tw// dissociation, dépression, mentions de schizophrénie et d'internement
KAORU UENO
une étoile de plus, à scintiller parmi les vivants. une âme pas plus différente des autres, vagabonde, à la conquête de sa propre place dans l'univers, à la recherche de l'écho de sa propre voix. c'est avec les orbes anxieuses, le palpitant frénétique, qu'on décompose le monde, imagine le futur. si incertain, si fragile.
c'est l'âge des changements - le moment de tout remettre en question, défaire tout ce qu'on pensait, pour tout reconstruire, réapprendre. c'est l'âge de ressentir l'euphorie, jusque dans le sang - partager ces larmes de bonheur avec le monde entier, et les êtres partageant cette destiné. c'est l'âge de la peur - face à toutes ces responsabilités, ces incertitudes qui planent, planeront toujours.
né avec les complexités de tokyo - sa pollution étouffante, son rythme de vie effréné, sa culture incontournable. on l'aime autant qu'on la déteste. promesses vaines, d'un jour réussir enfin à la quitter.
première moitié d'une constellation - la dernière étoile à s'être allumée. on les regarde briller de mille feux, eux et leur symbiose cosmique, comme une évidence du ciel.
première moitié d'une constellation - la dernière étoile à s'être allumée. on les regarde briller de mille feux, eux et leur symbiose cosmique, comme une évidence du ciel.
peu d'artifices, rien de plus commun que le commun lui-même.
mêlé de banalité, mêlé d'artifice. une mère humainement normale, qui a toujours désiré que ça reste ainsi. dans sa tête, dans son cœur. un père magique, abandonné à la réalité d'un monde différent - loin de ses fantaisies.
un ensemble qui se veut rassurant - loin de la puissance ou de la variété dont nombre sont à la recherche vaniteuse. une fidélité aveugle, une stabilité qu'on pourrait penser trop rigide : il a besoin de ça, kaoru, de concret. quelque chose de solide à quoi s'accrocher. parce qu'il est souvent indécis, quelque peu influençable et réticent - des faiblesses que le sorbier se veut de balancer. un caractère protecteur, qui s'est épris de ses douceurs pour en tailler des coins. tout pour le rendre plus confiant, plus composé. c'est une union discrète avant tout, loin des beaux mots, de la magie époustouflante. le temps a su laisser derrière lui sa marque, comme à de nombreux, murmures d'un haïku que sa peau aime à retracer du doigt.
parmi les astres et nos désastres pour toujours je te guiderai
y a l'obsession dans ses yeux, une lumière aux frontières d'un voile opaque inquiétant. tout ça pour lui. son cœur l’acclame, lui élèverait les plus prestigieux édifices. parce qu'il a d'yeux que pour lui, kaoru. pour tsuru, pour kaze. y a le cosmos, à travers son regard, les plus belles lueurs, les plus chaleureux et familiers abysses. c'est la maison, sa maison, là où demeure son cœur, à l'espace. et pourtant y a ce silence. un intérêt solitaire qui se veut abasourdi par les chants d'un autre - kitsune - qui l'admire comme la plus belle des comètes. harpe qui tirent les ficelles de son myocarde, de quelque chose même de plus profond, qu'il ne pourrait décrire. pourtant ça l'émeut. y a comme un poids, une tension inscrite dans le non-dit, parce qu'il les a vu, kaoru, tsuru et kitsune, échanger ce même regard. et peut-être qu'il ne faut pas toujours écouter les sirènes de son cœur.
les obligations qui guident l'esprit - à faire ce qu'il faut faire, ce qui est juste. non pas ce qui plait au cœur. responsabilités d'adulte qui l'empêchent d'abandonner, d'être de ces nombreux drop out. mais on peut pas se permettre, faut réussir à se nourrir, faut penser à l'avenir. cursus correct, sans plus, et aucune idée de quoi faire avec ça. simple bout de papier sécurisant, au cas où. parce qu'on peut pas risquer de se retrouver sans rien. quand c'est pas les quatre murs d'une salle de cours, c'est ceux d'un karaoke de ville, boulot à mi temps pour arrondir les fins de mois. c'est pas si pire. y toujours des promos à la clé. non, ce qui fait vibrer, ce sont les vers, les figures de style, l'évolution de la graine jusqu'à sa fleuraison - chaque chapitre de son histoire. petit nom dans les librairies, dont on espère voir propager l'écho.
c'est plus par prestige qu'autre chose, qu'il s'est vu habiter ce club. de quoi fleurir le titre, dorer un peu plus l'image. n'importe quoi pour se sauver un petit peu la mise. et pourtant on a fini par y prendre goût. la satisfaction d'un semblant d'intelligence, parmi les débris de frustration, de sentiments contraires.
petons piétinants dans la misère. la pauvreté appelant la stricte nécessité - quelques boites et produits frais qu'on économise et réduit pour tenir le mois, quelques vêtements par-ci par-là quand le besoin se manifeste. des frais moindres, pour ne pas déborder inutilement - pas d'animal, pas d'abonnements ou de caprices. juste ses bouquins lus et relus qui traînent, cette large fenêtre et de trop nombreuses plantes pour combler l'ennui.
palpitant difficilement emballé, toujours dans le doute quant à savoir si l'affection se veut le plus pure et platonique qui soit, ou déborde d'un plus sans nom. on arrive pas à mettre le doigt sur ce bazar sentimental, pas plus sur cette sexualité bordélique. une attraction quasi non-existante, pendant longtemps. et c'est terrifiant - être l’aiguille de la bote de foin, ne pas comprendre pourquoi ça n'arrive pas, d'être envoûté par ces corps, les désirer, comme tous les autres font. remises en question qui vont jusqu'à l'existence même. qu'est-ce qui cloche chez moi ? et puis le soulagement, la première fois que c'est finalement arrivé - sous l'emprise des sentiments. et c'est ça, qui a l'air de faire la différence - le fait d'être énamouré, et réussir à répartir cette adoration sur tous les plans.
le cœur qui serait pour. le porte-monnaie qui ne peut pas suivre.
satisfaction et réconfort à travers ces senteurs qui rappellent la propreté. sentiment qu'on associerait bêtement avec le concept de productivité, réussir à être un adulte performant et responsable.
notes douces et réconfortantes d'un parfum qu'on aime retrouver un peu partout - que ce soit dans les flacons, les cornets, les bougies, voire même saupoudré dans un breuvage. sentiment de familiarité, d'enfance, qui s'en dégagerait presque.
à ses côtés depuis toujours, à travers les petits contes pour enfants, les coloriages, les magazines divers et variés de petit passionné. à travers les livres d'école, les romans qui savent mieux que quiconque bercer l'ennui, les secondes trop longues de solitude et d'angoisse. le papier sous toutes ses formes, et l'habitude commune d'en ressentir leur parfum.
sort qui mérite son titre, sa réputation d'être complexe. les efforts ont l'air de rien n'y faire. on persévère, espère, y arriver un jour. comme pour se mériter la pureté requise à un tel sort, et chasser cette crainte, de ne pas être assez bon, pire, assez épanoui, pour puiser dans une telle force intérieure.
les au revoir brutaux qui déchirent le cœur, les déceptions qui laissent leur place dans les méandres de la conscience, le manque, qui creuse, toujours et encore. le reflet de soi, et de trop nombreux démons comme seul tableau restant.
le reflet d'un sourire sincèrement heureux, les maux en symbiose avec le silence cosmique, le mérite - d'être vivant, d'avoir trouvé sa place dans cette constellation géante.
la banalité à son paroxysme - rien de particulier à montrer au reste du monde comme d'une fierté de l'âme. condition acceptée, un certain soulagement même, à résider dans l'absence. les choses simples peuvent être belles elles aussi.
bazar ordonné. des élans de motivation aléatoires qui malmènent l’existence au détriment d'une consistance qu'on apprécierait plus que tout. un semblant de contrôle compulsif qu'on aime avoir sur tout, comme pour se rassurer, que tout va bien, qu'il n'y a pas de quoi paniquer, avoir peur. bordel émotionnel qui déborde parfois - mécanismes d'adaptation parfois extrêmes, de la simple distanciation à la dépersonnalisation. des nuits longues, trop courtes à la fois. et le devoir de continuer. prendre une profonde bouffée d'air, tenir fermement ce cœur dans sa cage, et faire face aux peurs du quotidien, pour toutes les beautés que la vie réserve aussi.
'til you're good as new
and maybe one day,
i will get around to fixing myself too
discret mature protecteur opiniâtre intelligent curieux envieux franc consciencieux minutieux méfiant résilient ☾☾☾
mes nuits blanches ne sont pas blanches, à peine claires
semées d'étoiles
petits trous dans la toile étanche
tristes strass sur le voile
et moi, envouté de ténèbres
je passe des heures infinies
à compter les moutons funèbres
qui tapissent mes insomnieset moins je dors et plus je pense
et plus je pense et moins j'oublie
l'immense impasse, l'espace immense
qui s'étendent au fond de mon lit
c'est inouï tous ces silences
qu'il est cosmique cet ennui
une fleur : un coquelicot. › une couleur : le jaune. › un mot : soulagement. › un chiffre : le huit. › un animal : un renard. › un pouvoir : l’invisibilité. › un livre : aristote et dante découvrent les secrets de l'univers. › une activité : rêver. › un repas de la journée : le petit déjeuner. › une partie du corps : la gorge. › une planète : neptune. › une constellation : aquila. › un dessert : un mille feuille. › un péché capital : l’envie. › un art : l'écriture.
☾ ( libra ) moon
↑ ( scorpio ) rising
remords qui poussent à appeler, à défaut de visites.
de temps en temps.
parce que c’est plus facile, d’ignorer ce qui se passe, s’aveugler des conséquences. une mère schizophrène, au bord de la démence. crises qui remontent, familières, jusque dans l’adolescence. le regret, de la voir enfermée, sujette à tout ça. comment ça va, comment tu te sens, est-ce qu’il y a des améliorations . des espoirs qui tiennent qu’à un fil, face à cette femme qui parfois n’arrive même plus à se souvenir.
absent. a déguerpi parce qu’il n’arrivait plus à supporter tout ça - l’état de sa femme, son refus à accepter de l’aide, prendre soin d’elle. gamins qu’il a laissés derrière, avec une lettre, et l’excuse de ne pouvoir jamais être le père qu’ils espèrent.
moitié de son être. moitié de tout. une pièce indispensable au puzzle de la vie. relation fusionnelle depuis le berceau, l’évidence que ça durerait pour toujours. parce que les jumeaux c’est comme ça, lié par le cœur, le fil invisible du destin.
destin qui en a décidé autrement : tournure amère, au fil des années, des querelles venimeuses - qui les ont menés à faire route à part. distanciation douloureuse qu’on ne peut pourtant éviter, malgré les pics euphoriques guidés par la nostalgie de temps passés.
sauf que maintenant y a la pression financière, y a la santé de maman, y a les regrets, la colère.
c’est plus comme avant.
MAYBE EVEN IN ME
☾
des masques, là pour dissimuler les vérités ; des murs, inébranlables, du haut de sa grande tour. loin de soi, pourtant tout aussi loin des autres. un mal-être qu'on cherche à noyer, une humanité qu'on cherche parfois à taire - comme pour devenir une coquille vide. sans ressentis, sans émotions. devenir intouchable, impénétrable. une douleur qu'on moque, rabaisse - peut-être qu'ainsi, elle finira par se décomposer, ne devenir qu'un amas de rien. au final c'est l'identité, qui poignarde. différence maudite qui pèse. t'es pas normal, qu'est-ce qu'a pas tourné rond chez toi. l’extra-terrien parmi les neurotypiques. le label asperger sur le diagnostique, sur tous les bureaux, toutes les administrations. les mêmes regards condescendants, la même pitié sur leurs traits. ego trop plein. ou peut-être trop vide ? complexe de supériorité, ou peut-être d'infériorité ? un bazar identitaire qui semble être sans fin.
L'os en liberté, à même l'air. les cris et pleurs stridents, et la panique au tripes. y a tellement de sang. trop de sang. et ça semble pas vouloir s'arrêter. il panique. son frère panique. tout se déroule trop vite - l'appel, les murmures réconfortants, le noir et son néant. puis le réveil, les regards inquiets, cette jambe dans le plâtre et les promesses d'une réhabilitation progressive. on ne sait pas ce que ça donnera au long terme. des questions sans réponses. elle reste fragile, le rappel amer qu'elle redeviendra jamais comme avant lorsqu'on la pousse un peu trop. pourtant, y a pas de regrets. à la différence de ce qu'il ressent lui. des remords sur remords. une difficulté à se pardonner, passer à autre chose. et pourtant, kaoru referait la même chose, sans l'ombre d'un doute.
il est dangereux autant qu'il est brillant, kaoru. tous les secrets du monde enfermés là-haut, répertoriés dans une bibliothèque à l'allure d'infinité. ça a commencé par le langage, trop poussé, trop propre pour un enfant : syntaxe impeccable, vocabulaire presque académique. (il lit beaucoup, c'est un enfant réservé, qu'ils rationalisent). puis ça s'est éparpillé - à travers les mots fléchés, les livres complexes, les connaissances à débordement sur une multitude de sujets. restitution presque bâclée, beaucoup trop facile, pour passer inaperçue. (c'est un garçon intelligent, qui aime apprendre, c'est normal). sauf que ça ne l'est pas, ils le savent. ça se voit, à la manière dont presque tout reste, se manifeste comme une seconde nature. une mémoire photographique qui aide, autant qu'elle peut pénaliser.
toile céleste suspendue par delà les limites de son lit. nuits infinies durant lesquelles les secondes s'étirent jusqu'à la voie lactée, se perdent parmi les étoiles. on les compte éperdument, comme on compterait les moutons. à la recherche de ce voile que saurait déposer la lune sur son minois étiré. et c'est comme ça, à chaque rendez-vous avec le cosmos, insomnies qu'on partage avec la magie du monde endormi. effets néfastes, quand la belle s'éclipse, rejoint son sommeil - et laisse place à la réalité du jour, avec les crevasses des météorites sous les yeux.
jusque dans les tripes, ça creuse. l'anxiété, la peur. surtout l'appréhension. de demain. d'avoir à être là, enfermé entre quatre murs, mêlés à ces gens qu'on aime pas, qui creusent le fossé d'une solitude palpable. n'importe où mais pas là. pas à l'école. tendance qui s'est encrée, petit à petit - absentéisme qui souvent se dédouble d'un sentiment amer de culpabilité. parce qu'on aimerait pouvoir être passionné comme eux, vivre ça aussi légèrement qu'eux. on se force, parce qu'il le faut. remercie cette facilité, à apprendre rapidement, sans quoi, on ne s'en serait jamais sorti.
impression déstabilisante, effrayante même - lorsque le vide se fait ressentir jusque dans l'âme, chaque parcelle de peau. lorsque les sensations semblent étrangères, ne pas réellement nous appartenir. lorsque le monde semble si vain, la vie si libre. dépersonnalisation mariant déréalisation. être présent, mais ne pas l'être. voile brumeux entre le monde et soi. pause dans l’existence où tout ce qui semble résider c'est ça, l'absence. l'absence de tout.