ceux qui rêvent ⌊ assem ⌉

- ceux qui rêvent  -

Et puis passé minuit, je danse au rythme des tachycardies

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january 24th, 2022

 

S’évaporent dans une dernière danse, les éclairs sous la voûte d'illusions. Meurent dans des éclats d'argent les poussières d'or tombant comme une pluie devant les pieds nus effleurant le plancher. Sous le souffle des éventails l'instant se suspend. Une seconde, puis deux. Des inspirations en expirations, Shirayuri s'éteint doucement, le regard tourné vers le sol et l'esquisse de son sourire mystère à demi-caché par quelques mèches folles de ses cheveux noirs. Envoûter une dernière fois avant que la lumière ne soit plus. Que se plonge dans le noir, l'Autre Monde et ses merveilles sous les applaudissements du public. Conquis, comme à chaque fois. De ces hourras à faire battre le cœur, propulser des miettes de satisfaction dans les fêlures de l’ego. Etre beau même si ce n'est que pour des yeux aveugles, charmés par du faux, parfois un peu de vrai. Lui sans être lui, sous les parures, les tissus chamarrés et les dorés aux paupières, aux lèvres.
Il s'esquisse dans un bruissement, rejoint les ombres pour s'y frayer un chemin quand déjà il est temps de préparer le suivant. Tout retourner et changer, un autre décor, une autre merveille à admirer. Envier. Elle plane, au-dessus de tous, même lui, Kenzo. N'est qu'une ombre devant le soleil pour qui il a tout donné. A gardé jalousement son ombre puisqu'elle est trop noire pour se tenir aussi proche de l'astre flamboyant. Alors entre les pressés et les occupés, il danse pour les éviter. S'éloigne de la scène, de l'attroupement pour rejoindre sa cabine.

He's not here.
Where he is ?
Les murmures volettent aux oreilles, font se froncer les sourcils. Kenzo. Alpagué et mis au courant de ce qui tracasse les occupés, l'absence du soleil. En retard pour se lever. Et s'il devrait s'en sentir coutumier, des états d'humeur de la star, un vent d'inquiétude se lève dans la poitrine. Etreint le cœur dans ces doigts mauvais, ce petit quelque chose d'étrange que l'on ressent avant un drame. Ce réflexe ancré à l'âme depuis le drame l'ayant privé de son autre moitié. Presse l'allure alors dans les venelles du bateau monde, dans le bruissements du tissu et des bijoux s'entrechoquant. Les breloques de sa chaîne de cheville gravant le rythme.

« - Assem ? » Frappe doucement contre la porte de la cabine. Annonce sa présence mais n'attend de pas réponse. Il entre à moitié dans la cabine, ses doigts accrochés à la porte qu'il pousse pour se laisser un peu plus d'espace.
« - They're waiting for you. » Il aurait été suffisant d'en rester là, le rappel délivré vient le temps de se retirer. A défaut, le denki s'invite en entier dans la pièce. S'approche de l'astre au risque de s'y brûler les doigts. « - Is everything okay ? » Of course it's not. Le soleil n'est jamais en retard pour son aurore. Pas même pour une eclipse.

IMAGE BY strangehell & vocivus

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january, 24th 2022

Tempête-soleil se jette sur lui à peine entrer dans son orbite. L’astre déchu accroché aux épaules, dans ces bras à l’immobilisme surpris. Quelques secondes perdues et doucement, les mains se lèvent. Se posent aux omoplates dans une étreinte aussi forte que fragile. Chavire à le sentir si proche, irradié de chaleur et enveloppé de cette odeur apprise par cœur. L’instant pourrait être presque beau si une ombre ne planait pas au-dessus d’eux. Les sourcils se froncent face aux mots, ces hoquets tristes qu’il sent percer dans le timbre d’Assem. I hurt myself. Et il accueille l’aveu dans un soupir. De la lassitude désolée sur la langue, c’est avant tout l’inquiétude que l’on devine sur les traits, dans ces doigts pressant la peau sous le tissu, ce corps échoué contre le sien. « - How ? Where ? Let me see if I can do anything to… Assem,  please, I can’t do that. » Il le peut, et ils le savent tous les deux. Honteusement prêt à tout donner pour s’assurer que tout va bien, plonger dans les abysses des pires folies passant par l’esprit de l’égyptien si elles sont capables de le mettre à l’abri. De tout, des autres et de lui.
Un nouveau soupir fleurit sur les lèvres, les regards se croisent puis se perdent lorsque le sien glisse jusqu’à la mèche de cheveux tombant dans la fiole suspendue entre eux. De l’or liquide pour être un autre. Assem contenu entre du verre. L’éthique lui souffle de refuser, se montrer présent pour aider, soigner s’il le faut mais ne pas accepter les suppliques. Ce nouveau caprice s’ajoutant sur la liste de tous les autres. Les paupières se ferment et Kenzo vient poser sa main sur celle d’Assem.

« - You’re such a spoiled child… » Un murmure dans un sourire en coin. Laisse le silence retomber dans la petite cabine, presque à entendre les rouages de ses réflexions heurtant son front. « - Fine, I’ll do it. » Faussement, sans autre solution, il accepte avec une moitié de cœur. L’autre reste là, dans le secret d’une pièce familière, puisqu’il ne pourra se concentrer pleinement sur ce qu’on lui demande de faire. L’inquiétude en ver mauvais grignotant le cœur tant qu’Assem sera blessé.
La fiole portée aux lèvres, il la vide d’un trait. Grimace légèrement malgré le goût de miel glissant sur sa langue. Frissons à fleur de peau, sous l’indécence de pensées météores explosant contre ses tempes.
Kenzo recule et souffle, pose la fiole d’une main mal assurée puisqu’elle ne lui appartient plus. Changent les traits et la silhouette pour se graver dans les esquisses de ceux d’Assem. Belladone en train d’éclore entre les voiles de Shirayuri. « - Gods… » It’ hurts. Douleur de devenir un autre, de se trouver dans les mouvements d’un corps étranger, grossiers le temps de s’habituer. Se déshabiller pour enfiler la tenue de scène de l’enfant-soleil, tromper jusque dans le moindre détail.

« - Don’t think we’re done with this. I’ll come here right after the show, you have some explanations to give. » Les lèvres en miroir parlent mais la voix reste celle de Kenzo. Le regard a gardé les mêmes nuances car même si le corps est le même, l’âme reste inchangée. Les doigts trompeurs viennent s’apposer au menton de l’original, visages à hauteur égales. L’usurpateur s’approche, s’esquive avant d’effleurer la peau de miel pour se poser près de l’oreille.
« - Take this time to think of a way to thank me for saving your ass, again. » L’attitude se calque sur celle d’Assem, séduction-poison et dans un soupir, Kenzo s’éloigne. Quitte la cabine pour monter sur la scène de leur sublime supercherie.

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january, 24th 2022

Changer de corps, emprunter celui d’un autre. Il y a quelque chose de mauvais dans le processus, un morceau gênant dont il ne parvient pas à réellement trouver l’origine. Car si le physique sait reproduire à la perfection celui de l’autre, le caractère reste inchangé. Il reste Kenzo, même sans sa peau. Se dérange presque à revêtir celle d’un autre, de cet Assem capable de le faire ployer sous le poids de ses caprices et ses idées folles. Assem qu’il aime, à la déraison, sans délimitations. Et cette peau qu’il effleure de ses propres doigts alors qu’il enfile la tenue de scène du blessé, elle est douce. Chaude, brûle des sables d’Orient quand la sienne a la tiédeur du soleil levant. Frissonne sous les contacts, poussé aux dérives par des pensées interdites qu’il ravale dans un battement de paupières. « - Don’t worry, it’s perfect this way. » Mal placé pour juger, Kenzo qui se défait dans un murmure provocation. Lance un regard de parent voulant gronder son enfant à distance juste avant de franchir la porte.

Rejoindre le chapiteau, la scène, le public murmurant un seul nom. Belladone au-dessus de tous, s’improvise royal dans les airs, se pare à mesure du numéro des attitudes et habitudes du modèle d’origine, de ces mouvements qu’il a appris par cœur à force de les voir. Inscrit dans sa mémoire, Assem en tableau animé sur le voile de ses paupières. Et si la peur étreint le cœur, celle de chuter et s’abîmer puisqu’il s’élance sans filet de sécurité, sans godaï pour l’aider, l’adrénaline grimpe et échauffe les muscles. Attise les battements dans sa poitrine qui manque d’exploser sous l’ovation du public conquis quand les pieds retouchent terre. Il comprend Kenzo, à quel point il est facile de se laisser séduire par cet amour fasciné que les êtres attroupés là lui offre. Maître du monde, modèle de parfait le temps d’une valse aérienne. Il comprend et envie, une seconde, puis deux.  Jalouse, un peu cet autre qu’il n’est pas mais que tous pensent acclamer. Parfait illusionniste qui se retire après quelques mots échangés avec le reste de la troupe. De cette voix qu’il change du mieux qu’il le peut pour la faire ressembler au mieux à celle d’Assem.
Et le retrouver où il l’a laissé, un accueil qu’il n’attendait pas. Les lèvres sur leur reflet, un papillon posé et déjà envolé, appose la trace de son passage en éclat de soleil brûlant la terre. Un vent de frustration à fleur de peau, de cœur. Lui non plus n’y croit pas, de ce qu’il vient de faire sans même réfléchir.

« - I can’t believe it either… Don’t make it a habit, your skin’s nice but I prefer mine. » D’un frôlement de doigts, il redonne à ses bijoux leur aspect initial, délaisse ceux de Belladone. « - And I’m not sure I could do this again, I’m not like you, I like my feet on solid ground. » Il regarde ses mains, les phalanges tendues aux airs de celles d’Assem. Lâche un soupir et retire avec précautions des tiges et feuilles de la plante poison. Le contraste appose une étrange chaleur au creux des reins, lui enveloppé de tradition et de voiles, Assem à moitié dénudé, s’offre au regard de tous. « - So ? Tell me now, what happened ? »

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january, 24th 2022

L'enfant-roi s'amuse, triomphe de son nouveau caprice dans des moqueries aussi légères que les brises dont il joue, aussi. « - Yes, Assem, I am sure. You are the one living for lights and fame, not me. I like my moments of small glory and return to my discrete life right after. » Soufflé entre les voiles d'une pudeur douce, les morceaux de costume tombent sous leurs doigts, avec précaution pour ne pas abîmer la délicatesse  de la création. Aux doigts le long des épaules naissent des frissons, tombent dans le creux des reins et les paupières vacillent. Se ferment à moitié dans un soupir retenu d'un quelque chose dépassant la raison et les habitudes. Puisque les épaules sont les siennes, malgré la peau d'un autre en train d'y disparaître, elles lui appartiennent et dans une vague de folie-espoir, Kenzo se dit que cette fois, les phalanges  sur sa peau sont bien pour lui et non pas pour tous ces autres. Papillons volant trop près de l'astre flamboyant, comme lui.

Les traits se retrouvent sous le regard posé contre le miroir, redeviennent eux et non plus ces jumeaux étranges, sonnant faux. Esquisse  d'une moue mécontente, à la manière d'un parent agacé par les exploits de son môme, Kenzo garde le silence, laisse  aux mots le temps de se dérouler avant de soupirer.
« - This is both a nice and a weird way to think of me. » Un morceau de moquerie se devine sur la langue, dans l'esquisse de sourire qu'il lui offre, celui de Kenzo et non d'un Assem truqué. Et l'étreinte qui se forme dans une poussière d'or fait naître un nouveau soupir sur les lèvres. Les paupières se ferment et la joue se pose, doucement contre la tête assoupie sur son épaule, les doigts dans les mèches sombres quand les autres se font explorateurs et glissent le long du dos.  « - Don’t be, you know I’m bound to you, the crazy one doing anything for you. The shadow of the sun he can’t even see... And forever will be. » Sable tristesse au coin de la bouche, l'étreinte se défait d'un presque rien lorsque que Kenzo saisit entre ses doigts le visage d'Assem. Appose son front contre le sien dans un enchevêtrement de secondes parées d'éternité. Bulle figée que le moindre geste trop brusque pourrait faire éclater. Alors, lentement, il se détache pour mieux venir poser ses lèvres sur celle de son soleil. Une caresse d'aile de papillon battant la surface d'une étendue de sable dans le désert. Pourtant dans la poitrine le cœur devient lourd et bat plus fort.

« - Show it to me... Your ankle. » Murmure seulement pour eux, à fleur de bouche pour revenir dans l'instant présent. Mais ne pas lâcher, ce visage contre lequel il s'appuie à nouveau.

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january, 24th 2022

I do see you.
Phrase résonne au cœur comme un vent bruissant dans les branches des cerisiers en fleurs : tout en douceur. Appose le temps d’une seconde étoile filante, une illusion de sourire qui s’efface lorsqu’Assem s’assoit sur le sofa. Dans un soupir Kenzo s’agenouille. Prend délicatement la cheville froissée entre ses doigts, pieds posés en équilibre sur ses cuisses.  « - I’m sorry I wasn’t here, earlier. That poor ankle of yours would probably be safe if I were… » Et il le pense, se sent désolé de ne pas avoir su l’aider quand il aurait eu vraiment besoin de lui. De n’avoir été qu’une pensée quand il aurait pu être une présence, un appui. L’est maintenant mais c’est trop tard et les sourcils se froncent sur la déception froissant le cœur. Le pouce effleure la peau dorée, ressent les fêlures en-dessous.

« - Today the ankle but what if it was your neck next time ? You are mortal even if it’s tempting to think otherwise... But lucky you, tomorrow you’ll be able to rise again. » Aurore de reproches dans le timbre, le regard reste accroché à l’articulation abîmée, celle qu’il reprend mieux entre ses doigts tout en laissant les autres la caresser. Au murmure sans son de ses lèvres soufflant des mots muets. Paupières closes sur une incantation de soin apprise du savoir de son grand-père, quand les poignets et les tibias se cassaient trop facilement devant les impatiences d’un Kenzo intenable.
Silence dans la cabine, s’étouffent les bruits alentours comme pour les laisser seuls dans la représentation muette qu’ils sont en train de jouer. Et puis les doigts s’immobilisent sur la peau mais ne s’en détache pas, emprisonnent même la cheville entre les paumes dans un écrin de chaleur.
« - You do know they all love you and admire you already ? There’s no need to push yourself like you do all the time, you are what is the closest to perfect for them. » Les yeux se lèvent, se posent dans ceux du soleil capricieux échoué sur son soda-piédestal.
Et peut-être fait-il partie de ces autres dont il parle Kenzo, ceux qui admirent. Quand il est certain qu’il fait partie de ceux qui aiment.

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january, 24th 2022

Les silences sont parfois plus blessants que les mots. Quand on a appris à se parler d’une voix muette, quand il a été évident que se donner à l’autre sans arrière-pensée semblait la chose la plus logique à faire. Et se dire que, tristement, on serait capable de tout pour une entité autre que la nôtre. Comme il aurait tout fait pour sa jumelle, les années ont forgés un lien incassable qui l’enchaîné au soleil capricieux. Et au fond, peut-être est-il fou Kenzo, de s’inquiéter comme il le fait. De se donner comme il le fait, ces bouts d’âmes consumés aussitôt qu’ils touchent la peau dorée d’Assem. Le remerciement a des symphonies de déjà-vu. Des milliers d’autres ont précédés, et sûrement autant d’autres suivront. Inlassablement, dans le cercle faisant ce qu’ils sont l’un pour l’autre. La cheville délaisse ses doigts, les laissent orphelins d’un contact qu’il cherchait, sans trop savoir ce qu’il voulait vraiment. Envolé déjà si loin, un soupir effleure ses lèvres sur lesquelles revient se poser l’esquisse d’un sourire. Peut-être plus flou qu’avant.

Le corps se déplie lentement, se relève mais reste là où il se tient. Les yeux posés sur le sol, là où se tient l’empreinte de ce qui vient de s’effacer. Et un nouveau soupir, presque désespéré, les paupières se ferment pour cacher le roulement des yeux.
Elles se ré-ouvrent pour laisser les regards se croiser. Un pli contrarié entre les sourcils, puisqu’ils savent au fond, qu’il s’inquiétera toujours, c’est comme ça. « - You know I will always be worried about you… » Suit des yeux l’artiste qui se lève, déambule dans sa loge comme s’il se tenait déjà sur scène. S’incline alors Kenzo, de pas grand-chose.
« - Sure you are, for now at least. » S’approche en silence et pose délicatement une main sur l’épaule. D’une pression courant d’air et déjà le contact se brise. Kenzo s’éloigne, récupère ses affaires et se dirige vers la porte. S’immobilise devant elle, secondes dans le silence. « - It’s kind of sad, you not knowing you already are, perfect. I hope someday you’ll realize it… » Aveux murmures s’échouant du bout des lèvres, il hausse doucement une épaule et s’extirpe hors de la cabine. Cœur battant sous les assauts d’un rythme fou, chamade perdue et douloureuse. Lourde dans la poitrine.

I’ll be here next time…
Pour tenter d'éviter la chute.