(charon/atlas - hogwarts AU) the never-ending wrong path.

@Charon Marlow

☽. in another time  

— whenever —

Il fallut bien que le piédestal se fissure, et entraîne la chute.
Prince aux airs de diamant dans les auspices sombres d’une famille aux griffes acérées, habitué des grandeurs que l’on a toujours façonné pour lui -et pourtant. La baguette émet un craquement sonore qui se confond avec le vent dans la forêt. Les mains tremblent, là où elles sont d’ordinaire si sûres. Atlas a le coeur troublé et le blizzard qui frappe ses joues ne l’aide pas. Tournoiement des pensées trop vivaces qui font remonter l’estomac -magie trop honnête qui déborde. « Not again ! » Focus. Comme on lui a appris, contrôle exacerbé de ses émotions qui lui a toujours fait défaut. Magie trop vive, écarlate au goût de sang sur les mains lorsqu’elle s’est fait trop forte et bois contre l’index en catalyseur -ça ne marche pas toujours. Les sors défilent et frappent le bois, éclairs colorés et toujours plus violents. Rien ne semble fonctionner, grognement de frustration alors qu’il s’approche, tire, s’approche, tire, inspire, expire, prend un vertige de côté et titube. Inspire. Expire. Au loin, il entend la cadence des sombrals se noyer dans la nuit presque tombante, fuite anticipée -il ne devait pas être très discret. « Please, please- » un dernier sort, plus puissant, embraser la cime des pins et se sentir conquérant. You’re a warrior Atlas. At least you have to be. Le sort ricoche et lui scinde l’épaule, il crie de douleur, mais il ne s’arrête pas, acharné dans une bataille qui n’appartient qu’à lui. « COME ON ! »
Jusqu’à l’explosion.
Mains de suie qui n’ont que trop de fois senti la chaleur des flammes, et bon en arrière précipité -trop tard. Il fait chaud, et ses membres brûlent. Magie inerte et contrôlée à l’extrême qui parfois déborde. Violence qu’on tait dans des murmures, foudroie dans les cris.
La poitrine se soulève, erratique, et lorsqu’il prend à peine la force de lever ses doigts contre ses yeux, ils sont peinturlurés de charbon. Noir comme les tourbières d’une forêt véhémente. Échec cuisant. Mâchoires serrées, et perles brûlantes au coin des yeux. You fucking loser.
Les bruits de pas se font entendre dans des échos faiblards, alors que les méandres de fureur se dissipent en poussière. Il ne voit plus rien, noir sous les paupières, noir sous les mains, explosions dans le coeur. Atlas tout entier noyé dans les eaux d’un Styx sans fond que rien ne fait bouger.

@Charon Marlow

☽. in another time  

— whenever —

Autour des sphères en orbite comme les anges au ciel, tout tourne, et devient flou. Atlas épuisé sous le propre poids d’un monde que ses épaules ne suffisent plus à porter, mains de suie contre les joues brûlantes qui expient leur rage dans un carmin bouillant. You hate yourself, don’t you ? Because you can’t get anything done properly. Toujours les mêmes discours internes banalisés d’échecs cuisants. Les cuisses reposées entre les feuilles mortes comme un tombeau, il songe à laisser tomber son corps en arrière, un instant pour profiter d’un répit qui n’en est pas un. Admirer la lisière des arbres et les infimes morceaux de ciel à travers les branches. Mais il est incapable de souffler. Comme si ses poumons contractaient une apnée en permanence, les bronches en barbelés. Sursaut presque lorsque des pas le troublent et que dans un geste-réflexe presque fauve, il retrouve sa baguette. Le vert émeraude de sa robe jure avec le marron foncé des feuilles qui se juchent sur ses épaules. La mâchoire se serre, car Atlas ne craint pas : il provoque. En silence, froideur grandiloquente de ceux qui vacillent trop souvent sur leur piédestal. Refuse de rester au sol lorsque l’autre est debout. Il l’a déjà vu, jamais côtoyé, pas assez bien fait, bien né, en dehors d’une case dans laquelle lui-même est à l’étroit sans s’en rendre compte. Pourtant il connaît son prénom, mais n’en prononcera pas un mot. « En quoi ça te regarde ? » Hostile créature montre les dents, méfiance au goût de sel. Il doit sûrement avoir l’air d’un tableau tragique, les restes d’un échec gravé sur la figure. Alors il fait ce qu’il sait faire de mieux : bomber le torse, et se changer en paon. « Je m’entraînais au duel, et j’ai trébuché car mon sort était trop puissant. Rien que ces pauvres arbres n’aient déjà vu. » Mais dans un regard, il sait qu'il pourrait le supplier de ne rien dire. Garder le silence, car une punition n'est pas acceptable. Pas pour lui.

@Charon Marlow

☽. in another time  

— whenever —

Le soupir agacé en forme de dédain notoire, faux-semblants qui jamais ne le quittent. Atlas porte sur et sous la peau le tissu ciré des manières presque grotesque tant elles sont dans le paraître, dos toujours droit, faiblesse en horreur, sous les ongles la chair des autres qu’il s’amuse à tordre -ce soir, la sienne est à vif, et il déteste le montrer. Tissu de froideur qu’il enfile aussi facilement que la cape d’uniforme, et rictus presque mauvais lorsque l’autre se défend. « C’est vrai. » Il admet dans un ton plus calme qu’il aurait aimé, provocation constante qui ne se calme pas par l’insigne bleutée portée sur la poitrine d’un autre. Un pas de recul comme pour mieux bondir sur une proie, félin tapi dans les ombres d’une forêt que jamais il n’apprivoise. Pourtant, coeur brulé n’a pas peur, moins de vaillance plutôt rempli de sottise, lorsqu’il refuse de perdre la face et de s’avouer vaincu. « Tu te portes volontaire pour m’aider, alors ? Viens, Charon. » Le nom connu dans un murmure jamais formulé, scandé dans un demi-sourire à faire rougir la pâleur de la lune qui se lève. Atlas ne lui tourne pas le dos, mais s’enfonce dans la forêt aux griffes acérées et aux dangers multiples. Idiot, fou d’audace. Sa baguette fièrement ancrée dans sa main, alors qu’il la pointe encore sur lui, malgré l’outrepassement des arbres. « Tu veux faire ton job de préfet non ? Alors dévoue-toi. » et il lance un sort, sans intention de blesser, à peine un éclair rouge qui ricoche contre une cime plantée non loin de Charon. Provocation ultime. Les bois les recouvriront bientôt. Il n’a pas envie de rentrer tout de suite.

@Charon Marlow

☽. in another time  

— whenever —

Trépidantes humeurs qui se trahissent malgré elles lorsqu’elles se confrontent à la stupeur -il voit tout, du carmin encore pâle sur les joues aux yeux ouverts un peu plus grand. Il ne le connaît pas, mais il l’a regardé depuis longtemps, l’aigle aux trois prénoms qui n’a l’air d’appartenir à rien. Peut être est-il trop haut pour lui, perché parmi les cimes avec les oiseaux lorsque lui reste prostré à scinder le sol de ses pas-serpent. Il ne se surprenait (presque) jamais à tendre la main vers les cieux où il pouvait l’entendre voler, pourtant, restait dans le silence froid qui l’incombait toujours, et soucieux des détails -une mine concentrée lors d’un cours partagé, un menton levé lors d’un duel, une insigne sur la poitrine, un murmure féminin, plus jeune, sonnant les lettres cinglantes du passeur du Styx. Lui aussi avait la tragédie dans le sang, mythologique animal qui tenait plus du Minotaure que d’un porteur du monde aux épaules galbées. Tu portes mal ton nom, Atlas. Tu n’es pas assez fort.
Mais être fort, il savait le feindre.
Un sourcil haussé pour ne rien dévaler, se perdre dans les méandres d’un défi qu’il n’aurait jamais provoqué en temps réel. Atlas ne connaît pas la fuite, sait se battre et sortir les crocs, mais il a par dessus tout l’instinct de survie d’un animal coincé dans un piège, plaie à vif qu’on cache sous les tissus rapiécés. Lui inciter à ne rien répéter, et l’entraîner dans ses abysses. Pour presque lui faire payer de l’avoir interrompu en position de faiblesse. « Oh, tu as peur, c’est ça ? » La baguette se lève dans le camp d’en face, et le long de la courbe de son dos, un frisson s’électrise. C’est ça. Ne se reconnaît plus, à attiser les flammes de celui qui détient le pouvoir sur lui. C’est d’un mouvement de poignet brusque qu’il jette le sort pour l’attirer à lui, brutale attraction qui font riper les talons de Charon contre les feuilles mortes. Le torse d’Atlas se retrouve à la merci d’une baguette inconnue mais souvent observée, et il sourit toujours, foutu gamin à la fierté fiévreuse. « Les aigles sont censés être des prédateurs... » sa main libre, fantôme de malheur, caresse l’insigne bronze et bleue ornant un torse pas assez bombé à son goût. Il voudrait souffler sur les braises, voir au fond du regard de l’autre un instinct, une flamme, même celle de la haine. Move. Persuadé que son propre salut se trouve dans les auspices d’une idée méchante.
« Alors vole. » et sans que Charon n’aie le temps de riposter, ou de lancer un sort pourtant si simple, la proximité aidant, c’est lui qui jette une autre gerbe d’étincelles salées. Les pieds de l’autre décollent du sol, et il le fait pantin, cerf-volant qu’il contrôle à sa guise, jusqu’à le poser sur la première branche d’un arbre centenaire. « C’est presque trop facile si tu ne te défends pas, tu sais ? »
Le ton presque las bout pourtant d'une envie inexplicable. Au fond, il ne fait que tendre une main.
Il a vu, sans rien faire, ni défendre, les bousculades dans les couloirs depuis des années. L’infinie rage en forme de tristesse sur un visage observé à la volée. Il a ri des moqueries pernicieuses des garçons de son âge, parce que c’était plus facile, parce qu’il fallait se faire accepter, et surtout, surtout, ne pas se faire absoudre de la caste clinquante de ceux qu’on ne pouvait que craindre. Maintenant, les regrets sont dissimulés au fond de la tête serpentine. Peut être est-ce là la raison de ses provocations.
L’inciter à agir.
Lui offrir une vengeance.

@Charon Marlow

☽. in another time  

— whenever —

Le sort félin lancé d’une baguette d’ordinaire assidue et contrôlée ne se regrette pas -il cherche la réaction, l’étincelle avant l’incendie. Monstre d’un défi brûlant voir l’autre échapper à la gravité, pieds hors du sol, et éclaterait presque de rire -mais les traits cireux et la peur transpercent même les coeurs les plus arides, et il fronce les sourcils. Je ne voulais pas te faire de mal. Il ne lui dit pas, même s’il le pense. Passif aux moqueries, sas oser s’interposer de peur de tomber du piédestal, il n’a jamais aimé le voir bousculé, et maintenant, tout était de sa faute. Atlas s’avance d’un pas, main tendue comme pour donner l’aide ou le soutien à faire retomber sur la terre ferme, mais se confronte à la rage attisée par l’envol. Des gerbes d’étincelles à faire bondir un lion, il recule prudemment, même si aucun sort ne le touche, la main en offrande devient poing serré et la baguette se lève à nouveau -il ne se rappelle même pas l’avoir baissée. Retraite amère qui l’enfonce dans les sous-bois aux tons vert sombre, à peine le temps de prononcer un mot alors qu’il est propulsé vers l’arrière par la force du désespoir -sort barbarie. Quelque chose craque lorsque son dos rencontre le tronc d’un arbre, et il prie pour que ça ne soit que l’écorce trop vieille qui a subi un choc. Lorsqu’il se redresse, avec sur les lèvres l’ombre d’un rire mutin, la douleur le transperce. Dommage. Mais il ne laisse paraître qu’une grimace et un léger boitement, décidé à garder la face, fierté exacerbée affichée en drapeau. Les couleurs précoces de celui qui ne craint rien. Range sa baguette dans sa poche, pour que ses deux mains libres se lient entre elles en applaudissements cyniques. « Tu vois, quand tu veux. Je savais que tu en étais capable. » Il s’approche de lui, sans reculer face à sa baguette toujours levée, et le feu de forêt au fond de ses yeux. Position de faiblesse qui ne laisse rien transparaître. Atlas reste prince de la douleur. « Je voulais un avant goût du club de duel, tu ne peux pas m’en vouloir pour ça, hm ? » Main leste dans un geste minime qui vient ôter une brindille logée dans ses cheveux. Il craint de se prendre un autre sort en pleine poitrine. Retient son souffle. « Ça te va bien. La rage. »

@Charon Marlow

☽. in another time  

— whenever —

Amère victoire qui sonnait comme une défaite -pour lui, il n’y avait rien de pire que d’être ignoré. L’abandon de Charon sonnait faux -comme une phrase sans point final, comme un voyage sans retour. Il ne dit rien, lorsqu’il le laissa s’éloigner. Le mot faiblesse en malédiction dans l’esprit déjà fragilisé -il se rendit compte trop tard qu’il serrait le poing tellement fort sur sa baguette que ses ongles avaient laissé des marques rouges le long de sa paume, chemin de détresse. Je le déteste. (il se mentait à lui-même).

La salle sentait la poudre à canon et l’écho des victoires. Atlas en prince était tantôt entouré, tantôt solitaire, à l’écart des autres pour prétendre s’entraîner comme un génie incompris. La baguette dans le vide sans formuler les sorts de peur de provoquer un désastre, il n’en fallut pas plus pour qu’il serre les dents, et résonne dans sa tête la force d’un espoir -viendrait-il ? Ou ferait-il faux bond ? Charon n’était pas parti en lui promettant un réel duel, ni en lui sommant retrouvailles. Il n’avait de cesse de penser à leur entrevue dans la forêt, à la rage, presque belle, qui avait émané de lui, à sa défaite amère, à la vengeance qu’il méritait. Poings serrés. On l’appela sur l’estrade, et il avait, comme toujours, le menton haut.

La porte de la salle s’ouvrit.
Il retint son souffle.