you'll go on with the show | ft. natsuki

Seitokai's office
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Il a l'impression qu'il n'a jamais le temps, Felix. Il a beau lui courir après, jeter des œillades menaçantes contre les aiguilles des lourdes horloges sur les murs de pierre, il n'en devient pas plu ami. Parfois agréable, parfois menaçant, c'est grâce à lui qu'il savoure les bons moments mais aussi à cause de lui que les erreurs lui reviennent au visage, créant parfois remords et regrets jusqu'à l'en ronger l'os. Il essaye pourtant de respecter les deadline, suivre le timing, ne pas mettre ce satané carrosse devant les sombrals ; quelques brides parfois passent alors dans l'oubli, et c'est le cas de cette idée lumineuse qu'il avait partagé un soir avec quelques élèves du cours de danse. Il s'était alors pressé dans les couloirs après sa dernière heure de botanique pour rejoindre les bureaux des clubs, chercher à tâtons là où se trouverait le conseil des élèves et mettre sur le tapis le projet afin de le laisser peut-être germer dans quelques tiroirs de l'organisation de Mahoutokoro.

En arrivant devant la porte, il retient son souffle et effleure le bois de quelques coups avant d'ouvrir. « Hey, je peux entrer ? », ne sachant pas tout à fait si tous étaient les bienvenus à cette heure exacte, ses traits du visage stressé qui relevaient ses sourcils se décompressent subitement en découvrant le visage de Natsuki plongé dans quelques papiers. « Oh ! Natsu-chan ! Les poumons devenus vides de tout ces ait accumulé par la tension, ses épaules aussi se relâchent tandis qu'il entre un peu plus dans la pièce en souriant à la jeune fille. Je suis content que ce soit toi, je savais pas trop sur qui j'allais tomber... ». Un rapide coup d'œil autour de lui permet de réaliser qu'il n'y a personne d'autres, du moins pas ce soir, pour tenir la permanence du Seitokai. Soulagé, Felix tire une chaise se trouvant là jusqu'à lui et s'assied, ayant fait disparaître les pincettes du petit curieux timide qu'il jouait à son arrivée. « Tu vas bien ? Il attend la réponse une seconde ou deux, sourit, hoche la tête, et se lance impatient dans le reste de ses propos. Ca fait un bail que je voulais venir pour parler d'une idée au conseil des étudiants. Et je prends enfin le temps... Je sais pas si je suis sensé venir à un moment précis ou si je peux... juste... enfin, t'en parler là, comme ça ? ».

Il a les yeux qui pétillent, Felix, le corps qui se tord en montrant tout autour de lui de ses bras comme s'il cherchait l'approbation des fantômes des membres absents. A l'orée de sa chaise, prêt à bondir, il se prépare à sauter et grimper sur la table, à le vendre son projet : avec plus de douceur que la Belle et plus d'acharnement que la Bête.

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Le visage plongé dans la lecture de papiers, les sourcils froncés, Natsuki était concentrée. Elle tapotait le bout de son stylo sur son front, les pensées allant à toute vitesse (et si on faisait ça, ça mènerait à ça, mais du coup il y aurait des problèmes pour ça, qu’on pourrait régler comme ça sans doute, mais…). Les autres membres du seitokai étaient absents, partis se préoccuper de d’autres responsabilités, et elle se trouvait seule à être au bureau. Alors quand la porte s’ouvrit, elle fut légèrement surprise, s’attendant à trouver un visage familier du conseil des élèves ; mais c’était Felix. Son cœur se remplit d’une certaine joie, joie qu’elle ressentait toujours quand ses yeux se posaient sur un visage connu qu’elle appréciait. « Felix, » répondit-elle, un sourire ornant désormais ses lèvres. Elle reposa son stylo sur la table en compagnie des dossiers qu’elle était en train de traiter. « Oh ne t’en fais pas, les autres ne t’auraient pas mangé non plus ! » Elle rit légèrement, imaginant les visages de ses camarades intimider quelqu’un (peut-être Oz, à la rigueur). « Ça va et toi ? » Elle rangea un peu les papiers sur la table, se rendant compte maintenant qu’elle était sortie de sa bulle que le bureau était un peu bordélique, trop rempli de feuilles.

La curiosité s’empara d’elle quand elle entendit la suite (c’était vrai que Felix n’était sûrement pas venu pour simplement lui dire bonjour, mais elle n’avait pas pensé à ça ; focalisée sur son ami plutôt que ce qu’il venait faire ici). Tout dans ses mots et ses gestes traduisaient qu’il semblait vraiment excité de lui parler de ça, et Natsuki se demandait alors bien ce que ça pouvait être, ayant envie de savoir ce qui pouvait rendre Felix si content. Elle en rit presque, le voyant agiter ses bras, comme un enfant qui voulait demander un service à sa mère. « Oui ne t’en fais pas, tu peux m’en parler maintenant ! Il n’y a pas de moment précis pour ça. » Elle continua de ranger les dossiers, se doutant qu’elle n’allait pas continuer de lire la feuille devant elle de sitôt. « De quoi s’agit-il ? »

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Ce n'est pas le genre à monter de grands projets, à se battre pour qu'une idée voit le jour. Il n'est pas défaitiste Felix, ni même flemmard, il aime juste utiliser son temps dans des choses concrètes qui prennent vie sous ses yeux plus que dans son esprit. Trop terre-à-terre, trop impatient aussi, sûrement. C'est un peu pour ça qu'il se sent aussi grisé de venir toquer à la porte du Seitokai, de jouer un peu un rôle auquel il n'est pas habitué pour donner une impulsion plutôt que de suivre les projets d'un autre. Torse bombé, menton levé. Sourire aux lèvres devant Natsuki et son visage familier à qui vendre son concept ne sera que plus aisé.

La petite voix fluette et le ton amusé le met en confiance, il lui en faut peu au haïtien pour se sentir à l'aise. Et c'est à présent la hâte qui le saisit, l'impatience qui le transcende. Il voudrait tout dire, tout expliquer, dévoiler la moindre réflexion qu'il a eu et partager son espoir ; un peu peur pourtant de trop en dire au risque de n'avoir plus rien de savoureux à faire découvrir. Ou l'art de créer le suspens. Il se freine alors, tremblant sur sa chaise, force les muscles de ses jambes à rester immobiles mais n'arrive pas à s'empêcher de se mordiller les lèvres, comme s'il avait le besoin de se concentrer sur cette autre chose. Pendant une seconde, il y arrive, puis viennent les mots qui détruisent tout son travail. De quoi s'agit-il. « Ok ! Alors ! Ses mains tendues, doigts écartés, se retrouvent tendues devant lui dans ce signe en direction de Natsuki... Ca fait un bout de temps que je me dis qu'on a toujours plein d'occasion de faire la fête à l'université, d'organiser pas mal d'évènements... Mais qu'on n'a jamais vraiment organisé quelque chose autour de la danse. Un vrai spectacle des élèves de danses, avec l'aide de ceux en musique peut-être, j'en sais rien...Il marque une pause, lente, à demi-contrôlée, avant de respirer un grand coup et reprendre. J'adorerais faire un ballet... Un vrai ballet. Avec une histoire qui nous parle à tous, qu'on connait. Et dernièrement j'ai regardé les vieux films moldus Disney avec ma copine. Faut qu'on fasse La Belle et La Bête. C'est un super ballet, une superbe danse et une superbe histoire. On pourrait l'adapter en version un peu plus sorcière... ».

Les yeux qui volent au plafond, perdus dans leurs idées, il les redescend violemment contre ceux de Natsuki. « C'est too much à organiser, c'est ça ? Pas de budget, pas de moyens humains ? Urh, moi je voudrais juste danser, le faire avec ceux qui sont en cours avec moi, et devant ceux qui pourraient nous rejoindre l'année prochain si seulement ils osaient le faire. ». Son inconscient prend le relais, doucement, et insiste sur le terme d'oser, comme un message subliminal pour celle qu'il sait passionnée encore un peu dans l'ombre, avant qu'il ne le pousse à mettre les pieds dans le plat. « Même ceux qui sont pas en danse pourraient participer d'ailleurs ! Tu ferais une super Belle, toute douce et trop intelligente pour le commun des mortels. Reste qu'à trouver la jolie Bête à qui tu donneras le baiser de la transformation sur scène ! ».

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Natsuki avait du mal à réprimer son sourire devant l’excitation évidente de Felix. Elle se disait qu’il venait avec une idée incroyable et que quand elle le saurait, elle en tremblerait aussi d’excitation et leurs yeux brilleraient ensemble comme des feux d’artifice de fin d’année. « Ca fait un bout de temps que je me dis qu'on a toujours plein d'occasion de faire la fête à l'université, d'organiser pas mal d'évènements... Mais qu'on n'a jamais vraiment organisé quelque chose autour de la danse. » La danse. Le sourire de Natsuki faiblit légèrement, un sentiment désagréable se creusant dans son estomac. Felix et elle partageaient cette même passion et ils dansaient parfois ensemble. Ça avait été par erreur, qu’il l’avait appris, et elle lui avait demandé d’en garder le secret. Personne ne devait être au courant, car si ça se savait, sa famille l’entendrait, et ce serait la fin du monde (la fin de son monde). Elle devait devenir médicomage, pas danseuse. La danse, ça ne devait être qu’un stupide loisir. Rien d’autre. Pourtant, Felix lui demandait d’intégrer ça à l’école. Ce n’était pas si terrible. Natsuki avait eu de nombreuses occasions de faire des représentations de danse pour l’école. Tout le monde en rigolait et était content, parce qu’ils traitaient ça comme un jeu d’enfant : c’était des enfants qui s’amusaient à jouer au papa et à la maman, et après, on revenait à la vraie vie (on étudiait dur pour devenir aussi admirables que papa et maman). Le problème, c’était que Natsuki, elle prenait la danse au sérieux. Probablement que sa famille allait râler, si elle se retrouvait à organiser un ballet (il n’y avait pas besoin de ça, il faudrait mieux concentrer son temps sur des événements plus significatifs).

Mais, voilà, les yeux de Felix chutèrent dans ceux de Natsuki et la culpabilité l’envahit. Elle ne pouvait pas lui dire non pour ses propres intérêts. Felix semblait si motivé, et elle n’avait même pas consulté les autres membres du conseil, encore. Et puis, ça lui permettrait de danser autre chose que la danse traditionnelle face à des spectateurs, ça pouvait être une bonne idée… Non, non, elle ne danserait pas, elle. Elle ne pouvait pas. Si sa famille la voyait trop épanouie sur scène, qu'en penserait-elle ? « Urh, moi je voudrais juste danser, le faire avec ceux qui sont en cours avec moi, et devant ceux qui pourraient nous rejoindre l'année prochain si seulement ils osaient le faire. » Ses poings se serrèrent légèrement, se sentant davantage mal à l’aise. Oser, hein. Si seulement, oui. Si seulement. Elle éclata doucement de rire, d’un rire qu’elle avait l’habitude de donner ; un peu mécanique, mais suffisamment naturel pour convaincre les autres qu’elle riait de bon gré. « Felix, je ne prendrai pas le rôle principal, je ne suis pas faite pour ça… Peut-être qu’on pourrait organiser cette représentation, oui, je connais La Belle et la Bête, j’aime beaucoup l’histoire… Je n’aurais jamais pensé à en faire un ballet. Je ne sais pas ce qu’en penseraient les autres membres du conseil, mais ça peut être sympathique à organiser, et peut-être pas si compliqué que ça, niveau budget, etc. Mais, voilà… Je suis membre du seitokai, je peux organiser tout ça, mais je ne vais pas être sur le devant de la scène. Toi par contre, tu pourrais ! » Elle lui adressa un doux sourire. « Et puis, même si je prenais le rôle de Belle, je ne suis pas assez bonne comme danseuse pour oser le faire… Je vais pas embrasser quelqu’un d’autre pour une représentation non plus, je ne suis pas actrice… Je suis déjà fiancée, en plus. Je ne peux pas faire ça, ce ne serait pas très… bien venu de ma part d’embrasser quelqu’un qui n’est pas mon fiancé. » Un fiancé qu'elle n'aimait même pas. Elle garda un sourire aux lèvres fermées, l’air plus tendue que d’habitude, avec un dos trop droit (comme le dos qu’elle prenait quand sa grand-mère posait ses doigts sur son épaule).

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Il s'en souvient encore, de cette journée hasardeuse où il avait vu Natsuki tourner sur elle-même, enchaîner quelques entrechats dans l'ombre d'une salle où aucun regards ne devaient tomber sur elle. Mes les yeux du Daichi étaient restés, eux, collés à la silhouette à la technique peut-être pas parfaite, mais dont l'envie et la passion faisait brûler l'air autour d'elle. Elle respire la danse, Natsuki, elle a besoin de laisser s'épanouir ses envies, sans se laisser brimer par les ailleurs qui l'empêchent d'avancer. C'est pour cela qu'il avait eu ce sourire fier en arrivant au Seitokai, avoir la chance de lui présenter ce projet, à elle seule, qui serait facile à convaincre et lui mettre dans les bras la responsabilité de ce spectacle dans lequel elle serait plus que capable de s'épanouir un peu. Alors tombe, s'échoue un peu, lorsque les prunelles sombres de la jeune fille semblent se voiler d'un peu de honte et d'amertume. Elles qui se transforment en culpabilité sans que Felix ne le remarque, trop perdu dans ses arguments pour essayer de convaincre et faire rêver la denki, l'envoyer dans des fantasmes de pas chassés sur une scène qui la mettrait en avant.

Son rire vient, subitement, briser l'espoir. Les sourcils de Felix tombent autour de son visage à mesure qu'il réalise qu'il est en train de se heurter à un mur imprévu. Un de ces accidents sur un parcours qui semblait trop bien dessiné. Au moins, elle ne tire pas de trait sur le projet tout entier, et le voilà qui hoche la tête en écoutant chacun des mots rassurants. « Hm, ok. C'est une chouette idée, je suis sûr que les autres seront d'accord d'organiser tout ça, si vous avez suffisamment de temps pour le faire... Mais... L'inspiration est forte, mais les mots n'osent pas sortir. Comme bloqués de peur de heurter, vexer, devenir tout petits là où Felix espèrent qu'ils grandissent en de beaux rêves qu'il serait capable de gonfler d'espoir. Il les souffle alors doucement, beaucoup plus doucement, dans une expiration lente. Pourquoi tu penses que tu ferais mieux de ne pas être sur le devant de la scène ?... Ca te ferait du bien, Natsuki, je te jure... ».
Les yeux tombant sur ses mains, Felix tripote ses doigts comme un gamin honteux. Remonte doucement pour retrouver son regard plongé dans le sien, y voir toute la douceur habituelle de la jeune fille, cette délicatesse qui se sent aussi dans ses gestes lorsqu'elle danse. « Ne joues pas Belle alors, mais tu peux quand même avoir un r- ». Il murmure dans sa barbe, ne parle pas à voix très haute, mais il se coupe en entend la mention du baiser hypothétique de l'histoire et la mention de ce... « Fiancé ? Tu as un fiancé ? Je savais pas... Manquant de se lever pour la congratuler, Felix se bloque, sourire plaqué aux lèvres, en voyant la crispation de Natuski. C'est facile de les lire, les danseurs, ils communiquent avec leurs corps. C'est bien en cela qu'il est persuadée qu'elle en est une. Hum, ça va ? T'as pas l'air à l'aise... C'est ce fiancé qui te stresse ? Parce que moi je peux lui parler, lui expliquer qu'un baiser dans un ballet c'est comme un rôle d'acteur, ça ne veut rien dire. ».

Sur sa chaise, il se recule, s'installe profondément contre le dossier en imaginant ce que Sawako dirait, elle, s'il devait embrasser publiquement une autre pour un rôle. Oh, elle comprendrait sûrement, ils en parleraient pour qu'elle n'ait pas de mauvaises surprises, mais elle saurait qu'il ne voudrait rien dire pour de vrai, ce baiser. Il n'est que fictif. Tout comme les pas, les mains sur les hanches, les regards que les danseurs s'échangent parfois. Les tissus qui volent et tournent autour de leurs hanches.
Un rôle, voilà tout. Peut-être plus que le fiancé, c'était le rôle de la danseuse qui la terrifiait, Natsuki ?

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Se cachant derrière mille excuses alors qu’il serait si simple pour elle de dire « d’accord, j’accepte, je veux être Belle ! », d’avouer qu’elle avait envie de danser ; mais non, parce qu’elle ne pouvait pas. Natsuki, elle voyait toujours plus loin que l’instant présent et elle voyait surtout les conséquences. Ça serait désastreux si on remarquait à quel point elle aimait danser car ça signifiait lui donner un sermon, la priver de la danse, la forcer à se concentrer sur ses études, et elle n’en avait pas envie. La voilà alors obligée de décliner l’offre, déclinant en se cachant derrière le couvert de son fiancé alors que des baisers pour le spectacle, ce n’était pas si grave que ça, les acteurs en faisaient tout le temps et ça ne dérangeait personne. Sauf que Natsuki n’était pas à proprement parler une actrice, elle ne l’était pas ouvertement (mais si on fouillait un peu plus dans sa vie, alors on remarquerait qu’elle était en fait sur le devant de la scène depuis qu’elle était petite, bloquée dans un rôle dont elle ne voulait pas, à prétendre que c’était elle).

Elle gardait son sourire sur les lèvres, un peu mal à l’aise, voyant bien que Felix avait vite déchanté et se retrouvait un peu déboussolé : tout le criait dans son langage non verbal. Elle se sentait alors désolée, culpabilisait, mais elle n’y pouvait rien, elle devait jouer avec les règles du jeu qu’on lui avait imposé dès qu’elle était née (elle n’avait pas le pouvoir de faire ce qu’elle voulait). Et Felix tapa droit dans le mille, Natsuki fuyant alors son regard, marquant davantage son mal-être qui était aussi évident (car les danseurs s’exprimaient surtout de leurs mouvements, bien sûr). « Non, ne t’en fais pas. Ce n’est pas tellement mon fiancé, le problème… » Comment expliquer à Felix que le problème était surtout le fait qu’elle danse ? Incapable d’avouer toute la pression familiale qu’elle supportait, les rouages de son cerveau se dépêchèrent de trouver une autre excuse. « C’est juste moi, personnellement, ça ne me mettrait pas à l’aise d’embrasser quelqu’un d’autre… » Idiote, idiote, idiote, elle se cachait derrière une excuse stupide ! Elle, elle s’en fichait d’embrasser quelqu’un d’autre si c’était pour le spectacle (parce qu’après tout, ils n’étaient pas obligés d’inclure un baiser si ça mettait la danseuse principale mal à l’aise, ils pouvaient juste faire semblant de s’embrasser en rapprochant simplement leurs visages ; mais Natsuki se noya derrière ce problème pour éviter le problème principal). « Alors on peut trouver quelqu’un d’autre qui serait à l’aise, non ? Qui serait bonne danseuse, sans trop de contraintes… » Pas de famille oppressante, pas de fiancé, avec la liberté de danser : la elle qu’elle rêvait d’être.

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Elle trotte dans sa tête remplie de pensées qui se chevauchent, son idée. Un peu naïve, franchement stupide, elle clignote comme les néons colorés d'une enseigne de magasin, attirant le regard sans qu'on n'arrive toujours à en déchiffrer les caractères. En regardant Natsuki de haut en bas, en observant ce langage corporel de la retenue, il s'en pose mille autres des questions et c'est comme ça qu'elle lui est venue, cette idée. Il à l'impression de voir sa sœur en regardant la membre du seitokai, la naïveté pleine d'espoir et cette volonté de ne pas décevoir. Uranie se dessine de quelques traits un peu flous, car physiquement elles n'ont rien d'identique, mais c'est dans le fond des yeux, juste derrière, à cette endroit où l'âme se cache un peu, qu'elle a la même aura. Il les voit, ces sourires mordus à l'intérieur des lèvres, forcés et timides.

« Hm, ah oui ? » il demande, lorsqu'elle explique que c'est le baiser le problème. Il n'en croit pas un mot, Felix, au fait qu'embrasser quelqu'un sur scène soit réellement un souci. Embrasser quelqu'un sur scène, qui n'est pas ce fameux fiancé, et devant d'autres personnes, en revanche, cela prenait bien plus de sens. « Bien sûr, bien sûre, l'idée n'est pas de mettre qui que ce soit mal à l'aise, tu sais. Mais. Hmmm... ». Il réfléchit, tend sa tête en arrière en se balançant sur sa chaise ; revenant alors bien droit dans le fracas des pieds en métal qui cognent contre le sol de la salle. « Ok, peut-être que c'est stupide, mais, il peut pas jouer le rôle de la bête ton fiancé ? La tête penchée, les oreilles tendues en attendant la réponse de Natsuki, Felix à l'air du petit curieux qui se cache derrière les murs pour entendre les conversations discrètes. Il n'a même pas besoin de danser, il peut juste être la "doublure" d'un danseur qui jouera vraiment la Bête, et quand la scène du baiser arrive, pouf, il prend sa place, bisous Natsu, et le tour est joué ! ».

Ses bras avaient été plus rapides que ses mots, se secouant de haut en bas, dessinant comme une petite saynète : un bras jouant le danseur initial, une main jouant Natsuki, les faisant se rejoindre, les doigts qui s'entremêlent à la fin. Le sourire aux lèvres et la motivation retrouvée, il se tut lui-même quelques instants en laissant tomber sourcils et espoirs, accompagnés de ses épaules qui s'effondrent. « Ecoute, je... Je sais pas trop pourquoi tu ne veux pas danser. Tu serais super dans ce rôle. Je sais pas pourquoi tu cherches une excuse, mais c'est ok Natsu, personne te forcera. Je trouve juste ça un peu dommage. Mais peu importe, vraiment. Une grande respiration, de celle qui font culpabiliser, sous-entendre que la conversation ne devrait pas s'arrêter ainsi, bien qu'elle amorce un changement de sujet. Bon mais, et ce fiancé là... C'est quoi cette histoire, c'est quiii ? Depuis quand vous êtes ensemble ? Et quand est-ce que vous allez vous marier ?! J'adoooore les mariages. ». Les coudes posés contre la table, il encercle alors ses joues de ses deux mains, comme les enfants rêvant d'aventures, obnubilés par les images féériques qui se dessinent dans leurs esprits, s'évandant sous quelques soupirs.

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Les mains serrées sur ses jambes, les lèvres pincées, l’inconfort se lisait clairement dans la posture de Natsuki. Plus Felix semblait déterminé à ce que l’idée aboutisse et plus elle se sentait mal à l’aise, mal à l’aise de lui mentir, de ne pas pouvoir lui dire la vérité, parce qu’elle en avait honte. Elle avait honte d’avoir peur de danser à cause de sa famille, de ne pas vouloir embrasser quelqu’un d’autre que son fiancé en public, car tout ça aurait des conséquences qu’elle serait incapable d’assumer. Natsuki, c’était une grande peureuse et si elle avait le malheur d’invoquer le courage, elle se souvenait ensuite directement de sa peur (et elle comprenait pourquoi elle privilégiait la peur : c’était tellement plus facile d’avoir peur que d’être courageux).

Elle sursauta quand Felix retomba au sol en arrêtant de se balancer, et façonna un sourire sur ses lèvres, déviant le regard. L’idée qu’il proposait n’était pas si bête, c’était même totalement possible, mais non. Non, parce que ce qui la dérangeait, c’était danser, et comment pouvait-elle lui dire ça ? Ça n’avait pas de sens, qu’une danseuse ne veuille pas danser : c’était comme si un poisson ne voulait pas nager. Son cœur s’alourdit davantage dans sa poitrine quand elle vit le sourire de Felix s’affaisser, tout son corps s’écrouler, comme un château de cartes s’écroulait soudainement lorsqu’on avait posé la dernière carte.

Dommage. Felix trouvait ça dommage. Elle baissa la tête, griffant la peau de ses mains en-dessous de la table, la culpabilité pesant aussi lourd qu’un rocher sur son dos. Elle avait l’impression qu’elle lui faisait défaut, qu’elle aurait dû dire oui, tant pis pour ce qui risquait de lui arriver par la suite : car en refusant, elle avait déçu un ami, elle avait éteint cette éclat de joie dans son regard, et ça la déchirait. Au fond, la situation n’était pas si grave, elle avait le droit de ne pas vouloir danser, bien sûr ; mais elle se sentait aussi mal justement parce qu’elle le voulait ça, danser. Elle voulait danser mais était obligée de refuser pour sa propre sécurité, sa propre paix mentale (paix mentale, mais pas celle du cœur, tourmenté par le masque qu’elle s’efforçait de porter depuis qu’elle était née). « Merci, Felix… » se contenta-t-elle de murmurer. Au fond, peut-être qu’elle aurait aimé que Felix insiste encore plus. Qu’il soit un mauvais ami et continue de l’oppresser jusqu’à ce qu’elle accepte. Comme ça, elle aurait pu danser et rejeter la faute sur quelqu’un d’autre (ce n’est pas de ma faute, c’est Felix qui a insisté !). Mais encore que dans ce cas-là, Natsuki culpabiliserait trop de rejeter la faute sur Felix qui n’avait rien demandé (et de toute façon, sa famille ne l’aurait pas crue… l’avait-elle déjà crue ?).

Le changement de sujet aurait dû rassurer Natsuki mais voilà qu’il l’enfonça davantage dans sa chaise, la gorge soudainement sèche. Son fiancé. Sa bouche s’entrouvrit, puis esquissa un sourire, l’ombre d’un rire. Elle devait être heureuse Natsuki, bien sûr qu’elle devait l’être, se fiancer et se marier étaient des événements heureux, après tout… mais elle n’y arrivait pas. Emprisonnée dans sa cage d’or, elle peinait à apprécier la vie qu’on lui avait imposée, car ce n’était pas ça, ce qu’elle avait demandé. Tout ce qu’elle aurait voulu, c’était pouvoir faire ses propres décisions… Néanmoins, Felix n’avait pas à savoir ça. Ça ne le concernait pas et ça risquait de l’inquiéter plus qu’autre chose. Elle devait prétendre. Oui, comme d’habitude. Prétendre, et faire croire aux autres qu’elle était heureuse.

Alors elle releva la tête, et sourit, d’un sourire aussi rayonnant que possible (comme la lumière d’une lampe torche qui cherchait à vous aveugler, plutôt que la lumière chaleureuse d’un rayon de soleil). « Eh bien… C’est un garçon que ma famille m’a présenté… C’est un gentil garçon. » Gentil, oui, c’était le mot : juste, gentil. « Ça va faire deux ans qu’on est fiancés. On attend la fin de mes études, et là, on se mariera… » La date butoir de la fin de sa liberté. Le compte à rebours était lancé : il ne lui restait plus longtemps avant que ça n’arrive. « Quand on se mariera, je ferai en sorte que tu puisses venir à mon mariage. C’est un événement que tu ne dois pas manquer, tout le monde sera si heureux... » Un jour qui sera merveilleux pour tout le monde sauf pour Natsuki, qui se mettra à pleurer dans sa robe de mariée : mariée, mais pas à la bonne personne.

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Certaines personnes sont douées pour cacher les choses : leurs ressentis, leur histoire, leurs émotions et leurs désirs. Natsuki est de ce genre, trop habituée à taire ses lèvres, se cacher derrière des envies qui ne sont pas siennes ; alors Felix met du temps à comprendre, relier les points qui pourtant s'alignent parfaitement. Devant les yeux baissés, déçus, et le merci lâché d'une petite voix, pourtant, lui relève le regard. Il le voit alors qu'il y a quelque chose qui ne fonctionne pas, quelque chose qui se cache et que la denki se refuse de laisser passer. Cependant, ce n'est pas comme avec Rina où continuer de gratter la fera céder, Natsuki n'est pas juste têtue, elle est obstinée et sûre d'elle. Elle ne lâchera rien, trop persuadée que le silence n'est pas uniquement sa seule option, mais sa seule option viable. Toute autre alternative ne serait que désastre, alors elle s'enferme, commence à tourner les épaules sans même tout à fait le remarquer, et Felix se retrouve triste d'avoir peut-être trop insisté sur un sujet qui semble sensible.

Il change alors, parle du fiancé, mais là aussi, il y a comme un arrière-goût étrange. Ce regard, c'est celui d'une jeune fille qui se retrouve seule sur un canot de sauvetage qui fuit mais à qui on a pris le gilet gonflable. Ce regard, c'est celui qu'avait Asefi le jour de ses noces ; celui aussi d'Uranie lorsqu'elle a dit oui. Il ne se souvient plus vraiment des autres, des mariages de Cassandra, Maddie ou Rosie, plus lointains et où il était peut-être encore un peu trop jeune pour traîner au bras de la mariée plutôt qu'à ceux des autres gamins de Haïti. Mes il le revoit parfois, l'œil qui crie à l'aide en silence, quand Asefi le facetime et que son époux est éloigné juste ce qu'il faut. Et à mesure que Natsuki donne ses explications, ce mariage prévu depuis longtemps, par sa famille, les familles, l'attente, jusqu'à ce que "tout le monde" soit heureux et non elle... Il le réalise lentement, Felix, que la jeune fille du seitokai n'a pas l'air de se trouver dans une union choisie comme il a la chance d'avoir avec Sawako. Et en quelques secondes, le daichi se sent triste, comme enseveli sous une espèce de réalisation : ses sœurs ont-elles également ressenti quelque chose de similaire avant leurs mariages ? Est-ce que leur mère, Désirée, a arrangé les différentes unions de ses filles, en prenant soin de laisser Felix hors de tout cela ? Il l'a toujours su, qu'il avait eu la chance de naître homme et ne pas avoir cette pression de la bonne union sur ses épaules ; mais qu'il serait aussi le seul à garder le nom Gabriel, pression toute autre.

Alors, la bouche entrouverte sans être capable de la refermer, Felix hésite, ne sait pas comment poser sa question sans avoir l'air... de fouiner dans des affaires qui ne le regardent pas. Il hésite, jusqu'à ce qu'il ose. « J'adorerais être à ton mariage, Natsu, mais c'est pas tout le monde que je veux voir heureux ce jour-là, c'est surtout toi... Il marque une petite pause, inspire puis relâche ses épaules en tendant doucement vers la jeune fille une main qui se veut rassurante. Hey, Natsuki... Ce mariage, tu le veux, toi ? Il te plait, ton fiancé ? ». Pas même une seconde, le temps d'un frisson, un éclair qui vient réveiller son dos qui se remet bien droit. « Désolé ! Pardon, désolé, ça me regarde pas du tout... C'est juste, que, tu as le même regard que mes sœurs, parfois, et je réalise que j'ai jamais trop su comment leur mariage s'était fait, comment elle avait rencontré leurs maris et si elles étaient... bah... heureuses. Je pense qu'elles le sont devenues. J'espère. Mais je sais pas vraiment si c'était le cas, au début. Et ça me semble injuste. Je voudrais pas que quelque chose comme ça se produise pour toi. Tu mérite d'être heureuse, dès le début, pas juste de le devenir. ». Sur la table, sa main se resserre en revenant doucement à lui. Il se sent avoir dépassé un peu les limites, Felix, alors comme d'habitude dans ce genre de cas, il commence à fuir. Se relever de la chaise. Reculer d'un pas. Regarder la porte de sortie... Douteux. Hésitant.
Mais, et si elle avait juste besoin que quelqu'un l'écoute et attrape sa main tendue, la pauvre Natsuki ?

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Natsuki sourit, sourit comme on s’attendrait d’elle, alors que tout son corps tremblait sous la table. Sa famille entière riait et se réjouissait de l’accord de Natsuki sur son futur mariage alors qu’ils savaient très bien qu’elle n’avait pas le choix : si elle avait osé dire non, le son familier de la voix de sa grand-mère aurait retenti. Natsuki, viens ici. Quitte à rencontrer la même fin misérable, autant le faire sans se débattre, sans avoir mal. On disait bien qu’un insecte qui se débattait dans une toile d’araignée ne faisait que s’enfoncer davantage dans le piège, et c’était stupide de le faire. C’était pareil avec Natsuki. Elle serait stupide de se débattre quand ça ne servait à rien, de le faire.

Pourtant, quand Felix marqua une hésitation, elle se raidit un peu plus, consciente que son ami avait remarqué son inconfort, consciente qu’elle allait devoir lui mentir, se sentir coupable, comme toujours lorsqu’elle mentait. Elle le vit tendre sa main vers elle et elle se retint de l’attraper, comme quelqu’un qui chutait avait l'instinct d'attraper la première main venue pour le hisser vers le haut ; mais non. Natsuki n’avait pas ce pouvoir là. Elle n’était qu’une pauvre fille qui ne pouvait que chuter, car si elle osait prendre la main de quelqu’un d’autre, on lui couperait le bras.

Mais quand Felix lui demanda si elle en voulait elle, de ce mariage, elle se sentit tomber. Tomber, tomber, tomber, encore et encore, plus violemment qu’elle ne l’avait encore jamais vécu. Ce mariage, tu le veux, toi ? Vouloir. Être capable de libre-arbitre. De prendre des décisions. Natsuki n’en était pas munie. Sur sa chaise, les mains tremblaient sous la table, le regard brillant sur la table, plus vacillant que jamais. Elle n’eut pas le temps de formuler une réponse, Felix reprenant immédiatement la parole, le ton dans sa voix indiquant une légère gêne, et des excuses sortirent de sa gorge.

« Tu mérites d’être heureuse, dès le début, pas juste de le devenir. »

Natsuki écarquilla les yeux et les releva sur Felix, qui avait rabattu sa main vers lui. Il commençait à se lever, à reculer d’un pas, à regarder la porte de sortie. D’un coup, elle ne sut pas trop pourquoi, mais elle se sentit submergée d’une immense tristesse. Comme celle qui frappait soudainement, quand on réalisait qu’on venait de perdre quelque chose pour toujours, qu’on ne le récupérerait plus jamais. Une opportunité partie, un passé inchangeable.
La douleur d’un regret.
Certes, elle était habituée à la douleur des regrets, Natsuki, mais elle ne voulait pas ressentir ça aujourd’hui. Sa famille n’était pas avec elle, dans cette pièce. Elle ne pourrait pas lui couper le bras, si Natsuki attrapait la main tendue de Felix.
Alors elle le fit.
« Je n’en veux pas, » clama-t-elle, haut et fort, comme on disait « oui, je le veux ». Les mots passés la barrière de ses lèvres, elle réalisa la puissance de ceux-ci et sentit la peur l’envahir de nouveau, le courage soudain disparu, comme un château de sable emporté par les vagues. Mais Felix méritait de connaître la vérité. Connaître la vérité sur le sort réservé à ses sœurs, et le sort réservé à une amie.
Elle se releva, les poings serrés, montrant à quel point ils étaient en train de trembler. Elle ne vint pas vers lui, toujours debout devant la table remplie de paperasse, la chaise poussée derrière elle. « Je n’aime pas mon fiancé. Ce n’est pas lui avec qui je veux me marier. » C’est avec un autre. Elle lâcha un petit rire vide, passant une main impuissante dans ses cheveux. « Je crois savoir si tes sœurs sont heureuses, moi. Je leur souhaite d’être heureuses, mais je pense plutôt qu’en fait, elles se sont convaincues d’être heureuses. C’est ce que je fais actuellement, mais ça n’a pas l’air de trop marcher, sur moi. J’espère pour elles que ça marche mieux sur elles. » Elle esquissa un léger sourire ((brisé)). « Merci de penser au bonheur de tes sœurs, et du mien aussi, Felix. Mais tu ne pourras rien y faire. C’est comme ça que le monde est construit. Les femmes sont mariées… et les hommes sont la fierté. » Elle finit par baisser le regard, sa main glissant sur son bras devant elle, les épaules se courbant doucement. « Je n'ai pas le choix. »

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Jamais il n'avait vraiment regardé les choses sous cet angle. Le bonheur de ses sœurs vient-il du mariage, ou vient-il de la relation ? Car malgré ce qu'elle dit, Natsuki, ces mots qui tambourinent subitement un peu dans la tête de Felix qui s'accroche à la chaise devant lui pour ne pas tomber, il les sait heureuses. Elles ont le sourire, elles ont leurs enfants, et elles ont cette routine, à laquelle elles se rattachent. Les maris n'étaient peut-être pas la cause du bonheur, initialement, mais elles ont su le trouver. La différence, toutefois, c'est qu'elles n'en avaient pas ailleurs, des onces de joie et d'envie ; il n'y avait pas un autre avec qui elles voulaient se marier. Alors que pour Natsuki, il y a ce silence qui pèse et que Felix observe, les yeux un peu tombants sur ses tempes, avant qu'il ne s'avance vers elle.

« Oh... Natsuki... », il murmure dans un premier pas, tendant la main vers elle sans rien attraper, encore trop éloigné. Merci. Tu ne peux rien faire. Ca lui resserre le cœur d'entendre ça, lui bouffe un peu la voix qui ne sort plus de sa gorge pour badigeonner la jeune fille de mots réconfortants. Il n'y a que le silence qui plane, lourd, qui confirme on ne peut plus tout ce qu'elle dit. Dans sa famille, comme chez les Gabriel, c'est en effet "comme ça" que leur monde se construit ; mais il voudrait lui dire Felix, que ce n'est pas partout pareil, qu'elle l'a, le choix. Il voudrait être capable de la rassurer, seulement, de la part du garçon de sa fratrie, celui qui a toujours échappé aux obligations, a la chance de vivre un peu ses rêves... Comme ce serait déplacé. Alors il reste muet, ne dit rien. Il traîne le pied, doucement, en se rapprochant encore un peu, faisant le tour de la table, jusqu'à arriver à la hauteur de ce sourire détruit, et il dépose sa main contre son épaule. « Je déteste ça... je suis désolé. C'est injuste. ». Il serre un peu les doigts, voudrait la tirer à lui pour l'enlacer juste quelques secondes ; lui faire ressentir que même s'il ne pourra jamais entièrement comprendre cette pression qui sont sur ses épaules, il la connaît, la voit ailleurs et l'exècre tout autant.  

« Il y a quelqu'un d'autre, pas vrai ? La question est lâchée un peu comme une bouteille à la mer, sans être certain de trouver réponse. Tu veux en parler, ou au contraire, tu ne préfères pas ?... Dans tous les cas, tu devrais peut-être voir avec cette personne si il ou elle ne peut pas t'aider, dans ces obligations stupides. Les habitudes sont faites pour évoluer, s'adapter. Il suffit parfois juste d'oser les secouer un peu, et pour ça, il faut un plan d'attaque, une porte de sortie... ». D'un petit mouvement, une pression de ses doigts, il pousse les épaules de Natsuki pour qu'elles se détendent et qu'elle se tienne droite à nouveau. Fini la Natsu courbée sous l'absence de choix, la déprime de cet avenir dessiné pour elle. « Tiens-toi droite, Natsu, ça commence par là. Je peux pas aider mes sœurs, mais si je peux, d'une quelconque façon... t'aider toi. A voir cette personne à qui tu tiens, à lui avouer tout ça, à confronter ta famille... je suis là. Je le ferais. Sa deuxième main, cette fois, se lève aussi pour saisir la seconde épaule de la jeune fille. T'es pas toute seule, Natsu. ».

Et il finit enfin par s'approcher, serrer dans ses bras juste une seconde la jeune fille avant de la libérer de l'étreinte.
Elle fait la même taille qu'Uranie, Natsuki. Elle a presque le même âge. Alors il pleure un peu à l'intérieur, le cœur de Felix, qui a laissé sa petite sœur se sacrifier pour lui, pour sa vie ici, loin des devoirs haïtiens. Ca lui fait mal de le réaliser enfin.