— sittin' all alone

Il est dit que l'eau est thérapeutique. Douce essence, le bruit et sa pureté transportent les âmes un instant et Koide aime transporter toute la vie même de la source limpide aux endroits aussi différents que les uns que les autres. Il se balade, observant la lune un instant, doux astre qui berce autant que tout le reste. La brise contre les traits, l'air d'hiver qui est encore capricieux, il remercie un instant Kasai qui fourmille en lui, laissant les flammes contre ses mains se réchauffer. Les passants absents, il laisse libre cours à la conversation avec Mee, ses conseils qui ne font plus vraiment de sens, l'adolescence terminée et l'âge adulte bien entamée, elle devient parfois vite un fardeau sur ses épaules qu'il ne désire plus forcément encaisser. Mais elle reste cette figure parentale, une confidente en tout point, et une partie de sa vie qu'il n'arrive plus à laisser filer aussi facilement. Et s'il se balade au lieu de se reposer pour les cours qu'il devra donner demain, sans dérapage, le professionnalisme important, c'est que les cauchemars sont revenus plus fort qu'à l'habitude. Et si ce n’était qu'une question d'anxiété ? Il décide d'y croire, n'aimant pas les autres hypothèses et ignorant tout de la puissance d'ekisha qu'on n'enferme pas dans un bocal, trop petit, son corps étant devenu la pire des prisons pour le don. Aux abords du rivage, l'herbe mouillée, mélangée à la neige bien présente, il s'enfonce dans l'étendu blanc, voyant une barque qui flotte bien loin de l'hôtel, bout de bois égaré qui renferme une présence familière. Elle a oublié, elle s'est dissipée et elle ignore qu'ils se connaissent. Il s'avance ignorant les problèmes, entendant l'animal familier couiner, être réconfortant. Les doigts fins se crochent au bout de la barque, se penchant légèrement pour l'observer, sourire réconfortant, comme les étoiles qui bravent les nuages. «Haneul...tu risques d’attraper froid.» De quelques mots bien incantés, il envoie une vague de chaleur vers la jeune Denki. Le vulpix qui couine de nouveau, il s'agite, la barque se cognant encore plus fort, lorsqu'il caresse le haut de sa tête. «Doucement, oui, tu es toujours aussi mignon.» Fondant sur le doux être, ignorant peut-être la stupeur d'Haneul dans le néant.

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Le brouillard est si épais, bien plus que dense que lorsqu'il se pose sur les eaux. Il attaque les neurones et ne cherche pas à se dissiper. Tenace et avide, il a décidé de la prendre en victime Haneul. Et toutes les douceurs du monde que Jinx avait pu donner n'étaient pas suffisantes pour sortir vivant de carnage dans sa mémoire. Les airs naïfs le sauvaient un moment, les pensées portées sur l'animal qui s'agite. La chaleur qu'il veut lui donner pour éviter que le froid morde sa peau. Il en oublie les traits de stupeurs qu'elle a sur son visage. Les inconnus souvent dans la nuit ne sont pas de bon augure. Il l'oublie, voyant d'elle une amie surtout précieuse avec qui il partageait sa musique tant aimée. Le violon qui lui destinait ses plus belles notes. Il revient enfin à la réalité entre deux caresses envers le vulpix quand elle la voit se recroqueviller sous la lumière de la lune vers la fin de la barque. Les instincts que n'importe qui peut reconnaitre, ce besoin de protection qu'on s'impose pour éviter la moindre blessure. Il se questionne un instant s'il fait peur. Si les cauchemars transpercent sur sa peau, dans les cernes creuses qui auraient pu se poser. Sans doute aussi les vêtements un peu trop grands qu'il a choisis et les cheveux pas totalement bien placés. Il s'abaisse pour éviter d'être autoritaire, son ombre qui vient plutôt border la barque et non surplomber la poupée. La réponse étonne, mais le sourire chaleureux se recolle aux pulpeuses et même qu'un léger rire s'échappe d'entre elles pour fendre l'air. Il caresse le bois un instant en observant les étoiles qui se faufilent entre les nuages vaporeux. «Comment pourrais-je oublier ?» Le regard continue de s'accrocher au scintillement. «Tu avais tant de curiosité quand je jouais du violon. Et tu écoutais en silence aussi, mais avec tant d'attention à la fois, captivée.» Il la regarde enfin, les mains qui se posent sur le bois et le menton sur la chair. «Qu'est-ce qui se passe Haneul ?» Qu'il demande enfin pour ne pas l'effrayer, pour lui donner l'espace de s'expliquer et de se retrouver aussi. Il a envie, encore une fois, de rester dans le déni, dans l'idée qu'elle aurait pu l'oublier. «J'ai tout mon temps.» Et un sommeil pas assez clément.

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La musique est le plus beau remède des maux. Il aura joué encore et encore pour elle, jusqu'à voir le sang sécher, les veines adsorber la douleur. Chaque note devenant un pansement, une bandelette blanche qui recouvre les muscles déchirés. Mais il n'y a aucune mélodie assez forte pour redonner la mémoire. Il est face à la pire des douleurs au monde. Un oisillon qui apprend à voler de nouveau. Un être humain qui n'a plus aucun point de repère et qui est devenue étrangère de sa propre personne et pour ça il n'a aucun remède, c'est d'une tristesse. «La musique est une des plus belles merveilles que l'humain s'est appropriée.» Comme le chant des oiseaux ou le simple bruit de l'eau qui cogne contre le rivage, sous la barque qui la fait flotter. Et il sourit, apaisé, fier quand elle retrouve son prénom dans les chemins sinueux de sa tête. «C'est ça.» Qu'il relâche comme on le fait avec un enfant. Les étoiles partagées dans les regards, la peur se dissipe quand le coeur se délie, à la recherche d'une oreille. Une confidence qui veut s'exalter, un besoin d’en finir avec tout ce qui lui pèse sur les épaules. Et l'intérieur de la joue mordue en dit long sur les mauvaises expériences dans les brumes. Sur les gens qu'elle a croisés et qui lui ont demandé de raviser sa curiosité. Car il n'y a plus d'amis, ni ennemis ni même famille, il ne reste que les connaissances qui savent pourtant tout d'elle. Et c’est ça qui est effrayant. «Tu es ce qu'on appelle une muse. Une inspiration pour les cordes de mon violon. Et j'étais un doux voyage pour toi. Tu m'admirais parfois un peu trop, assez pour me gêner. J'avais envie de t'apprendre, mais entre temps...» Et il oublie les dernières paroles, il ne sert à rien de répéter les évènements malheureux quand il essaie de l'apaiser. Les questions qui suivent sont profondes, touchantes, mais aussi cuisantes pour son coeur sensible qui pourraient verser des larmes à tout moment. «Puis-je ?» D'un regard échangé, il rejoint l'intérieur de la barque et s'incline un peu à l'intérieur. «Regarde.» L'index qui pointe les astres silencieux, si lumineux ce soir, à dévoiler tout le paysage comme si le jour était encore présent. «Tout oublier peut apaiser un esprit, mais aussi le torturer si fort qu'il n'en retrouve pas la raison, car il garde en tête que quelque chose cloche. Mais les étoiles, elles, elles ne changent pas avec le temps et elles seront toujours tes premières confidentes.» Elles ne connaissent pas la fuite et leurs années de vies se tiennent à coup de mille. «J'ai pas l'intention de partir. Tu as peur de ce que tu peux découvrir ?» Dans le détour, dans chaque endroit qu'elle visite. Les souvenirs sont rampants et prêts à attraper les chevilles. C'est qu'il a tant de mal ce navire. Il prend l'eau, troué dans ses lattes de bois. Mais il sera un phare, le temps qu'il faudra.

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Petit radeau qui tangue si fort, une barque qui créer ses propres vagues, aux douleurs qu'elle apporte. Le chaos est si noir, a tout gardé la lumière pour lui, si égoïste. Il refuse de donner, la moindre parcelle des souvenirs qu'elle aurait chérie encore et encore. Peut-être qu'il peut lui donner un instant de bonheur, lui montrant les étoiles simples qui brillent toujours un peu de la même façon, quand les nuages ne sont pas trop capricieux à les envelopper sans gêne. Il sera tout ce qu'elle désire, comme avant, même si elle ne se souvient pas, même si elle s'égare encore et encore.«Alors je te le promets.» Qu'elle pourra voguer encore et encore sur les cordes du violon, douce berceuse pour les plus grands désarrois. Elle en aura besoin et il le sait. «C'est exact, je n'ai pas l'intention de bouger Haneul.» Et il ne cherche pas à savoir ce qui s'est passé, cela lui ferait encore plus de mal. Il peut dessiner l'avenir, le présent moins dangereux que les effluves du passé dangereux. Qui sait comme elle a trébuché Haneul. Comment la douleur apparait dans sa poitrine quand elle souffle la douleur ? Le danger quand tout est possible. C'est la porte aux plus grandes colères et aux horreurs du monde qui s'infiltrent dans les cauchemars. «Jamais.» Et il se redresse à s'avancer un peu vers elle, la barque qui claque encore contre le rivage, transmettant une vague d'apaisement vers elle, s'approchant un peu aussi pour tendre les doigts, de quoi la ramener à la surface, mais aussi la calmer face au vide. Il aimerait la prendre dans ses bras pour lui dire que tout ira bien. Mais comment faire quand ils sont de nouveau des inconnus ? Il aimerait caresser sa chevelure jusqu'à ce qu'elle s'endorme, là dans le pays des rêves, où les problèmes deviennent inexistants. «J'ignore ce qui s'est passé et je le sais que toi aussi ça t'échappe. Mais tu n'as jamais été un fardeau et tu ne le seras jamais, Haneul. Inspire puis expire, concentre-toi sur le bruit de l'eau, du vent qui frôle les branches des arbres et des animaux qui refusent de dormir non loin du rivage.» Et du mieux qu'il peut, il émet quelques éclaboussements dans l'eau pour créer une douce symphonie, le violon trop loin pour lui jouer une berceuse. «Je reste avec toi aussi longtemps que tu le souhaites.» Jusqu'aux rayons du soleil qui réchaufferont leurs peaux glacées.

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