— it's time to talk

La matinée avait été trop longue. Les examens approchant à grands pas, Beanie était entré dans sa période de révision et enchaînait les pages de vieux grimoires, les potions pouvant soigner les plantes et les croquis des espèces végétales de la serre. Il aimait alterner les moments studieux et ceux un peu plus libres, entourés de la flore qu’il aime tant. Pourtant, en ce début d’après-midi, il avait ressenti le besoin de sortir des terres de l’école pour rejoindre la ville. Il ne s’était pas perdu longtemps dans les rues trop agitées à son goût, avait préféré rejoindre les jardins suspendus qu’il connaissait par cœur. Il n’avait pas oublié son carnet pour continuer les croquis nécessaires à son étude de certaines espèces. C’est d’ailleurs précisément ce qu’il faisait, copiant le détail des pétales d’une fleur carnivore si rare qu’il n’en avait pas encore mémorisé le nom. Les petites dents, à peine visibles à l'œil nu, semblaient se rétracter lorsqu’aucune proie ne se trouvait à proximité. Lorsqu’un moucheron s’approcha, Beanie put observer la plante se mettre en action, sortant ses crocs et étirant sa tige. Il n’eut cependant pas le loisir d’observer le repas, car il fut interrompu par une odeur particulière, de plus en plus vivace.

Fermant le carnet, il se retourna pour faire face à un vulpex. Surpris, le fleuriste s’accroupit, tendant sa main en direction de l’animal pour lui permettre de le sentir. La créature l’observe, s’approche d’un pas, puis s’interrompt. « — hey beanie ! » entend-il soudain, cherchant la source de cet appel familier. Se redressant, Beanie se retrouve avec surprise face à son passé. « Haneul… » dit-il simplement, se souvenant par miracle du nom de la jeune femme. Confus, il l’observe en silence, suivant du regard le vulpex qui la rejoint lorsqu’elle tapote sa cuisse. C’est donc le sien. Quel étrange animal de compagnie, pense-t-il. Il lui va bien, cependant. « What are you doing here ? » demande-t-il, sans s’approcher d’elle pour autant. Il n’y a pas d’animosité dans sa voix, seulement de la surprise. « It’s been… years… » commente le fleuriste, plus pour lui-même que pour son interlocutrice. Comme c’est étrange de la revoir ici, comme si leur parenthèse se rappelait à lui, entraînant avec elle les souvenirs d’une nuit particulière.