neon gravestones,, (reyn)

neon gravestones
try to call for my bones

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]9mai. meruem n’est pas un habitué de ce genre d’endroit ; ceux où la musique est semblable à un bruit ambiant et où la chaleur colle à l’épiderme à la façon d’une seconde peau. il les évite, en général, de peur de se laisser amadouer par l’envie de décrocher, d’abandonner de sa conscience pour un état plus euphorique - moins mortellement mourant. ce serait la décision facile, celle qui lui vaudrait se de damner à tout jamais alors que son frère se démène pour tenter de lui offrir une solution viable.

(il ne connaissait pas lua autrement qu’à travers les récits de reyn, mais son décès avait ébranlé quelque chose de terrible en lui – l’impatience de savoir que l’ami le plus proche de la défunte demeurait en sécurité, à l’abri de toute bêtise précipitée, et entouré. parce que hawkins est un être loyal, qui s’était montré présent comme nul autre lorsque ruem avait eu le plus besoin de soutien. la décision d’arrêter son traitement n’avait pas été simple – aujourd’hui encore, elle pesait sur ses épaules comme une épée de damoclès, alors que la douleur, elle, ne s’évanouissait jamais tout-à-fait.)

au travers des corps englués il aperçoit une porte baignant dans les jets de lumières multicolores, entachée de couleurs fluorescentes, et il se faufile jusqu’à elle. au même moment, il manque de se la prendre en pleine face, interroge silencieusement d’un sourcil relevé la personne à l’origine de sa presque perte de conscience. elle lui soupire à la face, traits tendus et carrure figée : elle est énervée. « t’es là pour reyn ? je te le laisse, j’abandonne - ce mec est un connard. » ruem n’arrive pas à remettre un nom sur le visage qui lui est présenté, mais ce n’est pas important. son corps s’écarte pour dégager l’accès, et il pénètre dans la pièce à son tour, flash d’une lumière plus naturelle à laquelle ses prunelles doivent s’habituer.

immédiatement, le brouhaha extérieur est atténué mais une odeur impitoyable vient empoisonner ses narines, si bien qu’il a besoin, un temps, de les protéger de l’agression à l’aide de la manche de son sweat. ses yeux parcourent le bordel de l’endroit, et ses émotions s’emballent à l’idée de savoir son ami livré à lui-même dans un tel foutoir. « reyn ? » il tente, mais l’appel demeure sans réponse. sa voix trahit presque son inquiétude et, en parallèle, sa godasse shoote dans une bouteille à moitié vide, qui renverse le reste de son contenu au sol. « fuckin’ shit. » ruem dissimule les dégâts, et dépose le déchet de verre sur la table basse. finalement, il aperçoit la carcasse du denki : elle est avachie contre l'un des murs d'une salle de bain rétrécie, à moitié éclairée de la seule lueur de ce salon improvisé. le tolkien arrive jusqu’à lui avec prudence, laisse l’ombre de sa silhouette recouvrir une partie de l’éclairage jaune-délavé qui peint ses jambes pour annoncer sa présence. « hey. it's ruem. » son cœur se tort lorsque son regard se cogne au sien. il n’y découvre qu’une immense douleur. « you shouldn’t be alone like this in the dark. » pas à cet instant. meruem n’a pas peur de reyn, mais doute de la façon la plus judicieuse de s’y prendre pour lui laisser l’espace dont il a besoin pour guérir tout en restant à ses côtés ; sans le faire souffrir davantage. sans un bruit, il vient jusqu’à lui, squelette replié de sorte à être au même niveau que ses pupilles embrumées. « do you need anything ? water, food ? » il chuchote avec un ton apaisé, tandis que sa main vient se poser sur son épaule. « human warmth ? » ruem se sent un peu berlioz en proposant une étreinte de cette manière – mais son attention reste focus sur la détresse de reyn.

neon gravestones
try to call for my bones

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]9mai. La bête sauvage s’en prenait à son gardien ce soir. Animal en cage qu’on ne pouvait laisser seul de peur qu’il ne fasse une connerie. C’était pour son bien qu’ils disaient mais Reyn n’était pas dupe, ils faisaient ça pour se rassurer. Pour ne pas avoir une nouvelle perte sur la conscience s’il venait à céder à cette envie de la retrouver. Lua. Il n’avait pas réussi à voir sa dépouille partir en fumée, avait fui sans jamais se retourner. Et depuis que Julian et Freddie avaient ouvert les valves de ses canaux lacrymaux en le retrouvant la nuit tombée, Hawkins n’avait fait d’inonder l’endroit. Avant de sombrer, terrassé par la fatigue, délivré de la réalité pendant quelques heures. Jusqu’au réveil. Gone. La vérité s’était réimposée à sa juste place, quelque part où aurait dû se trouver son myocarde. Et le denki n’avait fait qu’essayer de la faire taire. Un verre, puis un deuxième, avant de servir à même la bouteille tandis que ses mains s’occupaient pour chasser ses pensées noires, sans succès. Il ne supportait plus de voir ses affaires, les leurs, tout ce qui la lui rappelait dans une incessante litanie. Alors il s’était mis dans la tête de tout empaqueter, demander à Sherry de venir chercher les cartons, retourner son appartement. En pensant faire de l’ordre, il n’avait engendré que chaos. Dans sa tête, dans sa poitrine, à même sa langue qui sifflait des insultes à celui qui l’avait pris en pitié et avait tenté de l’aider.

Ce n’est qu’après son départ qu’il respire un peu mieux Hawkins. Trouvant même la force de se trainer dans la salle de bain pour vomir son poison. Tête qui finit dans l’évier une fois ses dents lavées. Il reste de longues secondes sous l’eau glacée pour tenter d’y voir plus clair mais récolte l’exact contraire. Alors Reyn s’extrait à la morsure du froid uniquement pour mieux se laisser choir contre le mur. Lumière éteinte d’un coup de chaussure contre l’interrupteur récolte un rire dépourvu de chaleur. Le temps passe mais la carcasse ne bouge pas. Quelque part entre sonnée et anesthésiée, regard perdu dans le vide. Ca tourne mais pas assez pour le rendre malade à nouveau. Alors les paupières ne se ferment pas, redoutant d’invoquer l’image du corps de Lua. What now ? Qu’il se demande sans savoir comment y répondre. Il s’obstine donc à rester où il est, espérant que la réponse vienne le cueillir sans qu’il n’ait à la quérir en faisant fonctionner ses méninges. Incapable de faire quoi que ce soit d’autre que subir chaque minute de chaque instant dans un ballet interminable. Il ne fait que revivre le passé, le ressasse à travers un prisme sombre tâchant chaque souvenir de la marque indélébile du deuil. It should have been me. Parce qu’il rendait tout si laid, n’avait fait que gâcher le peu de choses qu’il avait tenté de rendre un tant soit peu belles.

Il n’entend pas Meruem arriver, imperméable à tout ce qui se trouvait en dehors de cette bulle de malheur qu’il s’était créé. Ou qu’on lui avait imposé, qui sait. La chose qu’il réalise avec ironie, c’est qu’il n’y voit pas aussi bien qu’il le devrait mais c’est sûrement l’alcool qui parcourt encore ses veines. Jusqu’à ce qu’une voix familière le détrompe et qu’il n’hallucine ce qu’il veut bien entendre cette dernière lui énoncer. Here I am. Les deux billes sombres rougies et gonflées par le chagrin trouvent celles du Tolkien. « You came. » Évidence lâchée avec calme tandis que l’espoir (illusoire) comprime sa cage thoracique d’un mélange de soulagement et de bonheur. La dernière lui est si étrangère qu’il culpabilise presque de s’y cramponner avec autant d’ardeur. Mais comment faire autrement alors qu’il peut l’observer de tout son saoul sans penser le rêver. Ses doigts se lèvent pour le toucher mais retombent lorsque les questions chargées d’inquiétude fusent. Tête secouée avec lenteur pour répondre à la première et plus vigoureusement hochée lorsqu’arrive la dernière. Parce que sa main sur son épaule n’est pas suffisante, ne fait naître qu’un besoin insatiable de plus de contact encore. « I’m so sorry. » Qu’il s’excuse dès que l’autre l’étreint. Et les mots maladroits s’enchainent pêle-mêle, trop longtemps contenus depuis cette nuit où il n’avait pas su le retenir. « I didn’t want to... » Balbutié à même son oreille. « I didn’t meant to… » hurt you mais la boule dans sa gorge l’empêche de finir correctement sa phrase. « …with Nuri, t’was a mistake. » Charabia incompréhensible suit la confession et vient meubler le silence. Il croit s’expliquer, tente de se faire pardonner, de lui dire qu’il n’a jamais autant eu besoin de lui qu’à cet instant précis de sa médiocre existence mais les syllabes se mélangent. Et quelque chose n’est pas comme il devrait l’être. Son odeur ou la façon dont il l’étreint, ça le déstabilise, incite à la confusion, le force à faire plus attention à tous ces détails lui indiquant que ce n’est pas Berlioz mais bien Meruem qu’il a en face. Et c’est sans doute ça le pire, de réaliser qu’il a encore tout foiré, qu’il ne reviendra pas, que les sanglots l’agitent à nouveau sans qu’il ne parvienne à les réprimer. Alors il s’accroche à Meruem pour tenter de les cacher, se sent foutrement reconnaissant qu’il soit venu le trouver.

neon gravestones
try to call for my bones

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]9mai. il existe quelque chose d’étrange, dans la façon dont s’éclaircit brièvement le visage de reyn à son arrivée. c’est une subtilité que meruem ne saisit pas, pas tout de suite, parce que hawkins est de ceux qui les ont vu grandir - qui savent les différencier, attribuant des spécificités à chacun des jumeaux pour ne pas les mélanger. alors il est tout bonnement inconcevable qu’il puisse se tromper, qu’il puisse les confondre, même au travers d’une pénombre désagréable où les formes se combinent pour exposer un mur opaque ; erreur-blessure qui n’a jamais cessé d’abîmer les deux copies lorsqu’elle est évoquée comme une plaisanterie de mauvais goût. mais le soulagement qui semble réparer les traits déchirés par la fatigue de l’endeuillé le force à garder son questionnement pour lui-même, de peur d’ajouter une couche non nécessaire à la peine immense qui pèse déjà sur ses épaules.

ses bras l’entourent d’un voile de protection alors que son menton s’appose avec douceur sur le sommet de son crâne. oh, meruem se sent impuissant ; gorge serrée de le voir aussi démuni, touché en plein cœur par un désastre que personne ne peut rétracter même avec toute la volonté qu’il pourrait y mettre. « don’t be sorry, it’s not your fault. » explique-t-il en un murmure étranglé, de façon à chasser les maux qui l’empoisonnent à coup de tendresse. et les paroles qui s’échappent ne paraissent pas vouloir suivre un cheminement logique, s’entremêlent pour former quelques balbutiements incohérents. froncement de sourcils du cracmol, ses mains qui glissent de haut en bas dans son dos contredisent son état d’esprit ((son cerveau est en ébullition, cherche la véritable cause de son tourment)). « it’s okay. calm down reyn. » sa voix se teinte de velours, vise à rassurer l’animal effrayé logé au creux de son cou. peut-être parce qu’il possède la certitude que ce n’est pas aussi important que la situation actuelle, que rien ne peut rivaliser avec la gravité du deuil - de la perte d’un être cher, aimé.

((car s’il est étranger à la douleur ressentie lorsque la vie nous arrache quelqu’un, il goûte chaque seconde l’amertume que la culpabilité procure lorsque l’on répand la mort.))

l’évocation de sa jumelle ne cesse de créer d’autres questions auxquelles il n’a aucune réponse. mais ça non plus, ce n’est pas important. ce qui est important se trouve sous ses yeux, recroquevillé en une boule contre son sweat, étouffé sous des sanglots qui ne semblent pas vouloir prendre fin. et s’il le laisse évacuer un temps la pression qui pèse sur son palpitant, ses pleurs se brisent en bouffées d’air saccadées et douloureuses. ruem finit par s’écarter un peu pour lui laisser de l’espace mais s’empare aussitôt de sa main pour conserver un contact, de peur de le voir paniquer davantage à l’idée de se retrouver seul à nouveau. « hey listen to me rey’. you have to breathe normally or you’re going to make a panic attack. » supernova d’angoisses imbriquées, ruem la sent pointer le bout de son nez en un frisson glacial le long de sa propre échine. « try to focus on my voice okay ? in- » et il inspire avec lui, atomes d’air qui remplissent ses poumons tandis que sa seconde main revient parcourir son dos en quelques caresses apaisantes. « out. that’s it. in, out. you’re so good at this i’m freakin jealous. » sa tentative pour tirer un sourire - aussi maigre soit-il - au hawkins s’avère payante, et le tolkien observe victorieusement ses lippes s’étendre le temps d’une éclipse.

les minutes s’allongent, durant lesquelles il continue de l’occuper jusqu’à ce qu’il perçoive un silence égal à celui qui régnait à son entrée. la nécessité de le briser d’une manière ou d’une autre est une perspective pétrifiante, probablement parce que meruem n’a jamais été à l’aise pour ce genre de discussion. « do you wanna talk about it ? » la tension revient hanter sa carcasse et aussitôt meruem regrette d’avoir mis les pieds dans le plat. vite, il se rattrape. « you don’t have to if you don’t feel like. dans tous les cas je suis sûr qu’il reviendra okay ? il est incapable de vivre sans toi. » et c’est cette fois-ci une vérité immuable, ancrée à même la peau de berlioz comme un tatouage permanent. d’un mouvement de menton, il lui indique la pièce adjacente, capharnaüm de souvenirs et de bouteilles vides. « what were you doing ? want some help ? »

neon gravestones
try to call for my bones

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]9mai. Il se sent coupable de tous les maux du monde Reyn. En trouve continuellement de nouveaux à rajouter à la liste. passion douleur, reflexe tout sauf salvateur. Alors Meruem a beau lui dire que ce n’est pas sa faute, il n’en croit rien. Parce qu’il le réduirait en charpie s’il savait, ce serait foutrement mérité et signerait sans doute la fin de leur amitié. Et c’est tout ce qui le retient de tout à fait sombrer en ce début de soirée. Savoir qu’il est venu le trouver, l’apaiser, le consoler. Rôles inversés, vieux cabossé soulageant son contrepoids récemment brisé.

Ils ne réalisaient pas vraiment les autres, ce lien discret mais vibrant les unissant. Hawkins qui n’avait jamais eu peur de le soutenir dans ses décisions crève-cœur malgré les fortes oppositions du reste de sa fratrie. Hawkins qui en avait eu marre de le voir souffrir à en crever, trouvant sensé qu’il puisse dire stop lorsqu’il s’agissait de sa santé. Il ne comptait plus les fois où il avait forcé Meruem à monter sur son dos pour sortir de la torpeur de ses draps. Où c’étaient ses mains à lui qui caressaient son dos en espérant le calmer, mort d’inquiétude et luttant pour le cacher.

Pour la première fois, c’est lui qui s’abandonne entièrement aux soins du Tolkien. Il s’autorise à craquer jusqu’à s’en fissurer l’âme car ce ne sera pas irréversible. Parce qu’il est là et ne bougera pas jusqu’à le sortir de son mal-être, conviction si tangible qu’elle vient à palpiter dans chacune de ses veines. Tout ce qu’il a réussi à mettre en digue explose par vagues qui ne semblent discontinuer. Larmes attestant le manque et la culpabilité qui étouffent le sorcier. Sanglots effrayés d’un gamin qui fait face aux réalités de la vie : la première étant que personne n’est éternel. Qu’il veut bien laisser partir ou s’en aller mais qu’il lui est difficile d’accepter les fins définitives. Là où on cesse d’être, où les possibles s’achèvent. Et ça le terrorise, de savoir qu’il n’y aura plus rien pour Lua, que son existence s’est achevée quelques dizaines d’années à peine après avoir commencé. Et ça le dévore tout entier, de savoir qu’il y est pour quelque chose, qu’il l’a entrainée tout droit à sa perte sans même comprendre qu’il aurait dû l’en sauver.

Cage thoracique qui s’agite et se comprime à la fois, c’est saccadé, douloureux, incontrôlable, terrifiant. Ca ne lui était arrivé qu’une fois, enfant, enfermé dans une malle au fond du grenier.

Meruem s’écarte mais sa main s’attarde, il l’attrape avec la force du désespoir comme le ferait un homme sur le point de se noyer face à une bouée. Ses mises en garde sonnent comme de lointains échos. Il les perçoit néanmoins suffisamment pour river ses yeux écarquillés dans l’alarme des siens. Obligé de suivre ses conseils pour chasser la panique, il inspire avec lui. Essaie du moins. C’est foutrement pathétique, à son image. Une vilaine petite chose qui avait tristement perdu pied et se satisfaisait de quelques caresses sur l’échine dont la tendresse calmait ses tremblements. Chaque attention a l’effet d’un baume et il se surprend même à esquisser l’ombre d’un sourire devant ses traits d’humour.

Et les minutes passent, s’étirent, mais ne sont plus subies. La douce mélodie du silence couvrant enfin la cacophonie produite par sa quête d’oxygène.

Alors non, il ne veut pas en parler, s’en trouve même complètement incapable. Trop vulnérable pour mettre des mots sur ce qu’il comprend à peine ressentir. Muscles serrés par reflexe, silhouette fatiguée mais enfin alerte. Tête hochée pour ne pas avoir à penser ou à évoquer Berlioz. Il a soudainement honte d’avoir cru que son retour panserait tout, de l’avoir souhaité si fort et déchanté plus fortement encore en réalisant qu’il n’en était rien.

« I can’t stand to be around her things anymore. » Murmure rauque lâché pour éviter les pupilles inquisitrices du cracmol. « Everything reminds me of her. » Il ne fait qu’énoncer l’évidence pour une raison qui lui échappe. Alors Reyn se relève, péniblement, en s’appuyant sans doute un peu trop sur Meruem. Pas besoin de lui faire signe de le suivre tandis qu’il retrouve la lumière aveuglante de la pièce principale en titubant légèrement. Cartons délogés d’une poussée du pied instable alors qu’il les conduit vers le canapé où il finit par s’échouer. Ses doigts agités par des soubresauts fantômes parviennent à allumer l’un de ses joints pré-roulés. Anesthésiant naturel qui prendra la relève de l’alcool pour le reste de sa nuit. « Thanks. » Et il en restera là, ne détaillera pas plus tout ce qu’il a sur le cœur parce que ça lui en a déjà suffisamment coûté de parvenir à le lui offrir. Il ne le fait pas assez ces temps, l’oublie trop souvent.

Les bouffées se suivent, brûlent les poumons mais apaisent la carcasse redevenue perchoir d’un lutin parti se réfugier ailleurs pour ne pas subir les états d’âme du denki. Démon miniature se cramponnant aux mèches de l’Américain en détaillant les traits du Tolkien. « You know him. » Qu’il offre en guise d’explications à la creature. « But don’t get too attached ‘cause he’ll leave us like Lua at some point. » Et il ne réalise même pas qu’il renfile son costume de connard fini sans même en ressentir l’envie. Parce que ça le frappe soudainement. Cette évidence. Le fait qu’il existe peut-être un remède quelque part dont Meruem a décidé de se priver. La possibilité qu’il puisse être soigné pour s’éviter une fin prématurée. « He could be cured but he’d rather die and leave us all mourning the loss of him. » Il n’a pas le courage de le regarder en face et de lui avouer qu’il est terrifié à l’idée qu’il lui soit enlevé lui aussi. Mieux vaut récolter la tempête en semant des indices maladroits. Oh il n’est pas vraiment lui-même Reyn, simple marionnette d’émotions abjectes qu’il ne sait maitriser. Ouragan de peine qui balaie tout sur son passage sans pouvoir s’arrêter.

neon gravestones
try to call for my bones

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]9mai. « i understand. » il essaie du mieux qu’il le peut, en tout cas ; parce que ce n’est pas une peine que l’on peut se contenter d'imaginer. de ses iris, il suit le hawkins se relever, vacillant de substances qui ne le rendent que plus fragile encore. meruem souhaiterait lui prêter le peu de force qu’il possède, dans l’espoir de l’apaiser de quelques poids douloureux. la lumière de la pièce principale accueille bientôt leurs deux carcasses, et le cracmol s’arrête brièvement dans l’encadrure de la porte, bras croisés ; la scène paraît se rejouer dans sa tête, comme si l’instant passé demeurait bloqué dans un coin de l’espace temps, hors des limites imaginables. « you don’t have to thank me. » affirme-t-il, et sa voix ne tremble pas, possède l’assurance de la vérité. si les rôles avaient été inversés, reyn aurait assurément été présent pour lui, à lui offrir une épaule solide sur laquelle déverser son chagrin. « i’ll always be there for you, okay ? » ce n’est pas réellement une question, et ruem n’attend aucune réponse.

un moment, l’ataraxie règne - silence qui se fait plus curatif que toute autre parole. la respiration de reyn et les pas de ruem sont les uniques bruits perceptibles, et il semble au second que l’endeuillé en a terriblement besoin. sans jugement aucun, ses yeux traînent sur les artefacts dispersés un peu partout ; sur un bouquin étalé au sol, qu’il ramasse après avoir manqué de marcher dessus. il s’applique à remettre un peu d’ordre dans la piaule du fils des éclairs, superpose les bouteilles dans ses bras avant de les déposer au fond d’un carton vide - il le descendra plus tard, quand reyn voudra de nouveau se retrouver seul probablement.

soudain, son attention est captée par les voltiges de la créature miniature ; elle vient se percher au sommet du crâne de son propriétaire, et les membres de meruem semblent relâcher un peu de leur pression. ses lèvres esquissent un sourire. « you should keep an eye on him, luci. » plaisanterie à peine voilée par son timbre inquiet ; il voudrait toujours pouvoir le faire lui-même, mais c’est impossible. et d’un coup, ça tranche - et meruem ne bouge plus, articulations bloquées par la stupeur. « what did you say ? » ses sourcils se froncent sous l’incompréhension, et le revirement de situation est si précipité que le tolkien préfère mettre ça sur le compte du chagrin. il ne sait pas ce qu’il dit, au mieux - il veut me faire partir, au pire. pourtant ça enfle, en-dessous, rage si profondément enfouie ((et tant alimentée)) qu’elle n’attend qu’un éclat pour prendre feu. pour tout carboniser sur son passage. mais reyn tient à envoyer valser le bon sens et renchérit. la mâchoire de ruem est serrée si fort qu’il s’attend à la sentir se briser, et ses ongles s’enfoncent dans ses paumes. « that’s the moment when you ask me to forgive you. » les yeux sont humides, implorants - il n’a pas le droit de le lâcher maintenant, de cracher sur un soutien qui lui a tant apporté et de revenir sur des paroles comme si elles ne valaient rien ; quelques grammes de mensonge tout au plus.

neon gravestones
try to call for my bones

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]9mai. Lui-même n’est pas sûr de ce qu’il vient d’énoncer, le regrette même déjà un peu dès la barrière de ses lèvres passées. L’attaque autant gratuite que cynique n’en revêt pas moins un fond de vérité pourtant. Il le réalise après un contretemps, enregistrant enfin l’effet que ses mots avaient eu sur Meruem lorsqu’il lui conseille de s’excuser. Mais Reyn n’a qu’un rire triste à lui offrir, un carillon de poignards dans le cœur, quelque chose de désagréable et dépourvu de bonheur.

Il sait pertinemment qu’il devrait retirer ce qu’il vient de dire, essayer de se faire pardonner d’avoir mal formulé la peur de voir un autre être cher lui être arraché. Mais il n’en a tout simplement pas la force, préfère la haine à la pitié, voudrait soudainement se retrouver seul pour ne pas devoir remuer le couteau dans la plaie.

Alors il prend son temps Hawkins, tire sur son joint comme pour contempler les possibilités qui s’offrent à lui. Le silence ne fait qu’enfler la tension dans la pièce, il peut presque la sentir lui chatouiller la nuque mais décide de l’ignorer. « Will they ever forgive you for giving up? » Qu’il demande dans un souffle qui claque pourtant comme un éclair dans l’atmosphère. Le tonnerre s’apprête à gronder, il connaît trop bien Meruem pour savoir exactement où viser et comment taper.

Et parce qu’il n’aspire qu’à être puni, il enchaine, se lève même dans la foulée pour se forcer à le détailler. « Better a dead selfish coward than a living caring brother. Is that it? » Question rhétorique suintant le poison qu’il oubliait posséder. Et il n’a jamais été plus proche de son patronyme qu’en cet instant, blessant un allié pour asseoir une prétendue supériorité. Parce qu’il a cet air suffisant peint sur les traits le denki, le jugement au bord des cils, la déception au coin d’un sourire railleur.

Luci s’envole, sentant son maître figurativement coiffé d’une autre couronne, celle portée par les Hawkins en société. Mais cette dernière vacille lorsque le poing tombe. Et il en éclate de rire le sorcier, pourrait se mettre à genoux pour le remercier d’avoir enfin daigné lui offrir cette douleur méritée. La boîte crânienne pulse pour encaisser le coup à la mâchoire, il regrette presque qu’il n’y soit pas allé plus fort pour embrasser le ko technique.

« Get the fuck out. » Craché avec peine afin qu’il accède à sa (re)quête muette de solitude. Reyn ne voulait pas qu’on s’occupe de lui ou s’inquiète de son état. Il aspirait simplement à ce que les autres réalisent ce qu’il savait déjà : i’m not worth it. Même s’il s’en veut de le blesser pour qu’il le comprenne, le lui prouver avait été la seule échappatoire qu’il avait trouvé. « Now. » Qu’il prenne la porte et l’oublie Meruem, il n’en valait pas la peine. Qu’il s’en aille et ne se détourne pas, rien de bon ne résultera du contraire. Ce soir, il y avait rien d’autre à faire que lui donner du temps et de l’espace, espérer que ça passe.