ghost in the night.

ghost in the night
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une de ces nuits. solitaires, maussades. larmes qu’on a balayé de la main, les sourcils froncés face au miroir et le vide dans le cœur. il l’applique minutieusement, ce trait qui soulève son regard. ce noir qui habille ses cils d’un charme différent. il ne peut plus pleurer maintenant. ça ruinerait tout. y a ce rouge agressif qui parsème ses lippes (pulpeuses, brillantes) – comme un besoin viscéral de les nouer avec celles d’un autre. parce que ce soir les failles déchirent la peau ; et le manque a des allures de noyade. il le cache derrière ce sourire faux, qui se moque de lui dans le reflet. tu es beau noriko, qu’il lui dit. c’est ce qu’ils lui répètent. ses amis. ses soupires éphémères. tu es si beau. si gentil et intelligent. - alors pourquoi tu es si seul noriko. le verre est descendu pour la faire taire. et son regard se pose sur ses traits, se demande ce qu’ils vont penser de lui, les garçons de là-bas. est-ce qu’ils y liront le désespoir ? la tristesse ? est-ce qu’ils ne prêteront attention qu’à sa lumière, le piège de ses sourires ? peut-être même qu’ils s’arrêterons là, à l’invitation évidente de passion à travers sa débauche. ça serait pour le mieux, réconfort silencieux qui ne tient aucune promesse. (que de la déception). il la glisse elle non pas dans ses cheveux, à l’accoutumance. mais sous sa manche, maintenue par une bande élastique. au cas où. il a déjà commencé à boire, et le précédent shot sera probablement loin d’être le dernier. il y a des risques. il est tout seul noriko, lorsqu’il arrive là-bas. pas le cœur à partager ça avec quiconque, pas même les âmes les plus intimement liées à la sienne – son secret et la honte. juste l’envie de se perdre là, au cœur des basses, et des regards intimes qu’il sent caresser sa peau d’envie. rares sont les fois où noriko se retrouve comme ça – si faussement confiant, si ouvertement audacieux. y a ce pantalon en vinyle qui colle sa peau, révèle les formes qu’on cache habituellement de surplus. des aspects de peau qu’on peut dessiner du regard à travers le chemisier légèrement transparent de part et d'autre. ça lui ressemble si peu. peut-être même qu’ils trouveront ça drôle. un costume de clown pour l’idiot qu’il est. pourtant ça lui suffit à gonfler l’égo qu’il n’a pas. il est désirable. et il le sait. peut le lire dans le regard de certains, comme l’homme qu’il croise passé l’entrée, affaissé dans la banquette et la discrétion mince. il sait son attention sur lui, constamment. chanson après chanson. même lorsque la sueur se collecte finement contre son front et que l’haleine se fait plus courte. il ne lui rend pas. (bêtement, noriko assume que c’est lui, lorsque des mains se posent fièrement contre ses hanches.)

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y a quelque chose qui cloche. c’est la réflexion qui hante, qui fait battre le cœur aussi violemment que les basses en ricochet contre l’épiderme. ça se sent dans la manière dont il le touche – bref, à peine perceptible. noriko la sent, la seconde d’hésitation. celle en apostrophe qui retombe en point, la seconde où sa danse repart sur la pointe des pieds contre l’étendue de son cou. peut-être que c’est la timidité tout simplement. le recul face à une situation qui frappe parfois quand il est déjà trop tard, et qu’on a déjà agi impulsivement. quelque part noriko s’attend même à ce qu’il devienne fantôme, avec les pas qui finiraient par les séparer infiniment. pourtant il le sent, ses doigts comme une touche familière, comme un mirage à l'allure de cauchemar. il y a des démons sur son épaule, au creux de l’estomac. (- un rappel, un mauvais souvenir.) et le sourire a plus l'air d'une grimace, sentiment d’oppression quand il pense le serpent prêt à l’étouffer. il ne veut pas repenser à lui, pas ce soir, pas demain, plus jamais. parce qu'il n'y a pas de place, pas de monde dans lequel sa touche ne disparaîtrait pas avec la brume du matin. tu ne peux pas vivre avec des fantômes noriko. tu ne peux plus. il s’attend à goûter à la perdition au creux de ses lèvres. peut-être même qu’il se sentirai pousser des ailes, assez pour ôter chaque couche de peau jusqu’à ne laisser que des os, qu’il toucherait du bout des doigt pour lui faire oublier. toutes les choses qu’il a perdu. tous les vestiges qui pourrissent encore de l’intérieur. des citées toutes entières, à l’abandon pour ces âmes déchues qu’on ne sait pas éteindre. minato. yuji. - comme si tourner la page, ça les effacerait une fois pour toute et pour de bon. il s’attend à gouter à la perdition au creux de ses lèvres. pourtant il n’y voit qu’un cauchemar. et noriko a envie de pleurer.  
le corps rigide, le cœur brisé. il le regarde simplement. dépourvu de mots, dépourvu de tout. il croirait à une illusion. peut-être même que quelqu’un a pu droguer son verre. ça serait plus probable. tout le serait. pourtant il a l’air si réel - lui, son toucher. sa voix. failles cachées qui craquèlent, ses doigts enfoncés profondément dans la plaie qui peine à se refermer. et son regard l’abandonne, pour se perdre dans l’infinité du néant. le sentiment est amer. - car si on lui avait dit le revoir, noriko se serait pensé artifice : exploser pour lui, dans la joie et la célébration. parce qu’il a passé tant de temps, à prier ce jour. espérer pouvoir ressentir ses touches, entendre sa voix, l’avoir à ses côtés. peut-être qu’il est trop tard pour ça désormais. - il aimerait pouvoir être heureux. même en colère. « I’m going to get going i guess » murmure-t-il, à peine audible. au lieu de prendre minato dans ses bras, ce sont les siens qui l’embrassent.  

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ça a son lot de douleur. déchirures qu’il sentirait presque, une par une, s’étirer jusqu’à cette peine que noriko appellerait peut-être la pire au monde. celle de perdre un proche. yuji, il lui a déjà fait vivre ça. manque constant auquel il sait à peine palier. plaie ouverte pour le monde à ausculter, comme une petite chose misérable à plaindre. c’est son défaut à noriko. sa perte dans ce bas monde. d’aimer au point de s’en perdre. s’en rendre inconsolable. et ça le déchire. réaliser l’étrangeté et l’inconfort, lorsque ses yeux se posent sur lui. déteste cette part de lui-même qui aurait presque peur de lui. du ton dans sa voix. - celle qui avait habitude de porter tant de chaleur et de réconfort, dans l’euphorie de ses souvenirs. il a changé minato. et noriko suppose qu’il a changé également. ils n’étaient pas comme ça. avant. il aimerait porter de nouveau ces sourires solaires comme ça lui arrivait là-bas, près du port. rire de l’intérieur comme il lui avait si bien appris, dans le plus calme des mondes. une magie qui lui est propre, imprononçable. pourtant ce qui reste c’est l’écho de sa voix. les répercutions d’angoisse jusqu’au fond du ventre, à l’idée qu’il sache. il ne lui répond pas. une part de lui en meurt d’envie. d’éclater en morceaux. tout déballer et lui crier à quel point il ne mérite pas de lui adresser la parole, ne mérite même pas une seconde de son temps. pas quand c’est lui qui est parti sans rien dire. sans aucune considération. il lui tourne le dos, passe finalement les corps innocents pour s’extirper de là, rejoindre le comptoir. noriko n’a pas besoin de ce verre de trop. il en a déjà trop descendu. l’envie lui ronge la peau – les ongles agressifs contre la surface de ses doigts. maigre tentative de penser à autre chose. calmer la colère qui menace de déborder avec les flots volcaniques. il ne pleurerait pas pour lui. pas devant lui. seul le silence peut savoir, admirer ses chutes sans fins. les minutes passent. et passent. la poigne probablement trop serrée contre la paroi de verre. et l’écho de sa voix l’irrite. il l’entend, comme un bruit parasite - pourtant si muet comme la mort, à quelques pas de là. à le narguer, continuer d’enfoncer la lame, plus profond encore dans la plaie qu’il a ouverte d’un revers sec. c’est impulsif. trop pour lui et le calme usuel qui l’habite. pourtant le geste part, et les vagues ne sont plus tempêtes au creux de son verre – mais bien dans les yeux de minato, perdu en mer.

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le sourire est narquois. étranger sur son minois - frêle, d’habitude plus doux, parfois même angélique. elle est plongée là, la colère ; dans une crevasse de ses lippes qui moqueraient la lame reposant contre son cou. comme un rire d’amertume. peut-être de trahison. « oh sorry did i make a mess ? » ça se lit dans les abysses de ses yeux, la manière dont ses sourcils restent figés là, courbés de détermination. - les battements contre sa poitrine trahissent de son réel sentiment, ce sont les seuls. son regard détaille la poigne sévère qu’il maintient contre le manche. familiarité à la vue de la dague qui plante davantage de regrets. il est rapide noriko, à dégainer de sa manche sa jumelle. - la porte discrètement en face de lui, la pointe contre son flanc. « take that shit away from me. you think karma hiting you back is a bother ? you think that’s a pain in the ass ? » sa voix est grave, contrôlée même, au-delà des urgences impulsives. ça le répugne. il le répugne. de son égo aveugle, sa facilité à accumuler les déceptions. il n’a pas l’air de réaliser. noriko préférerait ce cas scénario. blâmer l’ignorance, la bêtise. plutôt que croire que malgré tout, malgré le fait qu’il soit parti, il soit capable de faire ça. se tenir grand, propre, arrogant face à lui. parce que noriko, ce n’est pas ces pourritures des quartiers. pas ces hommes qui mériteraient parfois la mort. ni même de ceux, qui feraient quoi que ce soit pour lui faire du mal. noriko est persuadé de ça - de l’injustice. d’être l’idiot de service. trop bête pour avoir cru être différent. mériter mieux que le minato qu’il sait impitoyable, le revers d’une justice non rendue. (« you don’t deserve to feel anger right now. you don’t. ») - il ne peut s’empêcher d’être déçu. peut-être même qu’il préférerait ne pas l’avoir revu.  

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ça se passe vite. si vite que le feu est coupé court. pas le temps de renchérir, se perdre davantage dans leurs élans de démonstration. plus que la fraicheur de la nuit noire comme contraste, la lune là, pour juger de son pitoyable état. peut-être que c’est ainsi, qu’il hait le rouge. toute la passion et la destruction qui semble l’habiter en collision avec le possesseur de la flame. c’était déjà comme ça, avant. un spectacle opposants les éléments. pourtant tous les deux réunis là, dans l’enfer. - et toujours ce même démon, qui semble réveiller des parts de son être qui ne savent exister sans lui. puissant magicien. peut-être même un dieu. noriko pourrait y croire. comme il croit au poids de la protection qui pèse autour de son cou. (on lui a toujours répéter de rester loin de l’obscurité. on ne lui a jamais dit que la déchéance pouvait être si attirante.) sa poigne se renferme autour de la croix, le regard posé sur lui. il l’admire, le détaille ranger la dague. pourtant hésite à faire de même. noriko la garde au creux de sa paume, la retourne, encore et encore. « you’re in no place to speak about maturity. you left like the biggest douchebag on planet earth. » peut-être que c’est la lune, le froid contre les parcelles de peau dénudées qui dérobent ce soupire lourd, qu’il ne savait bloquer là, à l’intérieur. il enfile sa veste, comme un retour à la réalité. plus de beauté, d’étincelles de magie superficielle à faire virevolter. que la solitude, noriko à la case départ. il croise le tissu fort contre sa poitrine avec ses bras, comme si se renfermer le réchaufferait. (une part de lui prie, pour ses touches libératrices).
y a rien qui le retient. il devrait partir, rentrer au dortoir. tenter d’oublier, et dormir. se concentrer sur la montagne de papiers qui l’attend demain. s’inquiéter des examens à venir. de l’avancer de sa thèse. anticiper son prochain rendez-vous avec lloyd. se demander quand est-ce que le prochain dérapage arrivera. sauf qu’il est figé là, contre la paroi du mur, avec le sentiment d’obligation de rester. avec le malaise de la situation qui pèse. parce que c’est vrai. maintenant minato a des doutes. non. parle comme s’il savait. les mots crus, violents à ses oreilles. noriko a du mal à les digérer. n’aime pas en être le centre de l’attention. - pourtant il n’accepte pas de se faire marcher dessus. arche un sourcil à l’attention particulière qu’il porte à ce sujet. « there are plenty other places that’ll allow me to be as slutty as i want to. not like it’s any of your bussiness. » la dague est finalement glissée de retour dans la poche de son manteau, l’objet pourtant froid contre sa peau et son poids astronomique. il se demande parfois noriko, si son obsession pour elle est un moyen de compenser, combattre la perte. l’unique manière restante de se raccrocher à la réalité. - se souvenir de ce qui fut. les sourires. la confiance. la chaleur. le noir qui se fond au rose. « never used it. don’t plan on it either. » (parce qu’il la veut intacte, pure comme au premier jour. sans preuve du temps qui passe, et de sang pour entacher la beauté du souvenir gravé dans sa mémoire.)

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la réalité de la situation creuse ses ongles profondément dans sa peau. le toucher brulant, inévitable. plus que tout y a la réalisation que c’est de sa faute, s’il se retrouve là, seul et perdu parmi les flammes. y a des liens solides autour de ses poignets, une corde qui ne saurait lâcher autour de sa silhouette. et les cendres s’accumulent, sur ses épaules, le blanc pur de la dentelle à ses manches, sur son col. jusque sur la neige immaculée de ses cheveux, les profondeurs de ses poumons, où la fumée grandit si vite que respirer n’est plus une option. ce sont ses doigts qui ne savent pas lâcher, que tirer davantage ; et y a l’image morbide, de la peau qui se creuse sous la force de la restriction, d’un bleu lila ; et sa voix qui se meurt dans sa gorge. la suie est contre ses paumes, sur ses joues, jusque contre ses lèvres, lorsqu’il imagine le mirage se reposer là - fantôme d’antan. et si la mort des amants ferait pleurer son cœur, y a que le vide pour dicter le reste. « what do you think you’re doing exactly. » le regard est sombre, pourtant si détaché. comme perdu parmi le néant. contraste perturbant, avec l’arche si colérique des sourcils par-dessus le minois trop doux. sa main claque contre la sienne, la retire de cette intimité, vulnérabilité ; auxquelles il n’a désormais plus le droit de toucher. « no, i did not miss you. » ça déchire, l’avouer tout haut. « how can you expect me to, when you’ve been playing me for years. y-you show up like that, acting all mighty, and then what ? i kiss your ass ? you need a reality check minato. » ça demande tout l’effort du monde, poser sa paume contre son torse à son tour, et le repousser, créer la distance entre eux. ça demande encore plus, lorsque la voix voudrait trembler, accompagner ses sœurs dans la chamade – et ne reste qu’une sensation horrible de retenue, son tout crispé. « i may have taken a liking on the one i met back then. the one in front of me ? he disgusts me. » son regard tombe, comme le ton de sa voix - profondeur des abysses. c’est vrai. il a grandi noriko. c’est plus comme avant. ça ne sera jamais plus comme avant. il s’écarte finalement de la pierre gelée, contre l’étendue de son dos. il sent sa peau brûler, non pas de désir -comme il était prévu au départ. que le froid carnivore contre l’épiderme, et le dernier regard qu’il lui accorde. - empoigne d'une main assurée la longue chevelure tenue de l’homme lui faisant dos ; empoigne de l’autre la dague qu’il glisse à travers l’océan de noir de jais. finalement de retour à la maison. à son propriétaire. (sa main est tremblante, lorsqu’elle le lâche. précipitée là, dans l’antre imperceptible de sa veste. à l’abri de la vulnérabilité, des évidences.) « you can keep it now. »  

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