out of despair (pandore/atlas)

  @Pandore Águilar  

☽. and i try, try, try
for heaven's sake

— 16.03.2022 —

Les sévices glabres d’une nuit sans sommeil s’enroulent autour de es membres fatigués comme du mauvais lierre. Atlas faucheuse au pas éreinté, bancal, sans savoir où aller -les heures sont longues, quand elles sont assaillies par le doute, prises en tenaille par la peur au fond des entrailles. Il sait pourtant ce qu’il devrait faire, à quelle porte toquer, qui supplier pour retrouver le mince espoir de retrouver le coeur scindé en deux. Celui qui est encore serti de doutes, de rancoeur tenace et d’une erreur commise par sa faute, la vision de Pandore et de sa douleur, à cause de lui, la vision du corps de Charon sur la plage, à cause de lui aussi. Et si tout est ta faute, que peux-tu faire pour réparer les erreurs ?
Il a songé, un instant inconscient, de voler un retourneur de temps, d’en trouver un en contrebande et de réécrire le passé. Mais on ne joue pas avec le temps plus qu’on ne joue avec les coeurs, et les terreurs de ses erreurs l’ont rattrapé -s’il tuait quelqu’un pour de vrai, s’il n’avait jamais connu aucun des deux, s’il se perdait, s’il les perdait ? Le présent doit se tordre, au lieu d’être redistribué.
Il a le coeur lourd dans la poitrine quand il frappe chez Pandore, aux premières lueurs de l’aube. Le visage gris des jours noirs, et les cernes qui se perdent comme le brouillard contre la peau. Atlas est épuisé. De se battre et d’espérer pour deux. D’avoir peur de perdre, encore. D’aimer un fantôme. Il serre les dents, quand elle ouvre, mais le ton de sa voix, s’il est doux, est ferme. Il ne lui en voudra pas de refuser -Pandore a les veines brûlantes de colère, et il la comprend. Mais il doit essayer. Il doit essayer. « Hey... » et il entre dans l’appartement sans y être invité. « I need to talk to you about something. » (les mots tremblent déjà.)

  @Atlas Deus-Felis  

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for heaven's sake

— 16.03.2022 —

Les nuits ne sont pas douces, c’est une certitude, la seule peut-être. Elle dort mal ou elle ne dort pas, à moitié, réveillée parfois par on ne sait quoi, rendormie aussitôt ou une heure après, à grommeler contre son propre esprit ; hésite même à se réfugier dans sa tête (son anomalie) pour un peu de répit, aussi illusoire soit-il. Elle abandonne à chaque fois pourtant, par flemme ou par manque d’énergie, préfère tenter d’y arriver plutôt que de se perdre des heures dans des prairies ensoleillées, alors qu’elle a sommeil et qu’elle préfère dormir la nuit.
Il est une énième interruption, ce matin-là. Elle ne l’entend pas au début, a le sommeil lourd depuis un peu plus de deux heures, le sommeil du juste (quelle ironie), mais Atlas insiste et Pandore finit par ouvrir les yeux, difficilement, une main sur le front, pas certaine d’avoir vraiment entendu quelqu’un frapper. Elle se lève quand même à reculons, ne prend pas le temps de s’habiller, les boucles un peu sauvages du matin et l’air encore très (trop) fatigué. La première alarme sonne lorsqu’elle parvient à distinguer les traits d’Atlas, une fois la porte ouverte, cet air nerveux et tendu qui crie l’insécurité, l’incertitude. “Hey.” Il entre, s’impose et Pandore s’inquiète plus encore, le come in dérobé par sa précipitation, se frotte les yeux pour essayer de se réveiller. Ça a l’air important. “I need to talk to you about something.” Ça a l’air encore plus important. “What is it? Are you okay?” Elle le regarde ou plutôt l’analyse, soudainement inquiète qu’il lui soit arrivé quelque chose, mais il n’a pas l’air blessé, seulement nerveux, fermé, comme s’il s’apprêtait à lui annoncer une nouvelle terrible. If only she knew, qu’avec l’annonce viendrait la seconde alarme.

  @Pandore Águilar  

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for heaven's sake

— 16.03.2022 —

Pandore a la mine fanée des nuits agitées, et il s’en voudrait presque de la déranger si la situation n’était pas si urgente. Gamin trop poli, trop lisse, trop timide pour oser demander de l’aide. Trop lâche pour avancer d’un pas décidé (et pourtant le vent tourne, les temps changent). Pandore l’a aidé aussi, à s’affirmer un peu plus, à attraper une main tendue, à se confier. Et il sait que ces confessions là feront mal. Peut être même qu’il la perdra -il ne s’en relèverait que difficilement, les genoux écorchés, mais il est prêt à prendre le risque. Au dessus de lui, l’épée de Damoclès brille d’une lueur macabre, elle a l’allure des baisers de la mort. « I’m sorry for waking you up... » Mais il ne s’efface pas, se dirige dans la chambre pour que quiconque n’entende pas leurs conversations nocturnes -s’il sait se faire discret, il préfère mettre toutes les chances de son côté. Là, il est question de vie ou de mort. Lorsqu’il s’assoit sur le lit encore défait, Atlas a des allures de vieil homme -fatigué par la vie, par celle qu’on lui impose, par celle qu’il aimerait saisir du bout des doigts. Fatigué d’espérer pour deux. « I- I need you to drop charges. On Charon’s case. » et il sait qu’il se heurtera à des protestations, peut être à des cris. N’a pas pris de pincettes comme à son habitude, lui qui pourtant manie les mots les plus doux pour arrondir les angles. Atlas est à bout, lorsqu’il lève sur son amie ses yeux déjà embués. « He called me, earlier. It’s life penalty or Dementor’s kiss. I know what he did, I know you have all the reasons in the world to hate him, but please -I can’t let that happen. I can’t, and you’re my only hope. I wouldn’t ask you that if I wasn’t desperate. » et il laisse tout son amour ruisseler sur ses joues, celui qu’il n’a pas réussi à contenir, celui d’un dilemme entre deux parties du coeur, celui d’un pardon difficile à avoir. L’amour et le désespoir. La tristesse et la dernière chance. « I can’t lose him, too. »

  @Atlas Deus-Felis  

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— 16.03.2022 —

Son corps vierge de blessures, Pandore s’efforce de lui donner toute son attention, en lutte contre le sommeil, l’esprit qui a du mal à émerger. “I’m sorry for waking you up…” Elle sent qu’il le faut, pourtant, que c’est trop important, surtout lorsqu’Atlas quitte le salon pour la chambre sans un mot, sans une once d’hésitation. Elle fronce les sourcils mais le suit sans sourciller, chuchote un “you’re worrying me, what is happening?” qui ne trouve aucune réponse. Il faudra attendre encore un peu, et elle s’apprête à le rejoindre sur le lit pour le rassurer et en savoir plus - quand sonne le glas. “I- I need you to drop charges. On Charon’s case.”
Pandore s’arrête, d’un coup.
D’avancer, de respirer.
Au début, elle pense qu’elle a mal entendu. Mais pour la première fois Atlas n’a pas hésité avant de parler, n’a pas pris le temps de choisir soigneusement ses mots comme il le fait d’habitude. Il n’y a aucune caméra, rien que l’intimité d’un attachement qu’ils n’ont plus à feindre désormais, que l’amour d’un duo qui se connaît très bien. Tellement bien qu’Atlas sait que Pandore n’acceptera pas. Qu’il ne peut pas lui demander ça, parce que Pandore n’abandonne pas sa rancœur, jamais. Se construit sur ce qu’on lui a fait subir, grandit dans le ressentiment, avance loin de l’oubli. Sans le remarquer, elle fait un pas en arrière, s’écarte instinctivement.
Elle a très bien compris, mais elle demande quand même, “what?”, parce qu’on ne sait jamais, parce que peut-être que le manque de sommeil l’a faite disjoncter, a changé les paroles d’Atlas. “He called me, earlier. It’s life penalty or Dementor’s kiss. I know what he did, I know you have all the reasons in the world to hate him, but please -I can’t let that happen. I can’t, and you’re my only hope. I wouldn’t ask you that if I wasn’t desperate.” Interdite, elle ne réagit pas, étouffe seulement un rire, tant la situation est ridicule. Regarde les larmes d’Atlas avec un déchirement au cœur, parce qu’une part de Pandore n’en a rien à faire de ce qu’il peut advenir de Charon après ce qu’il a fait, mais une autre se noie dans son amour pour Atlas, ne peut supporter de le voir en larmes. “I can’t loose him too.” Elle serre le poing, complètement déchirée en deux, incapable de savoir quoi faire. Elle n’a aucune envie de crier et préfère lui offrir du silence, une éternité de silence, le regard perdu dans le vide qui n’ose pas le regarder mais qui le fait quand même, du coin de l’œil, parce que si elle n’aperçoit plus ses larmes le choix sera vite fait, Charon ira en prison ou à la morgue.
Finalement, elle brise le silence, la voix vacillante, comme si elle avait l’impression qu’en lui demandant d’abandonner les charges Atlas avait choisi Charon plutôt qu’elle. “I almost died. He almost killed me. And yet,” Elle prend une pause, durcit le ton. “And yet, you’re ready to ask me to do this sacrifice. To give up on the justice I deserve.” Le regard croise le sien. “How can you love such a monster?”
Le cœur trop déchiré, Pandore se recule, quitte la pièce sans autre cérémonie, réfugiée dans la salle de bain, à tenter de calmer les battements d’un cœur qui, pour la première fois de sa vie, hésite entre rancœur et amour.

  @Pandore Águilar  

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— 16.03.2022 —

Il n’a plus que la force de son désespoir, de prier pour que les choses rentrent un peu dans l’ordre. La force du sacrifice qu’il s’apprête à faire, lorsqu’il supplie Pandore, et que les larmes perlent déjà. C’est trop dur, de devoir se dire que la seule manière de sauver l’être aimé est de sacrifier sa confiance. Mais les poings sont serrés d’une certitude qu’il fait le bon choix.
Pandore se fait froide, impératrice de sa douleur, et ses mots ont l’effet d’un coup de poignard, même s’il s’y attendait. On est jamais trop préparé à décevoir ceux que l’on aime. Lorsqu’elle le met à terre avec les phrases assassines, il se retient de la couper, de lui dire qu’il sait. Car il sait. Lui aussi a subi, les doloris, les mots tranchants, et a réussi à aimer -ne comprend parfois pas pourquoi, mais se conforte dans l’idée qu’il n’a pas eu le choix. Il n’a pas le temps de la rattraper, qu’elle le fuit déjà. Jusqu’à une porte qui claque, contre laquelle elle se réfugie -et Atlas est relégué de l’autre côté. Un long soupir se perd dans l’air, entre les sanglots qu’il arrive à contenir comme par magie. Il s’assoit sur le sol, de l’autre côté de la porte -scène familière qui le ramène à quelques mois en arrière, qui lui donne une idée. « Charon almost killed you because of me. Akira almost killed me because of you. One of the differences is that you didn’t let me interfere. » ça ne sonne pas comme un reproche, c’est un fait -il a encore du mal à extraire sa froideur, même face à Pandore. Même face au reflet de son propre coeur. « I know you’d be happier with him dead, but I’d be miserable, you know that. I lost someone I loved. I can’t lose him without going mad. » prend sa tête entre ses mains. « Pandore, please try to understand me. »

  @Atlas Deus-Felis  

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— 16.03.2022 —

after dark

Elle a les convictions terribles. Assise sur le sol de la salle de bain, le cœur à bout de souffle, elle n’ose pas se relever, de peur de croiser sa rancœur dans le miroir. Sa compagne depuis vingt-cinq ans, son amie fidèle, loyale, celle dont elle n’a jamais lâché la main. À choisir, c’était toujours l’amertume plutôt que le pardon, la rancune plutôt que l’amour. L’un et l’autre s’annulaient, s’opposaient - avec Pandore, il n’y avait pas d’équilibre, jamais. Et Atlas le sait, du moins commence à le savoir, après des mois passés à ses côtés, des mois passés à se découvrir dans l’intimité, à s’apprendre et se comprendre. Il sait, et il demande quand même, sur le point peut-être d’ébranler vingt-cinq ans de civilisation. Atlas-Vésuve est en éruption, menace une Pandore-Pompéi pleine de ressentiment.
Elle ne pleure pas, en tous cas aucune larme ne vient. Contemple seulement en silence l’ampleur de ce qu’il ose exiger, incapable de croire que c’est possible, qu’elle sera capable de lui donner. Elle a toujours fonctionné comme ça, elle ne peut pas changer, même pour lui. Ça dure un instant, avant qu’elle n’entende Atlas se glisser contre la porte. Se remémore ce moment terrible de mars, quand elle avait cru le perdre, lui et Akira. Quand son monde s’était effondré et que, même avec toute la rancœur du monde, elle serait restée seule si elle n’avait pas pu les arrêter.
Il y pense, lui aussi. “Charon almost killed you because of me. Akira almost killed me because of you. One of the differences is that you didn’t let me interfere.” Les dents se serrent, de même que le poing. Elle refuse de comparer les deux situations. Ça n’a rien à voir, a-t-elle envie de répondre, mais elle se retient. Le laisse terminer ce qu’elle lui offre comme simulacre de plaidoirie. Peut-être parce qu’une part d’elle sait qu’Atlas a frotté la surface, l’a suffisamment fissurée pour avoir une chance de la convaincre ; pour la première fois, Pandore hésite. “I know you’d be happier with him dead, but I’d be miserable, you know that. I lost someone I loved. I can’t lose him without going mad.” Elle se glisse contre la porte, dos à lui, toujours en silence. Accuse le coup de sa tentative de la prendre par les sentiments ; et tout ce qu’il dit est vrai, elle le sait. Ça n’empêche pas, que rien ne peut justifier ce que Charon lui a fait subir. “Pandore, please try to understand me.” Sa voix se meurt dans le silence de leurs corps adossés, seulement séparés par la porte. Ça dure longtemps, parce que Pandore regarde le vide et qu’Atlas a terminé ses doléances. Elle dans l’hésitation, lui dans l’attente de sa décision.
Et finalement, quand au bout de plusieurs longues minutes, elle rompt le silence, sa voix a retrouvé une certaine douceur, nourrie par l’amour qu’elle porte à Atlas. Ne laisse présager de rien, pour autant. “All my life, I’ve chosen resentment. I’d rather hold grudges than forgive, lose people I loved rather than focus on that love to overcome the rest. I don’t know why, but that’s how I function. How I protect myself.” Elle s’arrête une seconde avant de reprendre, la voix toujours douce, mais les mots sévères. “You’re asking me the impossible, Atlas. You’re asking me to go against everything I believe, everything that makes me, me. You’re asking me to choose you, instead of me. To choose my love for you instead of my resentment. Despite the fact that you chose your love for him instead of your trust for me. Despite, in a way, you choosing him over me.” Et elle non plus, ça ne sonne pas comme un reproche - seulement comme un fait.
Elle le laisse accuser ses mots dans le silence d’un instant fugace, avant de lentement se retourner, la main qui saisit la poignée et ouvre la porte. Le laisse se retourner en comprenant que la porte s’est ouverte. Les regards se croisent, celui d’Atlas découvrant les larmes coulant le long des joues de Pandore. Elle ne bouge pas, ne cherche pas son étreinte, ne sanglote pas. Continue seulement de pleurer en le regardant, droit dans les yeux - droit dans le cœur. “Don’t make me regret it.” Don’t make me regret abandoning everything, for you. Don’t make me regret making myself vulnerable, stripped out of my protection, for you.