LE PERSONNAGE ★☆ surnommée ren ★ entre en deuxième année d'arts du spectacle ☆ chanteuse dans un groupe à succès, le vortex club ★ maison de l'air, kaze ☆ voyante à l'instinct surdéveloppé, elle a notamment pressenti la mort de ses parents ★ ancienne rivalité maladive avec sa jeune soeur jumelle, katsumi. les deux filles réapprennent tout juste à avoir des relations saines et à s'épauler ☆ brimée à l'école pendant tout son primaire. était la première de classe un peu muette, un peu épaisse, un peu seule ★ changement radical en arrivant au secondaire. problèmes alimentaires (anorexie, boulimie) ☆ artiste, weirdo, jean troué, éclats de rire, larmes soudaines, trébucher sur scène. ((why do i always feel so bad)) ★ cherche à percer dans l'acting, elle a déjà tourné dans une pub pour du jus de citrouille (gain du loto).
LE PERSONNAGE ★☆ surnommée ren ★ entre en deuxième année d'arts du spectacle ☆ chanteuse dans un groupe à succès, le vortex club ★ maison de l'air, kaze ☆ voyante à l'instinct surdéveloppé, elle a notamment pressenti la mort de ses parents ★ ancienne rivalité maladive avec sa jeune soeur jumelle, katsumi. les deux filles réapprennent tout juste à avoir des relations saines et à s'épauler ☆ brimée à l'école pendant tout son primaire. était la première de classe un peu muette, un peu épaisse, un peu seule ★ changement radical en arrivant au secondaire. problèmes alimentaires (anorexie, boulimie) ☆ artiste, weirdo, jean troué, éclats de rire, larmes soudaines, trébucher sur scène. ((why do i always feel so bad)) ★ cherche à percer dans l'acting, elle a déjà tourné dans une pub pour du jus de citrouille (gain du loto).
sa magie est capricieuse, tardive, on la pense cracmole et on la prépare à cette éventualité.
- Spoiler:
- elle n'est jamais parvenue à respirer correctement — pour elle, la bataille est de tous les instants, asthme mal contrôlé qu'elle refuse de soigner, persuadée qu'elle est une cause perdue d'avance. dans l'ensemble, elle a du mal à faire ce que les autres réalisent d'instinct. elle marche mal, de travers, fixe ses pieds pour leur imposer d'aller droit mais échoue constamment. elle parlait mal, aussi, lorsqu'elle était plus jeune — butait sur les mots, bé-bégayait comme une idiote, paniquait et hoquetait. pas fonctionnelle, elle l'a pensé très tôt, elle se l'est martelé, bonne à rien qui n'est bonne à rien.
pas étonnant donc que sa magie est été si capricieuse, pour ne pas dire carrément inexistante. là où katsumi, déjà, brillait tout autant que les étoiles du firmament. très vite sa soeur solaire a explosé en mille couleurs, arc en ciel de magie qui la narguait, elle qui n'était rien. c'est alors qu'elle a commencé à entendre des bribes de conversations, ses parents dans la cuisine, tard dans la nuit, ton concerné, peut-être bien qu'elle est cracmole, la petite. cracmole, le mot se tapait l'incruste dans ses rêves et lui triturait la tête à tout va. cracmole, ça y était, elle en était persuadée, elle en était une, elle l'avait toujours su, dans le fond ; une ratée qui jamais n'aurait d'élément et jamais n'aurait de magie et jamais n'irait dans cette école dans tout le monde autour d'elle parlait si souvent. ses doigts restaient effrontément muets et quand kastumi avait le regard ailleurs, papillonnant, insouciant, elle les fixait sans plus pouvoir en détacher les yeux. qu'ils fassent quelque chose ; elle les priait, elle avait six ans déjà, dans quelques mois elle et sa jumelle devraient recevoir cette satané lettre et elle imaginait déjà, à côté du prénom de sa soeur, un grand vide blanc là où aurait dû s'inscrire le sien.
- Spoiler:
- si la magie était bloquée, quelque chose d'autre ne l'était pas ; et toujours à l'intérieur de l'ainée des choses grouillaient. mots et lettres et chiffres et couleurs et savoirs. grand foutoir de rien et de tout, n'importe quoi poussiéreux squattant ses os. il y avait des choses qu'elle savait. et elle ne se l'expliquait pas. elle apprenait vite, déjà. et s'énervait lorsque les autres, toujours trop lents, ne captaient pas du premier coup, ne captaient pas en profondeur, ou ne captaient pas tout court. lents, lents, lents, elle les trouvait tous lents et rien n'était plus enrageant. surdouée, le mot n'a jamais été prononcé ; elle n'a jamais été diagnostiquée mais tout le monde a toujours su. surdouée et puis autre chose, aussi, un mal latent, mangeur de place, un don, ont dit les sorciers adultes. même qu'ils l'ont dit avec un point d'exclamation à la fin, elle s'en souvient, le mot sonnait enjoué : un don ! bien vite, elle était parvenue à visualiser les choses : elle avait donc deux bêtes qui vivaient dans sa tête, d'un côté sa pseudo intelligence supérieure et de l'autre, son don avide d'énergie.
elle se demande encore ce que la voyance peut bien avoir à faire avec le fait de voir. elle ne voit rien, yiren, rien. voir impliquerait quelque chose de sur, quelque chose de certain, voir ferait croire qu'elle est assurée. mais elle ne fait que deviner ou, encore plus fréquemment, pressentir. son instinct est surdéveloppé, tout comme son intelligence de gamine. la vie a une vibe, les jours ont du caractère. ne monte pas sur ce balais, il va se casser. parfois, on la remercie. ne va pas en forêt aujourd'hui. d'autres fois, elle ne fait que perturber les gens, pourtant sorciers qui devraient être habitués aux mouvements imprévisibles de leur monde - et alors on lui jette des regards de travers qui lui donnent des frissons.
alors elle se tait souvent.
- Spoiler:
- elle reste discrète à propos de ça (ça, c'est le soit-disant don). elle le délaisse tellement que pendant des années, alors qu'elle n'était qu'une môme, tout le monde se persuadait que c'était kastu qui l'avait. et ça, elle veut bien lui laisser : ça ne sert à rien. ça ne les a pas sauvés. elle prétend qu'elle ne se souvient de rien mais elle s'en souvient très bien : la nuit était poisseuse, comme une immense glue noire dans laquelle elle devait se débattre, et l'air était lourd, si lourd, et elle n'était qu'un insecte qui gesticulait en voyant s'allonger l'ombre de l'araignée. le monde entier renvoyait des signes, les priait de retourner à l'intérieur de leur maison, elle et kastumi et leur mère et leur père. demi-tour, elle entendait les arbres chuchoter et ne comprenait pas pourquoi personne ne les écoutait. « les arbres font du bruit. — c’est le vent, chérie. — non, je veux dire, vraiment, ils… — tu as peur, chérie ? on va juste camper, tu sais. » juste camper, l'activité favorite de la famille, et elle avait toujours adoré mais cette fois-ci c'était différent. des lumières excitées clignotaient dans son esprit, communiquant par flashs aveuglants, demi-tour, demi-tour. elle n'arrêtait pas de le dire. « je veux qu’on fasse demi-tour. » alors katsumi, dans sa grande bonté de katsumi, avait dit qu'elle allait l'accompagner jusqu'à la maison, le temps qu'elles se fassent des chocolats chauds rassurants, en attendant que papa et maman montent la tente parce qu'après tout, c'était un boulot de parent. et c'était une affaire de timing, aussi — ren s'en apercevrait plus tard.
elle dit qu'elle ne se souvient pas mais elle se souvient très bien, de la mort de ses parents, du moremplis qui les avalés, dévorés, aspirés, mâchés peut-être, digérés surement. créature vaporeuse, qui glissait dans les airs comme une menace, nuage noir sans tête et sans membres. à travers les planches de bois qui étaient venues se visser magiquement à la fenêtre de leur cuisine, appelées par l'esprit de leur maison, elle devinait des morceaux d'horreur dont elle rêverait beaucoup, par la suite, jamais exactement comme dans la réalité, toujours de manière étrange et changée. elle ne sait pas si katsumi a vu, par les interstices minuscules entre les planches, et elle n'a jamais osé demander. leur maison s'est empressée de fuir, s'est mis à courir sur ses pattes à toute allure, avalant des kilomètres pour s'éloigner desparentscadavres. dans les bras de leur tante, katsu s'est lovée et ren est restée stoïque.
- Spoiler:
- du procès, en revanche, elle ne se souvient de rien — principalement parce que sa tante-mère n'a pas voulu que kastumi et elle y assistent. trop jeunes, trop fragiles, (trop morcelées et proches de la mort). lui reviennent parfois en pleine figure des coupures de journaux, des gros titres un peu mensongers, des murmures curieux. elle peut reconstituer l'histoire d'un air froid, l'air d'affirmer que ça ne la touche pas : un type était fan de sa mère artiste, mais elle était déjà mariée, et heureuse, et mère de famille, il ne pouvait pas l'avoir, ni elle ni son art. l'enquête a mené à cette conclusion précise : le moremplis n'avait aucune raison naturelle de se retrouver là, aucune raison si ce n'est qu'il y avait été placé sciemment. elle n'a rien à en dire et si elle devait représenter la période, elle ne ferait qu'un grand trait sans variation : l'attente. les minutes étaient longues et peinaient à devenir des heures. elle était coupée du monde, ne comprenaient pas ce que les adultes disaient, et ne cherchait d'ailleurs pas à s'accrocher à leurs mots. elle n'arrivait pas à aimer sa nouvelle chambre, ni katsu, ni leur solitude toute récente, ni rien ni personne. elle était fermée et l'est restée, muette capable de hurler — l'ambiance était lourde, il était trop tard.
- Spoiler:
- dans ses plus jeunes années, elle n'était pas jolie — tout le monde s'accordait à le dire. katsumi était mignonne, pétillante, son sourire communicatif et ses grands yeux attiraient les regards qui se détournaient immanquablement de l'ainée. enfant, ren était massive -- très grande, comme une girafe, et très ronde, aussi. on lui disait qu'elle prenait de la place, surtout à l'école, elle n'était pas jolie, même pas correcte, écopait d'un physique dit ingrat. comme si cela ne suffisait pas, elle avait du mal à prendre la parole en public -- fixait ses chaussures, butait sur les mots, parlait pas vagues, tantôt trop fort et tantôt dans un souffle. quelques années de solitude, que katsumi ne voyait pas de cet oeil, dans le confort de sa bulle d'enfant adorée et populaire auprès de ces camarades. il aura fallu attendre l'entrée dans le secondaire pour que la première de classe timorée et trop épaisse ne craque et se métamorphose. À coup de régimes inquiétants (un café noir, sans sucres et sans lait le matin // un blanc de poulet et une patate douce le midi // une soupe ou rien le soir) et de sport-obsession (courir, courir et courir), l'adolescente s'est transformée ; s'est éprise de sa nouvelle platitude, des côtes saillantes qu'elle peut dorénavant compter, du thigh gap naissant qu'elle ne s'autorise à mesurer qu'une fois par semaine, alors même qu'elle voudrait le faire tous les jours. reste quelques traces des années-calvaire : une jalousie tenace à l'égard de son double, une maigreur malsaine, des mots qui refusent de sortir correctement lorsqu'elle s'énerve, une méfiance-haine éternelle envers les jeunes de son âge, qu'elle cache derrière des sourires ravissants et renversants. l'humanité lui doit quelque chose, elle y pense souvent, pour ses parents morts trop tôt et pour les minutes interminables de brimades qui l'ont forcée à changer.
- Spoiler:
- elle a répondu à une petite annonce — c'est tout ce qu'elle a fait. ou plutôt, l'annonce l'a happée, appelée, choisie : elle était affichée sur un tableau, dans un couloir, toute sage, et s'est mise à se débattre comme une forcenée pour se défaire de sa punaise lorsque ren est passée. c'est comme ça qu'elle l'a lue — une proposition d'audition. un type voulait une chanteuse, des guitaristes, quelqu'un à la basse. un type tout seul voulait le monde. elle est venue sans savoir pourquoi, ni dans quoi elle mettait les pieds, ni comment espérer. vortex club, c'est elle qui a trouvé le nom. vortex club, cinq âmes qui n'ont rien à faire ensemble et qui pourtant fonctionnent. un mini album sorti à l'arrache, quasiment auto produit, un truc peu officiel, de la débrouillardise suprême — et boom, vlan, toutes sortes d'onomatopées, une porte dans la figure, un bain d'eau glacée, ils étaient célèbres. comme ça, d'un coup, d'un seul. l'ascension a été fulgurante, leur nom sur toutes les bouches de mahoutokoro, leurs musiques dans nombre de téléphones sorciers. elle ne s'attendait pas à entendre sa voix partout. sensation des réseaux sociaux, idoles de la nouvelle génération, le vortex club est adulé mais le vortex club est aussi terriblement démuni : miné de l'intérieur, endroit de guerres intestines, jalousies mal assumées, répétitions acharnées. tant de succès qu'ils sont au bord de la rupture, de l'au-revoir, du point de non retour.
c'est presque quotidiennement qu'elle reçoit des messages sur instagram -- tu es si jolie, ça te dirait de boire un café avec moi ? sa nouvelle popularité n'a d'égal que le nombre affriolant de ses followers. le regard qu'on lui porte est neuf, fasciné, elle s'en repait comme un animal affamé, attention whore happée par le système. on la pense souvent stupide, comme si beauté et intelligence n'allaient jamais de pair -- elle ne cherche pas à démentir et se contente de travailler ses cours à s'en rendre malade lorsqu'on ne la voit pas. au fond d'elle se terre encore l'enfant brillante qui s'ignore, supplantée par les fêtes où elle trône en reine, son éternel saké rouge à la main.
(chrono mise à jour le 6 mai)