It's not living ((atlas))

If It's Not With You — september 27th, 2021@Atlas Deus-Felis & @Charon marlow

   Arrivée sans succès. Seulement le cœur en accéléré qui peine et abandonne pour entraîner dans sa chute perdue tout le reste d'une machine pourtant à peine poussée à bout. Presque dérisoire comparé aux heures chiennes dans une arène improvisée. Sans règles ni retenue. Mais quand l'incendie se fait intime, rien ne l'arrête et même les coups les plus violents ne peuvent prétendre à être plus fort. Il ne reste qu'à sombrer dans une vague flamme et se laisser couler. Au bruit du ressac cardiaque contre les tempes, dans les oreilles. S'y perdre et oublier le reste.
Les voix se sont tues. Les cris aussi. Ne reste que la peur et l'incertain. Quand tout semblait si vrai qu'il est difficile de se persuader que c'était faux. Que les parents sont toujours indifférents, que la créatrice d'illusion garde ses pensées pour elle, juge en silence. Et que l'astre brume va bien. Les paupières se sont fermées sur du néant puisque même le regard ne sait plus s'il se pose sur du vrai ou de l'abstrait. Poitrine soulevée au gré d'une respiration affolée, la fièvre dans les veines l'étouffe.
Elles se sont tues et pourtant voilà qu'elle revient. D'entre les brumes, celle d'Atlas résonne à nouveau. Sensation de quitter le sol et des mains sur ses joues qu'il ressent comme au travers d'un brouillard dense. Fraîcheur bienvenue, il la sent glisser des peaux en contact jusque dans les vaisseaux lave. Sous la peau. Souffle bâclé retrouvant un semblant de netteté et sans réflexion, ses mains se lèvent. Fragiles d'une poupée de coton se voulant de fer, elles se posent sur celles du médicomage. Les épousent dans une accroche tendresse, une prise sur le réel pour s'y hisser, péniblement. Revenir dans l'instant, ouvrir les yeux lentement même si la vue semble floue, distingué les contours et les couleurs de l'enfant brouillard. Une esquisse de sourire se peint sur les lèvres lorsque les mots flottent jusqu'à son oreille.

« - Forgive me, did not meant to... » Le murmure s'échoue sur la peau-rivage d'Atlas. D'un soulagement violent, une main délaisse sa jumelle et s'abandonne contre la nuque. Rapproche les contraires dans un élan du cœur soufflant sa peur en une caresse des lèvres sur celles du médicomage. Embrasser l'instant, qu'il soit réel ou non.  Le sentir, bien vivant. Proche et se moquer, le temps d'une folie, des autres et de tout.
Juste lui.

Agonie réelle traîtresse des froideurs factices. L’inquiétude dans les veines sombres, qui se soigne en rivières sur le visage secouru, Atlas se rassure en se disant que tout ira bien, qu’ils en parleront plus tard. Mais Charon se redresse, Charon s’excuse -Charon l’embrasse.
Il voudrait pouvoir répondre au baiser, avec la fièvre du désespoir et faire taire tous les sursauts, toutes les frayeurs, celles qu’il a eu en le voyant en danger, celles qu’il devine dans la voix de son conteur. Il voudrait pouvoir s’accrocher à lui, le serrer à l’en étouffer, parsemer sur sa peau des baisers qui rassurent, des souffles qui réchauffent, lui dire que ça ira, et qu’ils sont tous les deux, qu’il s’est bien battu, qu’il a été exceptionnel, pouvoir se changer en soleil et le bercer de lumière, lui donner la tendresse des vieux amants qui se retrouvent après la guerre -mais il ne peut pas. Les regards lui brûlent déjà l’arrière de la nuque, et pire, si une caméra se braque sur eux, tout sera remis en question -lui, Charon, Pandore, les mensonges aux conséquences graves, dont seul lui peut connaître l’issue. La mort qui sourit presque le frappe. La terreur entre dans les veines comme un poison glacé, alors qu’il reste stoïque quand il voudrait tant l’enlacer. Atlas ravale un sanglot, fait semblant comme un prince des illusions, mais ses yeux tremblent lorsqu’ils croisent les siens, au moment où ils se détachent. « I’m sorry », un souffle silencieux expié à l’abri des regards (il l’espère), et il se lève peut être un peu trop précipitamment, les gestes redeviennent mécaniques, médecin froid qui n’a l’habitude que des corps sans vie. Charon retombe doucement sur le sol et lorsqu’il se prive de lui, c’est son cœur qu’il entend craqueler aussi sûrement que la peinture d’un tableau usé. « I think you’re mistaking me for someone else, sir. Fever’s surely higher than I thought… Drink this, take some rest. » La bouteille d’eau fraîche accueille leurs doigts, et ses yeux crient je t’en prie, ne me déteste pas. Les barreaux se referment, le brûlent, au fer rouge. Atlas ravale la vague grondant dans sa gorge lorsqu’il regagne les autres blessés, et son interne. Il ne s’est rien passé. Feint d’être plongé dans son travail. « Did he… Kissed you ? » Dean a l’air incrédule, il hausse un sourcil, les mots sont secs, le ton froid. « Fever dementia. He thought I was someone else. It happens sometimes. » « Ok… Too bad it wasn’t a pretty girl ! » Atlas adresse un sourire qui se veut amusé, mais qui a pourtant tout d’une grimace, alors qu’il tente d’oublier ce qu’il s’est passé -la culpabilité, l’erreur, la terreur, surtout. De ce qui viendra. Ils ne sont que deux souffles dans un ouragan bien plus grand qu’eux. Vents contraires qui ne peuvent se croiser, au risque de provoquer l’explosion.