LIVING AND ENDURING / naeun.

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even though i’m becoming exhausted, heaven is not in view.[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien],, 14 août

La tempête qui a ravagé sa maison n’a, en rien, été un plaisir. C’est un été tortueux pour le denki qui s’efforce de courir dans tous les sens pour coller les morceaux de sa vie. Quelques jours après le festival qui a mis une croix à son affection sur la belle fleur, il doit raccompagner sa grand-mère à l’hôpital car le toit est tombé sur sa tête. Encore un délicieux événement dans la vie du maudit Jones. Et s’il n’avait pas tant de responsabilités auxquelles se raccrocher, il aurait déjà disparu dans une contrée interdite. Loin là où on ne le connait pas. Mais JP traîne un boulet à ses pieds, il tire ses chevilles avec ardeur, soupire las de cette vie qui ne cesse de l’accabler. Le reflet des rappels miroite dans ses prunelles et il se châtie d’avoir oublié un autre élément important de sa vie : ses occupations de préfet. Dès lors, il sait qu’il doit refaire de la place dans ces « vacances » mornes pour retourner à l’école. Lieu vide de toute activité tant que le soleil brille sur leur crâne. Et il y est. Car son sérieux ne manquerait jamais de rigueur. Car le burn-out qui caresse sa santé l’empêche de négliger un aspect de sa vie plus que l’autre. Il y est avec nonchalance et dépit. Car il est incapable de lâcher prise.

Ses pas retrouvent le chemin qui mène jusqu’au bureau des préfets avec facilité. Salle de réunion partagée avec le seitokai, la fusion annoncée dès septembre sera censée alléger son travail. Dieu est-il réel ? Il pousse la porte avec habitude. Trop à l’aise par ici alors que son mandat approchait la fin et que sa décision quant à récupérer le poste suspendait dans les airs. Il lui faut un instant avant de comprendre que la salle est déjà occupée. Si JP sait se faire discret et invisible, il a découvert avec le temps qu’il possédait un talent pour attirer les foules. Atmosphère chaleureuse où son image ne lui appartenait plus, où il était celui qu’on voulait qu’il soit. Mais celle-ci le rendait inconfortable. Une assemblée composée d’une seule personne. Fillette reconnaissable parmi mille pour les longues années partagées ensemble et la lourde amitié qui s’effaçait. Pour les traits formés à la culpabilité qu’elle rappelait et la lâcheté du préfet sur ses sentiments. Il marche comme une souris chez le chat, l’évitant comme il le fait toujours. Par couardise, oui. Puis il s’arrête. Certaines batailles ne peuvent être évitées. Il la fixe un moment sans rien dire, se demande si elle l’a aperçu entrer et pourquoi elle ne dit rien. La kaze savait toujours se faire entendre au bon moment. Et leur dernière rencontre après son comportement au quart de final résonne dans sa tête ; est-ce donc la dernière fois où il l’a vue ? Où il a tourné le dos, agrandit la distance entre eux, par faiblesse et facilité ? Pathétique Joao, maman serait fière.

Il inspire profondément et ouvre sa bouche. « Yo, Naeun. » finit-il par dire. « Le seitokai te fait travailler les heures supp ? » Des banalités à la hauteur de son courage pour un cœur alourdi dans sa cage.

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even though i’m becoming exhausted, heaven is not in view.[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien],, 14 août

Et le pire était peut-être de se dire qu’elle allait bien. Naeun dont les sourires sincères passaient pour forcés depuis que tout avait changé. Naeun non plus vue pour ce qu’elle était mais pour ce qu’elle avait perdu. Elle ne se sentait pas tant différente, pourtant. C’était les autres. Les autres qui ne savaient plus comment évoluer à ses côtés. Et qui aurait cru qu’après tant de mois on continuerait de la voir au travers du film distordu de l’attentat du vingt-six décembre.

Elle avait parfois l’impression de ne pas avoir le droit de s’en remettre. À croire qu’il y avait un protocole pour tout, pour le deuil surtout. À croire que revenir en avril le rire facile et la joie dans le regard n’était pas acceptable, pas naturel : à croire qu’encore aujourd’hui elle ne devrait se tenir droite. Et Naeun ne savait pas s’il s’agissait là de réels codes sociétaux ou de la simple perversité de ceux qui l’entouraient. Pourquoi aller bien quand on pouvait aller mal ? Pourquoi réussir lorsqu’on pouvait échouer ? Le malheur des uns nourrissait toujours l’estime de soi des autres.

Everything was so messed up.

So messed up and yet. Pouvait-on réellement se remettre d’un tel incident ? Elle-même n’en était pas si sûre, sentait ce vide au fond d’elle, ce vide pourtant si lourd. Il lui manquait une partie d’elle-même, lui manquait son frère qu’elle savait ne retrouverait jamais. Et pourtant. Au-delà cette douleur, elle se sentait bien. Était-ci si complexe ? Elle aimait sa vie et ses amis, aimait rire à n’en plus pouvoir et sentir ses proches tout contre elle. Elle aimait faire comme si de rien, s’oublier un instant : redevenir une enfant. Elle aimait encore la malice et les soirées, s’énervait comme avant sur ses devoirs avant de recevoir un appel et de transplaner jusqu’au cinéma du coin.

Naeun se sentait normale.
Alors pourquoi le regard de JP la faisait se sentir comme une handicapée ?

Début d’été chaotique après la fin de la Wizard Bowl et du premier semestre. Vacances d’été pour la plupart, école fermée mais pas pour eux. Pas pour le conseil et l’administration : il fallait faire les comptes, prévoir la seconde moitié de l’année. Il fallait participer à la vie étudiante, faire le bilan de ce qui avait marché et de ce qui était à améliorer. Naeun qui penchée sur des papiers avait pris un certain temps à entendre la porte claquer. C’était la troisième fois qu’elle refaisait un calcul de trésorerie et les chiffres ne collaient toujours pas. Son front d’ordinaire lisse s’était froncé au niveau de la glabelle et son crayon en papier avait commencé un infernal tac tac tac sur la table alors qu’elle essayait de comprendre où pouvait bien se trouver l’erreur.

Puis cette voix reconnaissable entre mille.

Sourire instinctif alors qu'elle avait redressé son visage pour croiser le regard d’un JP à la mine fatiguée. L’été ne lui allait décidément pas. « Hey Jojo, la forme ? » Et il y avait quelque chose de particulier toujours dans ce Jojo, une forme d’espièglerie gamine qui les ramenait des années en avant. Que leur était-il arrivé ? Où étaient passés les deux démons aux rires infernaux se poussant sauvagement entre deux éclats de rire. « Ah ça, s’ils pouvaient me payer… » Basculant en arrière comme pour s’étirer, son ton s’était fait joueur. Naeun qui malgré la distance entre eux ne pouvait se résoudre à laisser ce qu’ils avaient toujours été. Regard entendu face à l’exploitation qu’ils vivaient (pourtant de bon coeur), elle avait retenu un bâillement.

Qu’étaient-ils devenus.

Elle l’avait regardé et s’était dit que la vie était tout de même la plus grosse des connasses. Comme si perdre un frère n’était pas suffisant : il avait fallu foutre en l’air nombre de ses relations. JP en tête de liste. Tentative de réconfort avortée en décembre pour au final se perdre de vue, gérer le deuil de leur côté. Puis quoi ? Puis rien. Comme si tout ce qu’ils avaient été n’avait jamais existé. C’était fou comme des années d’amitié pouvaient partir en fumée. C’était fou comme le plus connu des gamins pouvait, des années plus tard, vous faire face en complet inconnu.

Naeun qui ne lui avait pourtant pas couru après. Quoique. Elle avait tenté par-ci par-là de reprendre contact, de retisser un lien entre ces deux âmes meurtries. Elle savait qu’avec JP ça n’avait jamais été que la mort de son frère. Elle savait et respectait ce qu’il était : l’aimait pour ses nuances et ces tons de noirs dissimulés sous ses sourires parfaits lors des entrainements de quidditch. Il ne l’aurait pas.

Il ne l'aurait pas et pourtant : huit ? Neuf mois ? Une éternité et toujours rien. Si ce n’était un bombarda complètement gratuit qui avait failli la faire crever alors qu’elle avait enfin passé un cap. Comme si organiser la Wizard Bow s’était avérée être une partie de plaisir lorsque la raison pour laquelle elle avait commencé cette whole shit n’était plus de la partie.

Les gars n’étaient vraiment pas de bons investissements sur le long terme.
Et peut-être se sentait-elle prête à lâcher prise, après tous ces mois, tout ce temps. Mais comment y croire ? Lorsqu’il se trouvait là, juste devant elle. Elle le voyait et avait envie de sourire, le voyait et se disait ah putain Jojo. On en faisait pas deux comme lui. Pas deux aussi froussards, aussi coincés du cul et pourtant si attachiants. Comment pouvait-elle lui en vouloir ? Elle ne pouvait pas.

Ne lui en voulait pas.

« Et toi ? La vie sans quidditch ? Loads of fun i guess. » Suffisamment pour qu'il vienne se réfugier dans la salle du conseil en plein été. Suffisamment pour qu'il se retrouve nez à nez avec celle qu'il fuyait ouvertement sans pour autant l'assumer.

L'aurait-elle seulement à l'usure.
Naeun ne savait pourtant pas insister. 

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even though i’m becoming exhausted, heaven is not in view.[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien],, 14 août

Un moment, il se sent observé. Il est regardé, ça le dérange. Ironique pour lui, le célèbre capitaine, qui aime être idolâtré. Qui crie pour les foules et ne vit que pour ses applaudissements. Le regard le pèse car il est vu. Mais elle a toujours su percevoir le voile, déceler les fissures sur le masque, de la même manière que ses meilleurs amis réussissent à le garder sur Terre. Et alors, pourquoi s’est-il habitué à ce mensonge : je vais bien. Elle le voit, oui. Non pas comme une présence hostile dérangeant sa concentration mais comme l’homme qui a merdé. Celui parti trop tôt, le lâche qui n’est jamais revenu. Maintenant, il est incapable de la regarder dans les yeux sans sentir son cœur faillir. Il peut adresser des mots réconfortants, lancer des vannes anodines mais ça ne serait pas pareil, hein. Alors il fait tâche de longer le mur jusqu’à son casier et y fouiller ce bazar bien rangé. La paranoïa ne s’estompe pas pour autant. L’œil perçant de la kaze sur lui, il en est certain. « Mmh, je me dis que notre taf sera récompensé par la génération suivante. » réplique-t-il en toute sympathie, pas foulant la salle avec mollesse. Oh mais quelle abnégation, du jamais vu de sa part. Le sous-entendu des heures infernales vouées au comité alors qu’ils pouvaient profiter de leur jeunesse. Ah, qu’ils étaient jeunes. Jeunes et déjà si foutus. « Hang in there. » Cordialité ajoutée alors qu’il récupère ses documents. Il pense pouvoir s’en sortir comme ça. Frôler le sol comme il le fait avec ses émotions. Les oublier, les dévier entièrement. JP s’apprêtait déjà à dire au revoir (un de plus parmi tant d’autres) et à tourner le dos – telle est sa spécialité. Mais elle surenchérit. L’intérieur grince ; il ne veut pas prétendre qu’ils sont à nouveau amis lorsqu’il a été incapable de lui rendre sa complaisance.
Il ne la mérite pas.

Jones se tourne vers elle, force le sourire d’un mec pressé mais qui prend le temps d’être poli. « Je m’emmerde grandement mais tu sais bien, j’ai toujours su m’occuper. » C’est un clin d’œil car elle sait qu’il n’a jamais su tenir en place. Même à Ilvermony, quand tout allait bien, il se devait accomplir des choses inexistantes et rayer des carrés sur sa to-do list. Tout pour ne pas sentir l’apathie qui grandissait en lui. Pour se sentir vivre un petit peu plus. De tout temps, c’est ainsi qu’il évite les démons qui chuchote dans l’oreille. Le quidditch, les soirées, le flirting et le taf – des prisons qui le tiennent en vie. Ça lui semble étrange d’imaginer qu’il a failli ranger son balai quand elle est morte. Que serait-il devenu alors ? Un plus grand lâche.

Soupirs. Il lance ses yeux sur le bureau et conçoit son désespoir. Naeun n’imagine pas la force que lui demande les prochains mots qu’il prononce : « Besoin d’aide ? » Idiot Joao. Tes pieds veulent s’enfuir. Ils crient pour décoller, s’envoler, ramper jusqu’à la sortie. Est-ce en souvenir d’une amitié qui subsiste que tu refuses de t’enfuir ? Pour les souvenirs résiduels qui te donnent toujours un pincement au cœur quand tu la vois ? Je ne sais pas. Quand elle est là, je me sens juste triste. Et ça me fait du bien.

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even though i’m becoming exhausted, heaven is not in view.[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien],, 14 août

Jojo comme un lion en cage longeant les barreaux dans l’espoir de trouver une issue, une faille qui lui permettrait de s’échapper. Passage au casier puis retour à la case départ. La porte était proche mais elle l’avait intercepté, posant une question comme une autre, forçant l’arrêt. Et ce sourire. Ce sourire comme un masque qu’elle connaissait si bien, cette politesse crispée alors que tout en lui devait lui crier de partir sans tarder. Jojo qui ne se battait pas contre elle mais contre lui-même. Et depuis quand menait-il ce combat ? N’était-il pas fatigué ? Elle aurait aimé qu’il prenne le temps de se pardonner toutes ces choses pour lesquelles il n’était pourtant pas responsable. Elle aurait aimé qu’enfin s’envolent les poids sur ses épaules qui le forçaient à se tenir droit et à ne jamais s’arrêter.

Naeun qui avait souri à sa remarque car malgré tout ce qui les séparait il était encore si lui.
Elle avait repensé à toutes ces photos sur son téléphone, à ce dossier au titre plein d'emojis paillettes qui allaient sans aller au grand João-Paulo. Jojo endormi, leurs grimaces partagées lors de selfies ratées, le popcorn renversé au cinéma et ces vidéos qui n’en finissaient plus. Elle avait dans ce dossier tant de morceaux de vie passés à deux : les soirées qui tournaient mal, celles où merci merlin ils arrivaient à rentrer chez eux sans accroche, les cris et leurs regards complices entre deux fous rires. A croire qu’avec eux il n’avait jamais fallu que les mots.

Aujourd’hui pourtant le silence leur était pesant.
Elle ne savait pas s’ils réapprenaient à s’apprivoiser ou s’ils ne faisaient que répliquer un schéma qui ne leur correspondait plus tout à fait. « S’il te plait. » Soupir de soulagement alors qu’elle repensait à ces comptes qui n’en finissaient plus et ces chiffres qui ne voulaient pas se laisser s’additionner. Et si Naeun était reconnaissante de ce pas fait vers elle, elle ne lui renverrait pas la pareille en le laissant partir : préférait plutôt l’éloigner de cette porte dans une tentative de retrouver tout ce qu’ils avaient pu être. « Je sais pas ce que foutent les Raven Circle mais leurs justificatifs correspondent pas aux totaux. Même problème du côté des Three Hundred Dogs. Et ça fait trois fois que je fais le cumul des dépenses de tous les clubs mais je tombe toujours sur un chiffre différent. » Don’t get me started.

Clairement, il n’était pas prêt.
Et elle avait presque envie de sourire, à les imaginer à la même table à résoudre ces putains de calculs en pleines vacances d’été. Naeun qui ne voulait pas renoncer à Jojo mais qui savait pourtant qu’elle ne pourrait jamais le forcer. Elle incapable d’insister et de franchir cette ligne qui la séparait les autres : qui se refusait à agir tant qu’on ne prenait pas sa main. Elle ne voulait pas courir face à un dos tourné, renoncerait à Jojo s’il n’arrivait pas à se pardonner. João-Paulo de naissance, soi-disant miséricordieux et pourtant incapable de faire preuve d’empathie quant à sa propre personne. Où était passé celui censé pardonner, comprendre ? Quand comprendrait-il qu’il n’était fautif de rien et qu'il était le seul à s’en vouloir ?

Jojo lâche qu’elle aimait pourtant car il était tant. Il n’était qu’un gros gamin. Mais les garçons ne l’étaient-ils pas tous ? Elle aurait aimé lui dire de persécuter la vie avant qu’elle ne le persécute : cependant cette chienne avait frappé la première et lui ne s’en était pas remis. Encore à terre elle continuait d’abattre les foudres d’une colère qui n’avait pas lieu d’être. « Tu penses que je te laisse d’abord t’assoir avant de te dire qu’il faudrait aussi qu’on fasse le topo des dépenses de chacune des maisons ? Ou je te le dis maintenant ? » Grimace qui voulait tout dire, perche tendue qu’elle avait saisie et tirée vers elle; pensant faire chavirer ce crétin vers elle. Naeun qui n’avait pas de mal à être elle-même avec son Jojo car elle ne lui en avait jamais voulu et à ses yeux rien n’avait changé. Pourquoi devrait-elle changer alors qu'il était le seul con à s’accabler ?

Elle aurait aimé lui dire qu’il n’était pas fautif mais n’était pas certaine qu’enfin vider leur sac soit ce dont il ait besoin après s’être retrouvé SDF et interdit de quidditch. Pour une fois qu'il vivait enfin une de ses répliques favorites.

C'est rien, c'est la rue.
Et après ça ?

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even though i’m becoming exhausted, heaven is not in view.[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien],, 14 août

La cage thoracique qui lui sert de foutoir à respiration prend du temps à se mettre en marche. Il cligne des yeux plusieurs fois, stoïque à son s’il te plaît. Des mots simples qu’il est incapable de prononcer, lui. Demander de l’aide c’est reconnaitre sa faiblesse. Reconnaitre qu’on a merdé et que certaines choses ne peuvent se résoudre d’elles-mêmes. Et JP, lui, aime être seul. Ironique de la part d’un aimant à foules. Il a toujours fédéré les personnalités plus étranges. Vrai roc autour duquel ses amis se rassemblent, se confient, car son épanouissement est apaisant. Il est calme pour oublier qu’il est chamboulé. Il se fait facilement des amis car sa personnalité attire malgré son exécrable humeur moqueuse. Naeun, au même titre que Reyn et Lila, faisait partie de ces gens qui ont été proches de lui si longtemps qu’il a oublié la vie avant eux. Quand elle n’est pas là, ça ressemble à quoi le ciel ?

Heureusement, elle a toujours été meilleure que lui pour meubler le silence. Si le poursuiveur n’était qu’une brute au cœur d’or, elle rayonnait avec grâce et compassion. Un duo singulier et complémentaire. Une alchimie qu’on ne retrouve nulle part ailleurs. Tout ça effacé par le poids de ses péchés. Il s’efforce de ne pas y penser car s’il pointe à quel point l’air s’est alourdi depuis qu’il est entré dans la salle, il n’aurait pas le courage de rester près d’elle.
Il attrape une chaise pendant qu’elle lui explique le problème auquel elle fait face. Les calculs lui ont toujours semblé faciles ; ce sont les êtres humains qu’il a du mal à comprendre. « Tu attendais quoi des Raven et des THD, sérieux. » pousse-t-il avec une ironie sèche bien à lui car évidement, la meilleure équipe était la sienne. Puis il s’assoit à l’envers, poitrine contre le dossier alors que le dos se cambre dans l’air. Il jette un œil par-dessus les parchemins et les traces d’encre, réellement concerné par les additions sans sens. Il allait relever une anomalie lorsqu’elle le coupe dans son élan. Il a envie de rire mais quelque chose le retient (sans doute son manque de légitimité dans cette relation ; comment peut-il sourire avec elle comme si rien n’avait changé ?) Pourtant, pourtant. N’est-ce donc pas une bribe de moquerie qui se dessine au bout de ses lèvres ? « Hm, trop tard. Je suis déjà assis maintenant. » Et je ne l’avouerai jamais mais je suis fatigué de courir partout alors laisse-moi me reposer en faisant des maths. « Je peux t’expliquer certaines dépenses des denki, si tu veux. Et non, on a pas tout utilisé dans nos fêtes d’inté, c’est une légende urbaine ça. » Un autre sourire narquois prend forme car ils savent tous deux que les kitsunes ne font que boire et jouer. C’est là la fierté de sa maison. Mais pour l’instant, ils doivent démystifier le Quidditch. Le reste viendra plus tard.

JP reprend la plume et attrape papiers et parchemins. « Je fais les THD et tu t’occupes des Raven ? Puis on échange nos résultats et on voit ce qui s’est passé dans les chiffres. On sera plus efficaces comme ça et peut-être qu’avec un œil frais, tu choperas mieux où ça a merdé. » Bizarre. Quand il lui parle, on dirait que rien n’a changé. Était-ce dans sa tête depuis le début ?

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even though i’m becoming exhausted, heaven is not in view.[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien],, 14 août

Elle avait eu ce sourire impertinent lorsqu’il avait mordu à l’hameçon avant d’enfourcher la chaise devant elle. « Je m’attendais à ce qu’ils soient aussi parfaits que les KD et les GSP, mais apparemment c’était trop leur demander… » Répliqué avec le même sarcasme alors qu’elle avait levé les yeux au ciel, finissant par croiser les siens et lui transmettre un peu de cette folie qu’elle gardait tapie en elle. Naeun pas si sage qui appréciait plus qu’elle ne pouvait le laisser paraitre la discorde. Elle aimait le côté mordant de son Jojo et sa répartie crue, parfois blessante. Le garçon n’avait rien à prouver et frôlait plus que souvent la méchanceté sans pour autant l’être tout à fait.

Il n’était pas un ange.
« Tant mieux. J’espère que t’es confortable car c’est pas demain la veille qu’on sera sorti. » Naeun qui continuait de prendre ce qu’on lui donnait, qui de par son naturel recréait sans difficulté tout ce qu’ils avaient été et continuaient d’être. Les habitudes avaient la vie dure. Et elle aimait ces échanges particuliers et vifs, ces regards qui se cherchaient avant de se quitter, se reconcentrant sur l’objet de leur présence. Elle aimait la facilité avec laquelle ils coexistaient, ces rires qu’ils avaient partagé et ces disputes de gamins qu’ils avaient depuis longtemps oublié. Jojo qui de par ses mots avait par le passé blessé une Naeun au caractère encore sensible. Il lui arrivait de repenser à ces comportements gênants et de serrer les dents, priant pour que personne ne lui rappelle ce qu’elle avait pu être. Préférait oui se perdre sur des choses plus récentes, sur de ces souvenirs d’adolescents et de jeunes adultes. Il lui arrivait de parcourir les albums photos présents sur son téléphone et d’être submergée par l’affection qu’elle vouait à ses amis. Elle était heureuse des sorties, des soirées : de celles réussies tout autant de celles ratées. Était reconnaissante pour les fous rires et les galères, pour toutes ces choses qui aujourd’hui lui donnaient l’impression d’être épanouie.

Elle aurait aimé voir la même lumière dans le regard de Jojo. Aurait aimé oui que la vie soit moins brusque avec lui et qu’enfin le sort cesse de s’acharner. Elle n’avait vécu que quelques drames : lui n’avait vécu que quelques joies. « J’ose espérer que le préfet denki est aussi fiable que le capitaine des GSP… Mon petit doigt me dit qu’ils ont en tout cas la même tendance pour la débauche. Légende urbaine mes fesses, les justificatifs ne mentent jamais. » Naeun narquoise quoiqu’un peu tendre, qui provoquait son Jojo tout autant qu’elle le complimentait. Même si les trois autres maisons se liguaient contre eux, elles n’arriveraient à leur arriver à la cheville en matière d’organisation de soirées. Les enfants de la foudre avaient un talent inné pour la gestion des comptes et étaient des extraterrestres en termes de divertissement. Leurs soirées d’intégration étaient parmi les plus réputées, et chaque année les étudiants s’arrachaient les quelques pass supplémentaires pour pouvoir accéder à leur QG. Enfin, la question des maisons viendrait dans un second temps : le quidditch était à ce jour beaucoup plus urgent. « Ça marche. Si tu vois des trous dans les calculs des THD t'inquiète pas, c’est comme je te disais : il leur manque un tiers des justificatifs. » L’idée de reprendre le travail lui donnait déjà la migraine, ainsi que toutes les répercussions qu’auraient ces erreurs. Naeun qui se voyait déjà leur courir après en pleines vacances scolaires, les convoquer à l’école et leur demander de justifier chacune des dépenses sous peine d’amende. Les TRC n’étaient pas les plus compréhensifs et les THD les plus rigoureux. Fuck that. « Merci. » marmonné alors que l’air s’était suffisamment rafraichi autour d’eux pour qu’ils puissent de nouveau se concentrer sans étouffer sous la chaleur écrasante de l’été. Elle était sincèrement reconnaissante qu’il vienne l’aider à résoudre un problème dont ils n’étaient en aucun cas l’origine et vis-à-vis desquels pourtant ils étaient responsables.

Et si une comparaison douteuse lui était venue à l'esprit, elle n'avait rien dit.

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even though i’m becoming exhausted, heaven is not in view.[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien],, 14 août

La taquinerie est mise sur la table. Il connaissait la réputation de sa maison et d’un côté, le party monster prenait de la fierté. L’étendard des denki n’avait jamais été aussi puissant et populaire que depuis son règne et celui de son acolyte. Son partenaire de toujours. Il n’en dit pas plus. Le sourire charmeur qui pend sur son visage suffit à montrer son amusement. Les piques sont lancées, ça lui plait bien. Cette dynamique manque à son quotidien. Il récupère la pile des THD et se met à reporter les chiffres un à un, colonne par colonne. Mécanique connue du préfet habitué à faire ces rapports et comptes-rendus financiers. Il est efficace, sa main traverse le parchemin plus vite qu’elle n’a le temps de saisir sa plume. La salle s’emplit de repos. Aucun bruit que le soupir de ses poumons et les ratures de l’encre ne saisit son élan.

« Tu sais... » Il brise le silence, encore incertain des mots qui vont suivre. « Je suis désolé pour la façon dont j’ai disparu. » Voilà, c’est dit. Acté, emballé et pesé. Un poids en moins sur son cœur. Il avait tant de chose à lui dire. Ça faisait des mois qu’il voulait s’expliquer, prendre le temps de parler et hélas, la vie a toujours su dérouter son chemin vers elle. Il n’est pas encore capable de la regarder pendant qu’il dit ces mots qu’il avait tant répété. « Ce n’est pas que je ne voulais pas. » Il tourne une page. « C’est que je ne pouvais pas. » La confession est lancée et avec ça, il espère pour un pardon qu’il ne supplie pas. Ça devrait lui sauter les yeux. Naeun est fine et douée pour remarquer ces subtilités. Les probabilités sont qu’elle ne lui en a jamais voulu. Le seul déçu de cette histoire c’est lui-même. Et même si les années ont passé, les blessures sont fraîches sur sa poitrine. Les nuits sont blanches, le cœur est serré, les yeux sont morts. L’expression a quitté ses traits et seule une joie factice et sardonique hante ses lèvres. Certains jours, JP n’arrive plus à jouer dans ce théâtre absurde qu’est sa vie. Il ne réalise toujours pas qu’elles sont parties pour toujours. Ce n’est qu’un long rêve éveillé que la mort éteindra. Comment être là pour un autre lorsqu'il n'avait pas fait son propre deuil ? La Faucheuse avait pris quelqu’un à la kaze aussi. Quelqu’un qui était également cher au cœur de Joao mais telle est sa malédiction : attirer ce qu’il fuit. Le geste d’un condamné meurtri. « Bref, j’ai pensé que t’avais le droit de savoir. » ponctue-t-il en replongeant dans ses notes. Il avait presque fini sa feuille, et elle ? Trouvait-elle, comme lui, absolution dans des calculs ? Refuge sur les chiffres ? Eux qui ne mentent jamais, pas comme les hommes. Pas comme lui.

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Qui aurait cru que les excuses tomberaient en pleine transcription des comptes des TRC, mettant fin à la culpabilité d’un homme face à lui-même. Elle ne lui en avait jamais voulu. Naeun qui était restée face à sa feuille une longue seconde, répétant cette première phrase dans son esprit sans réussir à réaliser que peut-être enfin son ami d’enfance était prêt. Prêt à laisser tomber de ses épaules cet énième poids qui l’écrasait -dont il n’était en rien responsable- et à faire un pas vers elle.

Elle n’avait jamais réussi à trouver les mots, n’avait non eu le courage de venir forcer sa main et de le confronter. Et comment aurait-elle pu ? Avait appris au fil des ans qu’une présence sincère était parfois plus précieuse qu’une envie précipitée de retrouver un équilibre passé. La porte avait toujours été ouverte et elle s’était efforcée de conserver tout ce qu’elle avait toujours ressenti pour son Jojo, n’avait non laissé mourir cette flamme taquine, ces pics mordants ni cet amour tendre qu’avaient les amis d’enfance. « Glad you came around. » À peine audible alors qu’un sourire flou avait fleuri sur ses lèvres.

Ce n’était pas qu’il ne voulait pas mais qu’il ne pouvait pas.
Une évidence comme une autre lorsqu’il s’agissait du garçon, prisonnier d’un passé qui continuait aujourd’hui de le hanter. « Il n’y a jamais rien eu à pardonner tu sais. » Ils n’étaient pas responsables. Cherchant à croiser son regard, quoique difficilement, elle avait laissé s’échapper avec difficulté : « C’est pas toi, et même si j’ai encore du mal avec ça, c’est pas moi non plus. » Naeun qui comprenait les tourments de Jojo, vivant les mêmes depuis cette soirée qui lui avait arraché ce qu’elle avait de plus précieux. Elle s’en voulait encore. N’arrivait à se pardonner ce caprice, ces moues gamines alors qu’elle avait tiré son frère au marché de Noël, enroulant ses bras autour du sien, heureuse d’avoir réussi à le faire plier.

Junseo incapable de refuser quoique ce soit à Naeun. Mais à quel prix. Ce jour là, elle lui avait tout pris : lui avait arraché sa vie, son futur brillant. L’avait volé à Jojo et à leur entourage. Et si sa raison lui criait qu’elle n’y était pour rien et que la faute était chez les terroristes, son coeur lui se savait coupable. « Comment t’aurais pu trouver les mots alors que je suis encore aujourd’hui incapable de les trouver moi-même ? » Masque tombé, Naeun incapable de prétendre alors que lui-même avait posé les cartes sur la table. La bulle avait éclaté et ils se retrouvaient nus face à leur propre reflet. Ils étaient meurtris par la vie et devraient à présent vivre le poids d’une absence. Comment le vide pouvait-être si lourd ?

Personne ne pouvait comprendre sans l’avoir vécu : cette capacité à se relever, se reconstruire et rire sans jamais pourtant oublier. Le pire était de se dire qu’elle se sentait parfois heureuse, qu’il lui arrivait oui de faire abstraction, de redevenir ce qu’elle avait toujours été. Car elle ne pouvait continuer à se flageller, ne pouvait non continuer à vivre en se mutilant pour quelque chose qui n’était plus. Junseo ne reviendrait pas quoiqu'il arrive, alors il fallait aller de l’avant. Naeun déchirée entre son pragmatisme et ce côté humain et aimant, dédiée aux autres et surtout à sa famille. « We all have different ways to cope with death and… » Marmonné alors que son stylo avait tapé sur les justificatifs des équipes de quidditch : « C’était pas juste mon frère. ». Elle était incapable d’en vouloir à qui que ce soit, hormis elle-même. Était incapable non de ressentir la moindre rancoeur face à ceux qui s’étaient éloignés, à ceux choqués qui avaient du faire face à la mort d’un ami, d’un coéquipier ou d’un camarade. Junseo était de ces soleils flamboyant dont les rayons ne brulaient pas. Il avait excellé dans le sport et avait intégré l’équipe nationale des espoirs du Japon dès son retour d’Ilvermony : ayant déjà été repéré avant son départ. Il était de ces papillons sociaux attirant la foule, son téléphone vibrait en permanence et il n’y avait pas un soir où il n’était pas invité quelque part. Junseo avait toujours été le plus différent des Lee, mais probablement le meilleur : heureux et épanoui.

Y penser lui brisait encore le coeur.
Bientôt un an et tout le monde semblait avoir oublié : le monde s’était refait, sans lui, sans eux : sans tous ceux ayant perdu la vie en ce vingt-six décembre. Les GSP avaient d’ailleurs brillé plus que jamais lors de la WB 2020, venant pourtant de perdre un poursuiveur émérite qui alternait entre eux et l’équipe nationale des espoirs de quidditch, où il était monté en grade avec les années. De joueur de réserve à joueur titulaire officiel.

C’était si injuste. Ça la broyait de l’intérieur et pourtant elle ne pouvait rien y faire. Naeun destinée à rester en dommage collatéral aux côtés des autres familles ayant perdu un être cher trop tôt. « Je suis désolée de pas avoir pu être là pour toi non plus. » Elle non plus, n’avait pas pu : s’était contentée de lui laisser du temps et de l’espace, sans pour autant l’abandonner complètement. Elle était restée dans un rayon juste suffisant pour qu’ils ne s’oublient pas mais ne s’étouffent pas. Au fond, elle l’avait respecté tout autant qu’elle avait lutté contre la peur vorace de le perdre lui aussi.

Peut-être que le plus douloureux dans cette histoire avait été de perdre un de ses plus proches amis en addition du fait de perdre son frère.

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even though i’m becoming exhausted, heaven is not in view.[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien],, 14 août

Les excuses sont déclarées. Aussitôt, sa gorge se noue. Joao n’aime pas la position de faiblesse. A défaut, il a préféré le titre de couard, de lâche, à celui du chialeur. Il a choisi sa survie à l’amitié. Prétendu que le traumatisme de son équipe n’était qu’une mésaventure, qu’une bonne anecdote à raconter en soirée : au fait, tu savais qu’aux attentats de Noël les GSP ont perdu un joueur ? Ahaha, good talk, man! Ils avaient fait semblant, tous, d’un commun accord taciturne. Ils avaient effacé la réalité pour la manipuler à leur volonté. Et Joao s’était caché encore plus que les autres dans un univers de déni et de bassesse. La mort étant son seul cataclysme et sa plus grosse blague. Il déteste ça, Jojo : faire un duel de regard avec elle. Et maintenant qu’il était un homme nouveau, bosselé de relations et d’humanité (pas encore, mais il y arriverait) il fallait faire face à ses propres chocs. Cette maladie gangréneuse qui recouvrait son cœur de noirceur : le deuil. Il est tellement pas remis de ses émotions, ces trucs qui papillotent dans sa cage thoracique, qu’il est incapable d’en placer une. Pourtant Naeun a la délicatesse de lui laisser la parole, d’agrémenter la conversation de silences. Rien à dire pour le capitaine. Rien à dire pour Joao-Paulo, mort depuis bien longtemps. Cadavre jonchant sur les carrelages du chagrin. De ces au revoir inachevés. C’était pas juste mon frère. Eh ouais, c’était un être humain. Comme elle, comme lui. Composé d’une tête, de deux bras et deux jambes, un cerveau et un corps. Un mec qui avait un nom que le maudit ne prononce plus par peur d’invoquer la Dame Blanche. Il serre la mâchoire, retient la plume entre ses doigts. Ouais, les muscles se contractent car il a pas envie de parler là. Il veut pas se lamenter d’un deuil qu’il n’a pas fait. Il veut pas établir le fait qu’il ne va pas bien, qu’il s’enfuit comme il peut, qu’il n’en dort pas la nuit. Qu’il pense à elles tous les jours. Il veut pas avoir cette conversation, ça serait rouvrir une plaie évanescente. Je suis désolée de pas avoir pu être là pour toi non plus. Et là, il a peur. Car la conversation vire trop au mélodrame pour lui. Qu’il ne veut pas que les excuses se transforment en thérapie. Il en a pas besoin. Alors il reprend sa lecture, ignore tous les mots qu’elle a dit (alors qu’il s’en est abreuvé allégrement) et calcule les derniers chiffres. « N’en parlons plus, ok ? C’est dans le passé. » Froussard Joao qui ravale sa salive et esquive son regard. C’est une autre forme de fuite, vrai. Mais il est submergé par les émotions de la kaze et maintenant, tout de suite, il a pas besoin de ça dans sa vie. C’est déjà assez merdique comme ça.

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even though i’m becoming exhausted, heaven is not in view.[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien],, 14 août

Un pas en avant, six en arrière. Une excuse puis le malaise, la peur du trop. Naeun qui n’avait pu s’empêcher de sourire face à ce crétin qu’elle aimait décidément beaucoup trop. Sinon y’a la suite de ce film super idiot qu’on était allé voir qui sort d’ici une grosse semaine. Lâché comme de rien alors qu’elle était passée à autre chose, réprimant malgré elle pincement au coeur. C’est dans le passé. Ne plus en parler ne la dérangeait pas, mais devoir admettre que Junseo serait à jamais coincé dans hier la bouffait de l’intérieur. Naeun rongée par la culpabilité qui allait bien et pourtant. Naeun qui avait appris à vivre avec, à se redresser, à rire et profiter mais qui ne se pardonnerait jamais son caprice.

Elle, aurait souhaité que Junseo continue à vivre avec eux : même après ça. Mais elle ne pouvait être si égoïste, alors se contentait de le faire vivre en elle. Pas que je te propose d’aller renverser notre pot XXL de popcorn comme la dernière fois car c’était ultra gênant, mais peut-être que toutes les suites ne sont pas moins bien que le premier film. Dit l’air de rien alors qu’elle était enfin arrivée à identifier l’erreur majeure dans le compte des TRC, l’entourant de son crayon en papier avant d’y dessiner quelques petites étoiles. Toutes les relations n’étaient pas vouées à l’échec après une longue séparation.

Naeun bien décidée à prendre ce pas en avant comme une invitation : qui attraperait son Jojo et comblerait l’écart. Elle se contre foutait qu’il recule, écraserait la distance qui les séparait et renouerait leur lien. Naeun incapable de forcer, mais bien résolue à être s’il l’en lui donnait l’occasion. En grosse gamine elle avait encore la vidéo prise de leur immense connerie, du paquet de popcorn renversé au sol qui avait en moitié fini sur les sièges devant eux. Naeun journaliste aux airs de vlogueuse alors qu’elle avait interviewé son camarade de siège sur à qui la faute. Évidemment la faute aux deux, mais probablement aux spasmes de la Kaze lorsque le film d’action avait vraiment trop viré au comique et qu’une réplique avait fini par l’achever. Le pire était qu’elle ne se sentait même pas coupable pour les pauvres malheureux s’étant pris les grains de mais soufflés dans les cheveux et sur les épaules. Elle n’avait, sous le fou rire nerveux aggravé par sa tentative de rester silencieuse, penser à lancer un evanesco. C’était trop comique pour être effacé. Naeun qui grandissait et s’élevait mais qui pourtant aux côtés de ses amis aimait ces comportements puérils. Il n’était jamais trop tard pour s’oublier, pour rire aux éclats et être mis dans la boite des non sortables.

Mais c’était eux les plus drôles, eux les plus heureux.

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even though i’m becoming exhausted, heaven is not in view.[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien],, 14 août

Le sujet passe du coq à l’âne et ça le soulage. Il relâche un soupir silencieux qui laisse un cœur léger derrière lui. Naeun, toujours aussi gracieuse, lui offre cette porte de sortie. Et c’est tout souriant, tel un homme nouveau, que JP saisit cette opportunité. Des films, ils en ont vu des milliers mais il n’y a rien de mieux que de voir un mauvais film avec ses potes. Il se remémore d’une affiche assez loufoque et les leads au centre qui tapent une pose overdramatic. « AHH, celui où le mec là, le bogosse, tombe de son cortège de licornes et se fait sauver par la sorcière aux gros seins ? Même y’a un p’tit troll des sables et ils sont sur une île déserte alors ils font du feu avec ses cheveux ? » Petit à petit le plot lui revient en tête, et il remercie son excellente mémoire d’avoir oublié ce navet. Il n’y avait que le charme de l’actrice principale et la compagnie de la vloggueuse pour sauver un moment douloureux. « Pas du très grand cinéma, hein. » Mais qu’est-ce qu’il y connait vraiment. C’est un homme chiant qui fait que lire des livres d’intellectuel et écouter du rap. Et il sait que même leurs meilleures blagues ne les sauveront pas de cette suite aussi pétée que la première. Alors Jojo, en guise de branche d’olivier, propose une meilleure alternative. « J’t’avoue que je suis pas trop chaud pour me retaper 2h de rires forcés en 4K. Mais... Y’a un autre truc de mecs qui sort là. Slow & Happy 9, t’sais, le chauve qui conduit des bolides et va dans l’espace pour sauver sa "famille". » Et il mime lui-même les guillemets car Vin Diesel et la « famille » était devenu une blague à part entière sur internet. Il n’a même pas vu les huit premiers films mais à part montrer des voitures de course et sauver le monde, ça devait pas être très dur à suivre. Il lui rend au passage la fiche qu’il a fini de répertorier, en espérant qu’elle arrivera à organiser ce merdier et en faire un report acceptable sans ruiner son été. Mais bon, pour l’instant, il se satisfait de ces petits pas. Petit pas pour l’homme, des pas géants pour Joao-Paulo.