(18+) walls could talk ((pandore/atlas))

Dans les folies de celui qui aurait pu être un autre, il se trouve des impatiences qu’il ne se reconnaît pas. Atlas en monstre ténu en proie à la fièvre (est-ce parce qu’il a, un instant, pensé le perdre ? Qu’il a su le blesser pour mieux le retrouver ? Ou cette espèce de jalousie tacite qu’il sent ? La peur d’être trouvés, dans les bras l’un de l’autre?), ses doigts qui s’accrochent sur les omoplates comme sur le bois d’un radeau en pleine tempête, lorsque la main de Charon se fait vipère, qu’il voit dans son sourire sa fierté de sentir le pouls s’accélérer et la peau se dévoiler un peu. Il tente d’être raisonnable, mauvaise idée, mauvaise idée, mauvaise idée, mais la raison semble peu à peu le quitter lorsque ses yeux, eux, ne quittent pas les lèvres de l’autre, qu’il ne pense qu’à son envie de dévorer son sourire, et le reste de sa peau. C’est vrai que sous le regard de Charon, il a l’impression de se sentir beau. Certainement parce qu’il ne voit que lui, et que le reflet d’un désir qu’il n’a jamais su comprendre le change, un peu. D’abord au creux des draps trop blancs, à travers l’écran. Ensuite, dans l’instant présent -dans l’urgence, presque, de se retrouver seuls avant que le paysage ne vire au rouge sang. Quand les baisers se donnent à nouveau, il mord presque. Quand la veste s’envole, il soupire. Et tant pis pour les futurs souvenirs qui feront rosir les joues trop chastes. Atlas se trouve un nouveau courage, les mains cherchent à tâtons entre deux baisers une baguette toujours dissimulée contre sa hanche, lancent un sort pour verrouiller la porte, un Silencio temporaire, et lorsqu’il la laisse tomber contre le sol dans un écho, plus rien ne compte. Rien d’autre que Charon, pas même lui-même, car il ne voit que Charon, n’embrasse que lui, ne respire que lui, s’oublie. Les mains qui tiennent son visage comme un trésor, quand il l’embrasse comme s’il n’avait plus rien à perdre, les pas qui le guident jusqu’au fauteuil où il l’a surpris en entrant dans la pièce et qui le poussent presque dedans, les hanches qui trouvent les siennes quand il s’assoit sur ses genoux et les lèvres dispersées le long de son cou. Tout est à toi, il a envie de lui crier, se retient en baisers, ne comprend pas le comment ni le pourquoi du brasier au creux des reins mais sait qu’il ne pourra pas l’arrêter. « What have you done to me... » You arsonist of a man. But you could light me on fire, and I would still beg for more.

Même dans les urgences et la peur de se dévoiler, il arrive à sourire, mais sans incrédulité, puisqu’il le croit. Ne se serait jamais vu autant animé par la passion que sous l’emprise d’un sort quelconque, et pourtant il ne regrette pas les exceptions, aussi étranges soient elles. Plonge dans l’inconnu qui a le goût de Charon, de sa langue et de ses mains dévalant les courbes qu’il refuse toujours de voir, beauté enfouie, niée sauf lorsqu’il le fait briller plus fort -et entre leurs bouche meurt un soupir lorsque contre sa paume il s’échoue. Mouvements impatients, se laisse guider mais devance presque l’autre dans l’audace, comme si toute l’envie accumulait se muait en feu d’artifice soudain, et sous ses doigts Charon brûle aussi, sous ses lèvres qui s’échouent contre l’épaule, sous ses cuisses qui pourraient traverser des océans pour se mouvoir contre les siennes -il ressent tout trop fort, sait que l’incendie le dévaste déjà. « Please... » supplier comme une seconde nature, entre deux baisers-brasier. « We don’t have all day... » et il se pare d’insolence, rictus contre les lèvres qu’il dépose sur les siennes. « I want you. » fait face à la marée qui exalte autant qu’elle effraie, puisque rien d’autre ne compte, sinon l’interdit, la passion qui dévore et l’envie d’être à lui.

Enfant jeté au bûcher dans la nouvelle nature qui se pare de la teinte du vice, impatience qu’il ne se connaît pas, visage timide effacé quand la rougeur des joues se change en un sourire presque amusé. Les lèvres se dispersent, bouleversent en morsures lorsqu’elles se font plus audacieuses, lorsque les hanches affamées dans l’urgence demandent Charon tout entier. Ils ne peuvent pas être libres, pas totalement, encore moins dans le temps bref qui leur est imparti, encore moins dans la pièce impersonnelle qui les accueille, avec la peur au ventre qu’on ne vienne les surprendre. Le toucher a un goût de trop peu, mais il électrise, vient calmer un peu les suppliques et les cris qui résonnent dans la poitrine sans passer la barrière de la gorge. Paume damnée les entoure tous les deux, de doigts fins qui signent l’agonie latente, c’est avec ferveur qu’il bouge, qu’il veut être à lui -parce qu’il a passé trop de temps, trop de nuits blanches et de jours noirs, à espérer le posséder pour de bon. Alors, si les mots-amour ne sortent pas, dernier rempart, ils se parent de passion. Murmures envolés entre deux baisers fiévreux, contre les lèvres qu’il retrace en rêve. « Say it. Say my name… You’re mine, say it. » Cri du coeur déguisé sous un caprice. Voit arriver les étoiles en bout de course, visage échoué à l’orée d’un cou embrassé. Forget the swan, the others. See me. Only me.

Égoïste ferveur qui se trouve dans les passions du coeur, lorsqu’à vouloir tout posséder de l’autre, on ne désire qu’être ses pensées. Atlas se découvre démon, à vouloir sur la jugulaire apposer des dents aventureuses, à avoir envie de découvrir le coeur de Charon, se frayer un chemin à l’intérieur, s’endormir là et ne jamais en sortir. I wanna be yours, et il voudrait qu’il soit à lui, tout entier, jalousie vorace dans les souvenirs troubles d’une saint valentin sans fête, cette fois, il ne refera pas la même erreur. Il sera tout, la tornade et l’orage, l’ouragan et l’éclaircie, tout alors que ses mains perdent le compte d’un rythme effréné qui n’appartient qu’à eux, alors que le corps, impatient et volage, ricoche contre le sien, désiré à mourir. Peur d’un trop peu qui pourtant provoque l’incendie désastreux, entre eux rien d’autre que des soupirs qui meurent -et lorsque Charon prononce son nom, il sourit contre son cou. Comme on attend, depuis toujours, une litanie qui n’est jamais venue, prière muette qui embrase les sens. Aube violente au creux des reins qui voient sous les paupières closes les étoiles exploser, on étouffe un dernier cri contre une gorge offerte, main contre peau et Charon est partout en le touchant à peine, électricité statique qui lui vole un souffle qu’il n’a jamais eu. L’instant passe, le silence après l’amour que l’on ose pas décrire, le front contre le sien et les baisers qui ont le goût de paresse, de soleil qui se voile à nouveau -il faut se séparer. Sourit à moitié au surnom qu’il n’a jamais approuvé.
« You’re... » annoying, reckless, excruciating. You’re the fire and the curse, and the sun, and the heart. You’re a scar that’ll never fade, the one you cherish forever.
Loved.
You are loved.
Pensées contemplatives qui se perdent sur les traits, avant de se ressaisir et de lui donner, du plat de la main, une tape derrière la tête, lorsqu’ils se retrouvent debout et habillés. « Get out of here before someone sees. »
Mais il le retient, encore un peu, une dernière seconde, corps contre un dos et nuque à embrasser dans une caresse d’oiseau. Se retient de murmurer trois mots de trop, avant qu’ils ne se séparent, dans les secrets qui se tissent autour d’eux. « See you, firebug. » Et le laisse aux autres, aux silences, et à l’après.
Les conséquences viendront, peut être. Il est en retard, mais fera semblant de rien, mensonge comme seconde peau sous les rires essoufflés. Personne n’en saura rien, et il se surprend d’avoir été si audacieux. Si inconscient, peut être, Charon en indécence qu’il ne reconnaît pas -la passion fait tourner la tête, paraît-il.
Atlas se regarde dans le miroir, joues rougies et cheveux en désordre, mais il sourit. Et il se sent prêt à conquérir le monde.

the end