dawn (pandore)

dawn
Elle aurait tant de choses à dire, mais elle s’arrête à cette seule question qui les résume toutes. Savoir ce qu’il veut, ce qu’il est, parce qu’Anzo a l’air de penser qu’il est autre chose qu’un ennemi, qu’elle l’a mal jugé, qu’il n’en a rien à faire de ce qu’ils peuvent penser. Et d’un côté ça la rassure, même si elle n’y croit qu’à moitié, parce que désormais Anzo sait que leur précieuse poupée s’est écrasée contre ses propres rochers. Pourrait la faire mettre sous clé, s’il le voulait, à nouveau. Reproduire leur première rencontre une seconde fois, ambiance laboratoires désinfectés, retrouvailles aseptisées. Mais s’il s’en fiche, des hommes en noir, elle a bon espoir qu’il ne le fasse pas. Et là, peut-être qu’elle croirait vraiment l’avoir mal jugé. Mais la réalité c’est qu’il s’est mal dévoilé, qu’il ne lui a montré que ça. Qu’on ne vend pas un film d’horreur en le résumant comme si c’était un conte de fées, ça ne peut pas fonctionner.
Et elle pense avoir fait mouche, quand ses bras suivent les siens et qu’il finit par s’écarter, retrouver sa place près de la table, la main posée sur le paquet. Tellement qu’elle a envie d’appuyer, de rajouter ce qu’elle n’a pas réussi à dire, d’une certaine manière de répondre à ses questions incessantes, sans vraiment savoir pourquoi ces aveux sonneraient dans sa bouche comme des coups de fronde. “Oui j’ai rechuté, c’est bon, t’es content ?! J’ai cru que mon corps s’était séparé en deux quand la magie a disparu donc j’ai acheté une bouteille et je l’ai terminée sur la plage. Ça te va ?! C’est ça que tu voulais ?!” Il ne répond pas et Pandore reste un instant en apnée d’avoir tout lâché, en se disant que peut-être ça allait suffisamment le secouer pour qu’il lui dise ce qu’il voulait, au fond ; c’était ça, qu’elle désirait, elle. Savoir ce qui lui prenait, savoir pourquoi il agissait comme un con, comme un insensé. Mais Anzo ne répond pas, se contente de traverser la pièce à nouveau, le visage qui se penche sur le sien, les mains qui s’en saisissent et les lèvres qui s’y écrasent. Et Pandore est trop sonnée pour réagir, à mille lieues de comprendre, la respiration en sursis et qui ne reprend pas, même quand il s’écarte. “Tu comprends rien.” Et sur ça, pour la première fois, ils sont d’accord. “Je t'interdis de te tuer. Ils ont pas le droit de gagner.” Ça résonne dans sa tête, plusieurs fois, ça fait un tour complet et ça repart, mais elle ne parvient pas à saisir complètement - ni à réagir. Reste interdite, les lèvres encore entrouvertes d’un baiser-confusion, mais peu à peu Pandore est gagnée par la seule émotion qu’elle semble maîtriser dans cette conversation, dans cette confrontation. Se laisse gagner par la colère, à défaut de trouver autre chose, à défaut de réellement comprendre ce qui se passe, ce qu’il vient de faire, pourquoi il l’a fait. Les yeux dans les siens, sans savoir où sa colère va la mener, la porte restée ouverte. “Non. Non, tu peux pas dire ça. Pas après des semaines à les regarder me torturer, plusieurs fois, pas après plus d’un an à me parler avec mépris et comme si j’existais à peine. Et maintenant tu m’embrasses ? What the hell is that supposed to mean? Ça n’a aucun sens Anzo. C’est pas moi qui comprend rien, c’est toi qui fais n’importe quoi.”