Les toilettes ne sont heureusement pas bondées, lui permettant de se « repoudrer le nez » assez rapidement. Son petit numéro à la table de Lucifer lui a fait le plus grand bien au moral – et à l’ego – n’ayant pas manqué de capter le regard de Seido sur elle en s’éloignant. I’ll get you, bitch. C’est lui qui a commencé, pense-t-elle de façon très mature. En tentant de l’embrasser, il a ouvert les hostilités. Et comme chaque manche, chaque partie, chaque jeu, elle va gagner. Because she is a hundred percent that bitch. Il lui faut deux lignes, cependant, pour que les effets de la C.A. se fassent ressentir. C’est comme si l’odeur de ce putain de flacon débile en forme de cœur la pourchassait. Il n’est fort heureusement par là – les rumeurs voulant que son père l’ait envoyé à l’étranger semblent être confirmées, ce qui est plus qu’appréciable. Alors elle va se reprendre, se dit-elle face à son reflet. Matériel rangé dans sa petite boîte en métal, logée pour ce soir dans ses bras, elle extirpe son bâton de rouge à lèvres de son décolleté, pour rappliquer une couche – celle en place n’a pas bougé, tenue longue durée, qualité professionnelle, tous ces trucs auxquels on s’habitue plutôt rapidement. Une demoiselle sort des cabines alors qu’elle termine, faisant bouffer ses cheveux avant de se remaquiller, allant même jusqu’à dessiner un cœur sur la glace avant de glousser et de chantonner : « Happy valentine’s daaaaaaaaaaaaay, » et de planter un baiser sur sa joue. Et elle disparaît. Roulant ses yeux – se retenant de cracher – Joyce essuie sa joue avant d’aviser le verre qu’elle a laissé. Bien. Un cul sec plus tard, elle quitte l’endroit, le cœur ayant été ravagé et un dessin obscène particulièrement détaillé exécuté à sa place. Sacrifice de son rouge à lèvres, mais c’est pour la bonne cause et de toute façon, elle n’a visiblement pas besoin d’en appliquer de nouveau. Où est l’espace fumeur ?
Alors qu’elle tourne dans un couloir, sa vision se brouille. Se forçant à ralentir, elle se masse les tempes. Connerie. Est-ce qu’elle a pris plus d’une ligne ? Une silhouette se dessine sur l’écran de ses yeux, coiffée d’un borsalino. La coupe du costume est impeccable, quoiqu’on peut voir sans souci qu’il est usé. Le holster est négligemment laissé à la vue, alors que le jeune homme se prélasse dans un fauteuil, un whiskey à la main, yeux rivés sur une apparition qui s’approche de lui. Leurs regards s’accrochent et elle sourit. Ses lèvres également se rehaussent d’un sourire, faisant bouger la fine moustache qu’il arbore. Et il se lève, suivant sans même s’en cacher la chanteuse qui vient de terminer son show, et dont les courbes lui sont irrésistibles, malgré tous les ennuis que cela pourrait lui causer. Et la porte de sa loge est à peine fermée que Janice attrape le nuque de Ray pour l’attirer à elle, froissant déjà sa chemise. Un éclat de rire s’échappe des lèvres de Joyce alors que la scène se coupe brutalement. Qu’est-ce que c’est que cette hallu ? Reyn en gangster de la prohibition, en train de retirer sa robe dans une loge ? Une excellente histoire, qu’il faudra qu’elle lui raconte quand il ramènera son joli petit cul à la soirée. Trop high pour se rendre compte que quelque chose ne va vraiment pas, elle finit par trouver une sortie. Il y a quelques étudiants qui ont choisi eux aussi la nicotine plutôt que les petits fours, mais elle ne leur prête pas attention, sortant en réalité son téléphone. Le flash était si réel, vibrant dans chacun de ses membres qu’elle a besoin de lui raconter. Une drôle d’idée tiens. Un drôle de sentiment. Comme une … réminiscence ? L’idée la fait ricaner, mais c’est vrai que quitte à baiser quelqu’un de vie en vie, autant que ce soit un des meilleurs coups qu’elle ait jamais eus, et son meilleur ami par-dessus le marché. Ses doigts s’agitent, mais l’appel de la cigarette avant tout. Elle la place entre ses lèvres et l’allume, se remettant à son texto quand sa vue commence à se brouiller de nouveau.
Il y a de la neige, partout. Et du sang, du sang par hectolitres, déversés sur la poudreuse, comme des fleurs écarlates s’épanouissant dans le chaos ambiant. Le bruit des lames s’abattant sur d’autres est assourdissant, comme les cris des blessés, les hurlements de ceux qui restent debout, la rage de vaincre, la rage de vivre, de survivre, de sortir debout de ce charnier. Le champ de bataille est jonché de cadavres et ils ne sont plus si nombreux, à croiser le fer. Les armures sont sommaires, et les appliques de cuir ne suffisent pas, ni à lutter contre la morsure du froid, ni celle des armes. Ses doigts sont gourds, mais elle ne renoncera pas. Pas tant qu’ils seront debout. Il est là. Elle le sait. Mais il ne faut pas qu’elle pense à lui. Pas quand il faut qu’elle élimine jusqu’au dernier des siens. Un coup de sabre ouvre le côté de son adversaire qui s’écroule, sans un son. Et elle pivote, pour parer le coup suivant. Et rencontre ses yeux. Lame contre lame. Le temps suspend son cours alors que son pouls s’accélère encore. L’adrénaline n’est pas la seule à faire battre son cœur un peu plus vite. Il y a tant dans cet échange. Des regrets. Des excuses. Et des sentiments, à n’en plus finir. Une déclaration muette. Qui va se terminer. Parce qu’ils doivent poursuivre. Et … Et son cri lui déchire les tympans. Il s’écroule. Elle se retourne, hurlant, sa peur, sa peine, sa rage. Et ouvre la gorge de son allié, qui pensait la sauver. Qu’il l’a, en réalité, condamnée. Son casque vole alors qu’elle se laisse tomber dans la neige, ses mains cherchant, sous ses vêtements, ce qu’elle porte autour du coup. La fiole sort, écarlate, semblant pulser de la vie elle-même. Ses doigts trouvent la blessure, mais sont retenus. Ses yeux remontent, et trouvent son visage. « It’s gonna be alright my love. » Il veut parler, mais n’y parvient pas. La tête du guerrier part en arrière et ses lèvres s’écartent, pour implorer, dans un cri d’angoisse : « SEIDO ! » Son propre hurlement la sort de sa transe, alors qu’on la regarde. Le cœur battant la chamade, pétrifiée, cigarette menaçant de la brûler, elle tente de reprendre son souffle, alors que la panique la gagne. What … ? Il n’y a qu’une chose, en elle : le besoin de savoir qu’il va bien. Sans raison. Sans justification. Mais pour l’instant, ses jambes sont incapables de la porter. Where is he ? Is he alright ?
- résumé:
- Joyce laisse des jolis dessins dans les toilettes, avant de sortir fumer. Elle découvre que @Reyn Hawkins et elle, ça remonte sérieusement, et se retrouve à avoir un flash particulièrement perturbant de @Seido Ryujinchi qui lui fait même hurler son nom en plein espace fumeur.