C’est pire encore que ce qu’elle avait imaginé. La foule se fait plus compacte et gronde. Et quand finalement elle repère son homme, c’est pour voir une vieille connaissance à ses côtés. Minki, qui ne se prive pas de l’occasion de lui envoyer un clin d’œil. Un frisson parcourt la nuque du lieutenant qui se contente d’un regard noir avant de détourner les yeux. Elle n’a pas besoin de ça, pas maintenant. Tant pis, elle fera sans Swann pour le moment, il faut qu’elle se concentre sur les 42 visages qu’elle a tenté de mémoriser. S’enfonçant un peu plus dans la masse, elle essaye de ne pas attirer l’attention, surtout que les rumeurs qui lui parviennent lui font de plus en plus froid dans le dos. Ces gens sont fous. Inconscients. Les criminels qui se sont évadés n’étaient pas à l’ombre pour des délits mineurs, bien loin de là. Ce ne sont cependant que des bruits qui courent, qui ne doivent pas la détourner de son objectif. Qui le font pourtant, quand quelqu’un monte sur scène pour prendre la parole. S’arrêtant, comme tout le monde autour, Eurydice se fige. Cela va devenir problématique. Et très, très dangereux. Autour d’elle, les voix reprennent, plus hautes, alors que le questionnement s’est arrêté sur … Minki. Bien évidemment. Cela va dégénérer. Et ce n’est pas sa propre sécurité qui inquiète la brigadière, mais bel et bien celle des civils réunis dans le hangar. Aux innocents qui pourraient bien, par esprit de rébellion peu éclairé, ouvrir leur porte à un multirécidiviste pour se faire tuer et dépouiller dans la seconde. Il faut les ramener, tous. Mais avec l’agitation ambiante, une chose est certaine : il faut commencer par ramener le calme, pour arrêter de donner des idées à des gens en colère. Les rouages du cerveau ne mettent pas longtemps à faire tous les calculs. Elle pourrait maîtriser l’homme, mais ne ferait qu’accroître l’idée qu’on essaye de leur cacher des choses. Elle pourrait prendre la parole elle-même, mais risquerait de se faire lyncher et d’attiser encore plus la haine du public. Il faut quelqu’un de l’intérieur. Une figure d’autorité locale. Il lui faut Swann. Ce qui veut dire aussi faire face au Yeon. A temps désespérés, mesures désespérées. Rapidement, se mouvant entre les silhouettes, la femme remonte jusqu’à son indic, dont les épaules sont toujours entourées du bras de Minki. Qu’à cela ne tienne. Sa présence l’indiffère. Se postant devant lui, avec l’apparence de celle qui vient lui donner une information – une de ses petites mains, peut-être, elle plante ses yeux dans les siens et murmure : « You are going to listen to me very carefully, Swann. You are getting on that stage and calming down the crowd. Use your mask, your crew, act or talk, do whatever it takes. Don’t even try and tell me what he is saying might be true. We are talking murderers, rapists, child molesters. It is not the time for a political statement. We are talking lives. » Il y a urgence, mais Eurydice reste parfaitement calme, policière entraînée aux situations extrêmes. « So get on stage. Now. » Ses yeux dévient, pour rencontrer ceux de … Jina. Ses entrailles se serrent, l’inquiétude menaçant de gagner. Si les relations avec son frère sont tendues, la jeune fille reste une partie de sa famille. « Lay low, » qu’elle conseille, non sans jeter un regard à Minki : « and don’t get in the way, » avant de tourner les talons pour retourner dans la foule, à la recherche de ses suspects.
- Spoiler:
- Eurydice a pris le parti de calmer la foule, mais pas directement pour éviter de se faire lyncher. Elle réquisitionne le maître des lieux @Swann Lindbergh pour le faire. Et en profite pour conseiller gentiment à @Jina Yeon et moins gentiment à @Minki Yeon de ne pas s'en mêler (on peut toujours rêver).