SEDATED / altaïr.

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adding shadows to the walls of the cave[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien],, 27 octobre

JP n’a jamais réussi à dormir en cours de droit. Pas faute d’avoir essayé. Il ignore si ce sont les yeux de son directeur de maison qui le tiennent éveillé ou bien la profondeur de l’enseignement qui le captive. Toutefois, les cernes coulent toujours autant autour de ses yeux et les bâillements discrets en bout de table se font remarquer. Il est quand même sérieux. Un perfectionniste atteint, workaholic qui passe ses dimanches matin en bibliothèque à revoir ses cours. Pourquoi ? Par habitude maintenant. Et peut-être une goutte de pression. Le monsieur est impressionnant, intimidant. A l’image de la rigueur de l’école. Il a sa réput le Mastriani et un palmarès impressionnant (il a woogle son professeur un soir curieux) Jojo a presque honte de drop sa matière devant cette booster energy. C’est passionnant, vraiment. Seul couac : il n’a nullement envie de dédier son âme au droit sorcier et d’être enfermé dans un bureau à répéter la Constitution car l’accusé avait volé un chewing-gum ou œuvré à l’Imperium. La discipline est aussi morose que les métiers auxquelles elle donne accès. Non, lui, il voulait voler. Aller loin pour ne jamais revenir, ne jamais regarder derrière. Devenir champion, ramener la coupe à la maison, la poser sur l’étagère et rendre son mort-vivant de père fier. Papai oublié par-delà l’Atlantique autant par le fils que le moldu. Les aléas de la vie et le poids des regrets ont tendu la distance entre le père et son ingrat de gosse. L’idée de le revoir lui trotte dans la tête depuis sa conversation avec Rose. Il se surprend à esquisser un sourire lorsqu’il imagine ses traits le reconnaître. Enfin. Et voilà que l’étourdissante expertise de son professeur pourrait être une solution.

Lorsque le denki marque la fin de l’enseignement, JP attend que la prestigieuse salle en marbre se vide. Il promet à des camarades de les rejoindre à la prochaine demi-heure mais il sait d’avance qu’il ne retrouvera pas ces baladeurs. Une fois seul avec lui, il s’avance vers le pupitre du maître avec une idée bien en tête. Il sait bien qu’il est en retard sur la confection de mémoire, qu’il n’est pas venu à quelques cours ce semestre et que ses notes sont en chute libre depuis septembre. Rien de bien grave. Ça ne l’empêche pas de déranger l’illustre homme avec ses questions personnelles. “Sir, I have a question.”  Il ne perd pas son temps en banalités et bégaiements. “It’s not about the class, it’s more of... a personal matter.” précise-t-il avant d’entrer dans le vif du sujet. Histoire de rembobiner ces mots dans sa tête et s’assurer qu’il ne regrettera pas de poser cette question. Ce n’est jamais facile d’insinuer à un occlumens accompli qu’on a effacé la mémoire de son père.

Les mots s’échappent à tour de rôle, et font écho chacun leur tour dans l'amphithéâtre rempli. Il était parti dans une de ces tirades qui faisaient presque hésiter les étudiants les plus avides de questions, et  il en était ainsi. Cette lueur présente, qui pourrait presque être considérée comme menaçante, les en empêchaient et l’homme en serait presque reconnaissant, lui qui ne faisait rien d’autre que de parler, encore et encore de ce même sujet qui le passionnait. Mais l’horloge tournait, et il se devait de dire tout ce qui était nécessaire afin que toute la jeunesse qui lui faisait face ait un bagage suffisant qui ferait honneur à son enseignement. Le livre se referme et le sorcier remercie les élèves de leur attention avant de les laisser fuir vers d’autres cours. Il reste face à son pupitre, faisant également office de bureau temporaire, le temps de répondre aux hésitations de chacun et de chacune de la manière la plus précise ou facile, toujours aussi calme et articulé quand il aurait été aussi bref que possible avec d’autres sujets de conversation. Un des conseils que l’on lui avait glissé avant de commencer, et qui semblait porter ses fruits à voir plus d’élèves intrigués que fuyards après que l’heure ne soit passée, ou peut-être étaient-ils simplement intéressés par les anecdotes qu’il aimait glisser de temps à autre pour que tout ait du sens. Le pupitre se vide au fur et à mesure avant de se retrouver seul, ou presque. Un visage se distingue entre les bancs, de ceux qu’il aimerait aller en droit plutôt qu’en sciences politiques. Du moins, c’est ce qu’il souhaitait à tous ses denkis. Il paraissait presque possessif, mentionné comme cela, mais il ne faisait que souhaiter le bien de tous les étudiants se retrouvant sous la coupe du kitsune. Et en toute modestie, la seule voie bénéfique pour eux était bien entendu celle qu’il enseignait lui-même, sans vouloir paraître orgueilleux. “Mister Jones. What can I do for you ?” L’étudiant ne perd pas son temps à tourner en rond, en allant droit au but et il se demanda sincèrement s’il ne devait pas rendre le masque qu’il portait plus sévère pour qu’on le prenne pour le bureau des plaintes, avant de se rappeler qu’il était directeur de maison. Comme cette fonction pouvait lui échapper de temps à autres, peu habitué à prodiguer des informations autre que comment ne pas finir en prison. “It’s not about the class, it’s more of... a personal matter.” Le professeur ne peut qu'acquiescer, se demandant ce que pouvait avoir Jones en tête. “Well, if it’s personal I don’t know if I can’t be that much of a help but I’ll try my best. You can tell me.”

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adding shadows to the walls of the cave[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien],, 27 octobre

Debout devant les yeux de son illustre professeur, JP ne laisse pas le temps le décourager. D’abord, il balaye la pièce du regard pour s’assurer que les derniers mollassons ont quitté les quatre murs. C’est un secret de famille bien honteux qu’il s’apprête à révéler. Un quelque chose qui pèse sur son cœur depuis des années. Il n’allait pas détailler son plus grand méfait devant une autre audience que Mastriani solo. En plus, il est presque sûr qu’effacer la mémoire d’un moldu est illégal mais qu’en sait-il ? Il ne révise pas suffisamment le droit pour le savoir. Idiot. Il a effectué ce crime pour venir étudier au Japon et il est incapable de décider s’il est en faute ou non. C’est assez ironique quand on y pense.

Pourtant, même si le grand monsieur l’encourage à parler, l’idée même de rassembler ses forces pour ouvrir sa bouche lui semble insurmontable. Alors le fuyard tourne autour du pot. “I’ve heard you’re great at Occlumency, is it true?” il commence par tâter le terrain, voir quels sont les sentiers face à lui. S’il pouvait déduire la réponse sans devoir poser la question, ça l’arrangerait bien. Mais il sait mieux que d’essayer de manipuler un homme aussi intimidant. Maître qu’il respecte malgré tout. “Are you good with spells that distort the memory? Let’s say, something like the Obliviate enchantment?” Ça ne lui ressemble pas d’être aussi indécis sur un sujet. De trainer en longueur ainsi. JP est un mec occupé et indifférent, il n’a pas le temps pour les longues tirades et les paragraphes romancés. Il vise l’efficacité. La frappe chirurgicale. Sauf que la problématique lui tient trop à cœur et le dévoile au grand jour. Il ne peut plus se cacher sous son mystère ou ses yeux las. Les répercussions lui font peur, la réaction du sensei également. Il est déjà médiocre dans sa matière alors si en plus il est fou... Il prend une inspiration. “Is it reversible? Hypothetically.” finit-il par demander après avoir divagué en papotage inutile. Il fixe le professeur avec appréhension, certain qu’il n’aimera pas la réponse. Car il se doute déjà bien de la forme qu’elle prend.

“I’ve heard you’re great at Occlumency, is it true?” Le professeur ne peut que hocher la tête, curieux de savoir où il en voulait venir par là si le sujet était plutôt personnel. Il n’avait que vaguement mentionné cette capacité il fut un temps, loin d’être vaniteux, et il ne pouvait que constater à quel point l’information était passée. L’homme avait plusieurs vagues idées en tête et préféra immédiatement poser ses propres bases pour faire gagner du temps à l’étudiant. “I do and I hope that you’re not here to ask me to do something with your memories.” Et c’en était presque hypocrite venant de lui, loin d’être innocent dans ce domaine et surtout jamais hésitant, jamais. Peut-être était-ce le simple fait qu’ils n’avaient tout deux aucun lien excepté une maison dont l’un était le directeur et l’autre l’élève en son sein. Jones ne méritait pas d’avoir l’ombre d’Altaïr sur lui, et bien qu’il ne savait rien de ce qu’il se passait de son côté, il savait que l’étudiant serait plus tranquille s’il restait loin de son impact. Quelle générosité. “Are you good with spells that distort the memory? Let’s say, something like the Obliviate enchantment ?” Il est plus précis d’un coup, et ça en serait presque inquiétant à moins que celui-ci ne soit intéressé par cette particularité. Le directeur ne voyait pas l’intérêt de mentir, ce n’était pas comme s’il allait avouer tous ses péchés en confirmant cette capacité de pouvoir les manipuler, de pouvoir les effacer. Il lui offre un sourire, rien de bien méchant. “Indeed I have certain abilities but I would like you to be more specific please.” Il aurait pu dire qu’il avait certaines connaissances avant de passer à autre chose, mais l’Altaïr effaceur de souvenirs lui rira au nez. Peu de vanité mais sa fierté était toujours très présente. Maintenant, il voulait savoir ce qu’il avait précisément en tête pour que les deux ne parlent pas de droit. “Is it reversible? Hypothetically.” Il commençait à un peu voir ce que Jones cherchait. Cela ne servait à rien qu’il fasse mine de réfléchir, la réponse était automatique, et pouvait être donnée sans la moindre hésitation. Elle devrait même être facile à trouver en cherchant un peu sur l’internet sorcier, mais si l’élève cherchait une conclusion, il le lui donnerait sans le moindre problème. “I’m sorry, it is not possible.” Le professeur est direct, son visage ne montre pas le moindre doute. “When it’s gone, it’s gone forever.” Il reste solennel dans ses mots, ne sachant pas ce que cette confirmation signifierait pour Jones. “So I don’t think I can help you if it’s about that. Are you interested in the field ?”

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Oublier. Putain qu’est-ce qu’il aimerait oublier Joao. Ces visages qui le hantent la nuit, les voix qui trainent dans ses souvenirs – ceux ancrés dans sa nostalgie et sa rêverie. Aucun sort ne pouvait effacer les regrets mais il y en avait quelques-uns pour nettoyer les erreurs ; celles commises et celles qu’on rejette. Il se souvient trop bien de sa baguette pointée sur la tempe de son géniteur et les lèvres qui murmure ce sortilège instable. Hop, abracadabra. Le voilà supprimer d’une vie entière, une vie qui était sa vie. Et c’est avec un espoir titubant, de la même lourdeur que celle avec laquelle il traine les pieds, qu’il s’adresse à son professeur. I do and I hope that you’re not here to ask me to do something with your memories. Il aurait pu être tenté, s’il était un autre homme chagriné par l’amertume des remords. Mais il est allé de l’avant le petit. Il a repris son balai et il s’est envolé loin de ses terres natales où son cœur est enterré avec elles. Il poursuit ses questionnements avec naïveté. Il se raccroche à la faible lueur, à ce mirage qu’il perçoit dans le désert. Mais serait-il capable de se montrer devant son père si le sort était inversé ? Pourrait-il s’excuser sans sangloter et promettre qu’il n’a pas changé ? Certainement pas.

Le jugement de sensei tombe. Les épaules s’alourdissent et à la fois, elles gagnent en allégresse. When it’s gone, it’s gone forever. Le regard reste impassible. Décédé. L’espoir est une chose frêle, maudite, inutile. Le pessimiste qu’il est n’a jamais espéré pouvoir retourner le sablier (mensonge, JP est un idéaliste) Sa façade habituellement stoïque reste debout et il se demande si Mastriani arrive à percer cette illusion. A cause d’un caprice de gamin, son père ne le reconnaitra plus jamais. Un jour, il se présentera à lui et le doyen rira : Funny, that’s how I’d name my kid!
Joao hausse les sourcils, sortant ainsi de son absence. Il n’insiste pas plus car il sait que le grand maître connait son sujet. Le capitaine sait reconnaitre la défaite et garder la tête digne. “I thought it was curious, that’s all.” Il fait passer ça avec un haussement d’épaules comme il parlerait d’une passion fugace. Il s’apprête à tourner le dos et retourner dans sa chambre, là où le reste de sa morte-vivante de vie l’attend mais il s’en empêche. “It’s just—” Il hésite sur ses mots. “I don’t get it.” pousse-t-il avec toute la sincérité logée dans sa gorge. A nouveau les pensées fusent et non, il n’a pas perdu. Pas encore. “There are so many spells existing. Magic can do anything and accomplish everything. If we can take someone’s memory or shape reality why can’t we just—” Sa gorge se noue puis sa voix se fait si petite qu’on ne la reconnaitrait pas. “Why can’t we just get it back? Doesn’t it seem unfair to you, sir?” La vie est une sacrée salope, il le savait déjà. Mais il ne s’était jamais préparé à être autant déçu par la magie.