━ on brûlera

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y a ce rouge macabre, peint au sommet de ses phalanges aux allures frêles, brisées. frasque qu’on détaille, palette similaire de l’arc perché au-dessus de ses orbes étoilés, météores à la chute, jusqu’à ses lippes ornées de beauté superficielle. c’est ce qui lui est invisible en plein visage qui fait tâche. pas la première fois, qu’on l’a connu dans cet état, ce nez rabiboché, et probablement loin d’être la dernière. le vice s’étale, bêtement, de par ses propres paumes instables. secouées par la colère, secouées par la douleur, et le surplus qu’on garde enfoui profondément, dans les sombres archives. ça pourrait le déchirer, naufrage au pied de ses yeux, enfoui sous les cascades qu’ils savent trop bien faire déborder. ça pourrait le déchirer, au creux de la poitrine, jusqu’au cœur de l’âme, aux cordes de sa voix prête à exploser. ça pourrait. sauf qu’il ne sait pas faire ça nini. lâcher prise. c’est l’habitude de tout ravaler, en espérant que ça passe, approximativement. c’est l’habitude de tout retranscrire comme ça, dans l’excès. dans des vices qui finissent par lui en tâcher les doigts, lui laidir le visage.  
surtout lui pourrir l’âme.  

y a ces regrets, toujours cette culpabilité, qui sait hanter chaque pas, chaque seconde passée de trop devant cette porte familière. antre qui sait pourtant l’accueillir comme un berceau. presque autant qu’il sait se parfaire en sépulcre. antre qui le garde lui. l’inexplicable. celui au regard sombre, parsemé d’étoiles. celui aux paumes tendues vers l’avant, au but ultime de sauver le monde.  peut-être bien le seul, qui n’aurait jamais besoin de pommade, d’un quelconque artifice, pour se faire son infirmier.  

y a ces regrets, cette culpabilité, de ne pas emprunter ces marches à de meilleures fin. de ne pas les visiter plus souvent. comme une personne normale visiterait un ami. pas comme ça, pas comme il s’apprête à faire. et il s’en veut, nini, de modeler des grimaces cauchemardesques sur ses traits solaires, au lieu de l’élever là-haut, à sa véritable place.  

longues secondes percées par l’écho de sa propre poigne contre cette étendue blanche. longues secondes passées à tenter de s’arranger le faciès, balayer ces restes de sang probablement séché sur le visage. être présentable. un minimum. longues secondes finalement interrompues par lui. le cartographe du monde. « hey euh, je dérange pas ? » voix enrouée, par le froid, par la colère qui a su le faire crier. on évite son regard, on évite sa personne. paradoxalement. peut-être parce que nini a peur de lui montrer. ou peut-être parce qu’au fond rien n’est pire que se savoir être la raison derrière l’effondrement de son minois lumineux. alors on se précipite comme à l’intérieur, en priant l’absence de l’inévitable. que atlas ne dise rien. « je m’incruste comme d’hab je sais, promis je reste pas longtemps » des promesses qu’on fait. pour atlas. pour lui. qu’on préférerait ne pas avoir à tenir.  

Minutes qui s’égrènent, inexorables oiseaux de malheur, la nuit avancée sur le papier gratté à la va-vite. Il fallut qu’il se pare de silence et d’estime, pour raturer des pages entières, dans l’esprit embrumé par l’heure tardive les noms de parties du corps en mélange flou, répétant à voix basse, muscles, os, et nerfs. Atlas ne dormait pas, ou du moins, dormait peu, les quelques heures suffisantes au repos devenues minces au fil des cours et des occupations — sommes parfois inattendus dans une chaise d’hôpital ou la tête dans les mains contre une table de la bibliothèque. Il bascula en arrière sur son fauteuil d’étudiant, se frottant les yeux, et regretta, comme chaque fois lorsque les données dansaient et donnaient la migraine, de ne pas avoir cédé à la triche. Il n’était parfois pas chose aisée que d’être trop studieux, mais il n’avait pas le choix : le faire par vocation, mais aussi par habitude. S’il n’était pas brillant, il n’était rien. Rien d’autre qu’une poupée de chiffon entre les mains de ceux qu’il appelait les siens.
Il avait la piètre chance d’être seul dans sa chambre, ce soir-là, ce qui arrivait souvent. Kash et lui se croisaient plus qu’ils ne se voyaient réellement, tous deux pris par des occupations vagues, comme s’ils n’appartenaient pas au même monde — et si cela l’attristait, c’était sûrement le cas. Il n’avait pas aimé y penser plus que d’ordinaire, cette sorte de barrière qui s’imposait entre lui et tout le monde. Même la personne vivant avec lui. Même sa famille. Surtout sa famille. Corps de glace qui pourtant se languissait d’un cœur battant. Avec un soupir, il rangea son stylo et se mit à dessiner dans la marge de ses notes pourtant si ordonnées, un répit. C’était comme le fil rouge d’une histoire, croquis idiots qu’il effaçait à l’aide de la magie à peine entamés, comme coupable d’un sens artistique qu’il ne montrait à personne, pas même à lui. Et puis, le sortant de sa torpeur, des coups faiblards sur le bois. Il hésita un instant avant de se lever. Kash avait beaucoup d’amis, de connaissances, pas lui. Personne ne venait jamais lui rendre visite, parce qu’il n’était pas là souvent, et parce qu’il n’était pas d’un naturel sociable. Personne, sauf lui.
Lorsqu’il ouvrit la porte, targué d’inquiétude comme chaque fois qu’il pensait à Hanini, il ne fut ni surpris, ni blasé. Plutôt enclin à la confiance et à l’écoute. Le visage tracé au fil d’argent était constellé de vermeil sombre, sûrement datant de quelques heures. Mais sa lèvre inférieure semblait gonflée, perlant de sang comme prêt à jaillir. « Oh. Non, non, bien sû—» mais le semblant de comète était déjà entré. Il songea à sa chambre et se rappela qu’elle n’était jamais en désordre, puisque même lui gardait les draps froids. D’un geste presque tendresse, Atlas se retrouva face à lui, une main frôlant l’arcade et ses restes d’hémoglobine tarie, sans oser toucher la peau — il ne touchait personne. Encore moins lui, sans permission préalable. « Hanini, what happened ? » Il priait pour ne pas avoir l’air trop inquiet, ni désolé, puisqu’il connaissait son tempérament de supernova, éteinte disparue au premier regard trop curieux.

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« i... wanted to see you, i guess » c’est pas dans sa nature à nini, de se poser des questions. euphorie qui se complaît dans ça, un amas d’ignorance, de vide céleste - solution de facilité, sans l’ombre d’une quelconque forme de honte. parce que toutes les âmes ne sont pas faites pour ça, porter cette couronne de pensée, ce titre du philosophe du monde. il a pas cette passion dans le regard, ni les mains plongées dans la découverte, dans la boule de cristal qui saurait trouver réponse à chaque énigme humaine. non pas que ce soit vain. ni inutile. probablement même qu’il possède un certain respect, une admiration certaine, pour ceux qui se veulent porter une telle responsabilité. parce que oui. on le voit comme ça. comme un fardeau qui ne peut apporter de bon - abysse aux couloirs noirs à l’allure de perdition infinie. c’est l’habitude de se contenter de ce qui existe, de l’évidence. de léguer ces tâches à ceux qui savent faire. ceux qui sont plus doués. tel un enfant qui en est resté là, à jouer avec la vie, loin d'être encore prêt pour faire sa connaissance.

c’est pas dans sa nature à nini, de se poser des questions. pourtant ici c’est l’exception. et nini se demanderait presque s’il est humainement possible, pour un endroit d’absorber l’âme de son résident. flou quant à savoir pourquoi tout semble si évident, si logique, si calme. pourquoi tout ça, ça arrive à déborder sur lui comme le reflet d’une nature profonde. comme s’il pouvait comprendre atlas. comme s’il pouvait être comme lui. tout ce qu’il n’est pas. « it’s nothing serious, don’t worry »  silhouette d’un toucher qu’on ne refuse guère. silhouette d’une main qu’on invite, qu’on enveloppe dans la sienne, comme pour la détourner du mal troublant son attention. tentative futile, à l’étendue parsemée de débris sur sa peau. des restes. des souvenirs. des preuves de ce qu’il s’est passé plus tôt. des mémoires qu’on ne souhaite pas raviver.  

c’est mieux d’oublier. c’est mieux de ne pas en parler.
dans le non-dit réside l’impossible du réel.  
c’est ce en quoi en croit. c’est ce en quoi nini croit.

attention céleste en orbite autour de cette lune au minois maussade. et cette main innocente qui en vient lui réconforter son malheur, l’accueillant au repos au creux de sa paume. « i was about to go home when, i thought i could stop here » des constellations, qui du bout pouce se voient dessinées. hymne à sa beauté qu’on tait derrière des barrières. et des murs. parce que y a que dans le silence et les rêves, que c’est permis. affection qui ne saura pas alléger quoi que ce soit. nini le sait. c’est écrit sur chaque trait, là pour lui de lire. il peut même pas lui en vouloir. « can i use your bathroom real quick ? i can’t keep letting you see me like this » des voix au loin qui savent. qui lui murmurent ce qui plane réellement du bout de ses lippes. i can’t keep letting you look at me like this.  

Il aurait pu parvenir à sourire si la situation était différente, si Hanini était venu à lui peau immaculée et visage sincère. Il savait, espérait du moins, qu’il était sincère, mais qu’il avait aussi besoin de lui. Non que ça le dérange, convaincu que la majeure partie de ses proches restaient avec lui par un intérêt quelconque qu’il n’arrivait pas à déceler, et heureux de pouvoir être utile, ou de soulager les gens. Les sauver, même. Mais il n’y avait rien à sauver sans paroles, et Atlas ne se dépêtra pas de son regard inquiet, la main en suspension qui se laissa retomber contre la sienne et coeur remontant dans la poitrine — sans doute la peur qu’il lui soit arrivé quelque chose de grave, rien d’autre. Le regard dérive un instant sur la paume contre la sienne, avant de revenir à ses blessures, comme brûlé. Il tente de connecter les points ensemble, constellations macabres qui n’ont rien à envier ensemble, et ferme les yeux, une imperceptible seconde à peine — chute ? Bagarre ? Vengeance ? Coups, répétés ? Est-ce qu’il a l’air sonné ? Est-ce qu’il boîte ? Songes inquiets interrompus par des doigts caressant une joue émaciée, et il sursaute presque, manque d’habitude. Hanini a toujours été empli de douceur, dans les gestes plus que dans les mots, et il a tenté maintes fois d’en faire de même, sans y parvenir vraiment, pantomime dispersé entre les vides curieux des foules. Atlas sait soigner, vite et bien, presque machinalement maintenant, mais il peine à être tendre. Pourtant, l’autre est là et l’impression de chaleur désagréable se disperse entre les veines. Il n’en fait rien, sinon hocher la tête. « I can but, yes. Yeah, first door to the left. » avant qu’il ne s’échappe à son étreinte, il le retient un instant par le poignet, dans l’urgence de ceux qui importent. « Il faudra que tu me laisses regarder tes blessures tout de même. S’il te plaît. Ne serait-ce que pour me rassurer. »

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y aurait presque l’envie, de se faire tout aussi minuscule. tout comme atlas semble parfois s’adonner à l’idée de finir comme ça, invisible. rien de quoi montrer, rien de quoi craindre. pas de responsabilités à la clé. ni de compte à rendre. à croire que l’attention est si terrifiante qu’elle en créer le malaise. il arrive à comprendre nini. fut un temps, l'anonyme et l’inexistant se voulaient son paradis perdu. et c’est ce qui surprend autant, à la sensation d’avoir maintenant du mal, à même se souvenir de ce que ça fait. de ne pas se complaire dans ça, l’évidence de l’affection, la spontanéité des actes. peut-être qu’y a bien eu une seconde d’hésitation - quant à abaisser cette main, dessiner et se rappeler des limites invisibles qui les entourent. sauf qu’on ne regrette pas le geste. on ne regrette rien du tout. encore moins le fait de lui montrer, toute la sincérité qui s’épuise de son être. c’est ce qu’on lui a appris, depuis tout petit. la valeur inestimable de l’expression, le talent qu’a l’homme pour tout traduire. que ce soit des preuves passionnées d’amour, des sentiments sincères de reconnaissance, ou le simple désir d’exprimer son affection. des valeurs incroyables, que jamais nini aurait pensé si complexe à mettre en pratique cependant. l’envie est toujours là, mais retenue à l’apostrophe - toujours conscient de jusqu’où ça pourrait aller si on se laissait aller vraiment.

à la place, on régule, on mesure, avec ses propres outils. on balance la machine pour ne pas l’effrayer, encore moins le braquer. c’est la dernière chose que nini désirerait faire. pourtant c’est complexe, suivre la cadence et les règles de quelqu’un d’autre. « … t’es sûr ? »  c’est parfois mettre son propre instinct de côté, abaisser ses propres murs. c’est accepter de laisser entrer l’autre, avec ses risques, sa magie. et ça, c’est quelque chose que nini ne sait pas faire. façade inébranlable et failles qu’on sait parfaire comme une pauvre image manufacturée. parce qu’on ne fait pas confiance. parce qu’on ne sait plus la donner. pourtant atlas est là, et il aime dérober à la règle.  

on l’écoute, en s’affaissant sur son lit. on accepte de partager les secrets, en le laissant spectateur de ce que nini aurait préféré effacer de lui-même. parce que bien que sa condition ne représente rien pour lui, ça n’a pas l’air d’être le cas pour atlas. alors on l’attend, le regard plongé dans le sien, le menton légèrement relevé pour palier à leur différence. et on lui donne la permission, en s’arrêtant là, figé, la main tendue en sa direction.    

Inquiétude tranchante aux airs de cauchemar, elle pèse partout, sur les membres fourbus par la fatigue de la journée, sur les paupières qui se faisaient lourdes avant son arrivée, sur le silence entre eux. Main aux airs d'autorité factice qui lâche comme presque brûlée, peu l'habitude du toucher, même si Hanini fait exception et la douceur presque haïe ou enviée. Il ne lui a pas dit (ne lui dira certainement jamais), la vile et sourde atrophie des sentiments flous qu'il impose, car il ne sait pas les définir. Attachement certain, et l'envie de salvation vaine. Surtout, la préoccupation qui parfois le réveille en sursaut, alors qu'il ignore une grande partie de son train de vie, ou de son passé, comme si le fil invisible entre leurs deux poignets se refermait autour de sa gorge. Mais il s'assoit, obéit même questionnant, et Atlas lui offre un sourire encourageant, et un hochement de tête, presque étonné de ne pas avoir à insister. Il laisse la paume d'Hanini se refermer dans le vide, le nœud serré au creux de la gorge, sans explications aucune, mais ses mains sont douces lorsqu'elles prennent en coupe le visage maintenant plus bas que lui -manque d'habitude, lui qui chaque fois doit se grandir pour l'atteindre, statuette auprès du piédestal. « Ferme les yeux, s'il te plaît. » Un caprice plus qu'un besoin, dont il ne dira rien, magie puisée jusque dans les veines difficile à réguler lorsque s'y mêle la tendresse -et toujours la peur tacite mais rampante que son faux don aux airs de mort s'oppose à la volonté de soigner. Les pouces se posent sur la peau au lieu de simplement frôler, et il ferme les yeux, lui aussi, murmure. « Ca va peut être te faire un choc de température, comme si on te passait de l'eau froide sur le visage. D'accord ? » il attend un hochement de tête avant d'inspirer, s'il te plaît, au moins cette fois, laisse-moi soulager sans contre-coup. Laisse-moi l'aider, au moins lui. Et les filaments se font couleur transparente de l'eau claire et salvatrice, au lieu du noir cobalt qui s'insuffle sur les corps sans vie. Rivières infimes glissant sur la peau porcelaine brisée, et ses paupières qui s'ouvrent pour détailler les traits -vérifier que sa magie fait son travail. L'arcade se referme, et le sang se lave, les couleurs diminuent, adoptent celles d'un teint plus frais, et la lèvre inférieure se referme, mais reste rouge. Atlas revient dans son élément, et lorsqu'il expire finalement, l'impression d'avoir sous les paumes un torrent qui devient difficile à contenir, il n'est pas mécontent de son travail, même s'il n'est pas parfait. Un instant, avant de se retirer prestement, son pouce glisse sur la bouche d'Hanini, frôle la blessure qui reste visible, même soignée. « Ca va mettre un peu de temps, avant de redevenir normal. Tu ne t'es pas raté. » Il ne le dit ni sur un ton de reproche, ni d'inquiétude maladive, simple constat un peu désabusé et impuissant. Un genou au sol, simplement plus près, sa main vient chercher la sienne. Celle d'Hanini est blessée, phalanges rougies par un impact encore visible, presque jusqu'à l'écorchure, et Atlas évite le regard alors qu'il recommence à puiser dans le fleuve de l'espoir. Les sillons brillent du bleu transparent qu'on souhaite à un sortilège réussi, et s'enroulent entre leurs deux paumes jointes, calmant les nervures et les crevasses -il se félicite mentalement d'avoir réussi à garder sous contrôle la situation, avant de relever les yeux, et de le lâcher, sans se rendre compte qu'il n'avait, depuis le début, pas porté ses gants habituels. Il devait, de toute façon, les ôter pour pratiquer le Godaï, obligation détestable qui le mettait mal à l'aise devant les inconnus. Cependant, Hanini n'en était pas un, et, le regard enfin levé vers lui, il tenta de lui faire parvenir en peu de mots qu'il ne le jugeait pas -jamais. « No questions asked. »

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c’est déstabilisant. presque étranger comme sensation. celle de se voir panser – se retrouver entre les mains d’un autre pour faire disparaitre l’inévitable. trop l’habitude de traiter ses maux comme une responsabilité personnelle, des secrets qu’on ne doit absolument divulguer à personne, et encore moins faire preuve de faiblesse : laisser percevoir les troubles, les douleurs. tableau du parfait survivant aux coutures en patchwork, travail si bien fait que la supercherie marche, aveugle le semblant de vérité. ça se passe toujours ainsi. et peut-être que dans d’autres circonstances, sous un autre ciel d’étoiles, sous une autre lune, ça aurait répondu à ce schéma à l’identique, sans bavure. une exception à laquelle on ne cherche pas de raison, de motif, de par l’évidence qui saute aux yeux. peut-être est-ce l’envie d’enfin partager ce sentiment rongeur de fardeau. peut-être que c'est l’envie de se faire un ami. un vrai. qui saurait au-delà de ses mensonges faits de toute pièce. peut-être que trop d’explications répondent à ça. justifient les yeux clos qui s’assagissent, comme par automatisme. le minois calme, détendu, laissant la magie opérer. sensations qui se veulent fidèles aux préventions antérieures, des frissons parcourant l’échine. pourtant atlas est surprenamment doux. de son toucher. des vibrations de sa voix presque retenue. et lorsque nini le contemple encore une fois, on le lirait même quelque part là, plongé dans ses yeux. mixe d’inquiétude-calme qui se voudraient contradictoires, se bousculeraient. et y a ce sourire qui se dessine à la commissure de ses lippes, étiré en soleil pour éclaircir ses doutes. « j'ai connu pire t’en fais pas, j’vais m’en remettre » le bout du doigt déposé contre le bout de son nez, tentative douce, enfantesque de revoir ses traits s’étirer eux aussi. « merci pour ton aide en tout cas, et euh, désolé encore » ses mains s’enroulent autour des siennes, légère pression appliquée pour le faire quitter le sol, et plutôt rejoindre la place vacante à ses côtés. le regard s’attarde peu, sur le sujet qui semble tant lui faire fuir le regard, ce qui l’enfermerait une énième fois sur lui-même. nini n’a jamais su être curieux. plus que tout, nini comprend le besoin vital de posséder ses propres silences. « motus et bouche cousue » signe dessiné devant ses propres lippes. il ne s’attarde pas plus sur le sujet. le mettre mal à l’aise n’est pas le but, ne l’est jamais. alors à la place son bassin lui fait face, ses jambes ramenées en tailleur sur le lit, la malice et le regret plongés quelque part au fond du regard. « j'espère que j’ai rien interrompu d’important ? si nini prenait la peine de se décaler un petit peu pour admirer son bureau, il y trouverait fort probablement des livres, et encore des livres, ainsi qu’un océan de notes. atlas a l’air d’être comme ça. de ceux qui se sacrifient pour l’espoir d’une bonne note, et la promesse d’une réussite scolaire qui rimerait avec la réussite de la vie. nini ne peut comprendre, loin de ce passé où lui-même perdait trop de temps à ça. faut que j’arrête de venir à l’improviste » il le murmure, la moue consciencieuse attachée à ses lippes comme expression de regret. et il se promet, de faire plus d’efforts pour être un meilleur ami, une meilleure personne.  

Bientôt, le sentiment ambivalent d’une sérénité mêlée à l’épuisement –les rivières infimes, celles qui soignent, disparaissent. C’est habituel, de se sentir tanguer, lorsqu’il use d’un don qui n’est pas naturel –trompe la mort, innée et vicieuse qui se débat dans les veines sombres pour parfois prendre le dessus. Atlas a choisi la vie contre-nature et lorsque le soleil se teinte d’une lumière plus vive, toujours voilée, il sait que ça vaut le coup. Lorsque les plaies se referment et que la peau passe de bleue à pâle. Hanini n’a pas encore bonne mine, mais il aura fait de son mieux. C’est ce qui importe. Deux imparfaits dans un monde en noir et blanc –il faudra bien, parfois, laisser déborder un peu de couleur. Il lui sourit en retour, de ces expressions naturelles qu’on ne feint pas, lui pourtant paré si souvent de mensonges, et de canines dévoilées dans les illusions factices. Il ne fait jamais semblant, avec lui. Garde la vérité pour lui, et évite de devoir la détourner, respectable distance qu’il impose sous couvert de tendresse. Il voudrait, pourtant, oser tendre la main. Cesser de sursauter, face au toucher-éclaircie. Mais si Atlas s’enquiert trop, s’inquiète, ou questionne, il sait qu’il sera redevable, et que sa carapace à lui est trop épaisse pour se laisser percer. On a tous des secrets. Alors il se tait, dans le confortable silence de ceux qui comprennent. Et hausse les épaules. « Je travaillais. » Oui et non. Important, tout l’est, pour lui. Les devoirs les plus hauts gradés comme les insignifiantes notes. Sans hiérarchisation et le travail acharné d’une fourmi –Atlas s’est habitué aux nuits sans trêve. Sa main gauche porte les tâches d’encre de celui qui écrit comme s’il était pressé, et pourtant –il n’a pas envie de s’y remettre. Comme si, hors du temps, se trouvait la visite d’une lumière. Le reste pourrait attendre. « Don’t be silly. I like your visits. » At least I know you’re thinking about me. Et il se contente de peu, habitué aux considérations vagues ou intéressées –Hanini le pense utile, peut être même qu’il l’aime bien. Ca lui suffit. Lorsqu’il pose une main sur la sienne, il se rend compte qu’il ne se sent pas comme un étranger. Pire encore, il n’a pas envie de la retirer. « Do you really have to go home ? » Retrait précipité des sens lorsque l’oiseau se retire pour se poser sur le drap. L’impression d’avoir dépassé une limite don’t il n’avait pas conscience. « Pardon. Ce n’est pas à moi de te forcer à rester. Mais tu as l’air épuisé. » L’inquiétude n’est jamais feinte, mais l’envie de le garder pour lui encore quelques heures est probablement égoïste. Il n’aurait jamais la prétention de pouvoir le retenir, Hanini est une étoile filante, et lui, à peine le ciel pressenti de l’orage. Pourtant, main idiote aux couleurs sombres s’approche de sa pommette, et la frôlent. Il ne sait pas ce qu’il lui prend. Un élan de confiance qui finira certainement tué dans l’œuf. « I think I did a pretty good job. »