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#1 pas plus spécial qu'un autre, et pourtant le palpitant rebondissait contre sa poitrine, ses sens demeuraient maintenus aux aguets et sa passion incandescente - enfiler le masque du super-héros représentait probablement davantage qu'un simple passe-temps, un rêve d'enfant qui paraît lointain mais qui guidait si bien ses mouvements, ses ambitions, enflammait un peu son quotidien tout en éloignant toujours plus les frayeurs du silence qui ont empli sa jeunesse. la mascarade a duré quelques années, durant lesquelles il s'efforçait d'aider, de se rendre utile autrement qu'à travers la reconnaissance de ses parents - secret réservé, c'était pour lui, sa propre gloire, pas la leur.

#2 il se rappelle de l'ébranlement, de la secousse ayant fragilisé l'ensemble - le cognard nargue sa tempe gauche, enivre son équilibre mais pas assez pour que ses doigts lâchent le bois. il se souvient de ces quelques instants de battements, où sa respiration chaotique était l'unique sifflement qui résonnait contre ses tympans, où la hauteur sous ses pieds le faisait trembler d'appréhension, alors que sa vision s'engraissait de quelques étoiles parasites, multicolores. et il lui semble avoir finalement abandonné les airs, son corps glissant contre son balai --- alors il se remémore la douleur, les os en miettes et les membres inertes, tandis que son squelette reste figé au sol.

#3 de la chance, d'après les médicomages - beaucoup de chance. accumulation de fatigue, de stress, il s'était fait bouffé par ses propres ambitions, à repousser ses limites toujours plus loin jusqu'à franchir la ligne rouge. la vérité est telle qu'il était abattu, physiquement et émotionnellement, enchevêtré dans un quotidien lourd, saturé d'occupations, nullement guéri de ces nuits étriquées par des rêves qui ne sont pas les siens, tout du moins lorsqu'il parvient à atteindre un sommeil aussi profond. regard un peu perdu, il se fait sermonné, coupable de n'avoir demandé de l'aide à personne : d'avoir attendu l'échéance, qu'on remarque que ça ne va pas. par yiren, d'abord, préoccupée ((bouillonnante)) et engluée à son chevet depuis plusieurs jours ; par katsumi, blême et inquiète ; par leven, posté un peu plus loin, froid et déçu -- puis par ses parents, dont la présence s'évapore quelques heures plus tard, comme s'ils ne s'étaient pas réellement inquiétés, seulement là pour la forme.

#4 quelques semaines de récupération, à coups de potions magiques et de semi-nuits agitées, le temps que ses os se remettent en place et que les lancements perçus dans chaque recoin de son corps s'atténuent et disparaissent. la reprise des cours a quant à elle été un peu plus fastidieuse, ornementée de notes plus basses qu'à l'habitude mais pardonnées en vue des circonstances : il n'avait pas pu reprendre son rythme d’antan, étroitement surveillé par ses camarades qui s'assuraient de son rétablissement en continu. organisés à la manière d'une bande de braqueurs, ses amis s'étaient ligués contre son manque de sommeil : katsumi lui confisquait parfois ses notes, tandis que raijin & leven s'appliquaient à exterminer ses préoccupations néfastes en le tirant jusqu'à des endroits davantage festifs, pour lui permettre de se focus sur son bien être et de s'aérer l'esprit.

#5 comme si ses propres démons ne suffisaient pas à abîmer ses barrières, il a fallu qu'il ait la capacité d'accéder à ceux des autres. se savoir dreamcatcher n'est pas une aubaine ; à la façon d'une maladie eiji s'applique à faire disparaître ses symptômes les plus problématiques, les mêmes qui l'empêchent d'atteindre un sommeil serein, dérivant vers des doses de potions insensément excessives. autrefois les cauchemars dissociables des siens étaient accumulés de façon plutôt cartésienne, presque contrôlables mais si personnels que eiji répugnait à l'idée de n'avoir d'autres alternatives que de les subir ; sorte de répulsion sans fin, l'intolérance qu'il a développée n'a fait que rendre son pouvoir plus sauvage, inapprivoisé. il s'efforce de mélanger les songes d'un chacun, rendant le schéma de son utilisation confus et brouillon, fracturée en un nuage corrosif qui n'a de cesse de le rendre plus irascible qu'à l'habitude.

#6 paradoxe vivant : parce qu'il a de l'affection à outrance mais est réticent à l'idée d'en accepter. de fermer les yeux et de se dire que y'a pas d'arrières pensées, de plans bien tissés, ou la volonté de pas assumer - de juste l'aimer. le sourire en guise d'astre brûlant & les joues potelés qui le rendent plus accueillant, eiji c'est juste un gosse surprotégé par des diamants et guidé par son besoin d'être entouré, de pas se retrouver seul au milieu de ses démences. parfois ça coince dans la gorge, à la façon d'un fil tendu contre son cou. alors y'a joyce, depuis quelques infinités de temps déjà --- cette jolie mélodie aux accords connus sur le bout des doigts, cette supernova aux couleurs acidulées qui est la seule à pouvoir se vanter d'avoir apaisé un peu son âme. leurs corps s'enlacent contre quelques bribes paradisiaques, le premier qui s'engage à être le refuge de l'autre le temps d'une nuit sans sentiment, sans parole engageante, et c'est une chose qui leur convient.

#7sa joyeuse affection lorsque ses pensées sont défoncées par le shōchū sorcier font écho à son hyperactivité classique. collant comme pas deux, à chercher le contact de ses proches pour quelques déclarations d'amitié saugrenues, eiji est intenable, une fois ses sens enivrés par l'alcool.

#8 échappatoire de prédilection, celui qui abrite les plus exubérantes de ses humeurs, s'explose en quelques particules artistiques : de la danse jusqu'au chant en passant par les colorations immortelles, si ce n'est pas le monde qui l'entoure qui s'expose à ses plus petites fantaisies c'est alors son corps tout entier, initialement fait toile immaculée de blanc, désormais à moitié intacte, qui se pare de ses plus belles œuvres.