2 am thoughts,,

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life is made of small moments like this 15 mai 2021. w/ [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]

la fatigue contre ses paupières coulent sur ses joues, épuisées de sourire aux derniers clients - une courbe à quatre-vingt-dix degrés suffit à la politesse alors que le sol brille par l’eau savonneuse qu’elle étale depuis au moins vingt minutes. la caisse est fermée et sadae a la poitrine lourde d’une journée interminable. la nuit est tombée, accueille les âmes qui se couchent et ses songes ne sont livrés qu’aux draps qui l’attendent mais il y a encore tellement de choses à faire sur la liste qu’un soupire ((presque de soulagement)) lui échappe lorsqu’elle retourne la pancarte de la porte d’entrée. closed.

enfin.
l’espoir se permet de glisser contre son myocarde au rythme ralenti mais une silhouette accroche sa rétine lorsqu’elle se pointe devant son nez. un doux sourire se fend alors sur les lippes et la porte s’ouvre à nouveau. “a sudden urge to drink some tea?” les yeux sont étonnamment un peu plus légers lorsqu’ils se posent sur anla, comme si la fatigue s’oubliait dans ses traits qu’elle apprécie voir. “what do you want? black tea? green tea?” poste retrouvé derrière le comptoir, elle laisse la kurri regarder la carte pour peut-être trouver son bonheur et, sans attendre, se met à faire chauffer de l’eau. “you want something to eat?” qu’elle demande ensuite. “there’s no customer left inside so we can go on the rooftop.” le sourire est peut-être un peu forcé, peut-être un peu effacé par le surmenage ou peut-être par la peine qui s'abat sur ses épaules quand les traits de la jeune femme lui font rappeler ceux de son frère. et ce n’est pas de sa faute, à anla, et pourtant, sad se retrouve face à ce qu’elle fuit depuis plusieurs semaines, face à ce qu’elle a tenté de ranger dans un coin de son esprit toute la journée. shilo n’est pas là mais fait vibrer sa poitrine d’une once de déception supplémentaire.

le soupire est avalé quand elle reprend ses esprits et que, machinalement, elle a déjà préparé deux tasses sur un plateau, les filtres à thé à l’intérieur. alors, elle attrape un des pots déposés sur les étagères contre le mur pour le faire sentir à anla. “what do you think of this one?” les notes boisées sont aussi réconfortantes que corsées et particulièrement relevées grâce à la touche florale qui se dépose en dernier. quelques feuilles volent dans les tasses pour se mélanger à l’eau chaude et sad éteint les lumières d’un geste de la main, laissant seulement les guirlandes dans la pénombre pour voir où mettre les pieds.

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2am thoughts. 15 mai 2021. w/ [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]

ce sont les pommettes encore empourprées dans l’effort que tu passes la porte du vivaldi. les fossettes pleinement dessinées dans l’esquisse presque solaire dans la pénombre qui te sied d’ordinaire si bien. t’as comme les poumons célestes, anla. délestés des angoisses parasitaires pour une fois. une soirée de printemps qui a le réconfort des instants simples. de ces moments soulagés des ombres dans les embruns – des pensées noires qui l’air de rien font des minutes un calvaire. silhouette pressée dans la quiétude du crépuscule, de rejoindre quelconque point de chute. quelconque présence familière pour apaiser ces battements qui se démènent dans l’impatience. la fin de journée s’est marquée dans l’entraînement avec les dragons, et l’épuisement propre à ces efforts démultipliés que tu fournis quand tu valses avec ton balai. comme s’il te fallait démontrer chaque fois au ciel que tu n’as rien de moins que les autres. rien de moins qui pourtant te demande plus, toujours plus de souffle, d’attention, de concentration. des entraînements pas moins galvanisant mais qui absorbent toutes tes ressources pour te laisser dans une panne d’énergie dont tu ne saurais déterminer si elle n’est pas plus sociale que physique. pas ce soir, t’y crois. il est une pensée qui s’est faufilée au milieu des esquives nonchalantes – qui s’est manifestée calmement pour ne prendre que plus de place à mesure que le soleil se faisait bas. sadae comme un écho à ses sourires fantômes alors que sa présence vous fait défaut depuis quelques temps. les habitudes renversées dans cette absence qui sûrement devenait plus grande, d’ordinaire tu étais la discrète qu’elle trouvait sans peine. qu’à cela tienne, tu ne serais pas celle qui resterait loin. et cette idée de partager un moment des plus simples avec elle ne t’a plus quittée. il n’a suffi que de quelques secondes d’un visage derrière tes opales pour que le reste de ta soirée se trace sans aucune permission d’impasse. tu n’as pas fait attention à l’heure, pas plus que tu n’as fait attention à prendre toutes tes affaires en quittant le terrain. t’as même pas le temps d’émettre un doute devant la pancarte de fermeture qu’elle s’encadre finalement dans ton horizon. sadae peuple à elle seule ce monde dans lequel tu te perds trop souvent seule. « you’re reading my mind ! » i miss you. la sensation se faufile à la dérobée, si bien que tu ne la remarques pas (ne veux pas la remarquer) quand tu observes la carte pendant que sadae te questionne. « hm, give me a second. and, yeah, maybe some waffles? » désagrément qui enlace ton squelette mais que tu retiens, comme toute ta vie à apprendre comment refluer les vagues. « oh nice! plus the sunset is quite epic tonight. » et l’échine s’ébranle d’un frisson alors qu’elle s’affaire tranquillement. ton entrain prend quelques degrés en moins alors que tu l’observes sans perdre de ton sourire, une intuition certaine que tu flaires dans l’air. « can i have some violet tea please? and definitely the waffles. i’m starving like a troll… literally. » les éclats d’un rire s’échappe entre tes lèvres, ne trouvent qu’un silence en réponse. mais nulle émotion ne te trompe, anla, si ce sont les tiennes. tu te percutes dans celles qui gravitent autour de toi comme un insecte dans la lumière. presque à t’y perdre, à t’y méprendre. souvent c’est ce que tu penses, peut-être même que c’est parfois le cas mais que tu ne veux y croire. sadae ne t’entend plus, et tu comprends. tu comprends que ses pensées vagabondes ne sont pas quelconque rêveries. que les traces de fatigue ne sont pas seulement des vestiges de journées éprouvantes. à sa dernière question, tu n’as pas le courage de répéter tes précédentes paroles. pas l’envie de la prendre sur le fait de son inattention. alors tu réponds aussi simplement que la conversation devrait l’être, « ok you know me so well, go for that one. » le minois légèrement penché au-dessus des flagrances. et les morceaux s’assemblent finalement que tu les écoutes, dans les pas de celle qui semble dissipée. tu l’accompagnes sur les toits et vous prenez place autour d’une table, perchées entre lierre et étoiles naissantes. t’as le cœur qui tombe un peu, quand tu lui demandes doucement. « who hurt you? » non pas de what happened? toutes les questions ne sont pas nécessaires, quand tu connais la personne depuis presque toujours. pour sadae, t’as même envie de penser que tu la connais depuis les confins de l’univers. « no seriously, sad. » tu pares d’éventuelles esquives, certaine qu’elle ne voudrait pas que tu l’épaules ainsi. « who had this stupid idea to make you sad? » dans les lueurs des lampions, le printemps prend ses quelques flagrances de regrets. les poumons célestes pas moins prêts de se propulser dans les crevasses. tu devrais le savoir, pourtant. t’as des années amères d’expérience dans le domaine. que derrière ces sensations d’accalmie se dissimule toujours un revers des plus traîtres.

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life is made of small moments like this 15 mai 2021. w/ [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]

les gaufres déposées délicatement sur le plateau se nappent de sirop d’érable et d’un coulis de chocolat par les bouteilles en verre qui flottent au-dessus de leurs têtes dans les escaliers et vont se remettre sagement à leur place dans les étagères du comptoir tout en bas. l’esprit ailleurs, le silence n’a pourtant rien d’inconfortable entre les deux âmes, c’est même plutôt apaisant, sadae qui n’a jamais eu l’habitude de vivre dans trop de bruit. et lorsqu’elles s’installent, la louve prend le temps de tout déposer correctement sur la table avant de lever les yeux sur anla à ses mots soudains. elle pourrait s’armer de what are you talking about et de sourcils froncés qui prouveraient son incompréhension mais elle sait que ce serait vain face aux yeux scrutateurs d’anla alors elle pose doucement la théière dans un soupire qui n’a rien d’agacé ou d’ennuyé, plutôt celui qu’on expire quand on est pris sur le fait et qu’on doit chercher tout le courage enfoui au fond de ses tripes pour s’expliquer mais que la force nous manque. le silence dure quelques secondes mais il n’incite pas à l’éternel, il n’est qu’une passerelle qui laisse assez de temps à sad de trouver ses mots, de se rendre compte qu’il faut qu’elle en pose - trop effrayée de tout déballer pour trouver une solution. “your brother.” qu’elle avoue simplement, sans tristesse ou fatalité. “we’re not together anymore and i don’t want to see him for now.” aucune porte ouverte à la négociation, la distance est nécessaire même si affreusement douloureuse. “i’m sorry but you know how much i love him and this time, it’s been too much.” d’un geste, ses doigts soulèvent la tasse aux couleurs printanières, blanches et roses avec quelques touches de vert. elle lui rappelle celles du service en porcelaine de sa mère, c’est pour ça qu’elle n’utilise que celles-là. ses lèvres se trempent dans le thé encore trop chaud avant que sad ne regarde à nouveau anla. “but it’s okay, it happens. i just need time and eventually i’ll see him again.” son sourire n’est pas totalement franc mais se courbe d’une touche d’espoir.