❀ tell it to the stars (akira)

Dépaysement bienvenu dans ces vacances annuelles semi-sponsorisées par l’école - Himari n’a pas trop hésité quand il a fallu choisir une destination, épaulée de Sawako, quand leurs intérêts ont coïncidé naturellement pour la cité latino-américaine de Hoja Dorada - ou Goldenleaf, traduite pour le confort des touristes. Paysages verts à couper le souffle, dans cette antique ville perchée dans les montagnes péruviennes, vestiges des sorciers d’antan préservés et réhabilités pour la mordernité, observatoire pour profiter des étoiles loin des néons urbains - c’est un bain de nature accueilli volontiers pour Himari qui s’était dit qu’elle avait bien besoin de souffler dans son élément.

Elle ne s’était pas trop attendue à voir Akira s’inscrire à son tour aussi, alors qu’elle l’aurait peut-être plus vu opter pour les frissons technomagiques de Singapour - mais quelque chose à base de ses amis tenant absolument à cette destination, l’ayant poussé à les suivre, et voilà. Le groupe est éclectique - Himari se satisfait amplement de la compagnie de Sawako, ou de nouveaux visages sympathiques et plus tranquilles comme Anla. Le coeur du groupe, extraverti, bruyant, survolté, l’effraie autant qu’il l’épuise, et elle se tient un peu à distance depuis le début, ne tenant pas particulièrement à être prise à parti dans l’une de leurs lubies. Préférant observer de loin et veiller à ce que personne ne se blesse. Observer de loin aussi Akira évoluer dans son élément et avec ses propres amis, parce que l’année précédente, elle n’avait pas vraiment fait attention - pas comme ça. Ne dit trop rien, à ce qui la laisse pensive, ce qui la distrait, ce qui la tracasse aussi, avec la présence de cette inconnue croisée au gala sans jamais avoir vraiment su qui elle était aussi, hormis un nom qu’elle a désormais arraché au fil d’un appel avant une excursion. Jauge sociale épuisée d’autant plus vite qu’elle se retrouve aux prises avec ses pensées - et heureusement, Sawako est là, parce que Sawako sait, et Sawako sait toujours quoi dire ou quoi faire pour la tirer des ses états d’âme.

Ce soir-là, c’est un peu l’excursion que Himari attendait depuis le début. Observer les étoiles de nuit, c’est ce qui avait fait presque toute sa décision. Passé le repas autour du feu avec tout le groupe, passé les investigations quant aux étranges bruits provenus de la forêt - tout a fini par retrouver sa place, les boissons alcoolisées sorties, la musique lancée, les paroles un peu plus fortes. Passé quelques heures à faire la conversation et observer le groupe descendre les verres, ça a été son signal, à Himari - sa jauge sociale qui s’épuise, le besoin de s’éloigner. Sawako est déjà partie dormir, pompette, alors elle n’a plus rien qui la retient vraiment dans la soirée autour du feu.

Elle laisse le feu de camp et les tentes derrière elle pour marcher quelques mètres, sortant de la clairière de la forêt pour grimper sur la colline ayant accueilli leurs observations avant le repas du soir, une fois la nuit tombée. Dénuée de tout obstacle à la vue surplombant le reste de la forêt, le feu de camp comme un léger point lumineux derrière elle, alors que Himari peut encore entendre les rires et la musique, au loin. Elle vient simplement s’asseoir dans l’herbe, ajustant sa jupe large sous ses jambes, genoux contre sa poitrine. Les mains qui viennent se cacher dans ses manches, pull tiré autour de ses jambes, alors que la nuit devient fraîche.
Pour simplement contempler le ciel - d’un bleu d’encre, moucheté d’étoiles brillantes, dans une quantité rarement visible depuis Kanto, malgré sa fenêtre sur la montagne loin des néons de la ville. Himari laisse simplement le sentiment de grandeur l’envahir - minuscule sous la voûte céleste, essuyant ses tracas, comme toujours. Conversation qu’elle a trop souvent depuis son toit, à la maison - maintenant décuplée au centuple, perdue dans la nature, se laissant porter par l’immensité du ciel.

Un bruit interrompt sa méditation derrière elle - des pas, des mots. Qui la font se retourner, pour distinguer les traits de Akira sous les lucioles dorées de la sylve locale. Il ne semble pas vraiment marcher droit, et ce n’est pas vraiment ce détail qui étonne Himari, après l’avoir observé descendre le pisco flamboyant apportés par les guides locaux toute la soirée. Akira? lance-t-elle d’une petite voix, de peur de perturber la nature - pourtant devant déjà subir leur petite soirée à la fraîche. Watch your step, there are… rocks and roots, here and there, prévient-elle simplement, alors que l’obscurité est traître.

Ce n’est pas vraiment son état d’ébriété plus ou moins avancé, qu’elle ne sait pas encore jauger, qui la surprend. C’est plutôt ce qu’il fabrique ici, et pas autour du feu. Il s’écrase presque à côté d’elle dans l’herbe, lorsque Himari s’écarte légèrement pour éviter un bras qui passe un peu près de sa tête dans le mouvement. Présence immédiatement notée par tous ses sens - l’odeur familière, malgré l’alcool, la chaleur, sa silhouette distinguée dans le noir. Et c’est toujours la même chose, à chaque fois qu’ils se croisent, depuis plusieurs semaines - ce réflexe presque évident de vouloir se glisser plus près et se cacher dans ses bras, que Himari réprime toujours, pour veiller à ne pas franchir la ligne. Même si à chaque fois, c’est de plus en plus difficile, lorsque les situations se multiplient de manière exponentielle - ou peut-être avait-ce toujours été comme ça, et elle ne l’avait simplement pas remarqué.

Himari laisse Akira s’installer, une expression un peu amusée, un tantinet inquiète sur le visage en l’observant. Distraite de sa conversation avec les étoiles, diversion qui ne faillit jamais, imbattable. Did your friends give up and go to sleep? elle glisse avec un léger sourire, cherchant à comprendre ce qui avait bien pu lui faire lâcher la soirée pour s’écraser dans l’herbe à côté d’elle, dans un silence complet probablement très ennuyeux - à en juger la vitesse à laquelle il s’était endormi, cette fois où il avait tenu à venir voir ce qu’elle observait, sur le toit, il y a quelques jours. Is everything okay? Besoin sempiternel de s'assurer que tout va bien, toujours, malgré elle - incapable de vraiment accepter qu'il aurait peut-être simplement envie d'être là, non.

Le pas lourd et chancelant d’Akira tire Himari de son observation, se retournant sur un spectacle plutôt cocasse lorsque malgré ses avertissements, la racine est inévitable - et le fait tomber au sol à côté d’elle dans un mouvement qu’à moitié maîtrisé, lui arrachant un léger rire amusé, discrètement. Elle l’a bien vu profiter des boissons locales et il ne fait aucun doute que l’alcool contribue à la maladresse de ses mouvements, dans un drôle de contraste avec ses habitudes plutôt stoïques et contrôlées. La main de Akira se fraie même sur un de ses genoux, sur son pull, que Himari vient attraper de sa propre main pour la rediriger vers son épaule avec un léger sursaut. Sans vraiment s’attendre à ça dans le noir, essayant toutefois aussi de l’aider à prendre place et s’habituer à l’obscurité, avant de briser le contact pour reprendre sa place. Là depuis de longues minutes, elle doit probablement bien mieux y voir que lui, pouvant distinguer ses traits sous la légère lumière de la lune et les lucioles dorées flottant dans l’air, loin des présences humaines trop bruyantes et du feu de camp.

This is so much your thing – the stars and all. Himari laisse échapper un léger rire à nouveau. Am I that predictable? elle glisse doucement avec un sourire. Pas vraiment surprise qu’il l’ait capté, alors que ça fait maintenant des mois qu’il la pique sur son intérêt pour les étoiles, juste amusée qu’il se soit donné la peine de venir jusque là quand ce n’est justement pas le sien, de truc. S’attendant presque à le voir s’endormir dans cinq minutes encore une fois, l’herbe de la colline étant beaucoup plus confortable pour une sieste que les tuiles d’ardoise polie du toit de son bâtiment.

Il n’y a pas d’autre explication dans son monde à sa présence à côté d’elle que l’abandon de ses amis en fin de soirée. Et pourtant. Mmh I don’t know, soon I guess, répond Akira, sous la surprise silencieuse de Himari. Il semblait avoir bien mieux à faire, pourtant, plutôt que de venir essayer de trouver un intérêt à ses observations. Mais elle ne s’en plaindra pas. Ça lui va, Himari, épaule contre épaule, dans une dynamique familière mise de côté depuis le début du voyage, évitant les questions ou les regards indiscrets de ceux qui ignorent vraiment tout ce qui a pu se passer ces dernières années - et surtout ces derniers mois. Retrouve cette bulle confortable qui la rassure et la met en confiance, avec Akira assis à côté d’elle, avec son ton désabusé et ses remarques impatientes. ’cause the daichi team is off to sleep, except you? Himari secoue la tête légèrement. Sawako and Felix spent the night somewhere else… and I’m not sure to know where Anla went. Maybe with her brother, répond Himari simplement. Ou peut-être était-elle aussi partie dormir, qui sait. But it’s okay, it’s late anyway. I won’t stay up much longer. Ira rejoindre sa nouvelle amie dans la tente dès que les paupières commenceront à peser, simplement. Pour le moment, c’est entre elle et les étoiles - devenu eux, maintenant que Akira a trouvé son assise dans l’herbe à côté d’elle.

Himari préfère toujours s’assurer que tout va bien, surtout lorsque les vapeurs d’alcool flottent un peu dans l’air, malgré le discours plutôt cohérent de Akira jusque là. I wanted to see if you were still there, répond-il simplement. Himari esquisse un sourire, reposant son regard sur le ciel. I didn’t go very far, I won’t get lost, réplique-t-elle, amusée. You like it up here? Hochement de tête, aux questions qui fusent, Akira semblant presque plus bavard avec un peu d’alcool dans le sang que d’ordinaire. It’s quiet. Silence entendu, parce que Himari sait exactement qu’il comprendrait, quand ils ont prouvé déjà plusieurs fois par le passé qu’ils savent se passer de mots pour saisir les intentions - que le groupe laissé derrière eux, bien que bien intentionné, n’est pas son entourage habituel. The view is really nice, too. It’s a lot nicer than on the island, you know… because of the city lights… explique-t-elle d’une petite voix tranquille. Néons urbains qui polluent un peu trop le ciel, même depuis sa montagne, pour y voir tout ce qui s’offre à elle ce soir. Alors elle profite - prend le temps d’immortaliser la vue, imprimée sur sa rétine.

Akira s’allonge à côté d’elle, dans un soupir qui l’amuse - mais ne reste pas en place dix secondes qu’une main vient tirer le pull de Himari dans son dos. Come on, lâche Akira, alors que la traction l’emporte en arrière, venant la faire retomber sur son bras, allongée sur le dos. Ouch, lâche Himari de surprise. Prise qui se resserre un peu plus pour la rapprocher de lui, dans un geste qu’elle ne contrôle absolument pas - mais ne combat pas. Un instant paralysée, un peu embarrassée, le feu aux joues. It’s better, right. Le ton est presque narquois, mais Himari reste silencieuse un instant. Le coeur battant, à intégrer la situation. La proximité. La vue, face à elle, finalement confortablement installée, dans une répétition de cette étreinte de consolation qui avait séché ses larmes en Mars. Yeah, you’re right, prononcé l’air de rien, s’efforçant de rester aussi détachée que possible malgré le trouble. Much better.

Le silence retombe un instant, immobile, avant que Himari ne bouge légèrement - pour mieux trouver sa place. Décale légèrement sa tête pour ne pas trop bloquer le bras de Akira ni qu’il finisse anesthésié, à peu de choses pour que sa joue vienne se poser sur le haut de son torse, près de son épaule. Repousse un pli de sa veste en jean pour ne pas avoir un bouton métallique derrière l’oreille. Fait sa place, au creux de son bras, sans rien dire, sans rien demander. C’est trop tentant, trop évident. Elle n’a besoin que de l’impulsion initiale pour se le permettre, sans avoir peur de franchir une limite - pas si on lui ouvre la voie d’abord. How can you stare at it for so long, commente Akira dans un grommellement qui arrache à Himari un petit rire franc. Presque prévisible, comme remarque, mais ça lui va ainsi, elle ne s’attendait pas à autre chose. You don’t have to stay, you know, réplique-t-elle. Mais personne ne bouge, personne ne cille. Peut-être que ce n’est pas si ennuyeux, quelque part. Au fond, elle sait, Himari, qu'elle n'a pas envie qu'il s'en aille tout de suite, parce que sa présence l'apaise autant qu'elle fait accélérer son coeur, et que ça lui va très bien comme ça. Elle a abandonné l'idée de lutter contre l'évidence.

Première étoile filante qui fend le ciel de sa traînée lumineuse, en une fraction de seconde. La seconde, puis la troisième, quand elles viennent souvent par nuées. Oi Hima- Yeah. Elle ne pose pas la question, elle les a vues. Something’s finally happening. Esquisse un nouveau sourire à l’emphase sur le “enfin”, mais quelque chose d’innocent perce dans la voix d’Akira. Yeah, they’re shooting stars… Silence accusé qui fait relier les points à Himari, relevant le menton avec un large sourire aussi amusé que surpris quand elle réalise. Wait, you’ve never seen shooting stars in real life before?! C’est presque impressionnant, mais il y a quelque chose de touchant aussi. De se dire que Akira n’a jamais eu le temps de s’asseoir et de regarder le ciel, lui. Pas le temps, pas les moyens. De noter la pointe de fascination enfantine pour le phénomène qu’il n’est jamais trop tard pour observer. That’s when you make a wish? Himari se replace avec un hochement de tête. Hmm. But I’ve made way too many wishes. I don’t want to add anything more to their tasklist, or the sky may hate me, rétorque-t-elle d’un ton léger avant de laisser échapper un léger rire. You go ahead. Close your eyes and make one. Il en a probablement plus besoin qu’elle. Et il n’a jamais fait ça auparavant. But don’t say it out loud, or it won’t become true, précise Himari avec un sérieux tout relatif. Que si elle croit à demi-mot à ces superstitions, elle les sait aussi irrationnelles pour beaucoup. Préfère en jouer et s’en amuser, gardant ses sérieuses croyances pour elle, dans ses tête à tête sur le toit. Himari attend un instant, avant de relever le menton encore une fois pour observer ce qu’elle distingue de l’expression de Akira. So? Verdict, tant bien est qu’il aurait osé céder à cette expérience qui ne lui ressemble probablement pas. You’re a whole new Akira now, wishing upon stars and everything, réplique Himari dans une petite voix ourlée de fierté insolente, aussi amusée de l’embêter de la sorte quand il s’immisce sur son terrain à elle.

Les plaisanteries témoignent du confort de la situation, alors que Himari profite de la détente que l’instant lui procure pour s’amuser et lâcher un peu de lest. Dans des tacles enfantins qu’elle réserve surtout à Akira, maintenant qu’elle y pense, le seul à vraiment voir son visage légèrement insolent d’une Himari assez en confiance pour jouer sur les mots. Les étoiles filantes se calment un instant, et Himari tend le bras vers le ciel, pointant dans une direction bien précise. Look. Here’s your constellation, elle glisse. À son tour de lui apprendre des choses, dans un domaine bien différent des leçons de médicomagie d’autrefois. Himari repère facilement la constellation du Scorpion, les yeux entraînés pour se retrouver dans la carte stellaire. Goes from here… Son index bouge lentement, essayant de retracer le dessin du mieux qu’elle peut. …and ends with these three here… Trace la fourche ressemblant vaguement à un trident à la fin de la longue ligne courbée. It’s upside down from home, though, since we’re in the southern hemisphere, précise Himari, qui a plutôt l’habitude de voir les trois extrémités pointer vers le sud, plus que l’inverse. Redresse la tête une nouvelle fois, pour confirmer qu’il suit ce qu’elle raconte, ou s’il s’est déjà endormi et qu’elle peut garder ses explications pour une autre fois. You see it? Or did you get it mixed up with the blurry pisco constellation? ajoute-t-elle avec un léger sourire goguenard, ne manquant pas une nouvelle occasion de le piquer gentiment sur ses consommations de la soirée avec un amusement non dissimulé.

Personne ne dit mot, comme si c’était superflu - lorsque Akira tire sur son pull pour l’attirer à lui, dos dans l’herbe, lorsque Himari ajuste sa position pour que ce soit plus confortable, lorsque le bras de Akira la rapproche un peu plus de lui machinalement. Comme ce dimanche de Mars, lorsque ses pleurs l’avaient poussé à l’enlacer sans rien dire, comme si c’était plus facile de simplement agir sans mettre de mots dessus au risque de se poser trop de questions. Elle prend sa place, Himari - au creux de ce bras qui lui offre non seulement un meilleur point de vue sur le ciel, mais aussi cette chaleur réconfortante, ce rempart face à l’extérieur, symbole de cette routine qui s’est installée petit à petit, forgée en quelque chose qui les dépasse probablement. Bien mieux dans le silence qui laisse place au déni de ne pas mettre d’étiquette sur ce qu’il se passe.

À peine a-t-elle pris place que Akira se met à ronchonner, dans un ton bien familier qui déclenche son rire en premier - soulignant qu’il n’est pas pris en otage, ici, seulement retenu par la tête de Himari au creux de son bras. Like you’d want me to leave. Note le sourire dans le ton, qu’elle n’a pas besoin de regarder pour aisément l’imaginer. N’y répond rien, si ce n’est qu’elle ne bouge pas, pas vraiment décidée à lui rendre sa liberté. I’m good here. Good, then, réplique Himari d’une petite voix, teintée d’un sourire amusé par cet accord mutuel qui leur convient à eux deux.

Elle est bien, là. Enveloppée par la présence de Akira, l’odeur familière, sa respiration, et comme pour récompenser sa patience, les étoiles filent. Traînée de lumière lorsque la météore traverse l’atmosphère, qui semble impressionner Akira avec une candeur qui la fait sourire, en se rendant compte que sous cette couche d’impatience et de dédain peut-être feint, c’est aussi l’ignorance d’un gosse qui n’a jamais eu assez de répit pour regarder le ciel. C’est même lui qui évoque ces voeux associés au phénomène, et Himari y voit l’occasion d’inverser les rôles, saisissant la perche d’une once d’intérêt sincère. Il rit, visiblement sceptique, comme toujours lorsqu’elle évoque le sujet, mais Himari insiste - c’est son tour, d’essayer de se persuader que le ciel peut les aider. Qu’un peu d’optimisme n’a jamais fait de mal à personne. Akira se passe une main désabusée sur le visage - resserrant un peu plus l’étreinte au passage, la joue de Himari s’écrasant plus sur son torse - pouvant presque écouter les battements de son coeur un fraction de seconde, un peu gênée.

Et il obtempère - ou en tous cas, c’est ce qu’il assure, et Himari décide de le croire. Ne manque pas l’occasion pour le taquiner au passage, lui le grand sceptique, de son air insolent et innocent qu’elle réserve à leurs duels de mots. Le rire de Akira fait légèrement tressauter sa poitrine, et Himari avec. Hope your trick works then, réplique-t-il. Himari hausse les épaules. Sometimes it does… sometimes I like to think it just takes them a bit more time to process it, répond-elle d’une petite voix légère. There’s no after-sales service, ajoute-t-elle, sourire étirant doucement ses lèvres, poursuivant le ton détendu de la conversation, entre plaisanteries, taquineries et échange de croyances personnelles.

La voûte est bien plus visible qu’elle ne l’a jamais vue, même à Matsue. Sentiment d’immensité qui contribue à l’apaiser, comme toujours, et là, appuyée à Akira, dans la pénombre simplement éclairés par la lune et les quelques lucioles, les bruits extérieurs étouffés par la distance, c’est le temps qui se met sur pause. Se dit aussi bien que ça lui conviendrait si ça ne reprenait jamais - pour juste rester là, comme ça. Sans trop besoin de réfléchir, de s’accomoder des autres, de l’extérieur.

Portée par la bulle dans laquelle elle se retrouve, Himari prend confiance - assez pour prendre le rôle de l’enseignante, à lever le bras pour montrer à Akira la fameuse constellation, celle des signes astrologiques de la discorde. Celle gravée sur le couvercle de la boîte à musique, aussi. Elle se laisse aller dans ses descriptions, marque une infime pause de surprise nerveuse lorsqu’elle sent le pouce de Akira caresser son épaule - pour reprendre dans un frisson, s’efforçant de poursuivre comme si de rien n’était. Surprenant certes, pour Himari qui n’aurait jamais parié sur ce genre de détails, toujours convaincue de son illégitimité malgré ce qu’elle peut bien ressentir - prise de court dans un mélange entre étonnement, nervosité et cette onde de chaleur douce qui envahit son coeur lorsque les gestes semblent indiquer un écho à ses sentiments. Himari continue ses explications, sur un ton qui dévoile peut-être un peu trop sa fascination pour le sujet, s’adapte et s’habitue au contact sur son bras au fil des mots - ne remarque pas le moins du monde que Akira ne suit pas exactement sa main du regard, quand elle pointe le ciel du doigt. Pour elle, ce "non" à sa question n’est évidemment que la conséquence des boissons de la soirée, qu’elle ne manque pas de soulever dans une nouvelle pique trahissant son excès de confort dans cette situation. En confiance. Chez elle, presque, ou assez pour se permettre ce genre de plaisanteries. La réaction d’Akira ne se fait pas attendre alors que son bras se referme sur son cou pour la coincer contre lui, avant de sentir sa main ébouriffer le haut de son crâne. Oi! proteste-t-elle dans un couinement étouffé, stop it! Se débat et essaie de se sortir de là, sans pouvoir réprimer un rire dans la bataille - trop divertie de voir que ses plaisanteries font mouche.

Himari se défait finalement du bras de Akira pour se redresser, assise, et se recoiffer rapidement. Nice hair, qu’il raille. Évidemment qu’il la narque avec ses airs de gamin satisfait, et elle se contente de lui jeter un regard faussement ennuyé, le nez froncé. What are you, a wrestler? réplique-t-elle d’un ton exagérément plaintif, peignant ses cheveux du bout des doigts rapidement. Pas vraiment contrariée pour si peu, cependant - parce que ça ressemble juste à trop de leurs échanges pour ne pas faire partie de ce qui fait battre son coeur aussi. Ce confort, cette familiarité. Cette légèreté dans leurs joutes verbales aussi puériles que sans mesquinerie. Sa fossette, qu’elle ne voit pas mais imagine très bien, sur sa joue, dans l’obscurité, quand il se moque d’elle. Himari se replace naturellement dans sa position initiale, sans qu’on ne lui demande rien. C’est lui qui l’a attirée au creux de son bras, après tout. C’est désormais sa place.

Le silence qui n’a pas le temps de s’installer que la voix de Akira fend doucement l’air. Oi Himari. Hmm? You know my constellation better than me. Himari fronce légèrement les sourcils, laissant échapper un petit rire surpris. I know all of them better than you, rectifie-t-elle d’une petite voix, sans une once de dédain - juste un fait, lui qui se targue de ne jamais lever le nez et de n’y rien connaître. Au fond, il n’a pas tort, qu’elle prête une attention toute particulière à celle du Scorpion, depuis l’année passée, comme si c’était là un autre moyen de relier son monde à celui de Akira. What’s yours already? Himari relève le nez une nouvelle fois, surprise par la question. Can’t remember the name, except it wasn’t a mouse, ajoute-t-il, et elle serait presque tentée de se dire qu’il avait besoin d’une justification à sa question, autre qu’un potentiel nouvel intérêt pour des dessins dans le ciel. The Cancer…? glisse-t-elle, toujours un peu confuse face à la question. Right. It’s a crab, not a mouse, indeed, ajoute Himari avec une expression douce, venant recaler sa tête à sa place toute trouvée.

Il ne lui suffit de rien d’autre pour la lancer sur le sujet, Himari. Animée par cette fascination du ciel autant que par le sentiment qu’on l’écoute, que Akira s’intéresse. It should be on the other side… commence-t-elle, fouillant la voûte des yeux avec concentration. It’s a bit harder to spot, because it’s the smallest of them, ajoute-t-elle, sans vraiment même effleurer le parallèle du doigt - un peu comme elle, minuscule dans la foule. Presque invisible, sauf à ceux qui veulent vraiment la chercher pour la voir. Elle cherche, soucieuse de la lui montrer, cette constellation, attiser les étincelles d’un intérêt tout nouveau chez Akira. It’s a Y shape, like a crab pincer… it should be right side up from here… continue-t-elle d’une voix pensive, comme si ça aiderait leurs recherches. Ne voit pas que Akira ne regarde pas, a déjà décroché de sa fouille du ciel pour autre chose - ou peut-être était-ce ça dès le début, et que tout n’était que prétexte. Sawako got me a telescope yesterday, I should have brought it with me… commente-t-elle face à son incapacité à retrouver la constellation en question. Quelques secondes de silence. Himari. Hmm? Le regard toujours perdu dans le ciel, répond à l’interjection de Akira dans sa concentration extrême. What is it? Do you see it? ajoute-t-elle, avant de lever le nez.

Nouvelles secondes de silence. Regards qui se croisent, interrompent sa recherche sans un mot. Les traits de Akira qui s’approchent lentement. I don’t care about the stars right now. Himari reste immobile, muette. Le coeur qui s’accélère dans un boucan d’enfer. Le feu aux joues qui brûle, son bras qui se replie sur lui-même, petit à petit.

C’est ce jour de Mars qui se répète, lorsque les iris se captent et s’accrochent, se contemplent, alors que les yeux de Himari s’écarquillent de confusion, petit à petit. Le regard qui bondit entre les yeux de Akira et ses lèvres qui s’approchent - elle ne sait pas quoi faire, incapable de bouger. Comme pétrifiée par un magnétisme dont elle ne sait pas se défaire, alors que son cœur hurle dans sa poitrine. Mars se répète, mais ça n’y ressemble pas, quand les barrières semblent avoir tombé, quand l’alchimie fait céder les dernières limites. Personne ne s’interrompt, personne ne s’écarte. Et Himari se laisse approcher - ferme les yeux par réflexe lorsque la distance qui restait entre eux se retrouve réduite à néant. Souffles qui se mêlent pour de bon, et Himari se laisse embrasser.

Pour la première fois - et ça n’a rien à voir avec ce qu’elle s’imaginait. Rien à voir avec les restes d’émotions procurées par un banal rêve, rien à voir avec ses rêveries de gamine naïve. S’imaginait pendant longtemps partager l’instant sous une pluie de pétales de cerisier, avec ce prince étincelant qu’elle avait forgé de toutes pièces dans sa tête. S’imaginait que ce serait parfait, dans les moindres détails. La réalité frappe - et c’est sans doute incomparable. Elle l’oublie, le prince de ses fantaisies d’adolescente, les derniers restes de son portrait essuyés du plat de la main. Sous la voûte céleste et les étoiles qu’elle aime tant, entourée des bras de celui qui occupe son esprit depuis des mois, de celui qu’elle a l’impression de voir pour qui il est vraiment, imparfait, complexe. De celui qui fait d’elle quelqu’un de plus fort. Qui la voit, elle aussi, ou du moins à qui elle peut se montrer, sans masque, sans mensonges.

La tête qui hurle d’un milliard de questions en filigrane - les lèvres qui se touchent, et Himari se laisse faire. Se laisse porter, incapable de savoir quoi faire, pétrifiée par la peur de sa propre inexpérience aussi, pendant quelques secondes. Ses propres bras repliés contre elle sans savoir quoi en faire. La main de Akira resserre un peu plus leur étreinte, et c’est comme si c’était l’impulsion nécessaire qui lui fallait pour tout mettre en sourdine - paupières closes, supprime un sens inutile dans la pénombre pour se concentrer sur les autres. La chaleur de son visage, de sa main dans son dos, de son souffle. L’odeur familière qui la réconforte. Le goût légèrement alcoolisé des restes de la soirée, dans la douceur de ces lèvres qui dansent sur les siennes. Quelque chose de presque hésitant dans le geste aussi, de plus tendre que tout ce qu’elle a vu de Akira jusqu’alors.

Une fraction de seconde se passe lorsqu’ils s’éloignent de quelques millimètres. Elle n’ouvre pas les yeux, Himari - le cœur qui chavire et la respiration courte, laissant le souffle de Akira caresser son visage pendant un instant infime. Et c’est déjà trop - trop d’espace entre eux, insupportable.

Elle cède à ses instincts, sans même se rendre compte qu’elle n’a pas besoin d’années d’expérience pour savoir quoi faire - ça lui semble évident, ses pensées sur le volume minimum, portée par les émotions et sentiments retenus depuis trop longtemps. Parce qu’elle n’avait besoin que de ça, un signe, un feu vert, quelque chose qui lui indiquerait que peut-être elle pourrait céder et tenter sa chance. Himari se rapproche d’elle-même, et ses lèvres viennent cueillir celles de Akira à son tour, dans un mouvement plus affirmé - et de son côté aussi, c’est comme s’il n’en fallait pas plus pour se comprendre. Se redressent pour mieux se rapprocher, l’un comme l’autre, les mouvements qui se répondent dans ce besoin de plus, plus près. La main de Akira se glisse sur sa joue, brûlante. Les doigts de Himari viennent se refermer sur son poignet, comme pour sceller l’étreinte, ne jamais le laisser partir - ses pouces venant caresser le revers de sa main, naturellement. L’estomac qui fait des bonds, le feu aux joues, la poitrine qui va exploser.

Se séparent lentement, en silence - sans s’éloigner. Himari garde les yeux clos, comme pour prolonger l’instant, le cœur battant. Les caresses des lèvres de Akira sur les siennes se fondent dans un frisson de chaleur qui lui traverse le corps, alors que le bout de ses doigts frôlent sa nuque. I couldn’t hold back, murmure Akira, son souffle venant effleurer sa peau dans une nouvelle caresse. Sa voix si basse confère à l’instant une douceur intime nouvelle, qui achève de retourner son coeur, les sentiments sens dessus dessous. Et Himari se contente de secouer la tête doucement, silencieuse - incapable de prononcer le moindre mot. It’s okay. Me neither. Or both at the same time.

Akira semble se réveiller, comme frappé d’une prise de conscience. Séparation qui fait office de rappel à la réalité. Shit… Himari réouvre les yeux, desserre sa prise sur son poignet, doucement, de retour sur terre. What? Les pensées reprennent de plus belle, intrusives, envahissantes. Sorry, I shouldn’t have. Himari croise son regard, les yeux écarquillés d’incompréhension, toujours proche. Sa main sur la peau de sa nuque, procurant un frisson à chaque mouvement. Why? Panique qui se réveille d’un coup, submerge Himari de toutes les questions qu’elle avait chassées pendant les quelques dernières minutes, influencée par la réaction de Akira. Panique de l’éventualité d’une situation dans laquelle ils ne devraient pas se trouver. Panique d’avoir incarné la tentation de commettre une erreure - pire, d’avoir volé l’attention qui était peut-être sensée aller à une autre. Shouldn’t have what…? glisse-t-elle, enfin capable d’aligner deux mots. Why…? I’m drunk, répond Akira alors, rompant le contact pour s’essuyer le visage - et Himari respire un peu mieux, à ce début d’explication. Please tell me it’s only about that.

Confusion qui anime ses prunelles de nouveau, tremblant de gauche à droite, rivées sur le visage de Akira. Sorry. Et ça la frappe alors - que c’est un "désolé" de trop, pour lui qui ne le prononce jamais, pour lui, le premier à toujours lui dire de ne pas l’être. Tension et panique qui pointent légèrement dans ce changement d’attitude chez Akira, que Himari ressent au centuple, croise son regard. No, I- ses mots se perdent, toujours confuse. Breathe. Don’t say that… souffle-t-elle sans briser le contact visuel. Et les rôles s’inversent - Himari se rapproche, pour enlacer son torse de ses bras, poser sa joue sur son cœur. À son tour de l’enlacer pour montrer que tout va bien. It’s all good. Ne lui tient pas rigueur des saveurs alcoolisées goûtées sur ses lèvres ou son esprit un peu embrumé, alors qu’il tient un discours assez cohérent pour qu’elle ait oublié qu’en effet, il avait bu. Et Himari voudrait faire plus, redessiner les traits de son visage de légers baisers, se lover un peu plus près encore, au creux de son cou. Lui exprimer toute l’affection qu’il lui inspire, toute l’affection qu’il mérite - mais à la panique, à l’éventualité d’une erreur, Himari reprend sa place. Ne se sent pas légitime de chercher plus, pour ne pas alimenter ce sentiment d’avoir franchi une limite de trop. Ses mains caressent son dos lentement, doucement, à la manière de sa main sur son épaule quelques minutes plus tôt, et elle reste comme ça un instant. Jambes repliées, ses genoux empiétant sur l’espace de Akira.

Himari se redresse, s’écarte un peu. Ramène ses bras à elle, redresse ses genoux contre sa poitrine. Replace ses cheveux derrière ses oreilles, le cœur battant. You okay…? Question stupide, autant qu’elle se sent quand elle s’entend la prononcer, mais c’est plus fort qu’elle. S’assurer que tout va bien. Parce que elle, elle n’a jamais été aussi sûre - de ces sentiments qui l’ont hantée des mois, de sa présence qu’elle veut auprès d’elle, même si elle doit reprendre sa place purement platonique d’une amitié (bien qu’étrange) établie ces derniers mois.

And if you think it’s a mistake, then it’s fine - at least we gave it a chance.

Sentiment d’avoir quitté la Terre pour une dimension alternative ; la réalisation qu’elle effleure du bout des doigts les émotions de sentiments réciproques après les avoir tant imaginés, Himari, ça lui retourne le coeur autant que ça anesthésie sa tête. Ayant du mal à se dire que c’est réel, tangible, et pas un nouveau fragment de son imagination qui se plaît encore à lui jouer des tours et tracer un de ces mirages trompeurs qui l’ont tant effrayée.

La poitrine qui va exploser de ces murmures soufflés sur ses lèvres, de sa présence qui l’enveloppe de sa chaleur protectrice, et lorsque Akira s’écarte pour s’excuser, pour se confondre dans des mots qui ne lui ressemblent pas, Himari a du mal à se reconnecter. Yeux qui papillonnent en silence un instant, accusant le retour à une réalité qui lui semble bien trop lointaine, elle ne sait pas vraiment quoi dire ni comment réagir, sur le coup, alors que les vannes des questions s'ouvrent d’elles mêmes dans la brèche qui se forme entre eux lorsqu’ils se séparent, même légèrement. Ses peurs des derniers mois retrouvent leur place dans un écho envahissant - la peur d’avoir franchi une ligne défendue, de s’être emballée pour beaucoup trop peu, d’avoir placé des espoirs là où elle n’aurait pas dû, de ne pas avoir su lire les indices et d’avoir ignoré les signes.

Alors quand Akira esquisse un semblant de réponse se réduisant à son état d’ébriété, relatif, elle souffle un peu. Sans pour autant taire toutes les voix qui prennent un peu trop leurs aises - mais elle se raccroche à ça, Himari, ces branches infimes qui cachent peut-être une forêt. Décide de le croire, et d’ignorer le reste. Son seul réflexe, à défaut de trouver des mots cohérents, est le même que celui que Akira avait eu lorsqu’il lui avait rendu ce carnet. Elle n’a jamais été très douée avec les grands discours, trop facilement envahie par ses émotions, et là, maintenant, l’espace vide entre eux lui fait trop peur.

Himari encercle le torse de Akira de ses bras pour essayer de contenir la panique qui le fait s’excuser deux fois de trop - et laisse échapper un nouveau souffle quand elle sent ses bras entourer ses épaules à son tour. Sans avoir besoin de mots supplémentaires - savoir simplement que le geste est bienvenu, les battements du coeur de Akira pour seul rythme battant contre sa joue. It’s all good. Qu’il n’a pas à s’excuser d’avoir sauté un pas que Himari aurait dû peut-être franchir elle-même il y a des semaines, si elle en avait eu le courage. Que peu importe les quelques gouttes d’alcool, tant qu’il garde sa lucidité. Leur bulle fait le silence, Himari ferme les yeux, et reste là, un instant, à tracer des arcs de cercle du bout des doigts dans son dos. Pour finalement s’écarte une fois le calme retrouvé, et s’assurer qu’il va bien, dans une réplique qu’elle retrouve peut-être un peu trop souvent. You okay?

Elle attend une réponse, un mot, un “oui” ou un hochement de tête - et rien ne vient, avant que Akira ne se rapproche à nouveau pour l’entourer de ses bras, tombant de nouveau tous les deux dans l’herbe, face à face. Himari se laisse porter, un peu par surprise aussi, les bras repliés contre sa poitrine, entre eux. Vient secouer légèrement la tête pour replacer sa frange qui la gêne dans le mouvement, dégageant ses yeux pour mieux observer les traits de Akira, ses paupières fermées un instant. Comme s’installant pour dormir en serrant quelque chose de réconfortant dans ses bras - avec une note de candeur qui lui pique le coeur à nouveau, comme à chaque fois que Himari entrevoit les touches de douceur innocente à travers les fissures de sa carapace d’acier. Yeah - I’m good. Himari ne dit rien, ses iris toujours rivés sur son visage, n’osant pas bouger. Alors qu’elle ne regarde plus du tout, du tout les étoiles, lui semblant tout à coup bien anecdotiques.

Quelques secondes de silence, le regard qui dérive, le cœur battant dans ses tempes malgré elle. I’on’t know the fuck I’m doing, avoue Akira dans un grommellement vague, semblant presque parler dans son sommeil. Confidences probablement biaisées par l’alcool, sans doute, mais qui résonnent chez elle, peut-être de manière légèrement différente. Himari secoue légèrement la tête. Me neit- commence-t-elle à avouer, dans un murmure, avant d’être coupée. -I just felt like it. La main de Akira se glisse alors sur sa tête, et elle en oublie ce qu’elle voulait répondre. Elle hoche simplement la tête, les lèvres cachées derrière ses poings, dépassant à peine des manches de son pull en laine, ses membres repliés comme seul rempart physique entre eux. Nouveau soupir qui soulève le torse de Akira sous ses bras, I try not to think how much of a bad idea it might be. Coup au coeur, qui lui fait relever la tête pour effleurer de nouveau ses paupières closes et son expression tranquille du regard. …you think it’s a bad idea? répète Himari dans un murmure. Soudain piquée par ce que ça représente, réveillant ses peurs à nouveau au passage. I don’t know… Elle ne sait pas quoi répondre à ça, Himari, dans la confusion de sentiments conflictuels qui s’entrechoquent alors dans son crâne. Ne sait pas quoi dire, pas quoi faire.

Then how should I know? I thought it was okay, but maybe it’s not. I don’t want to do anything you don’t want either. I need you to tell me what to do…

Mais Akira ne bouge pas. Ne dit pas un mot de plus. Ne desserre pas son étreinte, ne s’éloigne pas - et ça lui va, pour le moment. Se raccroche à cette nouvelle branche. Himari ne fait pas un geste de plus - parce qu’elle n’en n’a pas envie non plus. Peut-être qu’elle se laisse encore aller à ses vieux travers, aussi, à ne pas vouloir voir la réalité, à préférer s’installer dans sa petite bulle sans penser au reste, aux conséquences, à ce que c’est vu de l’extérieur. Si il ne bouge pas, elle ne bougera pas non plus - trop attachée à sa présence, ce sentiment de sécurité, de confort doux qui s’est installé depuis qu’ils se voient autrement, depuis ces derniers mois. Les doigts de Akira caressent doucement sa tête, et ça suffit pour lui dire de ne pas bouger, sans besoin de mots - et même sans ça, c’est ce “I want you to stay” qui glisse des lèvres de Akira pour effleurer son front, qui vient sceller le geste et effacer les dernières hésitations.

Les bras de Akira se resserrent un peu plus autour d’elle, comme un écho à ses paroles, et Himari suit le mouvement - se glissant un peu plus vers lui, comme pour l’aider. Elle vient glisser sa tête au creux de son cou, au plus près, joue échouée sur le col de son tee-shirt, le souffle effleurant sa clavicule à chaque respiration. Le bout des doigts sur son torse, dépassant à peine de sa manche. S’imprégner de l’aura de sa présence, retrouver un peu plus l’odeur familière qui l’apaise. I’m not going anywhere, glisse Himari doucement en fermant un peu les yeux à son tour - et fait le calme de nouveau, écarte ses questions et ses doutes un instant de plus.

Ils restent comme ça une fraction de seconde, avant que Himari ne sente le visage de Akira se tendre légèrement. We really pretended we didn’t know, laisse-t-il échapper. Et se redressant pour observer son expression un instant, c’est ce sourire familier qu’elle voit, cette fossette qui creuse sa joue, qui font rougir Himari d’embarras avant de reprendre sa place au creux de son cou. Parce qu’il a peut-être un peu raison, et que soudain, sa gêne et sa pudeur reviennent au galop. C’est idiot. Mais Himari a plus facile de parler si elle ne croise pas son regard directement - ces yeux qui lui font perdre ses moyens, ceux qui rient de la voir s’empourprer pour un rien, qui la font bégayer à chaque fois. I wasn’t really pretending, avoue-t-elle d’une petite voix, l’air de rien. Ça fait longtemps qu’elle a arrêté de se retenir, finalement. Longtemps qu’elle a cédé à l’appel des excuses pour le voir, aux scrupules d’envoyer des messages pour un rien ou pour chaque inquiétude, qu’elle a arrêté d’écouter les questions qui viennent avec chaque cadeau. À l’anxiété de reprendre le piano, de lui envoyer des progrès, quand personne d’autre n’en a eu l’exclusivité de son plein gré. Longtemps que Himari ne fait plus semblant, et ne se cache que sous l’excuse de l’ambiguïté, d’une drôle d’amitié - qui pourtant ne ressemble à aucune autre. I was just scared to do anything. Like… I don’t know, go too far and ruin everything, ajoute-t-elle, hésitante. Peut-être que c’est encore le cas - mais maintenant qu’ils sont deux, c’est moins effrayant. Qu’au moins, elle ne s’imagine pas des choses qui n’existent pas, pas comme la dernière fois. Qu’au moins, où que ça aille, elle a tout de même la confirmation que quelque chose de réel se passe - qu’ils se voient vraiment pour qui ils sont, l’un comme l’autre. Qu’une seule peur, bien ancrée au fond de son coeur, subsiste - celle de l’absence, cristallisée par ses pleurs du White Day, paniquée à l’idée de le voir partir. I didn’t really expect anything, because I’m… me, so I was fine… watching you from afar, ajoute-t-elle en fronçant légèrement les sourcils sous la recherche des bons mots. Sans vouloir vraiment admettre ses sentiments comme ça, maintenant, si tôt non plus, à n’avouer les choses qu’en demi-teintes. Parce qu’elle a toujours été celle qui observe, protège et aime de loin malgré elle, Himari. Pas celle qu’on cherche, qu’on étreint et qu’on embrasse.

Le sourire discret de Akira aide à la faire respirer un peu mieux aussi, alors que la situation s’allège un peu, après les questions et les doutes. La main de Akira glisse sur sa joue, lorsqu’elle le sent s’écarter pour mieux baisser le menton et croiser son regard, lorsqu’elle suit le mouvement et lève la tête, sortie de son cocon. Se passent de mots pour comprendre, et ça n’a de cesse de l’étonner, Himari, de se voir savoir instinctivement quoi faire et comment agir, alors qu’elle n’avait encore jamais vécu ça. De se sentir répondre à un nouveau baiser sans avoir besoin de réfléchir, caresse lente de leurs lèvres qui s’apprivoisent. Plus sereine que quelques minutes plus tôt, alors que la peur de l’inconnu laisse toute sa place à ses sentiments. Apprécier l’instant, la tendresse de ses gestes, ses doigts effleurant son visage pour la faire frissonner de tout son être, la chaleur nouée dans son estomac venant faire accélérer son pouls. Le bout des doigts de Himari sortent de leur enveloppe de laine pour se poser sur la mâchoire de Akira, instinctivement. Se séparent de nouveau, son front retombant légèrement sur ses lèvres. You’re not tired? Souffle doux, qui dessine un léger sourire tranquille sur le visage de Himari, secouant légèrement la tête en silence. I’m not. I’m good here, répond-elle simplement - déposant un baiser sur sa mâchoire, à l’orée de son cou, pour retrouver sa place - chez elle, parce que ça semble tellement évident.

Himari reprend ses aises, s’installe dans ces nouveaux gestes qu’elle apprivoise au fur et à mesure. Retrouve son ton habituel, dans le confort de cette étreinte aux nouvelles couleurs. But the stars might get jealous we’re not giving them any attention, glisse-t-elle avec un petit sourire - cependant sans vraiment faire d’effort pour les regarder de nouveau, teintant ses mots de son insolence innocente qui anime leurs plaisanteries ordinaires. It’s a bit rude, after making one of the wishes on my list come true, ajoute-t-elle avant de s’éclaircir la gorge légèrement. Recouvrant ce qu’elle avoue à demi-mot d’une couche de sarcasme léger, l’air de rien, pour éviter de trop tomber dans l’embarras, et sachant très bien que Akira ne louperait pas une occasion de relever. Himari étend un de ses bras pour entourer le torse de Akira, resserrant un peu plus leur étreinte. Sorry, stars, laisse-t-elle échapper, avec un petit sourire, esquissant un geste du bras vers le ciel avant de le laisser retomber. Venant aussi étendre une jambe pour la croiser avec celle de Akira, s’installant toujours un peu plus près, un peu plus confortablement. Sorry stars, maybe you were right, too. Or at least, I hope you are. Garde ces pensées pour elle, ne sachant que trop bien ce que tout ça inspire à Akira, aussi. Parce que finalement, même si elle s’accroche encore à ses croyances, là, maintenant, tout de suite, elle n’a pas besoin de plus - c’est déjà bien assez.

Le confort des gestes échangés, de cet écho qu’elle trouve à ses sentiments semblent déverrouiller tout ce que Himari n’aurait jamais osé dire jusqu’alors. Rassurée dans la légitimité de tout ce qui a pu traverser son coeur ces derniers mois, elle n’a tout d’un coup plus trop peur de parler. D’avouer ce qui l’avait hantée pendant des semaines, même si c’est peut-être un peu gênant de s’entendre les dire, comme muée par ce besoin de vider son sac autant que de continuer de tisser ce lien qu’ils construisent minute après minute. Besoin d’affirmer cette réciprocité, le coeur libéré des peurs de l’erreur.

Peurs qui l’ont trop longtemps empêchée d’agir, comme elle l’avoue à Akira. Elle n’a pas vraiment trop fait semblant, Himari, laissant tout de même son affection s’exprimer, tout en préservant les limites de leurs espaces personnels - à l’exception faite de ces quelques moments accidentels de proximité tentatrice, qu’ils n’ont jamais osé concrétiser, jusqu’à ce soir. Akira se moque d’elle, alors que sa poitrine tressaute quand elle présente simplement son caractère comme argument suffisant pour ne pas vraiment y croire. Parce que c’est vrai, qu’elle ne ressemble pas à l’entourage de Akira, au type de filles qui gravite autour de lui. Dans leurs rencontres, leur deal idiot et leurs moments partagés, ce sont deux mondes diamétralement opposés qui se croisent - assez différents pour douter. Manque de confiance en filigrane, pour ne pas y croire. So you were actually watching… stalker, raille Akira. Himari pique un fard, avant de répliquer d’une légère tape sur son torse. You said it first! proteste-t-elle en retenant un rire - celui de réduire cette phrase à un échange de messages, quand ils savent bien l’un comme l’autre que beaucoup plus est sous-entendu. You know that’s not what I meant, ajoute-t-elle avec une expression pseudo-contrariée, mais incapable de rester trop sérieuse face au sourire goguenard de Akira qui n’ouvre même pas les yeux, trop content de l’embêter, comme toujours. Avant de laisser retomber la plaisanterie sur un soupir détendu. I did too, laisse-t-il échapper. L’aveu lui fait louper un battement, et Himari se redresse légèrement, alors que ses traits s’adoucissent sous la surprise de l’entendre le dire. Oh. Maintenant qu’il le dit, c’est presque évident, finalement. Mais c’est tout ce qui vient avec ; la confirmation des non-dits, de ses pressentiments, cette douce chaleur de se sentir validée dans ses émotions, rassurée qu’en effet, elle ne retombe pas aux prises avec ses fantômes. Pas de fabulations - tout est bien réel. C’est une expression attendrie de surprise qui teint ses traits, presque charmée par cet aveu aussi honnête que flatteur. Et comme ça, comme si le moment semblait si évident, elle se laisse embrasser de nouveau. Prend ses marques, un peu plus à chaque baiser, chaque geste, à se surprendre à y répondre avec aisance et assurance - comme tout d’un coup dotée d’une confiance qui vient avec la réponse à ses sentiments. Confiance qu’elle ne fait pas d’erreur. Que c’est exactement là où elle est sensée être.

Les papillons dans son ventre s’apaisent lorsqu’elle reprend sa place au creux de son cou, non sans un léger baiser de plus sur sa joue, comme pour sceller leur position. Ils sont bien, là, dans les bras l’un de l’autre, dans le silence paisible de la nuit, veillés par les étoiles. Himari y va aussi de sa plaisanterie sur la situation qui a dérapé de la meilleure des manières, affirmant un peu plus son étreinte à coloniser petit à petit Akira. Étoiles délaissées de leur intérêt maintenant qu’ils se sont trouvés. Don’t care about ‘em… give attention to me, grommelle Akira en guise de réponse à sa remarque, arrachant un petit rire léger à Himari. Cute. L’atmosphère légère la conforte un peu plus, alors qu’elle laisse entendre la nature de l’un de ses voeux, l’air de rien. Très consciente que Akira ne louperait pas l’occasion de relever - et ça ne manque pas. Himari détourne le regard, gênée, mais aussi pour donner un petit côté théâtral à sa remarque, juste pour l’embêter, lui aussi. Oi… don’t take advantage that i’m loaded to – huh. Il s’embrouille dans ses mots, elle réprime un rire. I should say the same thing about you, you know, réplique Himari d’une petite voix fière - n’est-ce pas lui qui profite de l’excuse d’avoir bu pour l’embrasser, après tout ? - say things that I can’t get. I heard it - what you said. Himari laisse échapper un rire soufflé. I’m not taking advantage if you did hear what I said, elle ajoute de son petit air insolent, sourire aux lèvres, qui rythme tant de leurs échanges et de leurs bisbilles légères d’adolescents.

Your wish was about me? Himari ne répond pas tout de suite. Se contente de hocher légèrement la tête, dans un “oui-non” volontairement vague, juste pour l’embêter un peu plus - jusqu’à ce que la main de Akira ne se glisse sur sa nuque, lui donnant un frisson qui lui fait perdre le fil. You wished that I kiss you? il insiste, et elle finit par craquer. I didn’t say it like that, rétorque-t-elle sans démentir, gênée. Joues qui se réchauffent à nouveau face à l’embarras de ce qu’elle avoue maintenant qu’elle se sent en confiance. I asked them to make something good out of this. For once I… wanted to be right about… you know, what was going on. For once. Que ce soit réel. Qu’elle puisse ressentir ce que tout le monde semble rechercher, qu’elle puisse savoir ce que ça fait, de trouver cette personne. Qu’elle ne se trompe pas, qu’elle ne fabule pas. Qu’elle ne risque pas de refaire les mêmes erreurs et qu’on la voie enfin pour qui elle est. Himari laisse un léger silence, avant de continuer. It’s better than in my dream, elle ajoute l’air de rien, détournant le regard de nouveau. Regrettant peut-être immédiatement l’aveu à peine a-t-il franchi ses lèvres, même si ça a quelque chose de rafraîchissant, de le dire enfin, après avoir gardé tout ça pour elle pendant des mois. Himari sent que de nouvelles questions lui pendent au nez - elle le connaît déjà trop bien, et prend le contrepied avant de plus s’enfoncer. That’s it, I’m not saying anything more! elle râle d’une voix confuse, le teint cramoisi d’embarras, avant de se replacer au plus près. Trop honteuse de s’être mise toute seule dans cette situation comme une grande. You’re going to think I’m an obsessive weirdo or something, elle marmonne presque, la joue écrasée sur son torse. Rouge tomate de s’être empêtrée toute seule dans ces aveux gênants, alors que Akira se réjouit beaucoup trop de la situation au goût de sa fierté.

Silence qui retombe, emporté par le sommeil qui semble frapper Akira. Let’s take a short nap here, before we get back. Himari ne répond rien. La demande peut sembler ridicule, à cette heure, mais là maintenant, elle n’a aucune envie de bouger, alors elle ne le contredit pas. I wanna sleep like this for a bit. If you’re cold you tell me. Himari secoue la tête doucement, toujours calée entre sa poitrine, le menton de Akira sur son front. I’m good. You’re warm enough. Chaleur naturelle ou alimentée par le démon qui somnole dans ses veines, elle s’en fiche bien. Ça lui va tel qu’il est, et elle se laisse bercer. Just about twenty minutes. Okay… Enveloppée par sa présence, son odeur, sa respiration tranquille et les battements de son coeur contre son oreille. Et Himari se laisse aussi emporter par le sommeil, apaisée.


Les yeux qui s’ouvrent péniblement, presque avec confusion. Ils n’ont pas bougé, accroché l’un à l’autre, mais la nuit est toujours sombre. Quelque chose a changé, et Himari se redresse un peu, pour noter le silence - alors que le brouhaha étouffé des autres, autour du feu, s’est éteint, signalant que tout le monde est probablement parti dormir. Un regard rapide sur son téléphone lui indique l’heure - qu’ils se sont assoupis près d’une heure, au lieu des vingt minutes du plan original. Akira dort paisiblement, et Himari n’ose pas trop bouger. Scrute son expression paisible en silence, dans ces moments où la rage du démon le quitte pour ne laisser que le garçon - avec une touche d’innocence rare qui la touche toujours un peu. Elle se dit simplement qu’il est beau, assoupi en toute quiétude.

Mais ils doivent bouger - ils ne peuvent pas rester là toute la nuit. Himari se redresse un peu plus. Akira… murmure-t-elle pour ne pas le réveiller trop brusquement. Repousse les longueurs de ses cheveux pour les recaler derrière son oreille, et dégager le passage pour déposer un baiser sur la coin de ses lèvres. It’s way too late, come on… ajoute-t-elle de son chuchotement doux, quand elle le voit ouvrir les yeux, probablement à côté de ses pompes. Let’s go back, okay? Il mérite de terminer sa nuit dans le confort de sa tente, dans son sac de couchage - pas dans l’herbe humide et le froid de la nuit noire.

Himari se relève, ajustant au passage sa jupe, pour la lisser d’un geste. Se recoiffe du bout des doigts, démêlant ses cheveux bruns en bataille de s’être roulée dans l’herbe, sous l’étreinte de Akira. Qui lui semble un peu bancal, alors qu’il se relève aussi péniblement, manquant de trébucher sur une racine dans le noir. Himari laisse échapper un petit rire, avant de glisser sa main dans la sienne, venant entrelacer ses doigts avec les siens. Here, to make sure you keep your balance, elle glisse avec un petit sourire, sur le ton de la plaisanterie. Sans vraiment s’étaler sur la satisfaction que lui procure le geste. Trop ravie de refaire le chemin inverse jusqu’au feu de camp main dans la main, nouvelle cristallisation de tout ce qu’elle attendait, tout ce qu’elle espérait.

Le feu de camp n’est réduit qu’à l’état de braises rougies, et le camp est plongé dans le silence, uniquement éclairé de quelques lanternes magiques. Un des guides semble s’être assoupi derrière un arbre, à en juger par les ronflements audibles venant de derrière une tente. Silence tranquille que Himari n’ose pas briser tout de suite, sans trop savoir quoi faire ou quoi dire. Tout d’un coup un peu plus consciente de la situation, alors que la lumière des lanternes lui permet de mieux discerner les traits de Akira. Laisse son regard se perdre sur son visage, comme pour réaliser.
Qu’elle n’a pas vraiment envie de lâcher cette main, finalement. Qu’elle voudrait pouvoir s’endormir dans ses bras encore une fois, pour se réveiller avec lui aussi. Et passer aussi la journée avec lui, pour refaire la randonnée jusqu’à la cité sa main dans la sienne. Profiter de chaque moment dans la tranquilité de cette escapade et la douceur d’émotions réconfortantes, qui la rassurent et lui donnent confiance.

Mais voilà - c’est le moment de se séparer. Himari se retourne pour lever le menton vers Akira, avec un petit sourire. So uh… good night? Elle ne sais pas trop quoi dire d’autre, semblant flotter encore sur son nuage, sa main ne bougeant pas de son étreinte. Himari s’approche pour se hisser sur la point des pieds et déposer un nouveau baiser sur sa joue - mais Akira coupe court, et l’attire plus près pour l’embrasser une nouvelle fois. Chaleur qui se propage en un frisson sur sa peau, et Himari enroule cette fois ses bras autour de son cou. Se rapproche encore plus, du mieux qu’elle peut, quand le rouge lui monte une nouvelle fois aux joues et aux oreilles, quand l’étreinte lui retourne le cœur et les tripes et que son corps se rapproche un peu plus du sien comme par réflexe, dans cette nécessité de combler le moindre espace vide entre eux.

Himari redescend de son nuage quand la réalité les rappelle à l’ordre, se séparant malgré tout pour rejoindre leurs tentes respectives. See you tomorrow, glisse-t-elle simplement. Croiser le regard de Akira à la lumière des lanternes la fait rougir de plus belle, presque intimidée maintenant qu’elle ne peut plus se cacher dans la pénombre. Mains qui se délient lorsqu’elle se rapproche de sa propre tente, et Himari se glisse dans l’abri. Glisse un dernier regard à Akira qui l’observe s’installer - lui décrochant un petit sourire aussi intimidé que ravi, les joues rougies, et ferme l’entrée de la tente en silence.

Et comme ça - dans l’obscurité de la tente, Himari se change, mais se retrouve à scruter le plafond pendant trop longtemps. Se repassant la soirée dans sa tête, ayant peine à réaliser ce qui vient de se passer. Tenue éveillée par les battements assourdissants de son coeur alors que tout retombe. Enveloppée dans l’euphorie de sentiments réciproque. Dans la hâte de partager plus de moments sans avoir à se retenir, sans plus avoir à se cacher. Dans cette perspective que tant de choses ont changé, de savoir que le monde aurait pris une nouvelle couleur, au matin.