nowhere to run.

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nowhere to run from all of this havoc. 12 avril 2021. w/ [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]

dans ces éclats pâles dansent les ombres sur ton minois. tu dévales d’entre les silences et les pavés, suscitant vagues grognes des discrètes silhouettes que tu croises. en cette soirée de nouvelle lune, même les astres se font craintifs. si ce ne sont les quelques lanternes qui s’immiscent dans les réflexions de ton regard, seules les formes indistinctes peuplent ton chemin. c’est une nuit noire et t’as l’immensité devant toi, anla. d’aucun ne pourrait te soustraire à ce qui t’appartient depuis des jours lointains. ce moment suspendu dans lesquels les souffles se reposent et seul le tien (s’effraie) se fraie dans l’obscurité. ce moment, où les pensées se tassent derrière les murailles. où, les fantômes restent loin derrière toi. ces chaînes que tu abandonnes dans les crépuscules en espérant honteusement que jamais elles ne te reviennent. de ces nuits que tu rêves interminables mais qui toujours s’achèvent dans un sursis malingre. faute de pardon ne reste que le morose. enfant des aurores loin de s’abattre – qui pourtant toujours, s’épuise dans les lendemains vauriens. tu ne veux pas penser que dans moins de deux jours, tout s’arrête là. que le précipice que tu observes depuis des semaines se rapproche – vorace. t’as les drames dans les bras comme on se berce dans les promesses que tout ira bien. mais il tard, trop tard pour que les pensées pleurent. pour que les plaies saignent. t’es seule dans la nuit et c’est tout ce à quoi tu aspires, noctambule des heures tardives (maudites). à défaut de valser dans les airs, tu t’octroies un moment dans ta quiétude plénière. tu traces sur ta planche moldue sans aucune retenue, des courants d’air pour te perdre dans la vitesse. quelques instants, tu décroches des alentours de tes paupières closes. dans ces minutes les sens en berne, c’est le monde que tu maintiens entre tes mains. intangible presque trop fragile – après tout ne suffit-il que d’une glissade, pour que tu retrouves le contrebas. mais ce ne sont pas les peurs que tu retiens, ce sont les bras que tu étends de part et d’autres. chimère en croix à sa place nulle part ailleurs que dans l’apesanteur qu’elle renverse. et dans ce moment, tu voudrais tout perdre. tout gagner. tu voudrais conquérir les interdits. hurler dans l’obscurité que rien ne peut te retenir. paumes hagardes se bercent dans les airs qu’elles traversent, et l’accalmie se peint sur tes lèvres. de ces sourires sincères que tes solitudes connaissent si bien. qui ne s’achèvent pas vraiment, quand finalement tu retrouves la vue. les souffles s’estompent à mesure que tu ralentis, tranquillement. opales vissées vers les cieux, tu observes les quelques étoiles curieuses. t’as pas vraiment fait attention au parcours, toujours est-il que tu flânes entre les bâtiments et les passerelles à une heure probablement indécente. où même les fêtards se sont assoupis. où ils ne restent qu’âmes nocturnes et charognes, à ces heures où les secrets se font sombres. passablement penaude de croiser quelques étudiants à mesure que tu approches des dortoirs, il est une silhouette qui s’accroche dans ton regard – qui s’écorche, à s’y méprendre. des pas presque hâtés de rejoindre quelconque destination, dans ce silence qui l’enveloppe dans ce que tu ne voudrais interpréter. tu devines les effluves emmêlées des pensées agitées – tu le(s) ressens, toujours avant. c’est toujours dans ces quelques mètres qui vous séparent, que tu blindes les remparts. et toujours cette distance que tu ravales presque trop heureuse de le trouver là. tu te propulses vers lui, renversant presque tout sur ton passage. son silence, ta quiétude, les secondes suspendues. vos cheveux balayés par les courants d’air, aussi bien que les feuilles qu’il tenait entre ses mains. « oh » les dossiers se reforment rapidement entre tes doigts d’un sortilège informulé, avant de lui rendre les lèvres pincées. « hey » pour seule excuse, sourire gauche au bord des lèvres. tu le salues calmement, à peine plus audible qu’un murmure comme pour ne pas offenser une nuit taciturne.  « don't you have better things to do than study at this hour? » en deux mouvements raccords, le skateboard se cale sous un bras et de l’autre main, tu ramènes en arrière tes cheveux dispersés sur ton visage. la question parait un peu creuse, pas certaine que ce soit la raison qui le maintienne éveillé maintenant. mais ces feuillets que tu as rassemblé demeurent la seule passerelle qui te vient, quand mille autres questions se bousculent soudainement dans la caboche. why aren't you sleeping? what are you doing right now when i shouldn't run into you? why didn't you reply to my texts? « i wasn’t sure you’re still here. »  tu lui jettes un coup d’œil, réprime un soupir. d’une certaine façon, déjà épuisée de l’échange. mais ce n’est pas vain, n’est-ce pas ? « let's say you know how to be even more discret than me. » hey tianyi, are you avoiding me? si ce n’est l’exception de ton arrivée, tu n’es pas des plus fracassantes dans ce monde. comme lui. tous deux maîtres dans vos ombres.  

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Si tout le monde était capable de voir les émotions que ressentait Tianyi à ce moment-là, alors personne ne serait capable de discerner que c’était un humain qui développait de telles émotions. Ils auraient plutôt associé cette noirceur difforme à celle d’un monstre, monstrueuse bête qui rampait dans les égouts de la ville, sur les pavés des trottoirs pour venir arracher la gorge à un pauvre passant qui aurait été là au mauvais endroit, au mauvais moment. Pourquoi ? Pour aucune raison. Pour une raison que Tianyi n’arrivait pas à comprendre, en tout cas. Peut-être que c’était un trop qui était arrivé au mauvais moment, peut-être que c’était une accumulation de choses qu’il avait entassé au plus profond de lui-même et qu’aujourd’hui, nuit de nouvelle lune, il avait envie d’exploser. Les pensées le maintenant éveillé malgré lui, il avait finalement décidé d’aller étudier. Après tout, si son cerveau n’arrivait pas à s’éteindre, autant qu’il serve à quelque chose.

Et c’était d’un cœur noirci par le poison dont il était lui-même responsable qu’il avait quitté sa chambre, quitté les dortoirs. Il n’avait croisé que de rares perdus de la nuit sur son chemin, mais il ne leur avait pas adressé le moindre regard. En ce moment, c’était une période où Tianyi n’avait envie de parler avec personne. Il voulait s’isoler du monde, voir comment le monde allait bien sans lui, à quel point il n’appartenait pas à cet univers. Il se demandait où est-ce qu’il appartenait, où est-ce qu’il pourrait se sentir bien ; à son plus grand damne, depuis qu’il avait quitté les bras de sa mère, il n’avait plus trouvé sa maison. Et même s’il retournait en Chine voir sa mère, c’était trop tard : elle l’avait oublié. Revenir dans sa ville natale ne ferait que réveiller des souvenirs superflus ; des souvenirs que Tianyi souhaitait oublier. Ce n’était plus là-bas qu’il se sentirait chez lui : mais où ça, alors ?

Pensées agitées qui attirèrent quelqu’un que Tianyi n’avait pas vu venir. Ses yeux s’écarquillèrent alors que ses cheveux se faisaient ébouriffer par le vent soudain, les feuilles qu’il tenait s’agitant autant que ses pensées. Il reconnut un visage familier : Anla. Oh, quelle coïncidence. Ça faisait quelques temps qu’il l’évitait parce qu’il n’avait tout simplement pas envie de lui parler, et à l’heure actuelle, même si elle se trouvait devant lui, il n’avait toujours pas envie de lui parler. C’était une nuit où il était plus sensible que d’habitude ; où ses pensées se faisaient encore plus obscures que d’ordinaire. Est-ce qu’Anla le ressentait ? En tout cas, lui ressentait une pointe de joie alors qu’il ne devrait pas la ressentir : parce que cette joie n’était pas la sienne. Ça le rendait presque mal à l’aise, mais au même moment que le vent se calma, que ses feuilles retrouvèrent leur place, il réalisa.
Il pouvait très bien se servir d’Anla pour se sentir mieux, ce soir.
Il planta son regard dans celui de la demoiselle, qui venait de lui murmurer une salutation dérisoire.
Il ne l’avait pas prévu, mais Anla tombait vraiment bien.
L’écoutant parler, son regard se baissa sur le skateboard qu’elle venait de coincer sous son bras. Si elle venait de le croiser, elle se dirigeait probablement vers les dortoirs. Peut-être qu’elle voulait rentrer. Tianyi n’était pas du même avis.
Il releva son regard sur elle. « Not really difficult to be more discret than you. If it wasn't that late, everyone would’ve seen the way you literally jumped on me. » Un sourire mesquin s’esquissa sur ses lèvres. Il y avait un certain sous-entendu que Tianyi ne cachait pas vraiment ; certes, il n’était pas au courant de ce qu’Anla pouvait bien ressentir envers lui, mais ça ne l’empêchait pas de jouer de tout le monde (même des filles, alors qu’il ne les aimerait jamais en retour).
Il remit quelques unes de ses mèches en place sur sa tête, l’autre bras maintenant ses feuilles. « Actually, I do have better things to do now. » Il marqua une pause, le regard s’ancrant dans celui d’Anla. « Are you free, right now ? » Sous-entendant qu’il préférait laisser tomber ce qu’il avait prévu de faire pour traîner avec elle : non pas parce qu’il l’appréciait, mais parce qu’il savait qu’elle serait capable d’apaiser ses pensées agitées. Pour ça, il fallait qu’elle sacrifie son propre bien-être ; et Tianyi n'en avait rien à faire.

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ce sont comme des nuages monochromes qui affluent au-dessus de vous sans plus de considération que quelques grésillements. des ressentis parasites qui s’entassent dans le creux de tes pensées, persistent à prendre plus de clémence que nécessaire. pour peu tu pourrais presque percevoir les ombres prendre forme et s’étendre autour de vous, de ces poupées chiffons qui drainent les malheurs comme un porte-bonheur. tianyi roi des silences lourds de plomb, prend plus de place que tu ne devrais lui en céder. tu le sais, tu le sens. anla, t’es née avec la malédiction de ressentir plus que simplement le monde. lui, avec celle d’exacerber ses maux les plus sombres. les tiens emmêlés dans une guerre que tu te tais. que tu feins d’ignorer. tu veux croire que ses batailles sont tiennes sans entendre qu’il fait siennes ces miettes que tu disperses. que tu laisses dans tes pas comme des évidences. dans l’ombre des bâtisses, c’est le temps qui se suspend tranquillement. la nuit est calme et pourtant. pourtant, t’as l’impression que si tu tends la main, tu pourrais effleurer la tension qui s’étend autour de lui comme un rempart. des sens alertes que tu mets en berne, quand d’un frémissement son regard trouve le tien. il t’attrape simplement, comme ça. comme on attrape une feuille égarée dans les vents. tu l’observes dans la nonchalance qui te sied naturellement, et pour peu qu’on n’entende les marées qui se soulèvent dans ton poitrail, tu parais aussi détachée qu’à l’accoutume. mais tu peux tromper badauds et ton cerveau nigaud, anla. tes émotions se déversent vers lui d’une impatience troublante, dans l’urgence d’abattre ses pensées noires avant qu’elles ne s’emparent de toi. ses traits se détendent lentement à mesure qu’il accepte ta présence, que ses mots accaparent tout l’espace. tu les entends si clairement qu’ils dégringolent dans tes pensées d’une facilité que tu ne te reconnais jamais. si tu avais les émois bouleversés comme tout adolescent, ton visage aurait pu prendre quelques couleurs. mais t’as les pommettes blêmes, porcelaine que tu restes quand dans ta poitrine tout dégueule de travers. tes sourcils se froncent, faussement heurtés dans l’accusation en demi-teinte. « i barely saw you in the shadows. [menteuse] it's even rather surprising that you hadn't had an accident earlier. » tu relèves quelque peu les épaules, éclat de défiance dans les opales. « that's what happens when you stay out that late. » tu sourcilles à peine quand il reprend, mais les traits se détendent, naturellement. t’es presque trop heureuse de l’attention qu’il te porte de cette façon. ta résilience gronde au danger mais ton cœur est ailleurs. épris des nuages bas dans le regard sombre et des quelques mèches qu’il ramène en arrière, que tu observes attentivement. fausse indifférence dans l’esquisse que tu peins mais l’impatience fâcheuse dans les entrailles, qui se suspend à sa présence maudite. un yes qui se meurt d’un hurlement silencieux au bord des lèvres. cette précipitation que tu contiens comme pour retarder la sentence. t’as pas besoin de visualiser la guillotine pour avoir conscience de l’échéance vers laquelle tu te précipites. « really? » dans ce flegme que tu maintiens, hausses les sourcils comme surprise par la question. tu retiens quelques secondes, mais ignore les signes d’une quelconque fatigue. depuis longtemps loin de toi, l’envie de rejoindre les dortoirs. l’apparition de tianyi en cette nuit noire a emporté tout ce qui aurait pu rester sage. rester intact. « why? » la question se pare de quelques vestiges d’une méfiance qui ne manque pas d’être tremblante. t’es peut-être aveugle aux alertes, tu n’en restes pas moins dénuée d’un instinct de survie. et s’il te plait de le refouler dans la chaussée de tes envies capricieuses, autant le faire en toute conscience. « let’s admit i’m free. what’s on your mind? » tu resserres la planche de ton skateboard contre ton corps, dans cette pression t’as l’impression que tu ne perds pas encore pieds. sournoise appréhension qui s’éprend lentement de ton être alors que doucement, anla, tu tends les bras à ses pénombres.  

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Les pupilles avaient verrouillé leur proie. Kurri Anla, à qui Tianyi n’avait pas pensé, mais elle tombait bien, si bien. C’était comme si Tianyi était en train de mourir dans une forêt, affamé, ne pensant qu’à dévorer un sanglier et voilà qu’un lapin venait innocemment croiser son chemin. Le chasseur qui s’arrêtait de ramper, qui croisait le regard du lapin devant lui, immobilisé devant lui. Et là, le chasseur changeait d’avis : tiens, un lapin, ce ne serait pas si mal. Sourire mesquin dressé sur ses lèvres, comme le sourire d’un serpent qui se redressait, il observait Anla se justifier. Un visage parfaitement neutre, mais Tianyi ressentait des émotions inconnues dans son corps. Des sentiments qui ne lui appartenaient pas ; ils venaient embrasser son cœur comme un câlin maternel (alors que Tianyi avait du mal à se souvenir, des bras de sa mère). Pas difficile de déduire que ces sentiments venaient d’Anla et qu’elle tentait de le calmer, comme d’habitude. Malheureusement, Tianyi avait faim, et il engloutit ces sensations aussi facilement qu’il engloutit le cœur d’Anla. « You barely saw me but you directly came to me, as if you knew who you were going to meet, huh... » Il laissa traîner son regard un peu plus longtemps dans celui d’Anla, laissant s’ancrer le silence entre eux avant de rouler ses yeux, n’apportant aucune réponse orale. À la place, il posa une question, les yeux se fixant sur le visage d’Anla. Et voilà : les traits du visage d’Anla se détendirent. La colère de son propre cœur hurlait encore, et il espérait qu’il ne criait pas assez fort pour qu’Anla l’entende. Il n’avait pas envie de faire fuir son lapin, mais en même temps, il avait remarqué une certaine tendance étrange chez Anla ; parce que plus il se sentait mal, et plus Anla semblait proche de lui. Il avait du mal à comprendre pourquoi Anla revenait avec plus de force à chaque fois qu'il allait mal, mais ça l’arrangeait. Ses propres sentiments doux effaçaient la noirceur de ses pensées, comme une peinture blanche qui venait se mélanger à du noir… mais il était beaucoup plus facile de rendre le blanc noir que de rendre le noir blanc.

Il y avait un petit sourire qui naissait sur le visage de Tianyi au fur et à mesure qu’il entendait Anla lui répondre. Ce n’était pas un refus. Anla lui avait-elle déjà refusé quoi que ce soit ? Tianyi, se comportant comme un enfant pourri gâté, comptait bien entraîner Anla dans tout ce qu’il voulait, sans se soucier du bien-être d’Anla. Il était là pour l’engloutir, engloutir son empathie, sa douceur, sa chaleur ; faire disparaître tous ces sentiments agréables pour les remplacer par de la douleur, de la colère, de la tristesse (comme ça, il arrêtera de se sentir si seul). « I don’t know, » se contenta-t-il de répondre en haussant des épaules, détachant son regard d’elle. « We could just spend some time together. » Il mit sa main libre dans sa poche, baissant les yeux (comme s’il était subitement timide). Un silence où il mordit sa lèvre inférieure (comme s’il hésitait sur ce qu’il voulait dire). Il releva son regard, planta ses yeux dans les siens (comme s'il avait finalement décidé de dire ce qu'il avait sur le cœur). « I missed you, » murmura-t-il. Peut-être que dans cette nuit noire, Tianyi avait l’air vulnérable : pourtant, il venait de planter ses crocs dans la chair d’Anla, et il ne comptait plus la lâcher pour le reste de la nuit.

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dans les pénombres s’emportent quiétudes et mensonges comme une valse des cœurs malades. des cœurs solitaires desquels se drainent les vestiges de monde qu’on ne pourrait entendre. tout un ensemble de fragments disloqués, aussi bien qu’il n’en faudrait pour rendre plus gauche le plus maladroit des hasardeux. à se maintenir d’entre les pierres et les fosses avec pour sauvetage de maigres espoirs. et c’est sur cette corde que tu danses, saltimbanque des catacombes. au bord d’un précipice clairement perçu mais vers lequel tu avances quand même. t’as pas besoin qu’on te retienne pour fonctionner à l’envers, pour faire quelques pas de travers. tianyi persiste à travers les nuages comme un phare des désastres. avec ses mots raccords, et ses tempêtes infernales. il a ces calvaires que tu voudrais éteindre d’un revers de main. pourtant pas plus solide que les rameaux, tu voudrais absoudre tous ses maux. et c’est ce qui te maintient dans ses ombres, d’un jour à l’autre. ce qui te maintient à l’instant, sous son regard morne. tianyi et ses sourires tristes, que lui-même ne se connait pas – que tu perçois derrière le voile de ses opales. ses facettes n’ont d’ombres que celles que tu ignores, quand bien même tu pourrais lui accorder toute la volonté du monde. de ton monde. il n’a rien fallu de plus, que quelques présences dissonantes pour que tu t’arrêtes quelques instants. pour que tu tendes l’oreille vers ces grondements assourdissants. ces grésillements qu’il voudrait qu’on ignore. mais tu n’es pas dans les façades quelconque minois fade, anla. tu accueilles pleinement les tourments comme on se rassure dans les promesses d’une journée nouvelle. là, comme ça, d’un battement fêlé. sous les astres absents, et son regard trop présent. quand il te parle, tu sourcilles à peine ; ressens la méfiance que tu immoles dans les défiances. tu dévales dans les débâcles sans un sursaut, quand il suggère de passer du temps ensemble. « fine. » il s’est fait une place dans les casse-têtes de tes pensées pour se parer de la toge des plus intrigants des problèmes. et même la lune voudrait se plaindre que tu es bête. môme stupide au minois faussement indifférent, quand dans les poumons s’étranglent des sentiments pêle-mêles. tu le dévisages dans la mi-pénombre, et doucement suit les courbes de son visage que la clarté nocturne t’octroie. s’il est des choses que tu feins d’ignorance, tu ne peux tromper la pagaille qu’il amorce. quand ses lèvres se marquent d’une hésitation. quand son regard se percute au tien sans sommation. i missed you. s’il fallait un exemple des monstres innocents qui se dispersent dans la gueule des plus grands, tu serais d’importance. et tes démons lunaires paraissent dérisoires, entre les mains de cette bête vorace. t’as comme l’impression de trébucher dans le coin d’un trottoir, les guiboles fauchées soudainement. « maybe… » tes sourcils se plissent dans le flottement, naturellement. difficile de feindre l’hésitation alors que tes pensées chahutent si bien, que tu en perds le cheminement. il y a ces mots qui se heurtent au bord des lèvres, et ces questions qui te retiennent au bord des falaises. qu’as-tu à perdre dans le silence d’une nuit solitaire, quand rien de plus que deux êtres esseulés s’observent ? tout, ma fille. « maybe you too. » que tu souffles doucement, prudente. plutôt qu’ils ne se meurent dans les regrets, tes mots s’élèvent dans la clarté du silence. se répercute dans la maigre distance entre vos deux corps, emportant les barrières que ton inconscient voudrait renforcer. toujours plus honnête quand les mortels sommeillent, tu lui concèdes d’une vérité qui se targue d’un on verra bien demain. ta planche de skateboard s’est échouée d’entre tes bras à sous ton pieds, que tu balances doucement d’avant en arrière. sans un bruit. sans rien d’autre que vos respirations auxquelles tu t’accroches. t’as baissé les yeux sans t’en rendre compte, vraiment hésitante. un brin paumée dans ce qu’il faudrait t’avouer avant que les il est trop trad ne deviennent des cauchemars. mais tu parais si solaire quand tu redresses ton visage vers le sien, presque trop certaine que tout ira bien. tu trouves le regard de tianyi à la recherche d’interdits que de toute façon, tu ne pourrais que t’en moquer. tu t’épanouis dans ses brumes en oubliant de garder un pied sur la terre ferme. tu ne regardes jamais derrière, anla. tu oublies que les souffles ne se rendent pas et que dans ses mensonges, tu y perds tes astres. « so… what do you want to do? » sait-il au moins, tout ce qui existe entre ses lippes. tout pour faire chuter des cieux une môme dans lesquels elle rêve de mieux. t’as mis les voiles vers un large qui ne promet que des ruines. « apart from staying up late with me. » peut-être que tianyi abandonne finalement les défenses (mais au fond s’époumone la conscience que tu dégringoles dans les mensonges). peut-être que tu capitules si facilement, parce que sa présence comble ce qui te manque. que ses mots fantômes calfeutrent les crevasses dans lesquelles tu te noies. peut-être que loin des autres, tu n’as de la place que pour la bête noire. « are you more in the mood to hang around until the sunrise or to want to party? »

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Petite victoire de Tianyi qui réussit à obtenir une réponse positive d’Anla : elle était d’accord pour qu’ils passent du temps ensemble. Ceci dit, rien à fêter non plus, parce que depuis le début, Tianyi savait qu’Anla allait lui dire oui. Elle ne lui avait jamais rien refusé et puis, après tout ce temps sans qu’ils ne se voient, pourquoi est-ce qu’elle lui dirait non ? Ah, peut-être parce que c’était la nuit, peut-être parce qu’il était tard, peut-être parce qu’Anla préférerait dormir plutôt qu’être avec Tianyi, mais elle venait de lui prouver le contraire. Elle préférait être avec Tianyi que dormir. S’il était un garçon naïf, il se serait dit que c’était parce qu’elle n’avait juste pas envie de dormir ; mais il était trop expérimenté dans le domaine pour feindre l’innocence. Suspicions se levant dans l’air, Tianyi ne dit pourtant rien à voix haute, pas encore entièrement sûr de ce que sa tête avançait. Ce qui était sûr, c’était qu’Anla semblait l’apprécier bien plus que lui n’était attaché à elle, et il utiliserait ça à bon escient (non, c’était un mensonge : il en profiterait).

Un sourire naquit sur son visage alors qu’Anla lui retournait ses « sentiments ». « Only maybe ? » la taquina-t-il en s’approchant d’elle. Que d’un pas ; un seul, mais suffisant pour engloutir le peu d’espace qu’il y avait entre eux, pour qu’Anla se rende bien compte qu’il était là, devant elle (qu’elle ne voie que lui, que sa tête ne soit remplie que de lui — mais peut-être était-ce déjà le cas).

L’air un peu taquin de Tianyi ne disparaissait pas ; dans un sens, Anla avait réussi sa mission, puisqu’elle avait fait disparaître les traits tendus de son visage. Pourtant, il serait idiot de se référer simplement aux expressions qu’abordait Tianyi, parce qu’il avait beau sembler léger, son cœur pesait lourd dans sa poitrine. Il n’oubliait pas la douleur de ce soir, n’oubliait pas à quel point il aurait préféré être seul. Mais il ne fallait pas qu’il jette tout ça sur Anla maintenant, pas encore. Elle serait submergée par des sentiments néfastes bien trop tôt et ce n’était pas le but. Tianyi préférait procéder par un crescendo, un peu comme ce qu’il avait déjà l’habitude de faire. Prétendre à une petite fuite de gaz, gaz qui s’accumulait dans l’air jusqu’à ce qu’il claque des doigts, et que la friction fasse exploser tout ce qu’il y avait autour de lui, brûlant Anla avec. Oh, la pauvre était habituée à se faire tourmenter par les habitudes de Tianyi, mais en quelque sorte, elle l’avait demandé. « Let’s just hang around, » dit-il simplement, prenant un pas pour s’éloigner un peu plus loin dans la rue. « I’m not in the mood to talk to anyone right now. » Donc s’il parlait à Anla, ça voulait dire qu’elle était spéciale (bien sûr). Se tournant vers elle, il jeta un œil à son skateboard au sol, comme s’il ne l’avait pas remarqué jusque là. « Were you skating ? That’s something I don’t know how to do. » Et le teach me how était impliqué dans le regard que Tianyi jeta sur Anla. Lumière de la lune qui se réfléchit dans les pupilles de Tianyi, celui-ci sourit (et pourtant, il réfléchit). Il réfléchit à comment faire en sorte qu’Anla tombe, tombe ce soir (sans se douter qu’elle était déjà tombée : tombée amoureuse de lui).