❀ when the sky shatters (akira)

Le cœur renversé par des efforts qu’il peine à contrôler. Tout son corps en lutte contre le supplice de la raison, qui s’oppose aux désirs violents. Une vague qui s’empare de lui tout entier, sans pouvoir vraiment lutter, muscles déchirés par des élans qu’il voudrait délivrer. Chaque fibre consumée par des envies incendiaires, du souffle saccadé par la colère qui fulmine sous sa trachée – jusqu’aux tremblements dans ses mains, dans ses bras, et ce nerf qui tressaute près de sa jugulaire.

Figé sur place, vertige en lui-même – mais jusqu’à la dernière minute, à l’ultime seconde, il est incapable de s’en aller. Attraction inexplicable pour ces âmes-reflets qui l’appellent à la confrontation. Finalement, le présage invisible fend l’air et il n’y tient plus ; s’oblige à faire volte-face pour ne pas tenter plus longtemps ses instincts. Akira s’arrache à la scène comme il prendrait un nouveau souffle pour se donner du courage. Besoin de se détourner avant de vouloir y retourner. Contact rompu avec l’autre déchu, et son démon lui fait payer l’humiliation ; nausée dans ses tripes, comme une overdose de ses émotions, la colère en inondation. let’s go L’injonction résonne et il ne pense qu’à suivre ces mots.

Dans son élan, il l’emporte avec elle. Dans ses vagues, dans ses émois, dans ses impulsions qu’il ne lui explique pas – Himari forcée de naviguer dans des courants trop violents. D’une main brûlante, il emprisonne la sienne, presque enfermée dans son propre poing. La dérobe sans lui laisser le choix, guidé seulement par cet objectif qui lui crame au front – l’éloigner de cet enfoiré. Une impulsion inexpliquée, mais nécessaire, qui guident ses pas dans une foulée toujours plus énervée, rapide – chaque pas l’éloigne de la source de sa fureur.

C’est seulement arrivés dans un coin de jardin dépeuplé qu’il ralentit l’allure, et consent à relâcher sa prise. Sans doute trop ferme, sous ses jointures serrées, la serrant nerveusement. C’est pourtant sans délicatesse qu’il la renvoie à sa liberté, empoisonné par le feu dans ses veines, trahit de ses gestes brusques. Ils sont loin, désormais. Suffisamment pour qu’il retrouve un semblant d’apaisement. Il n’y a qu’eux, mais il fait quelques pas de côté pour évacuer encore cette énergie qui refuse de le voir s’arrêter de bouger. Court instant de répit, et la réalité le rattrape bien vite. what was that ?! Soudain il semble se souvenir du son de sa voix, qui retrouve ses oreilles et son attention à la fois. Cesse ses agitations et se retourne pour croiser le regard perdu et confus de Himari. Le sien n’a pas encore recouvré son brun habituel, voilé d’un orage sombre propre à l’oni. Un instant, leurs pupilles s’accrochent, et il la détaille sans savoir quoi faire de la question qu’elle lui jette. why did you– Passe une main tremblante dans sa nuque, qu’il pince dans sa paume. Chasse l’adrénaline, les nerfs, la colère. why did i what. Retient derrière ses dents les mots de l’outrage, énervé d’être encore (toujours) pointé comme l’accusé. Prend sur lui pour réprimer son verbe acerbe et la laisse venir. and why did he– Pousse un soupir d’impatience, voyant bien qu’elle est larguée, et Akira manque cruellement de calme pour lui expliquer. Injustement, il voudrait la planter là et se tirer de ce gala de merde. Se barrer passer ses nerfs ailleurs, et s’endormir bourré, pour oublier cette soirée.

Le souffle lui revient en même temps que le froid glisse un frisson sur sa peau. Vêtements détrempés qui lui collent de partout. ugh. Calme qui le gagne cependant, tandis que Himari semble prendre le temps de faire le tri, ses mains pressant ses joues de souris. you going to finish one sentence or what. Sa voix se fait plus posée, retrouve son intonation habituelle et son flegme. Grimace soulée toujours collée au visage, et le regard brun perdu dans le vide, par-delà les rambardes des jardins. you… have to explain because I don’t understand a single thing that happened over there – La quiétude de l’eden termine de chasser le reste de colère et de panique, laissant dans l’air la voix calme de Himari, comme une accalmie. do you know this boy ? Quelques secondes de flottements s’écoulent – les autres invités sont loin. Un vent doux propre à cet olympe artificiel pour seul compagnie, balaye les feuilles qui les dissimulent au reste du gala. Et à nouveau cette atmosphère qui s’appose – qui apaise. Par besoin d’être complètement sûr que ses mots ne risquent pas de déraper, Akira ne réplique pas trop vite. Le seum sur le bout de la langue, la colère encore bouillonnante dans son ventre.

Lorsqu’enfin il ouvre la bouche, c’est un marmonnement, presque agacé de devoir se justifier, mais qui concède à le faire avec un accent irrité. sort of. Ce n’est pas assez et il le sait, mais il prend le temps de museler son agressivité latente. every time i see this brat, he gets on my nerves. fucking around, until i lose my shit and we end up fighting. les mots se font tranchants, s’enchaîne avec amertume à mesure que le débit augmente. i’m not always the one who gives the first punch. he knows how to hit too, don’t worry. Justification étrange, teintée de sarcasme quant au souci qu’elle a pu démontré à l’égard de l’autre merdeux. Ravale ses flammes, sentant qu’il dérape de direction. Dans l’anticipation de l’aveux, Akira se retourne, pour trouver accoudoir sur le rebord de marbre. Envoie ses paroles dans le vide du ciel, où personne n’ira les récupérer, après les avoir prononcés. he’s also a hensoku. Et son regard vient chercher celui de Himari, pour trouver l’éclat de réalisation dans ses yeux. Dans une moue blasée, il acquiesce pour lui-même avant de terminer. but he’s from the government. and he’s not a nice guy. at all – feel me ? Les muscles se crispent à ces mots, d’un danger qu’il énonce à demi-mots. Réalisant pour lui-même qu’en réalité, il n’est plus caché. Depuis longtemps. Et qu’à tout instant, tout peut basculer. Au moindre faux pas. Au moindre coup de sang.

Dans un soupir plus lassé qu’agacé, Akira se redresse du rebord et pince un pan de sa chemise pour venir tirer dessus, comme si ça suffirait à la faire sécher. saw him come and go around you all night, was fucking sus. Admet sans s’en rendre compte que peut-être il surveillait de loin. Ses sourcils se froncent, quand finalement il tente de justifier maladroitement ses propos, éconduit par l’alcool. like – he didn’t come for your pretty face. don’t know what he was up to, but when i saw him getting touchy – une grimace froisse ses traits, repoussé par l’idée et de nouveau le feu teinte ses mots. it wasn’t right, it – he can’t do that. Conclusion qui tombe comme une évidence. Bien sûr qu’il fait pas ça. Ca va pas non. Il est qui même, elle le connaît pas elle a dit. S’énerve sur sa chemise à mesure que les nerfs refont surface, dans des gestes agacés par ses pensées. fucking hell, il grogne de plus belle sous ses fringues mouillées. Soupçon d’irritation ; mais est-ce le souvenir d’un Ujinori trop envahissant, ou de ses propres paroles dans lesquelles il s’emmêle.

La tension s’est échappée avec le brouhaha du gala. Un bourdonnement lointain duquel ils se sont enfuit, retrouvant le silence des jardins. Derrière les immenses feuilles qui couvrent leur recoin d’olympe, un morceau de ciel pour leur redonner un peu de souffle – suffisamment d’espace pour que Akira apaise ses nerfs, respire et retrouve un peu terre. Dans un calme encore relatif, il trouve la patience d’expliquer les raisons d’un conflit dissimulé dans les non-dits et les secrets. he’s also a hensoku. Des mots qu’on entend d’ordinaire en murmure, il les balance sans délicatesse comme une vérité amère. Et c’est une évidence qui résonne chez Himari, aussi. oh. Lorsqu’elle comprend les conséquences, les motifs de sa colère. La fragilité d’une retenue qu’il a dû mesurer pour ne pas exploser. Une scène qui n’avait l’air de pas grand-chose, faite de vieilles rancunes et menaces de mâles mal placés. Des sous-entendus peut-être vrais – ombres d’une jalousie qui ne lui avait pas encore effleuré l’esprit – mais davantage ce précipice sur lequel ils ont valsé. Et elle se tenait au milieu, Himari. C’est peut-être ça qui l’a fait vriller. Ou bien c’est ça, qui l’a empêché de complètement perdre pieds.

Cette lueur dans le regard, éclairé par une connivence qu’il n’est pas nécessaire d’énoncer. Himari ne baisse pas les yeux, au contraire, elle cherche dans ceux de Akira à lire ce qu’il essaie de lui dire. Et c’est un sentiment étrange que de pouvoir partager avec Himari des informations aussi sensibles. En détaillant cet éclat qu’elle maintient à bord d’yeux, Akira sourcille ; conscient soudain qu’il l’a réellement embarqué dans ses problèmes – même de loin. Même si Ujinori ignore encore son identité, et qu’il garde un avantage précaire. Elle était pourtant là, quand leur confrontation est arrivée – origine même de l’altercation. Elle y a assisté. Elle a vu. Elle a entendu. Akira n’est pas parti, n’a pas fui. Et là encore, il poursuit son explication, navigue dans des confessions qu’il lui remet avec un peu d’hésitation, mais sans pouvoir s’en empêcher. L’expression de Himari change, passant de l’épiphanie à la réflexion, lorsqu’elle a toutes les informations en mains. Instant de pause où il se raccroche au vide du ciel qui s’étale sous ses yeux. La fièvre retombe et laisse la tête reprendre les devants, réalisant lui-même après-coup à quel point la situation était tendue. …are you okay ? Fait jouer de sa mâchoire, serrant et desserrant ses dents dans un mécanisme inconscient de chasser le stress. Et sans la regarder, Akira hoche la tête d’un mouvement presque imperceptible, comme pour lui-même. Regard vissé dans le vide, tandis que l’intonation de Himari se fond dans le silence. are you okay ? Revient trouver ses yeux, sourcils froncés et fermeté dans la voix. Retournant la question avec un sérieux déconcertant – il met l’accent sur son état à elle, qui n’avait pas sa place dans le conflit. Qui lui importe plus que le sien. Lui, c’est autre chose ; il va toujours bien. Rien ne peut le toucher, sous son ego cuirassé et sentiments sous verrous. Rien. Rien.

Le fil du discours continue dans la même lignée. Le fond de colère qui brûle encore se met à bouillir quand il avoue avoir vu le petit manège de Ujinori autour de Himari toute la soirée. S’agace et s’énerve sur sa chemise qui ne sèchera pas mieux en tirant sur le tissu, mais en réalité ce sont ses mots qui le foutent en rogne. Il lui suffit d’évoquer l’intérêt d’un autre à l’égard de Himari, pour que sa voix s’enroule dans des accents de rageux. Lâchant au passage un pretty, qu’il n’a même pas réfléchit et lui vient trop facilement à la bouche. Trop occupé à s’agacer de ce qu’il raconte, comme s’il revoyait la scène où de loin, il lui semblait que leurs visages étaient trop près à son goût. Ne prête pas attention à la confusion de Himari, ni à ses joues rosées – d’ordinaire, il se régale de la voir s’empourprer, mais son attention est ailleurs. but… why ? Relève ses yeux vers elle sceptique. why what. Colère sourde qui s’écorche sur la naïveté des propos. i mean, of course you shouldn’t touch people you don’t know just like that but… – but what. Elle a encore ce regard qui fuse en tout sens, à faire le tri dans ses pensées décousues, et Akira ne comprend pas ce qu’elle cherche, quand ses nerfs rendent ça si évident pour lui. is it because of his…skills ? because you know what he can do… ? – because he doesn’t touch you, end of the story – that’s why, s’énerve-t-il finalement, presque désagréable à son égard à elle, soulé qu’elle puisse voir une autre justifications à ses gestes. Une possessivité sous-jacente qui achève de le tendre. fucking skills or not. Instinctivement, il jette un regard plus loin, au-delà des jardins où l’autre glaçon se trouve probablement. he wouldn’t have done anything, cause the gov is watching, anyway. but for what i know, it’s for the best. Le mec a clairement pas hérité de la licorne ni d’une fée. Ce que lui a révélé Atlas est assez glaçant pour ne pas vouloir y mêler Himari en lui donnant plus d’explications. she doesn’t need it.

Plutôt que d’occuper ses poings, il occupe ses mains sur une pauvre chemise qui n’a rien demandé et se fait secouer vigoureusement pour en chasser l’eau. Peine perdue. Il ferait tout aussi mieux de l’enlever et de l’essorer, mais il est pas assez bourré pour se foutre torse-nu – ne le sera-t-il jamais, la pudeur étant bien plus forte. fucking hell. Pousse un soupir qui serait presque plus efficace pour sécher ses fringues. Au même moment, Himari intervient et le coupe dans ses gestes aussi frénétiques qu’inutiles. here, hold on Légère surprise qui le retient de répliquer, quand elle vient arranger son col. Ses mains s’approchent de son cou et Akira relève instinctivement le menton, sans se départir d’une moue renfrognée. Mais il la laisse faire, docile. i’m still not sure why he was following me around, elle continue, arrachant un soupir impatient à Akira, qui fait rouler sa tête sur son cou. were you sleeping when he was spitting all that bullshit ?, il grommelle, trouvant encore moyen de la tacler, mais dans un ton néanmoins plus taquin que mauvais. why me ? i’m really of no use to them… – that’s not the point. he doesn’t know i’m one too. Hausse les épaules pour ne pas accorder trop d’importance à la question. from what he said –  i don’t know. he just wanted to – screw around. Ca lui fait des nœuds au cerveau rien que d’y réfléchir. he wanted to piss me off, comme d’hab. Mais trop chiant de l’admettre, quand c’est pourtant ce qu’il s’est produit. Il a visé juste, autant dans sa cible que dans ses mots. « jealous ? getting hard bullying her ? » Alors Akira détourne le regard et soupir en sentant ses muscles se raidir. fucking jerk.

Dans une tentative de détourner le sujet, ou bien de ne pas creuser davantage des questions auxquelles il n’a pas envie de répondre – Himari fait remarquer qu’un de ses boutons de chemise est mal mis. mh ? Baisse les yeux sur celui qu’elle pointe du bout des doigts. Machinalement il s’apprête à corriger l’attache, mais son geste rencontre celui de Himari, chassée aussitôt dans sa tentative quand il se fait plus rapide. got it. Lui adresse un bref regard comme on intimerait un « tqt » glissé du coin de l’œil. Elle rapporte ses mains contre elle, mais la proximité qu’ils partagent reste intacte, troublant un peu la conscience d’Akira – une part de lui qui s’en moque, l’autre qui ne peut s’empêcher de le noter, avec un plaisir inavoué. Satisfaction qu’elle reste, qu’elle ait eu ses gestes tout près. Malgré un cœur encore enragé, Akira aime l’avoir à ses côtés – à lui. Sans l’autre pour venir les faire chier. Sans personne, en fait. Juste retrouver cette intimité qu’ils partagent, et qui lui plaît. Plus qu’il ne l’avouera jamais. whatever…

Lisse sa chemise mouillée mais rajustée, en jouant de ses mouvements pour y trouver son aise – mais clairement, c’est juste inconfortable as fuck. you should cast a drying spell on yourself before your friends ask questions, fait Himari avec son sourire de souris. Akira se contemple, pas convaincu. yeah… C’est vrai qu’il a aucune dégaine. Et évidemment qu’il a pensé à un sortilège. Mais sa magie est encore agitée – incombée de la colère de l’oni, et d’autre part désorientée par ses 1,2g dans le sang. Sa baguette coincée dans la ceinture de son pantalon, il n’essaye même pas de venir l’en tirer et la laisse là où elle est. but i’d rather not. Bien sûr, techniquement il pourrait. Mais est-ce qu’il a envie de foirer un sort aussi basique devant quelqu’un ? Euh, non. Sa fierté a assez mangé pour ce soir, merci bien. whatever. i’mma just leave at this point. Pas déçu pour autant – il est tard de toute manière. Pas si tard, mais assez pour avoir participé autant à ce genre d’évènement. Seiya a dû retrouver Mars, Remi règle sans doute ses comptes avec Minato ailleurs (si elle est pas déjà partie quand lui l’a abandonné pour se bourrer la gueule), il a paumé Andrea, Sam et avec Rose… Eh, c’est la saint-valentin, après tout. i’ll grab a bottle or two and head home. L’ombre d’un sourire étire la commissure de ses lèvres dans la confession du méfait – aki-rat, fidèle à lui-même. Et sur cette décision, il décoince sa chemise de sa ceinture et ouvre ses boutons de manches, chose qu’il aurait dû faire depuis longtemps. what’s your plan ? joining back the daichi team ? Glisse une main dans une poche, se moquant doucement de leur équipe de fragiles, mais préfère mille fois cette compagnie à celle de Ujinori. Le sourire devient complaisant, quand il vient de lui-même arranger la couronne de laurier surplombant la tête de Himari. Dans une délicatesse toute relative (inexistante), il la remet droite, peut-être même trop en avant sur sa frange. Lui rendant la pareille, un peu plus nonchalant. such a tiny head, commente-t-il en haussant les sourcils, moqueur.

L’ego se froisse un peu plus sous la réponse de Himari, qui ne fait pourtant qu’énoncer des faits. i’m not the one who got punched or sprayed into a fountain. Se prendre un coup, passe encore. Il en a essuyé tellement, qu’il pourrait se contenter des les encaisser sans sourciller, sans se fissurer. En revanche, le revers de la fontaine était imparable, et ça lui reste en travers de la gorge – qu’il ait l’air si con dans ses fringues collantes et inconfortables, et n’ait pas eu l’occasion de répliquer de la manière que lui intimaient ses instincts. Pourtant c’est dit sans offense, sans l’injure d’un sous-entendu qui se voudrait acide. C’est un simple souffle, sans doute pour rappeler que c’est lui qui s’est imposé en bouclier. i’m fine. Une fois qu’il a pu en attester par un regard sur les traits calmes de Himari, il s’en détourne et se concentre à nouveau sur ses nerfs, qui se détendent progressivement.

Sa voix s’emporte de nouveau dans une répartie qui lui échappe, et vient interrompre les tergiversions de Himari – l’évidence de ses propos, sur le fait qu’aucun prétexte ne justifierait que Ujinori puisse la toucher. C’est à son sens, seulement. Une réaction qui le devance, avant qu’il ne puisse tempérer ses mots et son ton, trahissant ses intentions et peut-être même un peu plus qu’elles. Une possessivité qu’il se connaît trop bien, mais qu’il ignorait attribuer à Himari. Et alors il voudrait se mordre la langue pour avoir parlé si vite, mais opte plutôt pour poursuivre sur des explications plus pragmatiques, qui font diversion. Pour lui-même, aussi, plutôt que de contempler cette vérité qui transparaît malgré lui ; il ne voulait pas que Ujinori la touche, tout comme il s’est écorché au besoin de Himari de le défendre dans un premier temps, comme s’il venait d’interrompre leur moment. Avant que ce merdeux n’y mette son grain de sel avec des accusations qui l’ont fait vriller – parce qu’elles étaient désagréables à entendre, ces vérités. Parce qu’il n’en voulait pas. Parce qu’il préfère l’étrangler plutôt que de le laisser exposer une jalousie qu’il n'assume pas. thank you, reprend-t-elle doucement, d’un ton infiniment plus calme que celui qu’il lui sert dans ses élans. Une interjection qui le surprend presque, n'en voyant pas immédiatement le sens. for what. – for jumping in. Hésitation qui vient ébranler ses réflexions, alors que cette simple formule donne raison à tous ses doutes. Oui, il est intervenu. Oui, il l’a fait pour elle. Oui, il n’a pas pu s’en empêcher. Pourquoi c’est si difficile à admettre, que – you’re too fucking polite to push people away. someone had to. Évidemment. C’est plus simple de rejeter l’attention ailleurs, plutôt que de dire ‘de rien’. L’intonation est plus nonchalante qu’agressive, cependant, avec dans le fond de sa voix un air blasé laissant entendre son indifférence. Comme si ce n’était finalement pas grand-chose – ou plutôt, comme si c’était naturel. wasn’t going to let some jerk bother you, il ajoute d’un ton plus irrité. Avant de se corriger en essayant un regard moqueur, sous la colère. like he said – it’s just me. Fierté encore mise à mal par les propos de Ujinori, qu’il détourne à son avantage dans un sourire diable. Tentative de reprendre le contrôle, même si au passage, c’est une manière d’approuver une partie de ce qui a pu être dit. C’est subtil – enfin, ce qu’il croit ; parce qu’avec l’alcool qui lui embrume l’esprit, il n’est peut-être pas aussi fin qu’il l’imagine.

Puis ce sont les mains de Himari qui s’en mêlent, et viennent ponctuer leur conversation. Tout s’enchaîne de manière naturelle, comme s’ils avaient l’habitude d’une telle proximité – ce n’est pas la première fois qu’elle s’occupe de l’arranger. Et en réalité, elle a déjà eu les mains sur son dos, et sur son torse nu. En plein milieu de la nuit, alors qu’il était presque aussi ivre que ce soir. Une intimité qui d’ordinaire ne laisserait aucun doute sur la nature de leur relation. C’aurait été n’importe quelle autre fille, Akira se serait déjà pressé de faire déraper les gestes, de glisser dans des sous-entendus bien plus provocateurs. De vouloir la corrompre, par plaisir de la séduire, et de s’en jouer. Parce que c’est tout ce qui compte, de profiter. Et alors que Himari est si près de lui, il n’en fait rien. Ne tente rien. Quand bien même l’idée lui effleure l’esprit, de s’approcher encore, pour voir – il reste à sa place. Parce que Himari n’est pas n’importe quelle autre fille. Il ne sait même pas ce qu’il est pour elle, ni elle pour lui. Et ces doutes s’en mêlent, quand il l’entend lui répondre, alors qu’il est déconcentré par ce rapprochement qu’elle maintient. Tente de garder le cap de la conversation avec des faits simples, sans trop s’avancer dans les vérités qui le dérangent. En arrière-pensées, il ne peut s’empêcher de penser à Sanae et ses théories à deux balles. shit, what if i am. Sa chemise mouillée l’empêche de sentir la sueur froide se répandre dans son dos à cette seule pensée. that would be why it feels so different. Malaise imperceptible, gardé en lui-même, alors que la légèreté des cocktails voile sa réflexion d’un trouble qu’il peine à repousser et fout le bordel dans ses pensées. Il capte à retardement la remarque sur son bouton de chemise, perdu dans son mal de crâne qu’il tente de faire taire. Cette fois plus rapide pour venir corriger l’attache, tandis que la conversation s’achève et que le silence s’étire lentement. Le bouillonnement dans son crâne l’empêche de reprendre la conversation, essayant à la fois de démêler et de faire taire ces idées qui l’encombre. La jalousie, il connaît. La possessivité, il connaît. Kiffer passer du temps avec une meuf, il connaît. Mater à l’envolée ou même sans s’en cacher il co – huh i did stare. Confusion quand il termine avec son bouton et se surprend à mieux la regarder.

D’un discret raclement de gorge, elle s’écarte et lui chasse ses yeux de la robe, pour venir retrouver le visage de Himari. D’ailleurs il chasse ses pensées parasites, aussi. fuck this shit. Retrouve une concentration approximative, quand à la question d’user de la magie pour se sécher. why not ? what’s wrong ? Fronce les sourcils sous les interrogations, en même temps qu’une main gênée passe dans ses cheveux, comme pour les arranger négligemment. i’m still too angry to use it, il admet d’un regard fuyant. any spell would backfire, so – BREF, c’est pourtant clair, nan ? Préfère s’épargner une nouvelle galère, et tant pis si pour ça il doit rentrer trempé comme un chien. i’m sorry I can’t help. Pousse un nouveau soupir, habitué mais toujours agacé par la réplique. don’t –, il fait signe pour qu’elle ne commence par avec ses excuses dans tous les sens. i didn’t ask. it’s fine. La rassure comme il peut, à sa façon. De toute façon, cette mascarade a assez duré ; il en a raz la casquette de ce gala et de tout ce monde, que l’alcool n’a pas suffit a dissipé dans ses humeurs. Il annonce son plan de se tirer, sans délicatesse. oh, i see. Il la voit réfléchir un instant, le regard vague. Isn’t your gi- my what ? Le mot manque de lui échapper, mais Himari se reprend bien vite, ne laissant que peu de temps à Akira pour s’énerver à nouveau. -i mean, isn’t your friend waiting for you anywhere ? Il la jauge quelques secondes, l’agacement coincé dans le froncement de ses sourcils. she’s not my girl, les mots claquent, mais le ton ne s’envolent pas. Agacé que simplement venir accompagné ait pu provoquer une telle confusion – mais ne l’aurait-il pas été si Himari avait fait de même ? and she a grown ass girl, probably taking care of her boyfriends somewhere, if she didn’t leave already. Profite du quiproquo pour semer encore plus le désordre dans la tête de Himari – tant qu’à faire. Mais il s’imagine très bien Remi passer une excellente soirée à assouvir ses désirs de vengeance ou de violence sur Joji ou Minato… Alors ce n’est pas totalement faux. Un bordel trop difficile à suivre, qu’elle laisse au silence. En espérant que ces explications fumeuses suffisent à ce qu’elle comprenne l’essentiel. En résumé, elle ne l’attend pas, et il ne l’attend pas non plus. De toute manière, ils savent se trouver si nécessaire. Ce n’est pas le cas ce soir. Akira en revient à son seul sujet de réconfort ; la tiz. Et pendant qu’il retrousse ses manches, Himari reprend timidement. did you have fun, at least…? Tiens, une question qui a le mérite de le laissé surpris et de vraiment l’interroger. Ne s’attendait pas à ce que cela lui importe, alors il fait le lien avec la participation de Himari à l’organisation et son souci de bien faire. uh, yeah. shout out to the bar and the buffet, il fait d’un ton nonchalant. La vraie et seule raison de sa venue, en fait. Pour ne pas déroger à ses habitudes.

La discussion s’étend – et il n’y est pas pour rien. Relance de lui-même, sans y penser. no, I have to stick around until the end… and Sawako and Felix are probably already home anyway. L’ombre d’une moue contrariée glisse sur ses propres traits, et un instant, Akira envisage finalement de rester plus longtemps. La perspective de partir et de la laisser le fait tiquer, lui qui d’ordinaire ne pense qu’à sa gueule. A cette simple pensée, il se retient de lui proposer de prendre un dernier verre ensemble, avant de se barrer. Il se retient, parce qu’il préfère contredire cet instinct qui lui murmure qu’il en a envie, que ça lui ferait plaisir. Alors pour se prouver le contraire, il ravale ses mots et ne dit rien, se contente d’hocher la tête. alright. Et elle continue, évoquant Ambrose. Là aussi, il garde derrière ses dents serrées une remarque acidulée. your fake boyfriend ?, dans les souvenir du bordel provoqué sur instagram. Akira envisage très bien la fin de soirée de Himari, et se dit qu’elle trouvera bien quelqu’un pour lui tenir compagnie. Mais pas lui. Pas lui, parce que ça ne le regarde pas, finalement.

Un bâillement vient conclure ce programme qu’elle lui décrit. sorry, I’m really tired il acquiesce simplement, sans trouver la force de la tacler sur ses airs de gamine fatiguée. i can tell, fait-il simplement en venant ajuster sa couronne d’une main distraite. Pour lui donner une apparence moins ensommeillée, par ce laurier qui a décliné sur sa tête et qu’il remet droit d’un réflexe. such a tiny head. Commentaire lâché machinalement, en réalisant la toute petite trogne qu’il a sous la main. mice do have small heads after all, right ? La réflexion l’amuse, et fait naître un sourire discret pendant qu’il termine d’estimer le juste emplacement de la couronne. indeed. Retrouve un ton tranquille, presque apathique si ce n’était pour cette fossette creusée dans sa joue. be careful. On the way back – Mais son attention est ailleurs, tandis que Himari termine d’arranger sa frange. Juste avant qu’elle n'ai le temps d’abaisser sa main, le fil rouge à son auriculaire attire l’attention d’Akira, qui lui attrape avec sa propre main gauche. wait – what’s that ? Portant la petite main à la vue de Himari et la sienne, pour lui désigner le fil. i wanted to ask you what it means – no one seemed to know. En tout cas, pas de ceux qui l’entouraient, tous aussi paumés les uns que les autres. people even asked me, ‘cause i have one too. N’importe quoi. Est-ce qu’il avait la tronche de quelqu’un en charge du gala, sans déconner ?

Une audace à laquelle il ne s’attendait pas, pourtant Himari réplique avec affirmation dans ses mots, presque assez pour le convaincre, mais ça ne prend pas vraiment. i would have handled it on my own if it had come to that. Un haussement de sourcils arrogant pour ponctuer cette vaste blague. Un peu parce que c’est Ujinori, qu’elle avait en face, et qu’il ne voit pas trop ce qu’elle aurait pu faire s’il s’était montré – hostile. A part pousser un couinement et tenter de se faire toute petite pour échapper à sa prise. Mais surtout parce que c’est Himari, aussi, et que l’imaginer se défendre est trop difficile, quand il a lui-même eu l’occasion de la terroriser dans le passé. Avec de simples menaces, et une ombre qui la surplombe. Un temps révolu qui lui paraît soudain bien loin. i can take care of myself. Il s’apprête à répliquer et les mots se bousculent derrière ses dents, presque à grincer ; parce qu’elle ne se rend pas compte du danger, parce que quelque part ce n’est pas seulement ce qu’il voulait dire et il ne voulait pas être aussi méprisant dans son approche. but ! Et elle l’interrompt avant qu’il ne puisse ajouter quoique ce soit, donnant raison à ses instincts. Le regard fuyant se laisse apprivoiser doucement, quand elle justifie ses gestes. Le remerciant une fois de plus. A quoi ça ressemblait finalement, tout ça ? A une putain de crise de jalousie. Et si ça n’avait pas été pour les secrets de Ujinori, il n’aurait rien eu pour contredire cette vérité latente, qui lui brûle l’estomac. Ce n’est pas le danger qu’il a cherché à éloigner en réalité. C’est leurs visages trop près, et une intimité qu’il n’a pas pu regarder. nevermind. Pas besoin d’épiloguer des plombes. C’est fini, on en parle plus, et on oublie.

La ton se veut plus léger, pour chasser les évidences qui prennent de plus en plus de place et manque de le faire vaciller. Mécanisme de défense s’empare de son verbe, et Akira se fond dans la moquerie pour rendre l’échange moins important. Une arme qu’il maîtrise mieux que les sentiments troubles qui l’envahissent. Même si derrière la pique se dissimule encore une forme de possessivité – si elle n’a de valeurs qu’à emmerder Himari, c’est déjà plus simple à admettre. Elle rit discrètement, comme une bêtise qu’eux seuls peuvent comprendre. Se moquant à demi-mot de cette relation indéfinissable qui les unie. Elle approuve la remarque. Et même un peu plus. i don’t need anyone else. les mots ne résonnent pas comme ils le devraient. Malgré lui, Akira les entend autrement ; avec un plaisir égoïste d’être le seul à avoir cette place pour elle. C’est pourtant lui qui a instillé ce sous-entendu, mais le fait que Himari réplique du même ton lui plaît beaucoup trop. Conforté dans ses manigances, de pouvoir se raccrocher au moins à ça ; peu importe ce qu’ils sont, il est son emmerdeur attitré. you’re not bothering me, elle ajoute avec un air tout aussi léger, mais la voix sincère. Fil blanc de silence dans son esprit, les neurones ont grillé. Quelques secondes passent comme l’éternité, tandis qu’Akira s’efforce de ne pas trop penser à ce que cette simple phrase vient de révéler. Sur eux. Sur lui. Sur tout ce qu’ils sont devenus, maintenant qu’il ne l’emmerde plus. Plus comme avant. Qu’elle prend… plaisir ? A ces conneries, venues l’embêter pour se divertir – mais pas seulement. Et c’est plus que ce qu’il ne veut admettre, alors Akira rejette en bloc toutes les réflexions que ça soulève, refuse d’y croire et de les écouter ; pour finalement s’en tenir à ce qu’il sait faire de mieux. i’m not ?, feint d’être offusqué. well it’s not too late to throw you into the fountain too. Comme s’il tenait trop à sa mission, à cette seule raison qu’il se donne pour lui tourner autour. Mais même la menace ne sonne pas comme toutes les autres saloperies qu’il a pu lui dire les deux dernières années. Des trucs vrais, mais qui font mal, des trucs faux, et qui font mal aussi. Des injures, des affronts. Quand ce soir, tout ce qu’il a à proposer, c’est de la jeter à l’eau. Pour qu’il ne soit plus le seul con mouillé. but i won’t for this oni-cake you made. you earned a break for the night, il justifie avec un sourire trop fier, comme s’il lui cédait avec miséricorde un peu de tranquillité. Raclement de gorge qui vient mettre un terme à la conversation – là où le moindre sujet abordé semble pouvoir déraper sur des vérités qu’il n’a pas envie de voir. anyway… Ne s’étend pas sur ce présent de saint-valentin sophistiqué, et d’ailleurs, ne la relance pas sur le propos, comme si sa chemise trempée était plus intéressante, de toute façon. Encore un truc qu’il ne veut pas regarder en face.

Dans une dynamique toujours plus trouble, ils se tournent autour – échangent des gestes et une patience qui trahissent l’équilibre vacillant de ce qu’ils sont, réellement. Ça n’a jamais été aussi peu clair, pour Akira. Lui qui sait trop bien les signes avant-coureurs, les demi-mots qui veulent tout dire, les regards qui ne trompent pas. Des intentions qu’il connaît par cœur pour les avoir mille fois exécuté, se jouer des subtilités, des détails à son avantage. Et c’est sans doute parce qu’il est trop habitué à ces comportements qu’il refuse de les voir prendre place entre Himari et lui. wtf. Il n’avait jamais envisagé pouvoir les désirer, ces gestes (comme l’autre soir, l’autre nuit, sur ses plaies) observer germer entre eux une intimité réconfortante qu’il voudrait saisir, amplifier – tout ça le dérange, car Himari n’est pas le genre de fille qu’il fréquente. Ça ne fait pas de sens. Il n’a en réalité jamais été aussi honnête avec celles qui ont trouvé ses bras et ses draps. Ne pensait qu’avec sa teu- tête.  Ça ne l’intéressait pas, de construire ce lien, d’en prendre soin. Himari trouve son cœur, une part de lui qu’il ne connaît pas assez et préfère ne pas explorer. Pas même foutu de lire les émotions qu’il envoie à son cerveau, ce con. Rien n’a de sens, tout est flou. Parce qu’il sent que peut-être, ses intentions ont changé à son égard. Et là où d’ordinaire, il part avec la décision ferme d’obtenir une fille et où tout est clair – avec Himari, cette envie s’impose à lui sans qu’il ne l’ait vraiment voulu ni choisi, sans l’avoir vu venir, et sans la comprendre. Alors quand elle se tient tout près de lui, qu’il hésite à s’approcher encore, son cerveau envoie une décharge dans son torse. the hell you thinking, it’s yokoi lmao. chill

La proximité est rompue, s’éloignent pour retrouver une distance plus conventionnelle à l’échange. Une discussion qui s’emporte encore dans les tons, quand Akira s’énerve de la confusion de Himari, une fois de plus, sur sa situation avec Remi. Y’aurait beaucoup à dire, mais elle n’a pas besoin de connaître cette connexion indescriptible qui les a liés et les lie encore, d’une façon qu’aucun boyfriend or girlfriend ne pourrait l’expliquer. C’est au-delà de ça, et c’est teinté autant de loyauté que de colère, d’affection que de misère. Et si les amis s’aiment, c’est surtout dans leurs vices et leurs ténèbres. boyfriendS ?!, s’exclame Himari avec les yeux ronds. Akira lève un sourcil, sceptique. C’était dit pour plaisanter, mais elle a l’air de le prendre sérieusement. S’étonne que ce soit un cas de figure possible, que des gens puissent vouloir se compliquer ainsi la vie. uh. yeah. Ne sait pas vraiment comment rebondir là-dessus, lui-même coupable d’avoir prétendu être le mec de l’une, quand il servait déjà le même discours à deux autres. …that just sounds like a lot of trouble. Une risette amusée chatouille le coin de sa bouche. hell yeah it is. Garde la pensée pour lui et ses méfaits. sounds like a her problem, tho. C’est dit dans un haussement d’épaules, pour s’extirper une bonne fois pour toute du sujet – et ne pas dire quelque chose qui risquerait de l’inclure dans ce genre de coup foireux. Les remarques de Himari soulèvent une question qu’il ne s’était encore jamais posé – est-ce qu’elle en a déjà eu un seul, de mec elle ? Se demande à quoi ressemble son type de gars, soudain, cherche à en dessiner les silhouettes. Mais tout compte fait, il n’arrive pas vraiment à l’imaginer ne serait-ce qu’embrasser quelqu’un – n’importe qui (lui ?) NON ! ça il pourrait facilement l’imagi – FUCK ME, ME THAT Prend une inspiration pour chasser ses pensées, mais heureusement Himari enchaîne en lui demandant s’il s’est amusé au moins un peu. Oui voilà, restons-en à des sujets simples – parler de bouffe et de tiz, il sait faire.

Pourtant cette fois, c’est lui qui vient chercher la proximité. Malgré les signes d’alerte dans sa tête, les contradictions qui font barrage, une volonté de fer qui se plie sous le naufrage de son cerveau dans l’alcool – une lucidité qu’il n’a que sous les effluves sucrés des cocktails ou du saké, tandis qu’il lui vient naturellement un geste beaucoup trop attentionné pour lui être habituel. De nouvelles blagues qui n’appartiennent qu’à eux, des railleries qui sont devenus une marque de complicité, éveille les sourires et chassent la tension. Et dans ce remue-ménage entre cœur et raison, Akira est surtout déchiré par ce manque de contrôle qui risque de le faire déraper à chaque instant passé.

Se porte à son regard la main de Himari, ornée d’un fil rouge à son petit doigt. Tout à coup les pensées s’évanouissent, pour ne trouver d’intérêt qu’au rôle de ce foutu machin pendu à son auriculaire depuis le début de soirée. Dans une contemplation inquisitrice, il garde la petite main sous ses yeux pour en demander des comptes, exposant la sienne et son propre lien carmin. Toutes deux l’une devant l’autre, superposées comme une évidence trop grande pour être ignoré. Mais comme dirait les mauvaises langues, Akria est un babouin, et loin d’être un intellectuel aux réflexions subtils. Ce genre de détails, c’est trop compliqué à comprendre, il faut pas trop lui en demander. Mais Himari, elle a participé à l’organisation de cette galère – euh, ce gala, alors elle doit savoir ce qui se trame. yeah, uh… Son visage change. Se ferme dans une nervosité qu’elle ne sait pas atténuer, cherchant ses mots, pinçant ses lèvres. Il est peut-être con et un peu brute, mais il voit bien le malaise. Sourcille sans savoir encore ce qui est si complexe à expliquer. Et puis la réponse tombe. Un charme, un sortilège. La magie qui se mêle des destins supposément liés. they said a red thread of fate appears on the pinky finger of those whose soulmate is also at the gala tonight. C’est son visage à lui, désormais, qui se décompose dans une grimace incrédule. what ? C’est quoi ces conneries. C’est encore plus ridicule que ce qu’il n’avait imaginé, ou que la théorie du bar de Keita. it… only disappears if one of them leaves the venue, or when the gala ends, from what they said La laissant terminer ses explications, il ne peut s’empêcher de pousser un soupir blasé, qui lui arrache presque la gueule d’expirer tant il est pris par la  f l e m m e. that’s fucking boring. Dans la foulée, il libère la main de Himari, et comme un réflexe, regarde la sienne l’air distrait. who cares about this nonsense, seriously. i get this is valentin’s day and the gala, but no one believes that. Un peu de bon sens, en fait. Il range finalement sa main dans sa poche avec nonchalance, blasé par cette réponse des plus débiles. what a drag, il ajoute avec même un rire moqueur et arrogant. all this bullshit for that. N’y croit définitivement pas – et par conséquent, se moque bien d’en avoir un au doigt. Un coup du sort, pour foutre la merde et amplifier les dramas, bravo. i have to apologize if that’s upsetting. – why would you. you’re not the one who threw the spell, il réplique d’un air sceptique, avec une moue indifférente. – i… ran into andrea, earlier. he was freaking out about his thread, i had to talk him out of it. N’accorde qu’un regard de jugement, fatigué d’apprendre que son pote, sans doute bien défoncé, ait pu tomber dans un truc aussi stupide. mhm. i take back what i said – some people want to believe it. – i think people could have had enough with the Mirror of Erised, I will bring it up to the committee. – don’t bother. that’s what people are looking for when they come to this gala – drama. ton flegmatique, qui pour sa part n’en a rien à foutre. i come for the booze. they come for the tragedy. CQFD. Moue détachée, qui se complaît dans sa propre vérité. a  couple of friends of mine were arguing all night – now i understand why. Illustre ses propos d’un exemple pratique, quand il repense avoir vu Sam et Rose quitter le gala un peu tôt. A l’arrivée, son pote avait un fil au doigt, mais pas elle. too bad. N’a pas l’air de s’en émouvoir pour autant. but i don’t care, ‘cause soulmates don’t exist – nothing’s written. this spell is random, that’s it. Peu importe ce qu’elle lui dira, son idée est faite. Un instant, son regard se perd sur le visage de Himari, dont il contemple les traits et les réflexions qu’il discerne dans ses yeux. but she believes it, right. Alors elle s’imagine que peut-être sa moitié se cache dans ce gala, déjà très dépeuplé à cette heure avancée. Et cette pensées l’agace, parce que c’est presque trop facile, de ne se fier qu’à un fil.

Court moment de silence, quant à ses théories qui lui semble être le fin mot de l’histoire. Mais alors qu’il s’apprête à en revenir à son départ, Himari reprend timidement. do you remember last year, those birth ch- Elle parle tout bas, si bas qu’il ne l’entend presque pas. what’d you say ? Pourtant dans son marmonnement délicat, il croit comprendre, il croit entendre – en réalité il sait ce qu’elle vient de prononcer. last yeah… Et elle n’a pas besoin d’y donner plus d’explication, pour que le souvenir remonte à la surface. Quelque chose de vague, mais qui lui rappelle au moins les décors, les couleurs de ce gala du white day. Et a mesure que son cerveau fouille sa mémoire, il ressurgit les cartes, et la surprise comme ce soit, d’avoir une indication sur leurs prétendus âme-sœurs. Plus spécifiquement, qu’ils seraient l’un pour l’autre ce qui s’en rapproche. D’après les étoiles, ce qu’il avait méprisé sans hésiter. Parce qu’à l’époque, ça lui semblait d’autant plus débile qu’il s’agissait de Yokoi, qu’il ne connaissait que pour sa timidité, sa lâcheté, ses mensonges, son petit monde insignifiant qu’il venait renverser dès que l’envie lui prenait. Alors être liés par le destin, quelles foutaises. Mais c’est là qu’il voit ce qu’elle sous-entend. L’écho qu’elle ose à peine faire résonner, comme si c’était important, comme si c’était bien sérieux. Tous les deux ont un fil rouge, ce soir. Si c’est aléatoire, le hasard a décidé de les lier au moins ainsi. Tous les deux prétendus liés – à quelqu’un. Qui se trouve ici ce soir. Et en réalisant le rapprochement, la question de Himari et son hésitation, Akira se crispe. no way. no no no no no. come on. Réalise soudain de quoi tout ça peut avoir l’air. Que ce qu’il s’efforçait de ne pas voir, elle avait peut-être décidé de le regarder en face. De nouveau ces sueurs froides, quand son ventre se noue de malaise, et que sa tête lui hurle YEP. MAYBE YOU LIKE HER. NOW WHAT ? actually, nevermind, it’s not important. Son souffle se libère, ses poumons se déchargent du poids du malaise et il respire à nouveau. uh, alright. Ne va clairement pas la forcer à s’exprimer sur un sujet qui lui donne envie de prendre ses jambes à son cou – nope. En fait, il va bieeen se couler dans l’ignorance et feindre de n’avoir pas entendu ni compris, et se barrer avant que ça ne dérape pour de bon. Il n’a vraiment ni la force, ni la patience de démêler ses pensées ce soir, et avoir Himari en face de lui ne l’aide clairement pas à l’œuvre.

Tout ce bordel, il le garde pour plus tard. Repense à Sana dont la voix lui assène l’esprit avec ses analyses qui prennent toutes un peu trop sens ce soir, se prouvent les unes après les autres. Alors dans un coin de sa tête, Akira se dit qu’éventuellement, peut-être, hypothétiquement, il en parlera à Seiya et Pandore, mais vraiment que pour se prouver que tout ça n’a aucun sens, et que ça sert à rien de se prendre la tête dessus. ’aight. i’m gonna go. Ne laisse rien paraître de ses troubles intérieurs, bien gardé sous verrou. Peut-être qu’il a l’air un peu à l’ouest, un peu dérangé. Un peu gêné. Mais ça suffira à le mettre sur le compte de l’alcool, et cette fin de soirée un peu bancale. Passe une main négligée dans ses cheveux encore humide, retrouve du mouvement et ces gestes habituelles, tranquilles. Alors il retrouve le regard de Himari, qu’il avait préféré fuir sur ces dernières secondes, et lui adresse un sourire pincé, derrière lesquelles les mots se pressent. be careful. enjoy. get home safe. thanks for keeping me a cool head. yeah i remember. dont mind it. its a bad idea. i cant. ….. wait what. S’éclaircit la voix et commence doucement à pivoter vers le chemin qui va lui permettre de se tirer. ganbatte for the rest of the night, feint-il d’un ton trop détaché pour refléter ses pensées. Son regard dérive du visage de Himari a sa robe, traîne sur ses contours. Puis d’un signe de tête, son sourire se détend, retrouve ce flegme tranquille qui berce son ton. it suits you well, by the way. …. Celle-ci, elle lui a échappé. – see you. Un dernier hochement de tête avant qu’il ne s’échappe le premier, à travers les larges feuilles des jardin. Son pas est tranquille, mais peut-être un peu plus rapide qu’à l’accoutumé, quand il rejoint les escaliers gravit un peu plus tôt. Bref passage devant le hall principal, depuis lequel il aperçoit la salle de gala. Grandement vidée. Et presque plus calme, maintenant que certains sont partis poursuivre la soirée ailleurs. Deux bouteilles raflées au passage, qu’il coince entre les doigts de sa main droite. Alors il passe le seuil, et le fil rouge disparaît sans qu’il n’y prête attention, l’autre main au fond de sa poche. Ne se retourne pas, quand il s’imagine malgré lui pouvoir croiser le regard de Himari.