just a little too late ; you found me,, yumei

10.03.22 · otepia ; et lorsque les paupières se rouvrent, le nom a disparu. le coeur pulse un peu trop fort, à la pensée de te rejoindre là bas, d'enfin te retrouver, de se retrouver. car, depuis que tu l'as touché mei, son esprit déraille, voit des choses qu'il n'a pas le droit de connaitre. se fait harceler de rêves indiscrets, t'as soigné ses plaies ce soir là, et t'en as rouverts d'autres. de son palpitant nécrosé découle des sentiments qu'il aurait préféré ignorer. ça se mélange, pensées-turbulences, tu l'as touché, et plus rien n'a de sens. sous tes doigts de satin, t'as déposé le plus dangereux des venins. l'obsession d'un coeur qui ne bat plus bien, s'empoisonnerait pour tes lèvres carmins. yunho il marche, déambule, transplane, ne se souvient plus, mais il est là, devant l'otepia. il est là ; enfin il te voit. ailleurs que dans ses rêves, ailleurs que dans un souvenir qu'il s'est trop remémoré.



après tant de mois à te chercher, à t'éviter, à ne savoir quoi faire, quoi dire. après des mois à te laisser déranger ses pensées, ses habitudes, ses sentiments désormais ouragans. des semaines à ne pas comprendre pourquoi, pourquoi t'es là sans être là, présente dans chacun de ses gestes, absente de sa mémoire défaillante. t'es là ; et les questions sont désormais muettes. les pas le pressent à une table à côté de toi, les opales fuyantes, vérité effrayante. et s'il n'y avait pas de réponses ? seulement votre évidence pour satisfaire une curiosité grandissante. la même chose qu'elle ; indique ta boisson d'un coup de tête lorsque la serveuse le questionne, sans avoir besoin d'en demander le nom. il sait ce que t'as commandé, mei, il l'a vu. de tes mains, il a saisi ton gobelet, et ça n'a duré que quelques secondes, mais ça a suffi. il était dans ton corps, et, mei, est-ce que t'as pu le voir quand t'étais dans sa tête ? ton image qui en décore chaque recoin.

10.03.22 ·
Parfois, sans crier garde, une immense détresse m’étreint, et je me met à pleurer très fort, des sanglots incontrôlables qui m’empêchent de respirer normalement. Tu sais Yunho, ce ne sont pas tes sentiments que je te vole. Mes larmes sont le résultat de mon impuissance, je peux sentir ta douleur, et je ne fais rien.

Mademoiselle, vous allez bien ?

Chaque retour à la réalité se traduit de la même manière. Elle ressent le besoin viscéral de respirer profondément, de s’ancrer à nouveau dans l’espace qui l’entoure. Elle ferme les yeux, parce qu’elle voudrait y être encore dans sa peau, et son coeur se serre, parce qu’elle n’est plus qu’elle à nouveau. Sourire vague au serveur qui lui fait les yeux ronds, la main scotchée à son gobelet, elle se résout à extirper sa carte de sa poche pour payer l’employé. Une fois de plus, elle a pas dormi de la nuit Mei, y’a des restes de sa débauche sur les coins de ses yeux, traces de son maquillage déstructuré, elle avait filé tout droit à l’otepia, le silence des murs de son appartement apparait comme son plus grand ennemi chaque matin. Et depuis qu’il est là, y’a rien qui va, les médicaments ne servent plus seulement à la faire apparaître elle, c’est qu’elle a l’impression que plus son cerveau est ravagé, plus elle a de la chance de le sentir, d’entendre son souffle profond et de toucher sa peau fragile, c’est fugace et brutal. Elle essaie de se rappeler, mais c’est comme un rêve, les détails disparaissent trop vite, alors elle sort ce petit carnet qu’elle se traine toujours partout.

odeur familière, chambre, chez lui ?

Des mots en vrac qui font pas sens, des pages noircies de leurs pensées vagabondes, elle écrit et écrit et à peine passe-t-il le pas de la porte que sa présence écrase toutes les autres. Il est là. Elle ose pas relever son joli nez, le myocarde tape trop fort contre les côtes, est-ce qu’il peut l’entendre ? Et sa voix anéantit tous les restes de contrôle, ces quatre mots d’une ridicule simplicité sont des bombes nucléaires, elle fixe le thé vert qui lui fait face, laisse le silence se faire roi quelques secondes. Je croyais que tu préférais le café. C’est tout ce qu’elle trouve à dire Mei, elle se rappelle du goût des expressos sur son palais, et un sourire timide s’esquisse sur ses lèvres. Il est là.

10.03.22 · silence qui dure une éternité, les mots s'écrasent contre son palais. espoir entremêlé de questions restées muettes. les pensées se font et défont, que dire ? que faire ? rien n'a de sens, rien n'a d'importance. finalement, quelques mots lâchés comme une évidence. coeur boomerang, à se détacher de son être pour côtoyer le tien, et revenir s'écraser en lui. et il y a ton sourire mei, ton sourire qui fait renaitre le sien. quitte sa table afin s'adosser à la tienne. de ses doigts, tapote le rebord. observe de ses opales, sourire miroir. j'apprends à aimer de nouvelles choses ; à s'ouvrir au monde, ((s'ouvrir à toi)). qui es-tu, mei ? car un univers sépare celle qu'il voit dans l'ombre de la lune et celle que t'as été ce soir là. cette nuit où t'as frôlé une partie de son identité. tu l'as touché, mei, et t'as marqué chacune de ses pensées de rêves éphémères, de questions délétères. ton sourire est bien plus beau lorsqu'il t'appartient ; lorsque yunho le regarde autrement que devant une glace, lorsque ton esprit se mêle au sien. vaine tentative d'illuminer ton visage de la part d'un homme qui a oublié comment sourire. et voilà que l'air redevient sérieux, préoccupé, prêt à passer aux aveux. je t'ai cherché, quelques jours, quelques heures, quelques instants, rien n'est sûr, tout est flou. perdu entre la réalité et le rêve, entre le monde vu de tes prunelles et celui vu des siennes. moments volés, craints en secret. libéré de ses tourments pour supporter les tiens. sans trop savoir si tu voulais me voir, s'humecte la lèvre du bas, passe ses opales sur les alentours, sans trop savoir non plus si j'avais envie de te voir. pourtant il n'a pas eu le choix, vos vies se sont entremêlées, et il ne sait comment ni pourquoi, mais dans son futur t'as tracé ta voie.

10.03.22 ·
Corps fin et éraflé s’attire à elle comme un aimant, l’envie irrépressible de se fondre à l’intérieur de lui, et aussitôt la honte et l’embarras, pupilles obsidiennes se perdent dans les vapeurs de thé. Elle sait qu’il sait.

C’est ce qui te rend si effrayant à ses yeux. Parce qu’à toi elle ne peut mentir, ne peut déguiser les balafres de sourires trompeurs, habiller les vérités hideuses d’artifices illusoires. Parce que tu connais le moindre désir qui la traverse, tu connais tous les démons qui l’habitent, tu sais combien elle est insauvable, Yunho.

Et les pupilles brillent sous ses compliments insensés, comment peut-il voir de la beauté là où il sait toute la laideur qu’elle cache ? Pourtant Yunho ne ment pas, il ne peut pas lui mentir, alors elle ne répond rien Mei. Incapable d’accepter sa sincérité, la peur au ventre quand elle sent le battant s’affoler, sourire fondu au noir. Je t’ai cherché, je sais, répond-elle immédiatement, elle avait entendu les cris de son coeur, mais n’y avait pas répondu. En fait, j’en savais rien non plus… les index jouent nerveusement sur le bord de la tasse qu’elle fixe. Jusqu’ici, j’avais comme le droit de penser que c’était pas réel, que j’étais juste folle et que ça se passait dans ma tête. comme pour tout le reste. Les iris charbon finissent par s’amarrer aux siens profondément, le visage toujours légèrement incliné vers le bas, comme une gamine qu’on gronderait, comme des vérités qu’on a trop peur d’affronter. Mais c’est pas le cas, n’est-ce pas ? Et la respiration se coupe, elle connait déjà toutes les réponses, mais a besoin de les entendre. Toi aussi tu as peur, Yunho ? Ce sont ces six mots qu’elle implante directement dans son cerveau, comme un secret chuchoté à l’oreille, tout ce qu’elle ne peut verbaliser, elle l’exprime de cette manière.

Ça résonne en toi Yunho, quand elle te parle dans ta tête. Quand elle y déverse tout ce qui la terrifie, tout ce qui fait désordre en elle, quand elle laisse déteindre toutes ses angoisses dans ta peau. Quand elle te murmure à demi-mot combien elle a besoin de toi, et qu’elle est en train de mourir à l’intérieur.