love with open arms,, (charon/atlas)

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☽. Love with open hands
Love the fool who smiles
The wisdom of the damned
Love with open heart
Let it burn you, consume you
Take over who you are
 

— 24.04.2022 —

Les draps n’auront plus son odeur.
Il le sait, depuis longtemps, heures sans sommeils passées sur le coton blanc à la recherche d’un souvenir éthéré, qu’il ne peut pas attraper du bout de ses doigts frêles. Les souvenirs sont forts, les mots sont là, éparses sur un écran rétroéclairé, remplis d’espérance (factice). Car Atlas n’a pas baissé les bras, on lui a appris à se battre et à se hisser le plus haut possible en attendant la chute, rien ne sera jamais assez bien, et il doit faire mieux -il fera mieux, pour lui. Se battra, pour lui. Même s’il n’arrive pas à lui faire retrouver sa liberté. Mais il n’y a plus son odeur dans l’appartement, simplement celle des mémoires qui deviennent de plus en plus floues.
L’appartement est sombre, vide, comme à chaque fois. Ses gestes sont devenus machinaux au fil du temps -transplaner directement à l’intérieur pour ne pas faire de bruit, resserrer la capuche de la cape d’invisibilité sur sa tête, au cas où la porte serait encore défoncée, celle qu’il a réparé il y a déjà des mois. Il n’allume plus la lumière, il a appris par coeur les recoins de l’unique pièce, des meubles qu’il n’a pas ouvert, du mannequin de couture qu’il n’a jamais déplacé, comme si Charon allait revenir demain,
ou le jour d’après,
ou le jour d’après.
Continuer à espérer.
Et entre les murs où il s’est assoupi, où il a aimé, où il s’est détruit, où il a tout perdu, il se sent un peu chez lui. Dans cet espace trop petit où l’atmosphère est souvent si familière qu’elle est étouffante. Un regard autour de lui, et tout semble suspendu, comme d’habitude. Sthéno glisse le long des draps et siffle en sa direction comme si elle l’attendait -elle aussi s’impatiente. « Hey you... » il s’est pris d’affection pour la vipère blanche qui n’a jamais tenté de l’attaquer, et tend son bras en sa direction pour qu’elle s’y enroule, habitude tendre, et il a apprécié tous ces mois de ne pas être totalement seul dans l’endroit trop silencieux.
Par gestes mécaniques, Atlas se dirige vers l’évier pour prendre une tasse de thé, avant de commencer le ménage. Comme Charon le faisait, chaque fois qu’il poussait sa porte, un sourire sur les lèvres ou des larmes sur les joues. Rituel qui rassure, dans l’absence du reste.
Et le parquet grince. La porte s’ouvre.
Tout se passe très vite, Atlas qui saisit la baguette logée conte sa cuisse, en direction de l’intrus qui semblait s’être caché dans la minuscule salle de bains, un sort au bord des lèvres, lorsque c’est lui qu’il voit entrer dans la lumière. Le souffle se coupe, et les yeux clignent, car il ne peut pas y croire, c’est forcément un traître, un autre. Charon n’est pas là. Il est derrière les barreaux, par sa faute, il n’a pas réussi à le faire sortir (pas encore), il l’aime de loin, et il tourne dans sa cage comme un lion. Charon n’est pas libre. On a du avoir vent de sa rébellion, ou le voir. Attendre un moment stratégique pour le coincer, lui ou un autre. Atlas est complice, et les subterfuges magiques sont nombreux, pour emprunter les traits de celui qu’il aime. Il ne lui laisse pas le temps de parler, baguette toujours levée comme une menace, pour faire tomber les masques. « How did our first kiss happened ? » et malgré tout, l’espoir monte comme les larmes au bord des yeux, il se permet de se faire une place auprès du coeur cadenassé. Ce poison qu’il a toujours feint pour rassurer l’autre, sans vraiment y croire, leur bataille était perdue d’avance, c’est après tout, une malédiction.
Atlas retient son souffle.
Son bras tremble, la vipère y glisse, se loge contre le cou de Charon comme une promesse de vérité. Comme si enfin, il pouvait laisser sa garde.
Retourner à la maison.

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— 24.04.2022 —

De ces auspices malhabiles qu’on a jamais su tenter, il aura essayé toutes les tactiques, les idées folles et risquées sans jamais qu’elles ne quittent l’aube de son esprit. Il a vu, dans ses rêves, un Charon torturé, noyé, revenu entre ses bras, éloigné pour toujours, l’aimé sujet au baiser de la mort. Il l’a tellement voulu, et pourtant le doute subsiste dans la méfiance qui ne le quitte jamais vraiment. Atlas ne croit plus personne, ou presque, et même lorsque sa confiance est posée en trésor dans les paumes ouvertes, il reste sur la retenue. Maintenant qu’il sait, pour les enfants torturés. Pour ses parents, aux masques qui collent à la peau. Pour les trous dans sa propre mémoire. Maintenant qu’il se sait jouet de quelque chose de plus grand que lui,
qu’eux.
Et pourtant Charon semble si réel, dans son désespoir. Les traits plus pâles, plus fins qu’avant, maigres, lion en cage dépéri et sorti de justesse. Il a compris sa noirceur, l’a épousée depuis longtemps, n’en a jamais eu peur -il rayonne même dans les ombres. Mais il a eu peur. Et lorsqu’il lui confirme, ravive les souvenirs d’un vieux baiser-malédiction, il baisse sa garde, tout entière.
C’est lui.
C’est bien lui, dans leur folie à deux, c’est lui qui regagne le port après s’être perdu en mer, et il reste figé un instant, toujours persuadé d’être sous l’emprise d’un mirage. Pourtant ce sont ses bras qui se referment autour de lui, c’est son odeur, le pouls contre sa jugulaire, sa manière de respirer comme s’il voulait l’avaler tout entier, même s’il a l’air d’un oiseau blessé, qu’ils se sont blessés à deux. C’est lui, c’est lui, c’est lui. Et si Charon ne pleure pas, Atlas le fait pour deux. Sanglots qu’il ne retient pas, rivière contre son épaule, les mains s’accrochent comme à un radeau dans la tempête. Sa baguette tombe sur le sol de manière dramatique et il rirait presque, s’il n’était pas si soulagé. « It’s you. It’s you. » Recule son visage, pour prendre le sien entre ses mains, comme on recueille un oisillon blessé. Atlas n’a jamais rien fait d’autre que prendre soin des autres, et ce sont les cicatrices qu’il caresse, du bout des doigts, pour retracer les formes tant imaginées. Celles qu’il ne pensait plus revoir. Charon qu’il croyait perdu à jamais mais qui renaît entre ses bras. « You came back. » Fait s’illuminer pour la première fois depuis une éternité, le soleil en sourire sur ses lèvres. « You came back to me. » Il ne réalise pas tellement la tristesse qui émane de lui, trop aveuglé par sa propre joie, son soulagement, trop sonné par la surprise. Lorsque ses lèvres se posent sur les siennes, ce sont celles de l’aurore qui se lève enfin, sur une nuit trop longue, et remplie d’ombres. Il les chassera toutes. Jusqu’à la dernière. Même celles qui se trouvent à l’intérieur.

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— 24.04.2022 —

Les ombres sont encore là, sous la peau en poison qui se dissimule avec la grâce. Il ne peut oublier la rancoeur, les regrets, la colère, ni le désespoir de l’avoir perdu. Soleil noir se fait étoile lorsque les étreintes se referment, puisqu’Atlas oublie tous ses sentiments contradictoires : il n’y a que le soulagement qui dévale ses joues, les torrents que l’on arrête pas puisqu’ils ne sont pas synonymes de peine. Il fait non de la tête. Cette fois, il ne se cachera plus, pas de tristesse-faiblesse mais la joie d’avoir retrouvé sa maison. Alors elles coulent, les larmes, lorsqu’il l’embrasse et lorsqu’il soupire, expire contre sa langue le soulagement d’être entier de nouveau. La malédiction fait battre le coeur, parfois de travers, mais sous ses lèvres, il se sent vivant.
Et la ferveur le bouleverse lorsqu’elle monte à l’intérieur du torse, et que ses mains s’accrochent à sa nuque comme un condamné à mort, le corps de Charon qui l’entraîne sans sa chute et les baisers ne se taisent pas -il hurle dans leur langue tout ce qu’il ressent et qu’il ne peut pas lui dire. Il n’y a que la passion, ils se déchireront un autre jour. Et lorsque le baiser se termine dans un souffle court, que sa main noircie se pose sur sa joue, comme un oiseau dans un nid longtemps abandonné, il réalise qu’il ne pleure plus. Et qu’il aurait pu se sacrifier pour le revoir sourire. « I missed you. »
Le temps suspend son envol un instant, alors qu’il le regarde. Charon a maigri, et il a l’air d’avoir perdu de son éclat -il n’y a plus dans ses yeux que des poussières éteintes là où autrefois, il voyait un brasier. Soupir alors qu’il le prend de nouveau contre lui, étreinte qui rassure. Atlas a appris à soigner, panser les plaies. Mais il ne peut faire grand-chose contre les coeurs suppliciés, même lorsqu’ils battent à l’unisson avec le sien. « I don’t know if I did much, I- how did you even get out ? » Car son plan n’a pas marché -il pense. Pandore l’aurait mis au courant, non ? Il ne sait pas son implication dans l’histoire. Les secrets pèsent lourd sur le coeur pourtant soulagé.

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— 24.04.2022 —

Les larmes toujours en rivières de perles au coin des yeux, qui ne coulent plus mais brillent comme les diamants -dans leurs espoirs, il y voit du soulagement, du mieux, avant que le chaos ne les rattrape. Trêve dans une étreinte, Charon semble pour la première fois plus fragile que lui, et lorsqu’il le guide jusqu’au lit devenu froid depuis des mois, il voudrait le réparer. Entrer à l’intérieur de sa cage thoracique, pouvoir souffler à l’intérieur la chaleur de leurs retrouvailles. Est-ce qu’en toi, tout est brisé à jamais ? Mais ils ont toujours été un peu brisés à deux, à savoir se confondre, se raccommoder dans les silences, dans les urgences. La douceur sonne étrange alors même qu’elle est familière, les gestes savent où se poser, main dans la sienne, puis dans ses cheveux lorsqu’il s’allonge. Atlas surplombe son monde, le contemple, retrace de ses doigts d’enfant encore les traits de celui qui aurait pu être un fantôme. Pièce par pièce qui se remettent dans l’ordre. Même si rien n’a jamais tourné rond. « I think... » le récit est étrange mais les pensées se souviennent des mots de Pandore, durs mais justes, de lui, suppliant. D’un désespoir, d’une dernière chance. Il l’embrasse en retour, dépose, comme la caresse d’un papillon, un baiser sur son front. « I think Pandore dropped the charges. I begged her to do it. That must be why... » et il la remerciera, la couvrira de ce qu’elle lui demande, puisque sans le savoir, elle a sauvé plus d’une vie. Le bonheur se fait une place au creux du coeur qui a toujours eu du mal à battre, et il cueille ses lèvres une fois nouvelle, sans pouvoir s’en passer maintenant que l’absence n’est plus. « What happens now ? »

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— 24.04.2022 —

Le nom de Pandore est éludé, disparu entre les souffles et les baisers -ce n’est pas le moment, il le sait, malgré l’inquiétude du futur qui lui ronge doucement les entrailles. Douleur masquée par le soulagement qui s’occupera de crier un peu plus tard, lorsqu’Atlas se retrouvera au milieu d’une guerre froide, écartelé entre les forces puissantes de ceux qui régissent son coeur. Il sait que le pardon n’est pas chose aisée, que lui-même a encore du mal à le donner tout entier, et l’amour a aidé, pour lui. L’amour a tout pris.
L’amour prend son visage, et se pare des traits de l’inquiétude -lui se soulage de savoir que la folie se calmera un peu, pour un moment. Caresse sur la joue de celui qui soigne, et l’après sera compliqué, ils le savent tous deux, savent que se reconstruire est difficile lorsqu’on était déjà brisé bien avant la chute. « I’ll be there. You know that, right ? » alors que pourtant, il pourrait disparaître. Avant le coup de sang et l’éclair qui causa leur perte, il y eut le baiser volé à la vue de tous, et la peur, cinglante, qu’on les découvre. Ils n’en ont jamais vraiment reparlé, mais Atlas soupire devant les obstacles qui s’annoncent. Se blottit entre les draps qui ont accueilli plus de nuits solitaires qu’il ne voudrait y penser, contre lui, qui lui a tant manqué. Le chemin sera long, ils trébucheront. Mais il ne veut pas y penser maintenant, gamin égoïste qui retrouve la tendresse. Dans les caresses qui se perdent, la chaleur revient au creux des lèvres qui glissent. Il ne voudrait être nulle part au monde que dans les bras qu’il a revu en rêve avant de pouvoir les serrer. « I’ve slept here, so many times when you were gone. It was easier to imagine you here with me... » Monstre de solitude qui venait chercher un semblant d’espoir dans ce qu’ils ont été. Ce qu’il ne pensait, au fond, pas pouvoir retrouver et qui pourtant s’offre à lui de nouveau, inespéré miracle. Alors il saisit le miracle à pleines mains : le visage pris en coupe entre les paumes, et les lèvres qui épousent les siennes avec une ferveur inconnue. C’est la passion de l’espoir qui revient, qui fait tout revivre, les sens et les sirènes. Celle qui fait tourner le monde qui semble pourtant s’être arrêté. « Let’s stay here forever. » même s’ils n’ont pas le droit d’y croire.