INCARCEREM; ❝ tell me everything's not fine

clôture

19h On pourrait presque entendre les taules du hangar trembler. Le repère de la Commedia dell'Arte, royaume de tout les simulacres, de toutes les insoumissions, de toutes les dissidences, se fait le théâtre d'une étrange tragi-comédie, alors que les forces de l'ordre ont investi chaque parcelle du lieu. Les renforts, appelés précipitamment lorsque les premières étincelles ont enflammé les poudres, n'ont pas tardé à encercler le hangar et prendre au piège la foule désemparée et sauvage. Grâce à la vivacité des brigades de police magique, rares sont ceux à être parvenus à prendre la fuite, civils parqués entre ces quatre murs de taule comme dans une geôle à hauteur de géant. Les forces de l'ordre n'avaient plus qu'à cueillir un à un les fauteurs de trouble, parmi lesquels sept des quarante-deux prisonniers évadés.  

La violence des arrestations sera rapidement éclipsée par leur efficacité indéniable : en l'espace d'une petite heure, la situation à la Commedia était de nouveau sous contrôle, la foule dispersée, les principaux suspects appréhendés. Tous, sauf un — le métamorphomage, par qui tout a basculé. En cette soirée du 26 décembre, de nombreuses âmes esseulées peuplent les cellules du commissariat de Kantô, en attendant que les soupçons qui pèsent sur elles soient levés. Et c'est un constat sinistre et pernicieux qui glisse sur les lèvres, imbibant les bouches comme du poison : les forces de l'ordre n'ont pas su protéger la population. Une fracture s'est creusée — la confiance s'y est jetée pour être engloutie par des ombres. Qui croire, l'interrogation résonne comme un glas funèbre dans les esprits. Tell me the fucking truth.