forcer et s'efforcer (hiro)

Les paupières closes, elle se répète mentalement chaque mot en espérant qu’ils s’accrocheront, ne la trahiront pas au moment clé. C’est brouillon, confus, elle ne sait pas réellement comment le formuler, par où commencer et, surtout, comment le convaincre. Elle n’a rien pour le forcer, rien si ce n’est sa propre vulnérabilité, la fébrilité d’un traumatisme qu’il sentira peut-être dès le départ ; des nuits qu’elle est obsédée, qu’elle y pense, se persuade que c’est la seule solution et qu’il est le seul à pouvoir l’aider. Son nom est remonté naturellement, et avec des discussions dont elle ne se souvient qu’à moitié, encore trop jeune à l’époque. Yamada Hiro, occlumens. Par votre père, ancienne protection, ami de mes parents. Elle se souvient d’un enterrement qu’elle n’avait pas compris, traînée de force à treize ans par ses parents, avait regardé les gens pleurer un homme croisé seulement autour d’une table trop garnie. Elle n’avait quasiment plus jamais revu Hiro, et même s’il lui arrivait de le croiser à l’école ou aux cours de yoga, elle avait oublié son lien avec l’occlumencie, peut-être parce qu’elle n’en avait pas besoin jusque-là.
Mais évidemment, quand elle passe la porte du commissariat, les mots se sont fait la malle et son esprit est vide. « Bonjour, je voudrais voir monsieur Yamada, hm, Hiro? » Ça se met à fourmiller de l’autre côté et Pandore se demande si elle n’aurait pas dû attendre la fin d’un cours de yoga pour lui parler, mais sait qu’elle a besoin de le voir seul à seul, dans l’intimité d’un commissariat, trop angoissée à l’idée d’être entendue par quelqu’un au sein de l’école. « Un instant. » Les ongles qui tapotent instinctivement sur le comptoir, elle attend dans l’inquiétude, espère qu’il se souviendra d’elle, qu’il ne dira pas non, que son entraînement pourra commencer aussitôt. Qu’il promettra de ne rien dire sur ce qu’elle devra lui montrer, même si elle a tellement besoin de lui que cette pensée ne lui vient pas vraiment à l’esprit.
Et quand enfin sa silhouette s’extirpe d’une porte et vient à sa rencontre, le regard perdu de ceux qui ne reconnaissent pas, elle ne sait plus si elle récite ou si elle improvise. « Bonjour monsieur, je ne sais pas si vous vous rappelez de moi, je suis Pandore Águilar, dans le club de yoga depuis quelques semaines, et hm, votre père a protégé mes parents et ils sont devenus amis ensuite ? » Elle termine sa phrase sur un ton de question, les doigts croisés à l’envie qu’il se souvienne — désespérée à l’idée qu’il le fasse.

— forcer et s'efforcer
10 March 2021 //

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] Un geste las vient écraser une pression salvatrice sur ses paupières ; tente de discerner derrière le noir de ses yeux le récit que lui rapportent ses hommes. L’escouade des Tireurs d’Élite rentre tout juste d’un assaut qui s’est déroulé dans les hauteurs de l’île, après qu’un signalement mystérieux leur ai été transmis, faisant état d’une meute de lycanthropes offensive et aux intentions inconnues. L’absence de recensement pose ici un réel problème et Yamada Keishi ne se prive pas de rappeler la dangerosité du manque de contrôle sur les lycans. Un nouvel assaut est planifié dès ce soir, Hiro prenant part aux opérations. Le garde-à-vous est rompu et les brigadiers renvoyés à leurs activités quand le secrétaire profite du chassé-croisé pour passer sa tête dans l’embrasure de la porte. « Yamada-san, on vous demande à l’accueil. » - « De la part de ? » - « Une jeune femme, j’ai oublié de lui demander son nom… » Légère exaspération sur le visage, mais aucune obligation ne le retient réellement. Hiro acquiesce et part à la rencontre de cette mystérieuse inconnue. Lorsqu’il pénètre dans le hall d’accueil, il repère quelques secondes à l’avance le visage qui patiente au comptoir. Froncement de sourcils. N’est-ce pas Pandore Aguilar ? Brièvement suspendu dans l’incertitude de sa présence au commissariat, Hiro avance sans laisser paraître le moindre doute et rassemble ses souvenir dans le même élan. Club de yoga. Aguilar. Protection. Enfant. Politicomagie. Caraïbes. France. Dîners mondains. Riches. Père. Et le temps que les informations refassent surface, il a avalé la distance qui les séparait. Se présente à elle dans une expression dubitative, l’interroge du regard avant de prononcer le moindre mot. Pourtant c’est elle qui le devance, débite un flot de parole qui trahie la hâte de ceux qui ose déranger sans vraiment le vouloir, n’ont d’autre choix que de le faire – justifie une identité qu’elle semble elle-même douter ; lorsqu’elle énumère les liens invisibles qui constituent une relation tacite qu’aucun d’eux n’a jamais exprimé. « Je me souviens, oui. Vous faîtes partie du groupe du jeudi soir. », confirme-t-il en évitant soigneusement la question de leurs parents. Le secrétaire a repris son poste et leur jette de petits coups d’œil furtifs, tout en tapotant sur l’écran de son téléphone comme la pire des fouines. Hiro offre un sourire courtois qu’il a appris à rendre crédible avec les années. « Je vous en prie, venez. » Et tout deux se dérobent des oreilles et regards indiscrets, lorsqu’il referme derrière la jeune femme la porte de son bureau. Le sourire a disparu et ne laisse place qu’à un visage impassible, concerné. D’ordinaire, il aurait préféré traiter du problème directement à l’accueil, s’assurant de l’expédier le plus vite possible ; mais mademoiselle Aguilar semble prise de hâte et les rapports qu’entretiennent leurs familles peuvent conduire la conversation à outrepasser le cadre professionnel et déraper sur une discussion privée. A la manière d’un scanner, Hiro scrute le visage de Pandore, qui lui semble nerveuse. « Que se passe-t-il, Aguilar-san ? » Presque au garde-à-vous, sa stature impressionne, préférant rester debout à une distance respectable de la demoiselle. La nature de leur relation indéfinie, davantage sur un terrain comme celui du commissariat.

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En un regard, elle a l’impression qu’il comprend ce qu’elle attend de lui ; ce n’est pas vrai, mais c’est en tous cas ce qu’elle voudrait, ce qu’elle croit voir dans ces prunelles qui la dévisagent, ou plutôt la sondent. « Je me souviens, oui. Vous faîtes partie du groupe du jeudi soir. » Mais quand sa voix finit par remplacer ses mots-silences, il semble à des kilomètres, a mis de la distance, à tel point qu’elle en viendrait presque à douter du fait que son père était proche de ses parents. Elle n’est que du groupe du jeudi soir, pas la fille des Águilar, et pendant un instant, prise au dépourvu, elle se dit qu’elle n’aurait pas dû venir, qu’il ne pourra pas l’aider. Alors pourquoi ne bouge-t-elle pas ? Est-ce trop tard ? « Ehm, oui, c’est ça. — Je vous en prie, venez. » Elle le suit, les doigts qui s’enlacent peut-être pour se donner du courage, à appuyer ses phalanges les unes contre les autres pour réduire son stress. Et quand il referme la porte derrière elle, elle ne peut s’empêcher de se retourner, comme si elle se sentait suivie, vérifie que personne ne peut les voir, ni les entendre. Elle s’assoit sur l’un des fauteuils, les mains engoncées dans ses genoux repliés, l’un sur l’autre, l’impression d’être minuscule (et l’envie de l’être, pour mieux passer inaperçue). « Que se passe-t-il, Aguilar-san ? » La tête qui se relève pour atteindre ses yeux, elle se dit que finalement, s’il n’a retenu volontairement que le yoga, peut-être n’a-t-elle rien à craindre sur le risque qu’il en parle à ses parents. Peut-être est-elle en sécurité. « Je me suis souvenue d’une discussion, il y a longtemps, je devais avoir douze ou treize ans, je-…, elle marque une pause, hésitante, comme si elle s’apprêtait à prononcer un mot interdit. Vous disiez être occlumens. » Au fond de ses iris elle guette une quelconque réaction, positive ou négative, s’imagine déjà être rejetée. « J’ai besoin que vous m’appreniez. », à marquer le mot sans s’en rendre compte, soudain rappelée à ses bonnes matières. « S’il vous plaît. » Le cerveau en ébullition, elle ne peut s’empêcher d’ajouter, le genou qui se met à claquer le sol instinctivement, tic angoissé. « Sans en parler à mes parents. Personne ne doit savoir. »

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10 March 2021 //

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] Posture de gardien, pétri dans son habituel garde-à-vous. Hiro se tient comme un rempart infranchissable devant la porte qui les garde du monde extérieur. Observe la jeune femme qui se réfugie sur un des fauteuils de son bureau ; elle ressemble soudain à une fragile enfant qu’il faut protéger, rongée par l’inquiétude. Un état sur lequel Hiro ne parvient pas à mettre le doigt malgré ses observations. « Je me suis souvenue d’une discussion, il y a longtemps, je devais avoir douze ou treize ans, je-…, commence-t-elle, incertaine, troublée. Vous disiez être occlumens. » Imperturbable. L’homme entend les mots et les assimile sans rien laisser paraître, mais la demande est au seuil de ses lèvres. Il le sait. Se fait silence pour lui laisser l’espace de parler, tandis que sa présence fait remonter à la surface des souvenirs de dîners mondains. Conversation de prestige où la fierté de son père évoque le don du jeune homme d’antan. « J’ai besoin que vous m’appreniez. » Sourcille à peine. Une requête qui le surprend toutefois. Improviste, soudaine. Inexpliquée. Hiro se mouve lentement, passe derrière son bureau. « S’il vous plaît. » Ne relève pas la politesse qui trop souvent s’absente de sa propre parole. Prend place sur son propre fauteuil et adopte une posture d’échange. « Sans en parler à mes parents. Personne ne doit savoir. » C’est différent. L’évidence qu’elle souhaite leur cacher une information importante, celle à l’origine de toute son agitation, celle qu’il ignore encore. Pour l’instant. « C’est une demande qui sort de l’ordinaire, Pandore. Vous savez que ce n’est pas un exercice facile. » Une jeune femme intelligente ; qualité qu’il sait reconnaître comme un écho à ses propres compétences. Laisse sa réponse en suspens, indéfinie. « Puis-je savoir ce qui motive soudain votre empressement de devenir occlumen ? » Calme infini dans la voix, des mots fermes qui ne tremblent pas. Regard aiguisé par l’intérêt de comprendre. « Un ‘besoin’, vous dîtes. Que personne ne doit savoir. », il précise, l’attention happée par le mouvement frénétique des jambes de Pandore venues frapper le sol nerveusement. « Pourquoi leur cacher ? » Il s’est passé quelque chose. « Je peux vous aider. Mais dans ce processus, vous acceptez de me confier vos pensées et vos souvenirs. » Pause qu’il laisse à la réflexion. « C’est ce que vous voulez ? »

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Il y a tellement d’incertitudes, de choses qui pourraient mal tourner, et elle finit par se demander si c’était une bonne idée, ce qu’elle fait là — qu’elle n’aurait pas dû venir, qu’il ne pourra pas l’aider, qu’il en parlera à ses parents. Les pensées s’enchaînent. Elle le regarde, sa silhouette immobile et les yeux qui fixent les siens, puis l’observe s’asseoir derrière le bureau, comme s’il avait repris sa véritable place, comme si la conversation était devenue plus sérieuse d’un coup. « C’est une demande qui sort de l’ordinaire, Pandore. Vous savez que ce n’est pas un exercice facile. » Hochement de tête, un peu empressé, elle s’en fiche, que ce soit difficile, ignore le fait que son hensoku ne fera sûrement qu’augmenter la difficulté. « Puis-je savoir ce qui motive soudain votre empressement de devenir occlumen ? Un ‘besoin’, vous dîtes. Que personne ne doit savoir. » Mains triturées, elle continue de hocher la tête. « Personne. J'ai... j'en ai besoin, c'est tout. » Elle puise dans des pensées d’angoissée qui imaginent chaque possibilité, chaque raison de refus, cherche ce qui pourrait parvenir à le convaincre. « Pourquoi leur cacher ? » Elle revoit tout en quelques secondes ; les expériences, le corps allongé sur le sol, la culpabilité, Atlas, les menaces. « Parce qu’ils ne seraient pas d’accord. C'est un moyen de me protéger d'eux, de leur influence. » Elle reste vague. Le genou claque au sol et elle ne le remarque pas, les yeux qui se fixent sur ceux de Hiro, qui transmettent toute l’angoisse, le stress d’être là, du reste, l’impatience et la précipitation, en espérant que ce sera suffisant pour combler ses imprécisions. « Je peux vous aider. Mais dans ce processus, vous acceptez de me confier vos pensées et vos souvenirs. » Elle détourne le regard, il tombe dans le vide. Elle y a déjà réfléchi, sait que c’est un risque à prendre ; sait aussi que l’occlumencie lui apparaît comme la seule solution. « C’est ce que vous voulez ? » Dernier hochement de tête. « Vous devez promettre de ne rien dire à personne. » Comment s’en assurer ? On ne peut pas. Elle regarde à nouveau autour d’eux, mais la porte est bien fermée, les murs insonorisés. « Oui. J’accepte. » Boîte ouverte, sans lui dire qu’il n’y a plus l’espoir tout en bas, avalé par ce qu’il va voir dans son esprit traumatisé. « Quand est-ce qu’on peut commencer ? »

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10 March 2021 //

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] Si elle ne lui ment pas tout à fait, il est évident que c’est par omission. Les questions du commissaire n’obtiennent que des échos nuageux, derrière lesquels se dissimule la jeune femme. Le visage de Pandore se superpose à celui de celle qu’elle a évoqué ; l’enfant de douze ou treize ans, qui entend la conversation des grands. Sans tout à faire comprendre. Elle est vulnérable, enveloppée dans ses incertitudes qu’elle ne peut déguiser, davantage aux yeux perçants d’une lointaine connaissance sur laquelle elle n’a aucune maîtrise. Hiro peut voir les doutes s’esquisser sur ses traits soucieux, dans ses gestes nerveux. Inutile d’être legilimen lorsqu’il est si aisé de percevoir les émotions dans des mots qui trébuchent et un regard mal assuré. Encore plus lorsque ce sont des codes si grossiers, telle que l’angoisse, la peur. La culpabilité ? Il n’est pas sûr. Hiro a toujours été mauvais avec – ce genre de choses. Imperméable aux ambiances et indifférent aux émotions. « Vous devez promettre de ne rien dire à personne. » Pourtant, il est certain de l’urgence qui la tient à la gorge, lorsqu’il entend cette phrase. Se contente d’acquiescer d’un hochement de tête. « Oui. J’accepte. » Car elle vient le voir, lui qu’elle connaît à peine, visage lointain dans le paysage de son entourage. Elle est prête à lui remettre ses pensées – ses tourments – pour une aide qu’elle ne pouvait avoir la certitude d’obtenir. Quelle assurance a-t-elle qu’il ne trahira pas son secret ? Aucune. Pandore n’a aucune garantie. Ni aucune pression contre lui. Elle s’offre, à sa merci. S’en remet à lui comme. Comme un dernier espoir. Elle vient le voir lui, comme un dernier recourt. Lui, car c’est tout ce qui lui reste. Voilà l’ultime preuve de sa détresse. C’est tout cela que voit Hiro, lorsqu’elle se tient devant lui et lui fait cette demande. Dans son esprit, la réflexion s’enchaîne ; mesure l’envergure du problème qu’elle tente de lui dissimuler en comparaison à cette tentative désespérée de venir le trouver. S’il accepte, c’est bien plus pour s’assurer un coup d’avance sur la gestion d’une crise évidente que pour véritablement lui rendre service. Mais cette intention servira quoiqu’il en soit les motivations de la jeune femme. « Quand est-ce qu’on peut commencer ? » Hiro laisse un silence, pendant qu’il étudie la question – pas vraiment, en réalité. C’est plutôt son empressement qu’il analyse. « Gardez cette énergie pour demain matin », fait-il calmement. « Vous viendrez à 7h aux jardins zen de Mahoutokoro. Nous débuterons avec les exercices de médiation que je vous ai présenté en club de yoga. Ça ne vous dispense pas de venir au cours du soir. » Car l’occlumancie commence avec la maîtrise de l’esprit, la médiation est le premier rail à mettre en place pour se lancer sur la voie du Palais Mental. Qui se veut forteresse impénétrable, aux multiples secrets.

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Il a hoché la tête. Elle n’en revient pas. Il a hoché la tête, accepté de n’en parler à personne, sans lui demander plus de détails. C’est presque trop beau pour être vrai, mais dans son inquiétude de refus elle n’ose pas revenir sur le sujet, se dit qu’elle gardera les angoisses pour plus tard, qu’elle trouvera un moyen de s’assurer de son silence. Qu’à défaut, si ce n’est pas elle qui le fait taire, ce sera le gouvernement ; il n’a aucune idée de ce dans quoi il vient de s’embarquer, en réalité. Elle s’en veut de le lui cacher, la bouche à demi-ouverte, prête à dire quelque chose, verbaliser la menace, l’épée de Damoclès. Hésite, pourtant, se dit qu’elle ne le connaît pas suffisamment, qu’on ne répond jamais bien à une menace de mort. Alors elle garde ses paroles sous silence, repousse le problème à plus tard. Il a hoché la tête, c’est suffisant pour l’instant. Peut-être qu’il n’aura pas à confronter le corps glacé tout de suite. Et elle attend, alors qu’il la dévisage en silence, espère un entraînement-minute. S’il a compris l’urgence, elle se dit, peut-être que.
Sauf que la réponse ne lui convient pas. « Gardez cette énergie pour demain matin. Vous viendrez à 7h aux jardins zen de Mahoutokoro. Nous débuterons avec les exercices de méditation que je vous ai présenté en club de yoga. Ça ne vous dispense pas de venir au cours du soir. » L’a-t-il ne serait-ce qu’écoutée ? « Non, non, vous ne comprenez pas. » Les mouvements de genoux s’accélèrent, en même temps que son pouls, sans doute. À nouveau gagnée par l’angoisse. Il a hoché la tête mais il ne veut lui apprendre que la méditation. « J’ai besoin d’apprendre l’occlumencie, pas de reproduire des exercices de méditation. » Et dans les tripes, le hensoku gronde, nourri par ses inquiétudes, les mains qui se pressent l’une contre l’autre pour se forcer au calme, ne pas le provoquer, pas maintenant. « Est-ce qu’il n’existe pas une méthode accélérée, ou quelque chose du style ? »

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10 March 2021 //

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La tension dans l’air lui semble soudain devenir palpable. L’électricité tout autour de lui s’anime, vient chatouiller ses doigts, et le godaï foudre perçoit un changement d’atmosphère. Une énergie qui vient en écho jusqu’à son crâne, les circuits de l’esprit en alerte. « Non, non, vous ne comprenez pas. » Evidemment. L’empressement se révèle à nouveau, l’urgence finalement trop grande pour patienter jusqu’au moment opportun. Il s’en doutait un peu Hiro, et n’est pas vraiment surpris lorsqu’il sait que l’urgence est bien souvent liée au danger. Elle se sent prise au piège et bien sûr elle ne peut attendre plus longtemps, ce serait se résoudre à s’exposer davantage à une situation délicate. Hiro ignore encore tous les paramètre de cette requête, mais en envisage le dessein. Inflexible, il la laisse poursuivre sa supplique. « J’ai besoin d’apprendre l’occlumancie, pas de reproduire des exercices de méditation. » C’est arrogant, mais l’arrogance est nourrie par l’ignorance. La précipitation. Hiro ne répond pas tout de suite, se montre au contraire tout à fait désintéressé, bien qu’il garde à l’esprit cette tension électrique dans l’air, qui vient particulièrement déranger ses pensées. Comme une intrusion de l’esprit, mais. Différente. A laquelle il n’a jamais fait face. Anesthésié au stresse d’autrui, Hiro se détourne avec nonchalance. Se saisit d’une théière encore fumante, posée sur son bureau et en verse le contenu dans un petit récipient en terre cuite, peinte dans des teintes azurées. Le thé parfume l’air, dissout cette radiance qui brouille les ondes – celles qu’il perçoit. [color:9b75=#goldenrod]« Est-ce qu’il n’existe pas une méthode accélérée, ou quelque chose du style ? » En guise de réponse, il place dans les mains de Pandore cette petite tasse dont la chaleur se diffuse lentement dans ses paumes. « Non. C’est la seule manière dont je vous apprendrai l’occlumancie. La seule qui soit efficace, à mon sens. Et la plus rapide. » A son tour il se sert du thé, passe de nouveau derrière son bureau et s’y installe tranquillement. « Si cette méthode ne vous convient pas, je ne vous retiens pas, évidemment. » Libre à elle de trouver quelqu’un qui l’entrainera à coup de legilimen, sans l’avoir préparé à l’intrusion, au risque de lui créer une fracture de l’esprit, des troubles de la mémoire, des terreurs nocturnes et autres joyeusetés, lorsque l’esprit n’est pas entraîné aux effractions et se rompt si facilement. Mais inutile de le justifier. Il n’a que faire de ses problèmes et sait pertinemment qu’il est sa seule option, puisqu’elle se tient devant lui. Il n’a rien à y perdre, mais elle tout à gagner à se plier à ses méthodes.

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C’est comme s’ils jouaient à un jeu mais dont seule Pandore connaît les règles, à manier les ficelles tout en voulant soulever la table pour l’envoyer valser. Jeu abhorré, en réalité, elle voudrait être ailleurs, ne jamais avoir cherché à apprendre l’occlumencie, voire ne jamais en avoir eu besoin. Elle met des si dans un bocal et elle secoue, se dit qu’avec un peu de chance elle tombera sur le bon et parviendra à convaincre Hiro de tout lui apprendre, vite, bien (surtout vite). Mais lui n’a même pas l’air d’avoir vu le bocal, désintéressé, nonchalant. D’angoissée, elle devient plus stressée, irritée. Voudrait envoyer valser la tasse tendue et la théière avec, le forcer, d’une manière ou d’une autre, persuadée qu’il finira par céder et qu’elle pourra apprendre plus vite, prête à tous les sacrifices. « Non. C’est la seule manière dont je vous apprendrai l’occlumencie. La seule qui soit efficace, à mon sens. Et la plus rapide. » Elle va envoyer valser la tasse. Elle s’apprête à le faire, d’ailleurs, à deux doigts de tout mettre sur pause et de les emmener tous les deux dans son imagination.
« Si cette méthode ne vous convient pas, je ne vous retiens pas, évidemment. » Ce sont peut-être ses mots ou bien le triomphe de sa raison, mais les mains forcées l’une contre l’autre, les doigts pressés, Pandore finit par s’apaiser et repose la tasse délicatement sur le bureau. Il est sa seule solution, son seul salut, le phare dans une tempête créée par elle-même (ce qu’elle croit, en tous cas). L’air retombe et le hensoku qui grondait jusque-là s’apaise, pourtant loin d’être rassasié et encore tendu d’une angoisse qui persiste à coller la peau de Pandore. « Très bien. » Elle se lève, pose la tasse sur le bureau. « À demain. » Sa fierté l’empêche de le remercier ou de lui expliquer plus en détails ce dans quoi il vient de s’embarquer sans le savoir, incapable de lui préciser qu’elle ne sera pas une élève normale, que son esprit le déroutera sans doute plus que tous les autres. Qu’elle n’a aucune idée de si elle peut apprendre l’occlumencie, en réalité. Elle quitte le bureau sans un mot de plus, ombre repartie comme elle était venue, en besoin vital de discrétion.

Elle n’a pas dormi et le corps qui se presse jusqu’aux jardins zen porte la fatigue et l’angoisse, le stress d’une discipline qui lui fait peur autant qu’envie. Hiro est déjà là et Pandore jette un coup d’œil instinctif aux alentours, vérifie qu’ils sont bien seuls, même si personne n’aurait l’idée de se lever aussi tôt pour aller aux jardins zen. « Bonjour. » Elle s’assoit à ses côtés, plus détendue que la veille mais les doigts qui se pressent les uns contre les autres trahissent ses inquiétudes. Elle ne lui a toujours pas dit pour le hensoku et il risque de la rejeter s’il le découvre par lui-même. « Il y a quelque chose que je dois vous montrer, avant qu’on commence. Mais d’abord promettez-moi que ça ne changera rien et que vous m’apprendrez quand même. » La promesse sera sans doute vide de sens, mais elle en a besoin, persuadée peut-être à tort que ça participera à la rassurer avant de s’ouvrir complètement à lui, sur le point de lui montrer ce qu’Atlas a vu pour la première fois il y a deux jours à peine.