melancholia (victoire)

à l’aube de ses quarante-six ans, le soleil se faisait d’autant plus ardent, annonçant le début d’un été aussitôt brûlant que les étés précédents. les vacances étaient encore lointaines, et les couloirs de l’académie ne se désemplissaient pas. c’était la même routine depuis cinq ans, à arpenter les mêmes allées et couloirs que ses étudiants sans jamais véritablement regarder autour d’elle, son emploi du temps délimité à la minute près. elle ne fait pas attention aux visages alentour, bien qu’à tout moment, qui sait, elle pourrait croiser celui de sa gaia. et si elle entendait son nom, elle ne manquerait pas de - enfin ! - donner de l’importance à son entourage et à offrir ce même sourire, si chaleureux, dont elle avait le secret avant de continuer sa route si une discussion n’était pas lancée, mais elle s’arrangeait toujours à avoir le maître-mot. et rapidement elle se retrouve à l’écart, volontairement, et ne peut s’empêcher de sortir de son écrin la cigarette qu’elle s’était gardée pour cette fin de cours. un coup d’oeil à sa montre suffit pour lui rappeler cet instant de répit loin de tout, loin de la ville et de son hôpital. appuyée contre une poutre et le regard ailleurs, la cigarette magique se consume plus rapidement qu’elle ne sent le temps passé et ses pensées se tournent involontairement vers d’autres horizons, de ceux d’une autre vie qu’elle avait accepté volontairement d’oublier. les prunelles qui suivent vaguement du regard les silhouettes qui passent rapidement devant elle, avant que celle-ci ne se fige aléatoirement sur une silhouette menue, seule, qu’elle aurait rapidement ignoré si les traits n’étaient pas aussi familiers, ne lui rappelant pas plus d’une personne à la fois. ses paupières battent à plusieurs reprises et elle se demande si c’est la nicotine jusqu’à ce qu’elle ne fasse enfin le lien, et le compte. « oh dear. » aussitôt soufflé, immanquable stupéfaction avant d’écraser sa cigarette contre sa paume et d’appeler son nom, en entier, assez pour qu’elle puisse l’entendre.

sa voix fait effet et la rousse se retourne sans tarder lui faisant face et, il n’y a pas de doute. il n’y en avait même jamais eu. ses lèvres s’étirent naturellement à la vue de victoire, miroir au sien, toujours si enthousiaste de voir des visages passés, si jeunes, qui devenaient rapidement suffisamment grands pour pouvoir la dépasser un jour. « hello. » retourné aussitôt avec chaleur, l'étonnement qui lui fait oublier la politesse. les traits sont alors observés avec curiosité, des cheveux immanquablement weasley aux traits qu’elle pouvait facilement voir sur les traits de fleur, perdue de vue comme la petite famille mais ainsi était la vie. du jour au lendemain, un visage pouvait ne plus être aussi familier qu’on pourrait le penser. retour à la réalité quand la cadette l’interroge sans tarder, et calista, elle était presque peinée de la voir dans l’ignorance ou était-elle simplement trop habituée à être reconnue partout où elle allait. « oh yes i’m sorry, i must have surprised you. » qu’elle s’excuse, la main sur ses lèvres, avant de donner son propre nom pour être sur un pied d’égalité, un nom presque vide de sens face au sien, mais elle le dorait à sa manière. « your name ? you’re famous miss. » qu’elle ajoute parsemé un petit rire, surprise par sa première question avant de continuer. « don't worry, i don't think you know me, but i know you. » elle se remémore de la dernière fois qu’elle avait vu victoire, un poupon si minuscule. « i think you were a year or two old the last time i saw you... time flies. » qu’elle ajoute en acquiesçant ses propres propos.