux à scandale le lendemain. mais sur le moment, elle s'en moque bien la gamine, profitant de ce moment avec son ami. « je pense que tu t'es trompé de cursus. tu aurais dû choisir dramaturgie. je suis sûre qu'il n'est pas encore trop tard pour changer de voie. » sourire amusé ( provocateur ) qui se dresse sur ses lippes. ses iris suivent sa silhouette qui se redresse, sans doute par crainte que l'on se fasse de fausses idées sur ce qui vient de se passer. il est certain que si de nouvelles rumeurs viennent à éclater, ren va vouloir la tuer. de ses propres mains. elle inspire profondément, consciente que le poids sur sa poitrine s'est allégé. nana laisse son regard dériver dans le paysage qui leur fait face. iris qu'elles glissent d'un air pensif sur jp. arrogance assumée depuis toujours par le denki. elle hoche la tête, un air moqueur affiché sur ses traits. elle s'est habituée à jp. au masque qu'il semble décider à porter. à l'arrogance affichée. « j'y repenserais mais ce n'est pas près d'arriver de sitôt. » sincérité qui perce dans sa voix. vie amoureuse décidément encore trop compliquée pour envisager de l'empirer. « même si je suis certaine d'avoir brisé au moins des milliers de coeurs avec le scandale avec zenith. » elle hausse les épaules d'un air nonchalant. si elle semble prête à plaisanter à ce sujet, la blessure reste néanmoins encore ouverte. regrets qu'elle ne peut pas faire partir, combien même elle se fait pardonner. « c'est plutôt à toi d'atteindre mon record. » murmure pensif, sourire un peu moins ravi. « ring me. i’ll be yours for a day. » réplique presque bien imitée. accent moins parfait. nana lui adresse un clin d'œil appuyé tout en joignant sa main près de son oreille. mots accompagnés de la mimique d'un téléphone.

Il est sûr que sa vocation est ratée ; jouer un sourire, jouer un amour, c’est facile. Jouer la vie, en revanche, voilà une tâche compliquée. Mais rien ne se met en face de la légèreté assumée du comédien, de son ironie qui peut être mal perçu par le public autour. Il s’en fout si de nouvelles rumeurs sortent sur lui. Il est habitué à entendre son nom chuchoté entre deux couloirs. Pourtant, c’est pour elle qu’il se relève. Qu’il s’appuie sur ses jambes à nouveau, surplombe l’horizon avant qu’un nouveau cliché soit déclenché. N’a-t-elle pas suffisamment fait la une des magazines sa denki préférée ?
« OK, tu m’as bien eu cette fois-ci. » il s’avoue vaincu d’un chaleureux sourire, presque réel. Tout semble presque réel ici. Devenir ami avec une personne connue et sa propre popularité montante paraît illusoire. Dire que ça serait ça sa vie s’il venait à décrocher un contrat pro pour le Quidditch. Ce rêve incertain qu’il poursuit incessamment, sans espoir, qu’il frôle du bout des doigts. Il se relève du ponton, amusement sur les lèvres. « Je ne peux me battre contre une star internationale mais donne-moi quelques années et j’aurais rattrapé ton compte. » Il en brisera encore plus des cœurs, c’est certain (oh, it’s written in the stars) prédit par son ekisha de mère, voyance validée par cette belle gueule et ce charisme de pierre. Il y arrivera.
Et puis il se souvient qu’outre les amours brisés, le temps aussi se compte. Il se concrétise à chaque grain effilé dans le sablier. Le sien est tant précieux, à la hauteur de ses rares amitiés. « Alright, je te laisse à tes pensées. Envoie-moi tes notes quand t’auras le temps. » P’tet qu’à ce moment, le meilleur cadeau à faire c’est lui offrir une solitude. La laisser dans sa rêverie — le monde intérieur est toujours plus rassurant que le merdier auquel ils font face chaque jour. C’est dur de quitter quelqu’un d'esseulé mais il sait pas quoi ajouter. Il a peur d’alourdir l’atmosphère de blagues encore plus lourdes. Malheureusement, ses épaules n’assurent qu’un réconfort silencieux. Il est sur le point de s’en aller et pourtant, pourtant, JP a la force de dégager sa voix clairement et prononcer un peu de sérieux : « Nana, ne te fais pas de mal à ressasser en boucle ce qu'il s'est passé. Ils comprendront un jour. Et tu sais ce qu’on dit dans le milieu, it’s always darkest before dawn. Ça s’arrangera bientôt. »