winter blossom (rose)

le ciel se parait de variations de gris, à peine animées par des nuages qui menaçaient de déverser leur tristesse depuis que sam avait quitté son appartement. l’entraînement de quidditch avait été un petit enfer, microcosme de douleur accumulée lors des journées précédentes, injustement accentuée par les excès de la veille. pour autant, il ne possédait aucun regret - ni l’alcool, ni les rires, ni rose.

légère pression sur la poignée de la chambre et la porte s’ouvrit ; aussitôt, la chaleur enveloppa sa carcasse. it’s me. sam arrangea quelques mèches avant de déposer les sacs, puis retira sa veste en velours. ses yeux fouillèrent un peu la pièce du regard avant de tomber sur la silhouette de rose, allongée sur son lit. il lui sourit. hey you. how do you feel ? il retira ses chaussures avant de s’étaler à ses côtés, faisant rebondir les lattes dissimulées sous son poids. d’un accio informulé, il récupéra le sachet, abandonné à l’entrée. here. i take a bit of everything since i don’t know if blood have different tastes ? you’ll tell me.

les yeux encore embrumés par le réveil récent, rose a particulièrement bien dormi et la mine qu’elle arbore ne soupçonne pas le peu de sommeil qu’elle s’est accordé après la fête d’halloween. la serviette entre les mains, elle essore ses cheveux longs ébènes mouillés par la douche qu’elle vient de s’octroyer et, malgré sa solitude dans la chambre du dortoir, il y a un sourire qui plane sur ses lèvres - celui qui trahit l’excitation de revoir sam. la brosse posée sur la table de chevet, elle s’installe à nouveau dans son lit en patientant sagement. l’appréhension bat tout de même dans sa poitrine, le stress qui monte dans l’attente mais la joie est ineffaçable de son minois, si ravie qu’il lui ait proposé qu’ils se revoient.

les yeux fixés sur la porte lorsqu’elle l’entend s’ouvrir, elle se redresse un peu à son arrivée, le sourire qui ne la quitte pas. “fine and you? you must be fucking tired.” l’évidence traîne sur ses yeux à lui et elle se demande encore où a-t-il pu trouver la force de se lever si tôt après la soirée - elle ne s’étale pas bien sur son propre sujet, n’a pas envie de lui dire à quel point elle se sent heureuse de le retrouver ici. “oh waw!” l’exclamation lui échappe quand elle fouille dans le sachet attrapé. “you’re the best. what have you taken for you?” ça semble si naturel, autant de ne pas avoir à faire semblant que les mots de sam, presque réconfortants. “how was your training? wasn’t it too hard to focus? you could have hurt yourself.” naturel, oui, et pourtant, rose ne le regarde pas vraiment, ne sait déjà plus comment agir correctement à ses côtés alors qu’il semble à nouveau si proche d’elle qu’elle pourrait passer sa main dans ses cheveux.

you have no idea. osamu n’était pas certain du nombre d’heures de sommeil auquel il avait eu le droit, cette nuit ; avait préféré ne pas consulter l’heure avant de fermer les yeux, enveloppé dans une couette épaisse et doucereuse. le réveil, stridant à la façon d’un cri de sirène, lui avait fait comprendre qu’elles n’avaient pas été suffisantes. huh - i took some nikumans. and a bubbletea. l’expression ravie qui s’inscrivit sur le visage de rose le fit sourire en retour, et il n’y ajouta rien de plus qu’un i know, victorieux. tout lui semblait si simple, étalé au milieu des draps, le visage à quelques distances du sien ; tout était si serein. même si les cendres de l’alcool consommé la veille tapaient encore contre ses tempes, même si la fatigue tiraillait ses paupières. it was hard to stay awake to be honest, everyone in the loaker was like, dead. but the height wakes me up somehow so i was okay then. l’inquiétude, elle, lui parut injustifiée, mais il ne put s’empêcher de trouver le sentiment adorable. damn, i could, it’s true. i was so afraid rosie. le ton était trop léger pour qu’elle ne puisse pas repérer la supercherie, mais osamu saisit l’occasion avant qu’elle ne lui soit retirée ; i’m traumatized. i probably need my healing kiss now, you know - to get over it.

les lèvres étirées sans même qu’elle s’en rende compte, un rictus qu’elle ne peut pas contrôler et la gêne à vif qu’elle essaiera de noyer (non pas dans l’alcool aujourd’hui) mais en attrapant une friandise à manger ou sa gourde qui prône sur sa table de chevet, elle aussi. elle se met maintenant à imaginer voler sur un balai en mourant de fatigue et sa moue se transforme en un quelque chose qui se confond entre la peur, peut-être le dégoût et surtout l’incompréhension totale de pouvoir s’entraîner avec si peu de sommeil. mais elle se met à pouffer de rire quand il se moque d’elle. “merlin stop that, you could really have fallen from your broom like falling asleep and then falling but on the ground.” les yeux écarquillés et le ton tout aussi amusé que sam a employé, elle a la racine du nez qui se fronce pour feindre une mine boudeuse mais, quand il reprend la parole, elle est prise de court. “eh?” et soudain, ses épaules semblent brûler alors que ses poumons ne veulent plus recevoir de son souffle - elle ne sait pas si c’est à cause du regard et des mots de sam ou à cause des souvenirs de la veille qui remontent tout à coup mais, cette fois, le rouge sur ses joues ne peut pas se fondre dans le maquillage de squelette. “what are you talking about? you’re not even hurt.” qu’elle taquine pour maintenir cette distance qui la rassure mais elle entend déjà sam lui dire qu’elle est trop dure avec lui et le voit se redresser pour s’éloigner et anéantir la perche lancée alors elle ne lui en laisse pas le temps, les yeux se lèvent au ciel quand sa main glisse contre sa mâchoire pour garder son visage assez relevé pour l’atteindre et déposer ses lèvres sur les siennes sans que ça ne dure trop longtemps. “are you feeling better now?” les yeux vacillent entre ses lèvres et ses yeux sans se résoudre à se reculer pour retrouver sa place initiale, la gêne et la satisfaction qui lui rongent le myocarde.

ses doigts sur sa mâchoire répandirent une traînée de frissons le long de son cou, alors que sa propre main glissait contre la peau de l’avant-bras de rose. les lèvres étaient douces, s’apposèrent contre les siennes avec une facilité presque déconcertante - comme si elles avaient toujours dû s'y trouver - et sam s’y joignit de bon cœur.

lorsque le baiser s’interrompit, il se contenta de l’observer tendrement, sourire bête coincé au milieu du visage, la joue aplatie contre l’un des oreillers. so much better, yes. marmonna-t-il ; sam était convaincu que sa seule présence aurait pu le maintenir éveillé, mais son corps le tiraillait et ses yeux peinaient à demeurer ouverts ; pour autant il conserva sa position, ne pouvant se résoudre à briser leur proximité. do you have classes this afternoon ? because i’m planning on taking a really really long nap with you.

la sensation de brûlure s’intensifie le long de sa colonne vertébrale alors qu’il ne fait que la regarder et un soupire se perd dans son sourire naissant à sa réponse tendre. elle pourrait rester comme ça des heures que ça ne la dérangerait pas mais les paupières de sam sont visiblement lourdes de la nuit courte qu’il a passée alors rose se redresse un peu, rompant le contact hâtivement pour débarrasser le lit de tout ce qu’il ramené. “sounds like a perfect afternoon.” qu’elle ponctue d’un sourire satisfait, le menton un peu relevé. le sachet déposé à même le sol, elle reprend sa place à ses côtés, pouvant désormais s’allonger à son tour sur le dos. “you should take some rest now so we can have a snack after.” qu’elle suggère, les yeux tournés vers lui et le coeur battant si fort qu’elle n’est pas certaine de pouvoir trouver le sommeil maintenant.

i know right. brièvement, la vision d'une après-midi s'écoula devant ses yeux, rose dans ses bras et son esprit apaisé, et sam eut l'impression qu'il s'agissait de tout ce dont il avait besoin, à cet instant.

rose finit par se redresser, et il l'observa sans rien ajouter - le silence lui suffirait presque. yeah, but i don't wanna sleep right now. il était fatigué et ses traits le trahissaient probablement, mais il ne voulait pas céder tout de suite au sommeil. pas alors que rose était enfin là, proche de lui, et que l'absence de mars n'enserrait plus son cou pour la première fois depuis si longtemps. can we like- talk a bit about last night? about what happened? il se tourna vers elle, de façon à figer son regard dans le sien. i mean, about this morning. rire léger en guise de ponctuation. il vint chercher un contact du bout de ses doigts, qui se mirent à glisser le long de l'épiderme du bras de rose.

le fait qu’il ne veuille pas dormir de suite fait monter un léger pic de stress ; rose n’a pas l’habitude de se retrouver là, dans son lit, avec un garçon qui lui plaît à ses côtés alors l’idée de faire une sieste lui semblait être la meilleure pour passer du temps avec sans réellement en être consciente (littéralement). elle reste donc sur le dos, comme si ça la protégeait de je-ne-sais-quoi, seul son visage se tourne un peu vers lui quand il lui propose de lui parler de cette nuit.

la communication en tare, elle espérait presque que le sujet ne soit jamais abordé mais elle tente de faire bonne figure malgré l’angoisse qui commence à la ronger. “yes, of course.” et elle se tourne sur le côté à son tour pour lui faire un peu plus face cette fois, la caresse nouvelle qui lui prend son attention et dessine un léger frisson contre ses omoplates. “what do you wanna talk about?” qu’elle s’ose à demander, l’air innocent qui flotte sur ses traits. “do you… regret anything?” ses insécurités refont surface tout à coup, sous couvert d’une grande écoute alors qu’elle se meurt sous l’inquiétude, inutilement, sans penser qu’elle vient tout juste de l’embrasser.

"what do you wanna talk about? - hm, us." répondit-il ; le ricanement était léger, nullement moqueur. peut-être juste un peu attendri. la question de rose le prit au dépourvu, et sam posa un regard interrogateur sur elle, sans jamais arrêter l'effleurement le long de son bras ; il y découvrit pour la première fois des insécurités fourbes. "no, absolutely not." et elles n'avaient pas lieu d'être, alors il s'assura de les étouffer avant même qu'elles n'impactent davantage ses traits - au moins pour l'instant. "i was talking about our relationship, or our not relationship. like, i wanna make sure we're on the same page, you know?" sans s'en apercevoir, ses joues s'empourprèrent un peu, sa voix se faisait plus basse. les mots un peu hasardeux. "because i really like you and i think that it could work, and all, you know? do you get what i mean?"

le us résonne comme un mirage alors que son rire enveloppe et parfume la bulle dans laquelle elle s’enferme avec sam - est-elle vraiment face à lui en train de l’écouter parler de leur relation? le surréalisme de la situation la rend confuse et la gamine se perd dans son regard pour ne pas sombrer dans le pic de stress qui l’envahit de plus en plus, pourtant apaisé par la caresse incessante sur sa peau, point d’ancrage à la réalité. elle n’est pas certaine d’avoir assez écouté les mots prononcés tant ils se mélangent dans son crâne perturbé par la déclaration de sam ; celle qu’on ne lui avait jamais faite. “i-” ses mots à elle restent coincés dans sa gorge, en plein milieu de leur course alors elle peine à répondre clairement “you like me?” qu’elle répète comme si elle n’y croyait pas mais quand la gêne prend place sur le visage de sam, ses lèvres se pincent dans un sourire, pourquoi se mettent-ils dans cet état? “you mean… maybe… i could be your... girlfriend?” c’est à elle de rougir comme une idiote alors qu’elle regrette déjà ses mots mais ses yeux n’ont pas quitté ceux de sam pour y chercher une réponse, quelle qu'elle soit.

"i do like you. a lot." répondit-il, sans la moindre hésitation ; l'évidence est tout de même murmurée, est semblable à un secret qu'il ne veut partager qu'avec elle. "you mean… maybe… i could be your... girlfriend?" - "yes, that's what i mean. don't make me say it again please." il ment ; il pourrait lui dire un millier de fois, au moins. mais les orbes restent ancrés dans les siennes, à la recherche de ce qui pourrait lui indiquer de faire demi-tour. d'oublier la soirée qu'ils ont passée, les mots qu'ils ont échangés, et le baiser volé dans l'alcôve d'une nuit chaude - mais rien ne vient. rien de plus que le sourire timide de la fille du feu, que ses yeux brillants d'une intensité qu'il ne connaît pas encore tout-à-fait par coeur ; ça viendra. "do you wanna be my girlfriend, rosie?"