nothing breaks like a heart,,

⋆. ·＼ nothing breaks like a heart,,
woodstick festival
august 07 —

des mains la touchent,
des doigts marquent son échine déshabillée,
sa peau doucement prend des allures de galaxie.

et elle flotte.

portée par les inconnus restés à ses pieds, elle se fait toute maîtresse des océans la belle, surfe sur la marée humaine compactée devant la scène. et droguée, elle rit. oh, comme elle rit fort. douce folie, l'éclat de rire est sincère. est-ce déjà arrivé auparavant ? grisée par la foule qui s'arrange de son corps, un grand sourire barre ses lèvres, au creux desquelles s'élève une orpheus rose bonbon. la cendre étoile vient s'échouer partout autour d'elle. dans les cheveux de ses sujets d'un soir, contre sa bouche, entre ses seins.

ce soir, ce n'est pas mazra.
c'est une épave,
c'est un chaos,
sublime.

l'inconnue mélodie de son bonheur soudain se fait dévorer par le bruit que vomissent les enceintes, rendant sourds les adorateurs des poésies chantées, et laissent en orphelins les mélomanes endeuillés. le set n'est plus que celui de djs aux sulfureuses réputations, presque insipides après le passage attendu du vortex club il y a déjà une dizaine de minutes. ou une heure. maz, elle ne saurait que trop dire, sa réalité malmenée par ses cigarettes, par l'alcool qui coule à outrance, et par ces quelques drogues moldues qu'elle s'obstine à préférer à celles magiques. l'univers n'en est que plus beau, perverti sous ses yeux embrumés.

puis la foule la délaisse, choisit parmi les siens d'autres chanceux qui pourront tutoyer le toit du monde. l'américaine se retrouve seule à l'autre bout de la terre, à jurer entre deux éclats de rire. euphorie.

un bras vient se glisser autour de ses épaules, un autre autour de sa taille. des visages familiers l'entourent, mais elle ne saurait guère placer de prénom sur les beautés brunes qui l'ont rejointe. mazra n'en a rien à faire, elle les adoube du rang de nouvelles meilleures amies pour la vie dans son délire d'illuminée. l'une d'entre elle pose sur son nez une paire de loopings. le monde vrille et la laisse s'échouer sur le sol. tout est si clair, si net que ces lunettes ne font que rajouter une couche à son état délabré. alors elle les garde, débile.

le soleil s'est levé dans la nuit tandis que le trio arpente les allées du festival, cherchant d'autres fêtards avec qui s'amuser. traversée par un éclair de lucidité, mazra se jette dans les bras de la jeune femme à sa droite, prenant son visage entre ses mains déchirées d'entailles rouge séché. elles sont si proches que leurs lunettes s'entrechoquent.

puis de sa voix cassée, la princesse assène qu'il faut retrouver son petit-ami, laissant les syllabes danser sur sa langue trop longtemps pour prétendre berner son monde et fausser la sobriété.
elle était défoncée.

cela ne faisait qu'une semaine que mazra avait officialisé avec andrea, mais elle sentait bien cette relation. il est gentil, il est drôle, il est prévenant. ça la change, elle aime ça. son palpitant commence même à se ranimer, défait par l'ardeur destructrice avec laquelle elle avait aimé le précédent. sa copine semble savoir parfaitement de qui il s'agit alors qu'elles s'abandonnent sur l'immense terrain, murmurant mille promesses. elle propose que la première qui trouve sa moitié prévient les autres, idée stupide approuvée par grands cris de mazra et de la dernière.   

elle est de nouveau seule, mazra. elle relève la paire de loopings pour venir la placer dans ses cheveux, retrouvant son obscurité bien aimée. elle ne sait même pas où elle est. trop loin de la foule. la blonde se pose quelques instants, soupire, et allume une nouvelle orpheus. c'est peut-être celle en trop. aussitôt vient d'elle s'accrocher à son bec qu'elle en tombe. elle croit reconnaître raffaele, au loin. doucement, elle fait redescendre les lunettes sur son nez. c'est bien lui. les substances omettant leurs récents échanges tumultueux, son sourire devient si large qu'il en transperce la nuit, enfant trop lumineuse sous les poids de sa joie.  

keep me here

elle sent la terre s'agiter sous ses pieds. la silhouette de raffaele s'agrandit, ses traits se dessinent. son corps prêt à retrouver celui qui se résumait à tout son monde.

my heart is near

seulement, la beauté de la vision se fane aussitôt. une silhouette féminine traîne derrière lui, et vient entrelacer ses doigts avec les siens. la teneur de leurs regards a tout du subjugué. elle s'arrête aussitôt dans sa folle course. le paysage de la sorcière devient instantanément aquarelle, la nuit se mêle aux lignes floues qui bercent son iris.

oh !
ce sont des larmes on dirait.

elle ne les essuie même pas, mazra. elle ne s'en rend pas compte. traîtres, elle caressent ses joues comme de vieilles amantes et viennent l'embrasser doucement, laissant un goût salé sur ses lèvres. en leur creux se suicident quelques perles.

comme c'est ironique.
elle était si heureuse, avant.

my love has gone a-way

son euphorie se mue en un catastrophique désarroi. marionette, elle enlève ses lunettes et les balance furieusement contre le sol, son visage curieusement vide de toute expression. ne subsistent que les souvenirs de ses larmes qui se sont frayé un passage indélébile sur son visage, son maquillage a eu le temps de couler. mécaniquement, elle ramasse la cigarette qu'elle avait abandonné, s'offrant un peu plus à la mort avec une froideur qui lui est toute caractéristique. elle aussi a le goût de ses larmes.

sonnée, mazra veut fuir.

elle titube, misérable.
sombre, à jamais brisée,
son coeur avec elle.

leur histoire prend des allures d'illusion.
ils sont m o r t s.
encore une fois.

but
it's okay
i know someday i'm gonna be with you.