— your silent portrait ((mini))

♡ / 04.APR.2022 ·


Parce que Mei, ça fait des mois qu’elle est en survival mode, et qu’elle sait plus vraiment comment quitter la partie. Elle traine son squelette et Yeji ectoplasme un peu partout, escroque le soir et ses appréhensions au travers des médicaments et autres drogues chimiques, jusqu’à ce que ses genoux ploient sous la puissance écrasante des remords et de tout ce qu’elle a foiré. Hauru l’accompagne parfois dans les nuits noires, rend la lune et les constellations un peu moins terrifiantes. Elle accepte néanmoins qu’elle est condamnée Mei, et qu’elle ne vit désormais que pour payer sa dette. Il est très tard quand elle se lève, le lit est vide et le soleil se faufile au travers des stores, baigne une lumière chaude dans la pièce qui la fait lentement émerger. Silhouette de poupée qui se roule dans les draps pour s’agripper au garçon qui apaise ses angoisses, mais n’y trouve que le vide et le frais des couvertures en désordre. Mal au crâne, mal au coeur quand elle se résout à s’extirper de leur radeau, le tee-shirt trop grand de Hauru en simple apparat, les jambes tremblent sous le manque évident de nourriture et d’eau, la redescente est sans doute le moment qu’elle déteste le plus. C’est comme un petit soldat de bois qu'elle se déplace Mei, mécaniquement vivante ((puisque ses doigts bougent et que ses yeux clignent, mais qu’elle est remplie de vide)), traverse la colocation aux milles couleurs pour rejoindre le salon, là où y’a toujours du bruit, des rires, de la vie.

Salut les gars, vous avez pas un truc contre la nausée ?, débarque dans la pièce à vivre à la volée et s’exprime d’une voix ensommeillée sans même prendre le temps d’observer les protagonistes du jour, mais elle n’en a pas le temps Mei, y’a une présence qui fait taire toutes les autres. Sa main sur la poignet de la porte comme dernier ancrage à la réalité, le sol qui se désagrège sous ses pieds, elle plonge très profond dans les souvenirs, ça ne fait qu’un an, mais ça donne l’impression qu’elles resurgissent d’une autre vie, ces réminiscences brillantes. C’est surréaliste, pourtant Mini est là, il se tient devant elle et n’a pas vraiment changé. Et désormais, c’est elle qui est muette. L’air lui manque, pas foutue de prononcer le moindre mot, aura de malaise qui se diffuse autour d’elle. Mini ?, communiqué directement dans son esprit, comme ils l’avaient fait des milliers de fois, les opales confuses s’accrochent désespérément à ses grands yeux. Cette fois, ce sera peut-être toi qui la sauvera.

Outfit / 04.APR.2022 ·

Quelques étoiles se glissent le long de ses phalanges, quelques cristaux viennent trouver refuge entre chacune de ses imperfections. Ca roule, ça s'entrechoque de temps en temps, quelques notes symphoniques à en rendre jaloux les musiciens céleste. Sublime mélodie à chacun de ses pas, chacun de ses mouvements, Mini comme divine petite clochette, précieuse, au son immaculé que l'on ne voudrait ô grand jamais bafouer.
Mini, c'est un peu l'hiver, c'est un peu le printemps qui n'arrive pas à naître, ne sait pas faire fondre la neige et les montagnes de glace. Les primevères peinent à fleurir, il fait trop froid, il est peut-être encore trop vide ; petite fée plongée dans ce sommeil sans fin ; ne sait plus comment admirer la beauté du monde, quand tout sombre dans les noirceurs, dans les ténèbres. Mini tend la main ; s'agrippe à quelques poignets avec tout son désespoir. Avec toute la force qu'il possède, mais il n'arrive pas à s'extirper de ce trou sans fond, il n'arrive pas à remonter à la surface.
Et un jour arrivera ;
Où il finira par se noyer.


Et dans l'infinité du silence, aucune réponse ne sait lui parvenir. Il est seul, Mini, au fond de son esprit, dans son coeur, il n'y a que la solitude pour l'embrasser, l'enlacer. Et les saisons ne changent pas, ne semblent pas réussir à le réanimer. Et le mini d'autrefois était bien plus beau ; plus tendre, il était apaisé, quand il n'était qu'un enfant, qu'une petite étoile parmi tant d'autres.
Supernova qui a explosé ; tout emporté sur son passage.
Tu te souviens de la douleur ?
La mienne n'est jamais partie.
Elle pèse comme le pire des fardeaux.
Il n'y a qu'entre ces murs qu'il semble un lui-même, là où son coeur se réchauffe lentement, tendrement, il ne sent plus les démons s'emparer de son battant, de sa peau, dévorant sa chair. il ne sent plus les illusions frapper son échine, il n'y a que la chaleur et quelques rires, mais matinée calme, il vient simplement en apporter les douceurs préparées avec tout l'amour du monde ; parce que Mini sait toujours mieux s'occuper des autres que de lui. Quelques fleurs déposées dans un vase dans la cuisine alors que les cookies encore chauds sont disposés sur la table du salon, l'un d'entre eux déjà dans la bouche d'un des propriétaires du lieu, Hauru. I’m not s-staying long, I’m j-just dropping t-this off... Maybe I’ll come back with Sora l-later if you d-do anything tonight. I mean... if she wants to co-come too. Le sourire s'étire faiblement, comme à son habitude, mais rongé par les pensées qui ne laissent jamais l'âme en paix, il passe une main sur l'épaule de son ami alors qu'il s'apprête à en quitter les lieux, voix qu'il ne reconnaît pas tout de suite, sonne jusqu'à ses tympans, frappant de plein fouet sa curiosité, et les yeux se posent sur elle.
Un fantôme.
Il y pense, mais tout lui paraît trop réel. Trop réel pour que ça ne soit qu'un mirage, une hallucination de son esprit ! Tout est trop réel à cet instant où tout se fige. Mei. Mei dans le t-shirt d'Hauru. Mei dans l'appartement qu'il fréquente que trop de fois ; mais il ne l'a jamais vu avec les autres. Mei. Le nom résonne encore dans sa tête. Les yeux se reposent quelques secondes sur Hauru, jamais perturbé, balançant une plaquette de médicament jusqu'à celle qui fait naître tant de questions dans la gorge de Mini, mais aucune d'elle ne sait s'exprimer. M-Mei...? Corps qui s'avance, lentement ; mais une barrière s'instaure, est créée par lui même. Elle a disparue, elle aussi. Soudainement. Comme un pansement qu'on arrache trop vite, trop tôt, et ses blessures saignent de nouveau. Mini se noie. Se noie dans son sang, dans ses plaies, dans tout ce qui ne se referme plus. What are you... Doing here...? Il l'observe, laisse les yeux se déposer sur le bijou offert ; puis de nouveau dans les siens.
Et même sa respiration est silencieuse, discrète, comme de peur qu'on l'entende de trop, qu'on vienne de nouveau tout lui arracher de force. I-I thought y-y-you were...
Dead.

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Ça bourdonne fort dans ses oreilles à Mei, aucun son ne sait lui parvenir, le choc de la plaquette de médicaments contre la table comme un écho très lointain semblant s’extirper d’une autre réalité, c’est le silence le plus bruyant du monde dans sa poitrine. Petite fugitive lovée dans son paradis artificiel, érige des barbelés faits de déni et de mensonges tout autour du myocarde, ils s’y sont tous écorchés les doigts ceux qui ont essayés de la ramener de sa tour, mais pas lui. Parce que les phalanges cristal de Mini ne méritent aucune blessure, Mei est partie avant, a voulu le protéger du chaos qui gangrène tout ce qu’elle est. Sale menteuse égoïste, elle aurait surtout pas supporté de voir la déception dans ses yeux. C’est exactement cet instant même qu’elle redoute plus que sa propre mort qui semble se dérouler devant elle, spectatrice impuissante du chaos qu’est devenu sa demi-vie, elle n’est plus vraiment là Mei, pas tout à fait.

Le teint déjà pâli par le manque de ressources vitales devient monstrueusement blafard, les opales confuses se détachent difficilement de sa silhouette pour interroger celles de Hauru, qui reste égal à lui-même, semble pas vraiment se préoccuper de la guerre froide qui s’amorce, puis reviennent aussitôt à lui. Son prénom qui s’arrache au mutisme ambiant et qui rebondit sur la première consonne, Mini aussi semble être resté égal à lui-même et ça lui fait mal à la fée fantôme, sa main tombe lourdement de la poignet jusqu’à sa cuisse, l’envie brûlante d’accourir et de l’étreindre de tous les restes d’amour, souvenirs fugaces de gestes qu’elle s’autorisait, avant. What am I doing… Question est répétée bêtement, automatiquement, et sans même qu’elle ne le conscientise, le trésor bijou habillant son doigt est nerveusement trituré. I was leaving. La fuite, c’est un truc qu’elle maitrisait bien maintenant l’enfant tempête, il est physiquement impossible pour elle d’avouer, affronter les fantômes du passé, lui confesser à lui qu’elle a perdu au jeu de la vie. Lui qu’il l’eut toujours connu avec Nabi, stable et ambitieuse, foutu modèle de réussite toujours souriante et droite dans ses bottes, à qui elle offrait désormais le plus pathétique des spectacles, ombre d’elle-même.

I thought you were… Don’t say it. Coeur s'emballe instantanément à l'entente des mots, les yeux le supplient, comme un cri de l’âme qui se dépose à nouveau à même le cerveau, don’t say that please. Et prise d’une angoisse soudaine, hydrométéore d’émotions qui se loge dans la gorge, elle traverse l’appartement d’un pas impatient, saisit doucement mais vivement le poignet du petit frère soleil pour l’inviter à quitter avec elle la pièce et l’entrainer sur le palier. Pas de pudeur quand il s’agit de se déshabiller en pleine lumière devant Hauru, c’est une toute autre histoire quand il s’agit de la mise à nue de son âme et de tout ce qui l’habite. Porte claquée à la volée derrière eux, c’est d’abord un long silence qui s’abat. Pas d’explications sur ce geste pulsionnel, pas de justification sur les milliers de non-dits, ne reste alors que l’omission de tous les mots contre le vacarme tonitruant de son coeur.

Je chercher les bons mots Mini, la manière la plus juste de t’expliquer ô combien le désordre de ma vie me terrifie, que c’est un vide abyssal qui m’engloutit à chaque instant et dissout mes résidus d’humanité.

I’m sorry I didn’t gave you any news Mini, but… Gamine perdue dans ce t-shirt trop grand, essaie vainement de conserver cette position d’aîné rassurant. Things happened. And I don’t want it to be known. Les orbites qui jusque là trainaient sur le sol finissent finalement par s’amarrer à nouveau aux siens, brillent par l’émotion qu’elle contient à bout de force. Are you doing fine ?

Outfit / 04.APR.2022 ·

Dis Mei,
Est ce que les choses finissent toujours par s'arranger ?
Est ce qu'un jour, tout ira mieux, sans qu'on s'en rendre compte ?
Est ce que le monde est plus beau, quand on ne souffre plus ?

Il avait posé ces questions avec l'innocence d'un enfant, Mini, sans s'attendre à ce qu'on lui répondre, sans s'attendre à ce qu'elle vienne éloigner les démons de son esprit, ou qu'elle vienne lui voler ses douleurs pour qu'il se sente plus léger, puisse de nouveau voler entre les nuages comme le font les oiseaux, libres de leur poids, de leurs fardeaux qui ne pèsent plus sur leurs ailes ; mais celles de Mini sont brûlées, la chair est encore à vif, et ça fait mal,
Recroquevillé dans le fond de cette vieille cage,
Et tout commence à rouiller.
S'assombrir, quand soudainement, Mei n'est plus.
Elle est partie, elle aussi, sans lui dire un mot, sans lui laisser un dernier souvenir, autre que sa joie et ses sourires. Elle a disparue, et son coeur s'est serré, ses doigts se sont fait violence contre l'oreiller, voix à en hurler les peines, et il a su si mal, si mal de cette solitude qu'on impose trop facilement. Trop mal de cet abandon qui en ronge ses entrailles, vient en faire naître les plus divines frayeurs.

Et face à lui, il y a un fantôme.
Il porte son nom.
Se maquille de ses traits, c'est son visage qu'il reconnaît, là où l'âme se sent si souvent en sécurité.
Ce n'est pas un démon, ce n'est pas un ange non plus, peut-être simplement un miracle, celui qu'il a envie de serrer dans ses bras sans jamais plus le laisser s'envoler. Mei est là, et quelque chose déraille en lui, les rouages viennent se noyer dans ses propres larmes intérieurs, visage vierge de toute pluie, mais la tristesse voile ses yeux, vient s'abattre sur son corps de poupée, fragile, à se briser comme du verre ! Please d-don't... Don't leave me a-again... Soufflé comme un dernier espoir, comme on vient supplier les dieux pour cette rédemption tant désirée, et il voudrait hurler, crier, jusqu'à ce qu'on puisse enfin l'entendre, l'enfant coincé dans son esprit. Mais aucun mot n'arrive à s'échapper, aucun mot ne serait assez puissant pour exprimer ce qu'il ressent, la tornade qui fait rage en lui, mais la tempête est silencieuse, beaucoup trop, quand les doigts s'emparent de son poignet, et que les corps valsent soudainement, les pas ne sont pas retenus quand il s'agit de la suivre ; il l'aurait suivi jusqu'à l'autre bout du monde, avant, quand il n'avait rien à perdre. Mais tout est différent maintenant. Maintenant, il voudrait simplement la garder pour lui, égoïsme éternel, quand il a simplement trop peur de l'abandon.
Et il l'observe, Mini,
Ecoute chacun de ses mots, ceux qu'il ne comprend pas, d'une situation qu'on a refusé de lui murmurer, quand d'autres ont volé sa place ! Et qu'elle s'est fermée, soudainement, jusqu'à ce qu'ils ne soient plus que deux inconnus, qui ne connaissent plus rien de l'un et l'autre. Son corps tremble, des batailles qui font rages. Mais ses bras s'ouvrent et son corps vient s'échouer contre le sien, les larmes viennent bruyamment s'échouer contre le tissu, à l'odeur qui ne lui appartient pas. I was so w-worried about you, you c-can’t even imagine. I thought I’d n-never see you again, and there you we-were, right there, s-so close to me. Aucune colère ne gronde dans ses paroles, aucun mot n'est violent, il y a des regrets dans sa gorge, il y a toute la tristesse du monde, et son visage se cache contre son épaules, ses bras l'entourent, s'assurant qu'elle est bien réelle, que ce n'est pas une éternelle tromperie de son esprit. Don't l-leave, I beg you, don't leave me any-anymore. Parce que j'ai trop peur, maintenant. Please, Mei.

♡ / 04.APR.2022 ·

Les souvenirs d’une vie paisible m’assiègent chaque nuit, mais je ne peux que les observer sans en frôler les moindres stigmates de bonheur et d’amour, comme si ils ne m’appartenaient plus, ou qu’ils ne m’avaient jamais appartenus. J’essaie très fort de me rappeler la saveur des fraises un peu ramollis par le soleil, du parfum des fleurs colorées quand on s’allongeait dans l’herbe, des visages souriants qui m’avisaient avec sérénité. Et parmi tous les sourires, il y a le tien qui m’apparait comme la plus grande des douceurs, un trésor à reconquérir chaque jour, oublier les douleurs t’était difficile Mini, mais la beauté indescriptible de ton sourire, la mélodie si particulière de ton rire valait la peine de se battre très fort. On y était presque, Mini. On était presque heureux.

Cauchemars d’une ataraxie lointaine qu’elle s’évertuait à fuir toutes les nuits, ô ce qu’elle aurait aimé oublier combien elle était aimée et choyée avant de glisser dans ce gouffre infini. Le pire dans toute cette putain de comédie, c’est que la glissade était pas tellement accidentelle. On lui avait tendu tant de mains pour la sortir des abysses, mais Mei s’était simplement regardée tombée, avait décidé de rejoindre Yeji tout au fond du trou et avait enterré tous les espoirs de guérison avec son cadavre.

Ainsi, chaque rayon de soleil avait perdu tout son éclat et sa chaleur rassurante
Ne restait que le froid glacial, asphyxiant et pénétrant, gagnant insidieusement du terrain jusqu’au coeur pour le geler très lentement
Maladie incurable qu’est la terreur absolue et infinie, partout où Mei regarde, y’a plus un foutu gramme d’espoir
Et elle préfère sombrer seule, dernier coup d’égo ultime, se refuse à l’humiliation de leur pitié

Pourtant, Mini est là. Bien vivant, ce sont les mêmes yeux tant adorés dans le passé qui crient sa détresse, la même douceur de peau qu’elle agrippe sous ses doigts dans la panique dévorante, il suit son aînée sans résistance. Après tout, Mei n’avait toujours été que bienveillance et protection à son égard, pas vrai ? Il peut pas savoir Mini, que l’être qu’elle fut a disparu sous des piles et piles immenses de réminiscences hideuses à s’en arracher les yeux, que les images passées entachent et remplacent l’entièreté de son présent, peut pas savoir que son coeur s’émiette et se sème comme des petits bouts d’humanité tombés ici et là, à mesure que la rage de vivre s’évapore. Il ne sait rien Mini, et il a pas besoin de savoir. Tiédeur étouffante de la pièce quittée, le silence se fait d’or quand sa main ne lâche plus son poignet, y’a aucun mot assez juste pour lui expliquer les sentiments qui la conquièrent dans l’immédiat, parce qu’il est devenu l’étranger qu’elle connait le mieux au monde, elle sait même plus comment lui parler. Alors elle balbutie des phrases insensées, tente des excuses merdiques pour justifier tout son désordre ambulant, voix qui se strie d’étranges variations sous l’avalanche d’émotions qu’elle retient à bout de bras.

Si il y a un bien une personne que j’aurais voulu ne jamais recroiser, c’est bien toi, Mini
J’aurais tout donné pour que jamais, tu ne puisses assister à la chute spectaculaire et sanglante qui signera ma fin

Stupide tentative de pas céder aux caprices du coeur qui saigne et de tenter vainement de maintenir une distance pour le protéger, rendue impossible lorsqu’il entoure subitement son corps frêle de ses bras nécessiteux du contact, lorsque ses mots chutent avec fracas contre son âme fantôme. Elle reste immobile Mei, lutte de ses maigres forces restantes, simplement son front qui tombe contre lui, ses excuses qui se chuchotent amèrement. I’m so sorry Mini, I didn’t thought… I didn't thought how much it will hurt you. Pas le courage de le dire, pas le courage non plus de résister une seconde de plus. Et le besoin d’étreindre brusquement ses épaules se fait viscéral, les phalanges s’accrochent désespérément au velours de son haut, et enfin, elle s’abandonne Mei. Sanglots bruyants qui se joignent aux siens comme une berceuse dissonante, elle s’accroche pour ne pas tomber. N’a plus rien de l’adulte responsable qu’elle a toujours voulu être pour lui, n’est plus que la gamine recroquevillée en boule dans l’ombre du myocarde. I’m so sorry, please forgive me, I’m so sorry, les mots sont répétés et répétés dans les rivières de larmes, elle pince ses lèvres très fort pour étouffer le son insupportable et larmoyant d’une respiration chaotique, jamais elle s’est vue perdre le contrôle de cette manière, aussi belle et désespérée soit-elle, c’est la première fois que le coeur hurle plus fort que la raison. Elle s’efforce d’apaiser les sanglots, la paume de sa main vient se glisser dans les cheveux de son petit fantôme en vie, dans un geste maternel. Please stop crying cause I'll never get out of this on my own… et dans le flot des larmes, un léger rire nerveux, comme une minuscule éclaircie dans l’orage.

Parce que ton sourire vaut la peine de se battre contre toutes les tempêtes.

Outfit / 04.APR.2022 ·

Ce n'est pas aussi facile qu'il le voudrait ; non.
On ne soigne pas les plaies avec quelques baisers.
On apaise pas les douleurs et les mirages avec quelques caresses. Pourtant il y croyait, quand se noyer dans tous les bras du monde sonnait comme rédemption ! Mais rien n'a changé. La solitude n'a pas su le guérir, quand tout a empiré. Et tout est un peu plus vide, un peu plus fade quand toi.
Le tableau ne brillait plus ; et j'ai foutu le feu à nos souvenirs dans ma tête.
L'abandon raisonne comme trahison, dans son coeur qui n'a jamais cessé d'espérer, de vouloir seulement la retrouver un jour. La serrer dans ses bras, lui dire à quel point elle lui a manqué ces jours de pluie, ces jours où le soleil brillait jusqu'à en aveugler ses yeux trop fragiles, en colorer sa peau pâle de poupée de cire. Il voulait continuer à lui lire quelques poèmes à l'ombre des arbres, s'endormir avec sa voix et son rire, quand elle lui racontait toutes les aventures du monde, celles qu'il rêvait de vivre aussi, enfant coin cé dans sa propre prison.

Et est-ce que tes aventures sont plus glorieuses maintenant ?
Est-ce qu'elles sont couvertes d'or ?
Ou est-ce que le diable a tout avalé, de son appétit féroce.

Le myocarde se serre ; se tord. Les rouages sont un peu rouillé, ils se remettent avec lenteur en route. Et il pourrait hurler, crier, dire à quel point sa fait mal, à quel point il voulait qu'elle revienne. Plus tôt, quand tout lui semble maintenant être trop tard. Mais malgré ses douleurs, Mini n'a jamais été un grand égoïste, quand dans son coeur, il y a l'amour pour ceux qu'il aime. Il voudrait être le grand sauveur ; grand penseur, quand il ne sait pas lui même prendre soin de lui. Quand il se laisse couler, en poussant les autres vers les cieux. Alors les sanglots s'écrasent contre le tissu, s'étouffent contre les peau. Sa chaleur lui a manqué, Mei, douce et à la fois si meurtrière. Elle est victime d'elle même, il voudrait recoller tous les morceaux qu'il voit fracassé sur le sol à cet instant, fragilité des bras qui se referment. I’m n-not angry. I’m as w-worried as... I’m g-glad to see you a-again. Et il aimerait exaucer tous les voeux du monde, remonter le temps, faire en sorte qu'elle ne parte jamais, ne l'abandonne pas ; qu'elle ne voit pas qu'un mirage, elle aussi quand les cauchemars viennent le ronger et le dévorer entièrement. J'ai un peu peur, c'est vrai, quand tout menace. Quand tout le monde s'éloigne.
Et moi, je deviens quoi sans vous ?
Faible lumière à venir s'éteindre dans le noir.
Caresses dans ses cheveux, il s'éloigne un peu, assez pour venir lui même essuyer les perles qui coulent sur les joues de la précieuse, sa nymphe, celle qu'il ne pensait jamais revoir. D-don't cry... Im s-so sorry... Et elle a l'air si frêle, quand lui n'est que fragilité. Il a l'impression qu'il pourrait la briser en un instant, une seconde, un souffle, une brise. I mis-missed you so m-much... I d-didn’t even know Hauru kn-knew you... Quelques gloussements qui s'échappent de ses lèvres alors qu'il vient essuyer ses propres larmes du dos de sa main, le regard qui se plonge toujours un peu plus dans le sien. He t-treats you well, I h-hope...? How are y-you...? Dernière question où il se risque un peu ;
Mini.
Mais ses ailes ne brûleront pas plus qu'hier.

♡ / 04.APR.2022 ·

À trop penser par ses maux, on devient amnésique du coeur. Tu as tout oublié, Mei. Comme pour Yeji, à nouveau, tu as décidé de les faire disparaitre de ta tête, ces personnes qui étaient tout, et l’hiver ne semblait plus vouloir laisser sa place au printemps, tu es restée là, dans un froid glacial si longtemps, à ne même plus savoir à quoi ressemblait la sensation de chaleur.

Et voilà qu’il t’offre ses bras à nouveau Mini. Qu’il fait éclore les bourgeons gelés sur ta peau striée de cicatrices encore ouvertes, il te pardonne sans même que tu aies le temps de t’excuser.

Mei ne comprend pas, ni ses mots ni ses gestes, respirent toute sa bonté irréelle quand elle n’en mérite pas le quart. Elle voudrait pouvoir tout prendre pour elle, toute la douleur et la peine causées par son absence, elle voudrait pouvoir les absorber et ne laisser que les souvenirs heureux dans son coeur, mais Mei est même pas foutue de gérer son propre désordre. Fragments salés de son impuissance coulent en rivière et viennent mouiller les tissus qui enveloppent le corps de l’être adoré, quand jamais elle n’avait montré une micro-manifestation de faiblesse devant lui, tout ça était si stupide. Elle est si stupide. Elle serre les lèvres très fort pour étouffer les sanglots, quand ses doux mots apaisent peu à peu le battant endommagé. You should be. En colère, il avait tous les droits du monde de l’être. Sa voix s’est tranquillisée, pourtant le ton est très bas, les syllabes s’entendent à peine, rares étaient désormais les instants où elle assumait ses manquements, et c’était toujours aussi difficile d’accepter combien elle avait merdé.

Son corps s’arrache un peu au sien, ses doigts si délicats s’accrochent aux dernières larmes qui ruinent son visage, et elle a tellement honte Mei, d’être si faible face à lui, ses pupilles ne peuvent que fixer le sol. Incapable d’affronter le regard de Mini, et toute sa lumière quand ses yeux ne sont désormais habitués qu’à la pénombre. Parce qu’elle a l’impression qu’elle va couler, sa paume se saisit de la main de son cadet, ne veut plus le lâcher désormais, ne sait plus comment faire autrement.

Tant que je tiens ta main, tout ira bien, Mini.

Mensonges, mensonges, mensonges, elle l’avait répété tant de fois comme une promesse indestructible, et c’était pourtant lui qui s’excusait. Restes de fragilité dans sa voix qui tremble, you don’t have to be sorry, I’m just… I’m just really fucked up. Première confession brûlante, pourtant un faible sourire qui s’esquisse dans le chaos de son visage cerné. Et le temps de quelques secondes, elle a l’impression de revivre quelques années en arrière, lorsque tout était léger et parfumé au soleil, les coeurs s’apaisent quand celui qui a involontairement provoqué leurs retrouvailles est évoqué. Le timide sourire s’étire un peu plus, enfin elle ose regarder son petit frère, croise à peine son regard que son rire rejoint naturellement le sien. We know each other a bit, I guess… Is it your friend ? Peut-être même plus, ça ne la surprendrait pas de Hauru, et Mini avait du tellement grandir. Les doigts se serrent avec tendresse autour de sa main baguée, et comme à chaque fois que quelqu’un fait allusion à son partenaire de crimes, elle a du mal à cacher sa joie Mei, seul soupçon de bonheur dans la tempête. Yes, he really does. He’s perfect, I even don’t understand why he’s so kind to me. Puis les éclats de gamine amourachée se dissolvent un peu à la rudesse d’une question interdite, pas envie de tout gâcher une fois de plus. I’m fine. You know, just… usual life problems. Rire nerveux se trahit quand sa main disponible se saisit du bas de son tee-shirt et enserre le tissu. What about you ? I missed you so much too, I always wore it to keep you with me… ses orbes se baissent vers le doit orné du bijou trésor qu’elle désigne fièrement, comme dernière preuve d’une loyauté morte avec elle.

Outfit / 04.APR.2022 ·

Il n'y a personne dans la petite pièce. Il fait froid, il fait sombre, on ne distingue plus les murs, est ce qu'il y en a réellement ? Il n'y a pas de fenêtre pour éclairer ses genoux enfantins, dans la blancheur de son jeune âge. Il n'y a aucun soleil pour l'accueillir, ouvrir ses bras pour en réchauffer sa peau, gelée de cet hiver éternel. Il y a un peu peau, sur le sol, comme une immense mer salée, mais ce ne sont que ses larmes accumulées, ses plaintes qui ont glissé le long de ses joues. Ses terreurs, ses peurs qui n'ont fait que le briser. Poupée de porcelaine, il y a cette fissure en lui, dans sa poitrine, et elle ne se refermera jamais, jamais. On ne pourra jamais en recoller les morceaux, pas même grâce à des baisers. Pas même grâce à des caresses.

Mini est seul ;
L'abandon n'est qu'un cercle vicieux, immense.
Et personne ne vient ouvrir la porte de cette pièce, qui devient de plus en plus petite jusqu'à ce que l'air soit absent, jusqu'à ce que ses poumons hurlent de désespoir. Et Mei, Mei n'est jamais venu lui ouvrir. Mei est partie, sans avoir essayé de briser les meurs, de trouver une sortie.


Et il voudrait que cet instant devienne éternel. Il voudrait continuer à la serrer dans ses bras, de peur qu'elle s'en aille une nouvelle fois, qu'elle se fasse soudainement poussière contre ses doigts. Il a peur, Mini, plus que tout au monde. Il n'est possédé que par ses frayeurs, et ça l'obsède. Le possède. Il ne sera jamais libre de lui-même. Et il espère encore, que quelqu'un trouve la clé de sa prison, pour qu'il puisse l'emporter loin, le porter si haut qu'il pourra de nouveau toucher les cieux de ses phalanges argentées. No m-matter how you are... I’m just happy t-to have you back... Les mots s'échappent avec la délicatesse d'une plume qui frôle, caresse les peaux fracassées. Et ils sont un peu pareil, peut-être même au même stade, quand il y a des poignards dans les coeurs, des chaînes autour de leurs chevilles, de leurs poignets. Tout est trop lourd, et il ne parvient plus à se libérer, à tirer sur le fer qui l'empoisonne. Et je voudrais tellement te libérer, toi. H-he is... He's r-really kind. I’m g-glad he’s your friend. Ha-hauru loves people, he k-knew how to see through you... Et il sait qu'il a raison. Qu'il est celui qui prendra toujours le plus soin d'eux malgré les tempêtes, malgré le chaos. Il continuera à les porter sur son dos malgré le poids et les larmes. Et il a heureux, au fond, quand son coeur s'agite à l'idée qu'elle ne soit pas réellement seule, Mei. Parce que dans un autre monde, Hauru a su la sauver à temps. Peut-être. Et il sent la nervosité à travers ses gestes, des doigts qui s'enroulent autour du tissu, et ses yeux ne posent pas se poser ailleurs à cet instant, alors que sa main vient chercher avec douceur son contact, comme pour la rassurer. I-It's ok... Il voudrait la rassurer, faire envoler ses peines, mais il n'en a pas les pouvoirs, ne connaît pas tous les mots magiques pour sauver les êtres qu'il aime. I'm o-ok. Mais ce n'est qu'un mensonge, parce que Mini ne sait faire que ça. Prétendre. Etre faux. Dire que tout va bien quand son monde s'est écroulé sans jamais se reconstruire. Quand il n'y a déjà plus rien pour le sauver. Main à venir en chercher collier perdu sous le tissu pour le rélever à la lumière du jour, de leur jour. I have one too... be-bacause it reminded me of you... Faible sourire sur son visage, et cet instant est trop, peut-être trop, mais il ne pleure plus, non, il serre sa main contre sa sienne, le collier dans l'autre. I w-was afraid you wouldn’t have it any-anymore... but it makes me ha-happy. Could it have hel-helped you?...
Parce que moi ;
Rien n'a pu me sauver,
Pas même un souvenir de toi.

♡ / 04.APR.2022 ·

Ce sont des parfums aux mille souvenirs qui l’emplissent lorsque sa peau est toute contre son visage, si ces réminiscences devenaient tangibles, elles se matérialiseraient sous forme de papillons de lumière colorée, ce couloir froid s’envelopperait de battements d’ailes créant des arc-en-ciels à chaque endroit. C’est aveuglant, pour quelqu’un qui ne voit plus qu’en noir et blanc, qui a annihilé tous les camaïeux de couleur de son passé.



Étincelles portées disparues se renaissent parmi les hécatombes dans son regard, elle culpabilise aussitôt, elle n’a pas le droit d’éprouver la moindre joie lorsqu’il se réjouit son retour. Mei est partie, et elle a beau vouloir se convaincre d’avoir bien fait, de l’avoir protégé de son désastre, elle est simplement lâche. Si tu savais l’être immonde que je suis devenue, elle ne prononce mot mais son sourire amer la trahit, la cornée des yeux brille encore un peu trop fort pour qu’il paraisse sincère.

Si tu savais combien je dois m’acharner pour ressentir ne serait-ce qu’un minuscule éclat du bonheur qui nous éprenait avant, si tu savais combien je lutte pour ne pas sombrer

Lutte en vain et sans aucune alternative d’issue heureuse, c’est faire durer les jours avant le dernier, c’est se maintenir par peur du rien, du vide total et absolu, pas seulement celui qui la remplit toute entière, un vide sidéral et infini qui s’infiltre partout, où même les souffrances qui lui donnent la sensation d’un coeur qui bat n’existent plus. Comme si elle avait gaspillé sa ration de bonheur trop vite, les traits doux du visage de l’être adoré ont le goût d’une félicité oubliée. Rire nerveux lui échappe et sa voix s’étrangle quand elle répond immédiatement. There’s nothing inside me… there’s nothing anymore, la détresse se lit aisément dans ses pupilles, pourtant elle sourit Mei, elle sourit parce que son coeur se rappelle de Mini, et qu’il fait toujours autant de bien à son être. But you right, he found you, and now you’re here, sa voix s’est éclaircie, et comme dans un réflexe inné, sa main libre s’envole pour venir s’apposer avec douceur sur sa joue, caresse la surface de la pulpe de son pouce. Ses mots l’alertent, font légèrement délaver le sourire plus authentique qui s’esquissait sur son visage. Le temps avait pas si bien fait son job, il y a des expressions, des manières de dire et de faire qu’elle a jamais oublié. Ses sourcils se froncent légèrement, tu n’as pas changé Mini, tu préfères toujours les jolis mensonges aux vérités laides. Ses doigts glissent de la mâchoire jusqu’au bijou dévoilé comme un trésor, sa lumière éclatante se reflète sur leurs visages et les font briller d’un nouvel éclat. It’s beautiful… elle caresse le pendentif, se fascine de sa beauté irréelle. How could that make you reminds of me ? Monstruosité qu’elle est devenue, et tout ça est trop précieux pour elle. Elle peut bien essayer de faire passer ça pour une plaisanterie faussement modeste Mei, avec son air amusé et rayonnant, mais les yeux ne mentent pas. Of course I always kept it, I lost it once, and I cried for hours, it’s my biggest treasure… tout semble s’alléger à mesure que les gestes retrouvent leurs saveurs d’antan, comme si les peaux ne s’étaient jamais oubliées, l’instinct maternel ressurgit, ses yeux retrouvent ceux du garçon et y plongent sans retenue. You sure you’re ok ? You don’t have to lie to me, I mean, you never did. la tristesse s’étouffe et se ravale avec difficulté dans sa gorge, mais Mei ne veut plus pleurer. Il est sûrement trop tôt pour penser qu’elle a encore le droit de faire ça, peut-être qu’elle ne méritera plus jamais qu’il ne se confie à elle, pourtant son coeur s’y risque sans demander la permission. Et l’instant nébuleux se brise avec fracas quand un bruit sourd se fait entendre de l’autre côté de la porte, fait sursauter la gamine perdue dans son tee-shirt dont les yeux finissent par se détourner vers la source du son. Maybe we should go back…