you know me more than I know myself (ash)

05.11.1996 ·· 25yo.Naissance & Âge :

12.05.22 — @ash forsberg

you know me more than I know myself

Fièvre tumultueuse, Pandore ferme les yeux et se laisse aller une soirée de plus, le sang pourtant vierge de toute substance. Elle n’a pris qu’une ou deux pilules d’antidouleurs, mais la nuit était trop belle pour la gâcher chez elle, alors elle a convaincu des amies et a rejoint une boîte, peu importe laquelle - tout ce qu’elle voulait, c’était avoir les oreilles bourdonnantes et l’esprit ailleurs, s’échapper du quotidien même le temps d’une chanson, entourée de gens qui voulaient la même chose et qui ne comptaient pas les heures. Bientôt ce serait l’aube, on ne s’y attendait jamais, c’est comme si ici le temps s’écoulait autrement, comme si le sablier était trop embrouillé par les platines et les enceintes pour s’écouler correctement. Elle se perd dans les sonorités et oublie tout le reste, un sourire sur les lèvres, jusqu’à ce qu’une main se glisse autour de sa taille ; prunelles ouvertes, au début elle croit que c’est une de ses amies, mais le visage est masculin et inconnu, se penche à son oreille avec un grand sourire. Elle n’est même pas sûre d’entendre ce qu’il dit mais secoue la tête et refuse poliment sa proposition de verre ou de danse, un coup d’œil jeté à la main autour de sa taille qui l’invite à remarquer et l’enlever avant qu’elle ne le fasse, moins gentiment. Mais la main ne bouge pas et Pandore finit par lever les yeux au ciel, enlève la main d’elle-même - il la remet, s’impose, et elle a l’impression que ça a duré plusieurs minutes quand ça n’a pris que quelques secondes, mais elle sent une émotion grandir au creux de son ventre, la colère qui monte ou le dégoût, un mélange des deux. En tous cas, elle sait que s’il continue, s’il force trop, elle ne pourra pas se retenir et l’emmènera, derrière le miroir. Ce n’est pas la première fois que ça arrive, les hommes qui se croient tout permis font foison, mais ce soir Pandore a encore moins la patience.
Et entre eux le ton continue à monter, au rythme de la musique qui tambourine à leurs oreilles, Pandore qui commence à serrer le poing, le pousser un peu. Il n’apprécie pas, se rapproche plus encore, la force à danser ; sa respiration s’accélère et l’esprit se met lui aussi à tambouriner, quémande la projection astrale, le passage forcé de l’autre côté. Il faut se retenir, pourtant, parce qu’elle ne sait pas si elle l’emmènera lui ou quelqu’un d’autre avec, parce que même si sa condition n’est plus un secret elle ne peut pas se divulguer à tous les passants. Stressée, malmenée par sa colère, elle commence à avoir du mal à respirer, les dents qui se serrent et l’esprit qui s’apprête peut-être à franchir la mauvaise ligne.

@Pandore Águilar & @Ash Forsberg
may 12th, 2022

Presque facile de croire qu’un cabot mal éduqué se plait dans ce genre d’endroit. Il peut y trouver de quoi boire à en avoir mal au crâne, des choses à renifler jusqu’à s’en faire péter les veines, des partenaires à ramener dans son repaire pour ne pas affronter la solitude la nuit. Certainement le cabot aimerait ce genre d’endroit si la musique n’était pas aussi assourdissante. Elle lui nique le cœur, fait vibrer sa poitrine et dès son entrée dans la boite, a fait exploser son implant si bien qu’il a dû le mettre en sourdine pour ne pas se mettre à aboyer et mordre tout le monde. Alors il s’est dit qu’en restant près du bar, dans un coin, à lorgner la piste, les gens et leurs sourires cons, il serait bien. Toujours abreuvé, le verre entre les doigts qui a suivi le premier sifflé en pas longtemps. Ils ont bien tenté de le faire bouger, ses potes, mais rien n’y fait, Ash a juste envie de rester dans son coin de tapis. Mauvais clébard. Sirote son verre sur un soupir, le museau se penche en direction d’un groupe de filles riant sûrement trop fort, entendre qu’à moitié ça fausse le jugement. Les regards se croisent juste une seconde, elle lui sourit. Répond par politesse plus que par envie, ça l’intéresse pas. Il veut sa nuit en solitaire, comme elle aurait dû l’être avant qu’on ne vienne le tirer de son lit, ou de son canapé – il a déjà oublié.

Et alors qu’il va pour se traîner jusqu’aux toilettes, détour pipi sur le tapis, y a quelque chose qui attire son œil sur le côté. Un couple mal assortit fait tache au milieu des autres. Entre clébards crevards on se reconnait, et Ash a reniflé la sale odeur du type trop lourd qui se croit tout permis. Elle lui colle un peu aux basques mais pas aussi fort. C’est surtout qu’il a reconnu, même de dos, même avec les lumières néons piquant les yeux, sa denki perdue. Et que malgré le renoncement, le sang n’a fait qu’un tour.
Il fend la foule, attrape le bras du chiot téméraire et le tire en arrière.
« - The lady said she doesn’t want to dance, so fuck off man. Please and tanks. » Gueule dans l’oreille pour bien faire passer le message, interposé entre la proie et son prédateur. Il pousse en arrière, d’une tension dans le coude où les doigts s’enfoncent à en crever dans la chair en-dessous, murmurent une menace aussi cinglante que celle du regard polaire qu’il lui balance. Et si le type réplique, il ne l’entend pas – fait comme si.

C’est Pandore qu’il attrape, cette fois doucement, par la main pour la traîner plus loin. Dans le couloir-boyau menant à ces toilettes où il n’ira pas. S’en fout. Parce qu’il a compris Ash, non, Ashley, ce qui était en train de se tramer derrière les taches de rousseurs. L’air qui manque sur une respiration folle, il peut entendre le cœur martelant à tout rompre ses envies d’ailleurs.
Il connait.

Il sait.
« - Pandore, babe, look at me. Hey, you need to breathe, slowly. Focus on me, here… » Ses doigts battent un rythme contre le poignet doré, semble anarchique mais a du sens, pour lui, pour elle. Dans une autre vie. « - Focus on this, the beat. Hey ? » Fuck am I too late ?
Is this not working in this shitty new life too ?

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