i just came here to the party for the drugs — hikaru

Fondu au noir. Acouphènes bourdonnant dans les tympans, sensations de mâchoire complètement anesthésiée, les membres sont totalement engourdis, et surtout, la lumière est foutrement aveuglante, est-ce que ce serait le putain de paradis ? Si elle en avait été capable, elle aurait éclaté de rire Mei, comme si elle avait la moindre chance d’atterrir auprès des anges après la mort. Le moniteur cardiaque sonne à intervalles régulières, ses paupières quasi scellées s’ouvrent difficilement, la sensation d’être emprisonnée dans un corps à demi-mort est la première à venir. Les pupilles mettent quelques secondes à s’adapter à la clarté de la chambre d’hôpital. Oh. Instantanément, un sentiment de panique réveille le myocarde à l’état comateux, les muscles se tendent et elle grimace Mei, parce que chaque os qui la constitue semble être sur le point de se briser. Les cellules nerveuses semblent pas non plus s’être remises de ses conneries, elle se rappelle pas Mei, ou plus trop, elle a de vagues souvenirs d’une soirée difficile, de Yeji qui lui sourit dans le foule, de son visage qui bascule vers l’arrière et de ses yeux qui s’émerveillent des jeux de lumières et lasers épileptiques exacerbés par les drogues hallucinogènes. Elle se rappelle aussi de la détresse étouffante qui l’empêchait de respirer, parce qu’elle est toujours là. Toujours bien vivante sous sa peau, peut-être même comme dernière manifestation de son humanité. Elle s’essaie à un mouvement de la nuque qui la fait gémir d’inconfort, tourne le visage à droite, puis à gauche, et se fige immédiatement. Elle ne l’avait pas vu, cette silhouette pourtant proche, ne l’avait même pas sentie. Sourcils qui se froncent pour tenter d’en reconnaitre les traits, elle a pas vraiment le temps d’analyser l’étranger, trop vite préoccupée par sa gorge qui se met subitement à la brûler et le hoquet de nausée qui l’éprend. Je vais vomir. Sa paume se plaque alors par réflexe sur sa bouche, son corps prêt à se mettre en mouvement pour accourir vers la première poubelle ou lavabo, mais se fait très vite rappeler à l’ordre par le cathéter fixé au bras et par son cruel manque de force, comme si elle n’était qu’une marionnette sans vie. Après tout, n’est-ce pas vraiment ce qu’elle est ?

Mh, oui probablement... à vrai dire je n’ai pas plus d’informations. Le silence est omis présent, partout, les couloirs sont vides et une lumière trop claire aux goûts d’Hikaru illumine le couloir. L’infirmière de garde fait de son mieux pour extirper des informations au jeune kaze, malheureusement, il n’est pas plus informé qu’elle sur la situation de la gamine. Il la reconnaît, son regard perdu et sa moue boudeuse, dos courber contre un mur de la boite de nuit, musique si forte qu’il n’a jamais réellement entendu le son de sa voix. il s’est levé à plusieurs reprises pour l’empêcher de se faire draguer par ces âmes affamées. esprit tout aussi torturer que lui, trouvant refuge dans les bras d’inconnu. Il ne voulait pas de ça pour elle, va savoir pourquoi. peut être que son regard lui rappelait le sien, peut être que lui aussi aurait aimer qu’on le mette en garde, qu’on le protège. à plusieurs reprises, il fait barrage entre les démons et elle. quitte à ce qu’on pense qu’ils sont ensemble, qu’elle appartient déjà à quelqu’un. car dans la pénombre et les saletés, c’est tout ce qui compte. Appartenance mal placée, comme si on été réellement à quelqu’un. (non) on est à personne, est soit même. et toi, jolie mei, tu t’es perdu à point de ne plus savoir qui tu es. Peut être sur des hallucinogènes ? - L’infirmière prend note, Hikaru lui se gratte la nuque, gêner. - Je dirais plus de type sorcier et non moldu, la drogue moldu stop les pouvoirs sur un court temps, mais à long terme on se retrouve dépourvue totalement de magie. alors.. j’imagine qu’elle n’a pas fait ça, du moins espérant le. - sourcil éveiller par autant de détail, mais ne demande pas plus, elle le remercie d’un signe de la tête et tourne le talon, hikaru s’avance pour rajouter : elle s’appelle mei, kirigoe mei. et non la droguée, comme ils l’ont gentiment écrit sur le papier d’entrée. il fronce les sourcils à son tour et pénètre dans la pièce, tout ici lui donner la gerbe. le vacarme du silence qui fait plus de bruit qu’autre chose, l’odeur de propreté, les murmures, les non dit. la tristesse qu’accumulent les murs, comme imprégner d’une aura si lourde qu’il empêche son coeur de tambouriner correctement. Il aurait du partir, n’a aucune idée de pourquoi il est resté. Peut-être qu’elle lui ressemble, peut être parce que ses yeux hurlent cette même tristesse qu’il habitait en lui si longtemps ? Un mouvement le ramène à la réalité, elle est réveillée. Il hésite à rappeler l’infirmière, mais préfère s’en occuper, sans attendre il se saisit d’une bassine mise à disposition et le cale devant le visage de la gamine. ses mains eux, enroulent instinctivement ses cheveux en boule, pour les maintenir en arrière. il reste silencieux un moment, attendant qu’elle se laisse aller. Lâche un soupire, aussi bruyant que les machines. T’es qu’une idiote. n’est-ce pas ? Ils t’ont fait un lavement d’estomac, et tu boufferas de la soupe pour les quinze jours à venir. une autre pause, le ton est trop dur, moralisateur. ça en valait la peine ? même pas trois secondes de pur plaisir avant de s’évanouir. il a suffi d’une minute d’inattention de la part du gamin pour qu’il la perde du regard. retrouver une dizaine de minutes après, au sol, chevaucher par les âmes vagabondes. pas un seul regard n’était poser sur elle avant qu’il ne la relève, et personne ne l’avait aider pour la suite. c’était elle et lui, et les autres, tous des démons. et si je ne t'avais pas retrouvé, tu serais sûrement déjà deux étages plus bas à la morgue. c’est ce que tu voulais ?

Ça dure des dizaines de secondes, mais ça s’étire en heures infinies. Ça brûle l’oesophage de vomir du rien, parce qu’elle mange plus Mei, en tout cas pas tout le temps, pas tous les jours ou pas comme il faudrait, elle a démissionné des petits gestes vitaux du quotidien. Des larmes de douleur et de mal-être en rivière sur ses joues livides, et ce seul contact étranger mais pourtant rassurant, cette paume sur son crâne comme dernier lien avec le monde des vivants. Aussitôt, elle dégage le récipient rempli de bile, saisit de ses doigts tremblants le verre d’eau traînant sur la table du lit médicalisé, s’essuie la bouche d’un revers d’un poignet, regarde partout sauf dans sa direction. Trop humiliant. T’es qu’une idiote. Les mots résonnent durement sur les parois de son crâne endolori, enfin les yeux se posent sur le visage angélique qu’elle peine d’abord à reconnaitre. De grands yeux confus qui se baladent sur ses traits enfantins, avant que douloureusement, les souvenirs ne lui reviennent. Ce garçon avait été là tant de fois pour la rattraper au bord du précipice, elle ne s’en rappelait que les lendemains matins, comme un envoyé du diable qui l’empêchait de quitter l’enfer de sa vie, Hika.. Hikaru, c’est ça ? Hikaru, oui, garçon à l’air sévère mais trop mignon pour être ignoré, elle avait accepté ses bras pour en éviter d’autres plusieurs fois, et avait toujours fini par disparaître aussi vite que la fumée. Ses phrases peinent à être traités par ses cellules nerveuses, parce que tout est au ralenti là-haut, elle n’attrape que certains mots au vol, lavement d’estomac, soupe, ça en valait la peine ?

OVERDOSE. C’est finalement celui là qui s’estampille partout où elle regarde (parce que ses iris parcourent la pièce en évitant soigneusement de se poser sur lui, gamine qui se fait gronder fait pas la maligne), elle est pas si idiote que ça Mei, elle comprend qu’elle s’est ratée. Et la panique gagne chaque veine, fait tressauter chaque muscle, sous le drap stérilisé, les genoux se ramènent contre sa poitrine et les bras encerclent ses jambes. Finalement, son crâne tombe lourdement contre le mur derrière, tête renversée, plus aucune force, plus aucun désir, simplement un vide abyssale en elle, et le coeur qui bat dans la cage thoracique très fort, résonne avec absurdité. Des battements rapides pour lui rappeler qu’elle a même pas droit de déclarer forfait. Qu’elle a l’air conne Mei, avec sa lèvre inférieure qui tremble nerveusement dans une ridicule tentative d’empêcher les sanglots de l’avaler toute entière. Pourquoi tu as fait ça ? Elle ravale difficilement sa salive, énorme blanc pour trouver le courage de parler. Les yeux se rouvrent, et face à elle toujours le même fantôme, Yeji et son air réprobateur qui se tient dans un coin de la pièce, et c’est trop, elle peut plus jouer aux pestes indépendantes et odieuses, peut plus feinter un courage surhumain quand elle a même pas la force d’affronter le noir de la nuit. Pourquoi tu m’as pas laissé partir ? Humiliation totale, pas un regard pour son sauveur, les larmes sont innombrables, les sanglots bruyants et sonores, la respiration est erratique et ses poumons se soulèvent avec violence. C’est la première fois qu’elle s’autorise à pleurer comme un bébé, Mei.

Miroir infini sur leurs âmes écorché, son image est identique à la sienne. Pauvre enfant frêle, dont la vie n’a jamais été un cadeau. Sillonner les horizons pour trouver quelque chose, quelqu’un, une lueur si faible qu’on a l’impression que ça peut nous sortir de là. Il ne voit plus rien, ne voit qu’elle, elle en lui. Une seule et même personne, comme un cœur scier en deux à qui on aurait offert deux solutions. Quand la vérité quitte ses lippes, il a un haut-le-cœur. Une image de sa propre personne, debout sur le rebord d’un pont, près à se jeter à corps perdu dans cette rivière dont le nom lui échappe (faux, il sait très bien où c’était, comment c’était, quelle sensation traverser son épiderme, et quels doutes sordides planés au-dessus de son crâne.). Quelle image horrible, quelle sensation tout aussi horrible. Et soudain, il l’imagine, elle, offrant son corps et son âme dans le trait de trop, la pilule de trop. Le moment exact ou son cerveau à switcher de mood, le dernier verre semble irréel. On n'est pas à ça prêt, au final, on peut, peut être s’abandonner une dernière fois. Pourquoi, toi t’as fait ça ? il n’ose pas la regarder, peut être trop perturbé par l’amas d’information qui vient d’arriver à son cerveau.

Il est de l’autre côté.
De ceux qu’on a sauvés.
Ceux qu’on a plus besoin de repêcher.
Âme en paix, trouvant refuge dans la douceur de la vie.
Pourquoi tu voulais partir ? Discussion miroir, car ils ne sont que ça. Hikaru lève les yeux vers elle. Ses cheveux en bataille, son air fatigué, ses traits épuisés. Ses yeux pleurent encore, torrent de larmes qui ne cesse de jaillir de ses iris. Qu’est-ce qu’on dit à quelqu’un qui n’a pas réussi à se tuer ? Tu feras mieux la prochaine fois ? Jamais deux sans trois ? Comment on retient un être si lointain qu’on ne peut plus le toucher ? J’ai été comme toi, je le suis encore. On m’a sauvé, plein de gens, mon copain, ma famille et moi-même. L’empathie pour attendrir les cœurs ? Il n’y croit pas, il a juste envie de lui faire comprendre : ce n’est pas une mauvaise vie, peut être juste une mauvaise journée, ou semaine, ou mois, peu importe, ce n’est qu’un naufrage qui trouvera forcement son rivage. Je pensais que je ne méritais pas d’être ici, sur terre. Tout ça n’avait aucune importance, j’ai arrêté de penser, une seconde. Et j’ai imaginé un monde ou je n’étais pas là. Égoïstement… Je ne voulais pas qu’on me dise de rester, ni qu’on me supplie de penser aux autres, on s’en fou des autres, quand on est à la dérive. iI rit presque, ce n’est pas le moment de rire, mais il a envie, pour lui montrer que c’est si bête, le monde est bête. Elle, lui, tout le monde est bête. Alors je ne sais pas ce que t’as envie d’entendre. Peut-être que tu veux que je te félicite d’avoir raté ce coup ? Peut-être que tu veux que je te mette devant les yeux la bêtise que t’allais faire, et les cœurs que t’allais brisé. Peut-être que tu veux que je te rappelle la valeur de la vie. Si précieuse, d’autre se batte pour l’avoir, mais toi, Mei, au-dessus de tout le monde, tu t’en fiche pas mal de la gâcher, pas vrai ? Et il rit, non, il soupire, un long soupire. (en réalité, il aimerais pleurer avec elle)

Il sort de son sac quelques friandises qu’il avait récupérées dans la machine du coin. Il connaît l’après, sait qu’on peut crever de faim, jusqu’à perdre connaissance. Mange, ils te serviront pas avant demain matin. et puis un silence, trop lourd pour lui. Souvenir qui revienne en cascade, il reprend : Tu ne sais pas de quoi demain est fait. ça semble énorme aujourd’hui, mais demain… Demain c’est un autre jour.. et demain, tu ne sais pas ce que ça va donner. Alors pour savoir, faut te battre, faut pas les laisser prendre le dessus. eux, dont il ne cite pas le nom exact, on a tous nos démons, et il sait ce que ça fait qu’être chassé par eux. T’es plus forte que ça, même si tu penses l’inverse. L’enfer, tu l’as frôler, y a rien de pire qui peut t’arriver. L’enfer c’est maintenant, quand le seul plan que t’as organisé parfaitement foire en beauté, et que tu te retrouves à recommencer à zero. Moi j’avais personne ce jour-là pour me dire d’éponger ma faim, moi je suis là pour toi. Alors mange. une main aimante le long de son dos, remonte jusqu’à sa nuque. Cheveux emmêlés qu’il essaie tant bien que mal de démêler du bout de ses doigts. Peut-être qu’on n'arrivera jamais à survivre seule, peut-être qu’il nous faut toujours cette âme identique pour nous hisser vers le haut. On peut le faire, écoute moi, on peut le faire, avec beaucoup de courage, je serai là.

Question rhétorique, quand bien même elle en aurait un soupçon de réponse, les sanglots sont bien trop violents et étouffants pour tenter de formuler le moindre mot. Ils sont bruyants, chaotiques et désordonnés, ça la secoue Mei, parce qu’elle avait un peu oublié ce que ça faisait d’être à ce point en vie. Avait réussi à tellement anesthésier son coeur que cette sensation de chute libre, cette impression d’être submergée par un million d’émotions en même temps l’avait complètement désertée. Et dans l’aridité du myocarde, ça pleuvait désormais averse, humidité trop soudaine qui assiège ses poumons et donne l’impression d’une mort dans la mort, parce que ce n’est que ça. Elle chiale comme une morveuse à qui on a retiré son jouet préféré Mei, et comme les enfants qu’on gronde, elle fait de son mieux pour amoindrir le son de sa crise de larmes lorsqu’il se met à lui parler, la tête quasi enfouie dans les genoux recouverts par le drap stérilisé.

Les mots font mal. Plus personne pour la sauver, elle les a tous éliminés un par un. Et Hikaru la met face à tous ses démons, tous les ratés, toutes les vérités inadmissibles, comme si il avait non seulement eu accès à toutes les pensées nocives qui la traversaient depuis des mois, mais pire que ça, c’est comme si il était capable de lire directement dans ses sentiments. Et elle écoute, elle aurait envie de plaquer ses mains sur ses oreilles et de hurler pour couvrir le son de sa voix, mais elle est forcée d’écouter Mei, d’accepter la sentence qu’elle mérite. Les larmes ne se tarissent pas mais deviennent plus silencieuses, y’a encore quelques hoquets de respiration qui viennent bousculer ses mots, foutrement ridicule est-elle, se sent comme une enfant qui a fauté. C’est pourtant bien plus grave que d’avoir piqué du chocolat dans les placards.


Chaque phrase résonnait avec fracas, mais celle-ci plus que les autres. Elle le connaissait trop bien, son incroyable égoïsme, dernier compagnon de boisson, mais c’était jamais les autres qui en parlaient. Quels autres, de toute façon ? Il parle Hikaru, et ses yeux embués de larmes s’ouvrent un peu plus.

Nabi.
Mini.
Mirae.
Hauru, Mio, Kouta, Yunho.
Garam.

Cri du coeur déchirant, leurs prénoms et visages qui se réécrivent partout, leurs sourires comme des lumières de phare dans les ruines monstrueuses et noires qui font son monde aujourd’hui.


Reconnexion à la réalité aseptisée, ses yeux confus se portent enfin sur son visage tiré, et sur ses mains qui fouillent dans son sac pour lui tendre un paquet de confiseries. C’est étrange. Cette manière dont il prend soin d’elle, c’est un truc qu’on a rarement fait pour elle. Parce qu’avant, c’était elle qui prenait soin des autres. Désormais, les orbes ne le quittent plus, écoutent chaque syllabe avec plus d’attention sans rien trouver à y redire, parce qu’elle sait bien qu’elle aura pas la force, Mei. Et pourtant…

Et pourtant, la main tremblante se dirige vers l’un des snacks jetés sur le lit, hésitante et fragile. Prononce un ordre doux, mange, c’est peut-être rien, mais en réalité c’est tout. Ses doigts peinent à déchirer l’emballage, l’aliment lui fait tout sauf envie, malgré l’estomac qui gronde. Et comme si elle y cherchait le dernier soupçon de force qui lui manquait, sa deuxième main vient timidement se tendre vers celle du garçon, supplication silencieuse qu’il la saisisse et l’aide en étant simplement là. S’arrête jamais de pleurnicher, première bouchée douloureuse, l’impression de trahir ses premiers plans d’auto-destruction.

J’ai fait ça parce que j’avais peur.

Question rhétorique trouve finalement un semblant de réponse.

Et dans le fond des orbites, tu peux lire d’une facilité déconcertante toute la détresse qui s’empare d’elle à cet instant, Hikaru. Elle est toujours terrifiée. Mais au delà de l’angoisse qui l’étreint, minuscule et fragile lueur brille craintivement. Tu la reconnais, cette étincelle qui brille à peine, qui lutte sans relâche pour continuer d’exister. Étincelles d’espoirs. Je fais comment pour recommencer à zéro ?