(don't) fade away. (os)

(don't) fade away. 23 mai 2022, 09:21 - outfit.

t’as le regard planqué vers les hauteurs à la recherche des moindres défauts du plafond plutôt que de considérer tes options. une personne soupire à quelques centimètres de toi, passablement exaspérée par les tremblements nerveux de tes jambes. si elle te demande de reprendre ton comportement, tu ne l’entends pas. pas plus que tu n’entends ce qu’il se passe autour de toi. tu préfères te focaliser sur les fissures inexistantes d’une peinture immaculée que de faire attention à ton environnement. les écouteurs vissés dans les oreilles sont à peine suffisants pour te détendre. tu ne t’es même pas rendue compte que, dans leurs caprices, tu écoutes le même titre en boucle depuis une quinzaine de minutes. toute la situation, tout l’endroit, te donne des démangeaisons. tu te retiens de prendre le chemin inverse – d’attraper le skateboard reposant sous ton siège pour dévaler les couloirs avec. tu regrettes d’être revenue, t’aurais préféré faire autrement. si seulement tu avais vraiment d’autres options. un soupir se meurt entre tes lèvres gercées d’être trop mordillées. l’hôpital ne t’a jamais laissé de bons souvenirs – tu n'en avais pas le mérite, probablement. tu ne retrouves entre ces murs que les années passées en solitaire toujours plus près des poussières que des êtres indemnes. tu n’es jamais revenue sans que des complications n’apparaissent – que des rendez-vous de contrôle ne deviennent des séjours d’observation.

tout était toujours trop. ton cas, les explications. les allers-retours des parents. les émotions. celles que tu tais encore en ce moment et celle que tu ressens autour de toi. à l’hôpital, tout est toujours démesuré. les souffrances, les soulagements. les colères et les incompréhensions. tout un tumulte dans lequel tu pourrais perdre pieds si tu n’en avais pas pris l’habitude. les migraines se contiennent en vain mais demeurent une moindre peine. et même la musique à un volume peu recommandable ne parvient pas à te soustraire de ces bouffées d’angoisse. les jours s’enchaînent dans une désagréablement impression de régression. tu pensais ces épisodes abandonnés derrière toi – tu pensais avoir plus de temps devant toi. tu ne peux pas envisager une rechute, pas maintenant. pas si près d’être enfin devenue (presque) normale, surtout banale.

la musique crache son rythme dans un grand désaccord avec le grondement de tes jambes. les mains parquées au fond des poches à défaut de savoir comment les occuper. minois terriblement las d’être là, tu voudrais être ailleurs. tu ne t’en caches pas, tellement blasée que tu pourrais dissuader n’importe qui de t’approcher. « (…) anlariya. » presque n’importe qui. tu ne remarques pas la silhouette qui se rapproche avant qu’elle ne pose une main sur ton épaule. « anla? » le contact est tellement soudain que tu en sursautes. « oh, ye – hi hayashida-sensei. » tu t’emmêles les gestes en essayant de ranger tes écouteurs tout en te redressant pour saluer la médecin assignée à ton cas depuis plus de vingt ans déjà. tu attrapes ton skateboard sous le bras avant de l’accompagner dans son bureau, inclinant de nouveau poliment la tête quand elle te laisse passer devant elle pour entrer. « long time no see. » tu pourrais presque apprécier de retrouver les chaleurs de sa voix si tu ne les avais pas tant assimilées à cet endroit… et à tes malheurs. i wish it had stayed that way. « how are you doing? please take a seat. » un geste de la main t’enjoint à prendre un siège avant qu’elle-même ne s’installe de l’autre côté de son pupitre. « good, thanks. – thanks. » tu bafouilles en la remerciant deux fois, avant de t’asseoir dans un raclement de gorge en même temps que tu reposes ta précieuse planche par terre. tu ne te souviens pas la dernière fois que tu es venue de ton plein gré. ce n’est peut-être même jamais arrivé – jamais personne ne t’a aperçue prendre ce genre d’initiative. « you seem fine considering the circumstances. » hayashida isami a toujours ce même sourire que tu lui reconnais être en accord avec ce qu’elle inspire – pourtant, son sourire est autant un terrain réconfortant qu’une marque préoccupante. tu y retrouves aussi bien ses paroles encourageantes que ses mots désolés de ne pouvoir t’apprendre qu’il existe un réel traitement. « i am. » tu as repris meilleure consistance, à l’abris entre ses murs. tes mots sont plus sûrs mais tu sais que tu ne peux la tromper. « anla. » t’aimerais instantanément remettre tes écouteurs aux oreilles pour ne pas te rendre compte du poids qui tombe dans les lettres de ton surnom. « your fracture is not healing properly. you are obliged to take painkillers. this is not something normal for a wizard. » and you know that – tu pourrais entendre les mots qu’elle se retient d’ajouter. elle parait presque ennuyée d’énoncer tout haut ce dont tu as pleinement conscience également. mais jusqu’à présent ce n’était que des pensées nerveuses que tu faisais disparaître derrière tes nonchalances. en dire les termes de vive voix leur donne plus d’importance au point d'être obligée de les prendre en compte. tu ne serais pas là si tu ne le voulais pas – mais l’entendre n’en reste pas moins désagréable.

tu n’es de nouveau plus normale. les mots demeurent absents de tes lèvres comme trop souvent mais affluent massivement derrière tes paupières, si bien que le migraine stagnante en devient brûlante. « i know you prefer the medicine of your people but if you’re here to renew your prescription, it means that even strong aya remedies are not effective enough. » elle reprend ce même constat que tu as déjà fait au lendemain d’une pleine lune pour le moins mortuaire. mais comment lui expliquer que tout n’est le résultat que d’une mauvaise composition. comment lui faire comprendre l’écrasante détresse que tu as ressenti quand aucun sortilège de guérison n’a pu te remettre quelques os en place – et qu’aucun baume n’a pu refermer complètement les cicatrices en surface. « we both know what it means. » vos regards se croisent et tu apprécies ne trouver dans le sien, qu’une bienveillance impassible. des mots minutieusement prononcés sans se perdre dans de faux semblants. elle est la première à ne plus t’avoir considérée comme une enfant et à converser sans vouloir te protéger ou te sous-estimer. « it came back. » and i’m back in my chains. son haussement du visage s’accorde simplement à ce constat. aucune d’entre vous n’a les mots qui conviennent dans ce genre de cas. voilà bien longtemps qu’elle ne s’excuse plus de ta situation, à ta demande. « and now we're sure it's related to magic. » c’est une hypothèse qui se confirme après une vingtaine d’années d’errance – que rien n’avait pu permettre d’établir auparavant. toujours un mystère médical mais une porte s’ouvre enfin. toujours les mêmes questions, mais les premières réponses apparaissent. tout ça, grâce, à cause, tu ne sais pas vraiment, d’un accident et d’une transformation épouvantable. cette succession d’évènements a empêché ton corps de réguler la magie correctement – empêchant toute guérison spontanée. même si elle demeure plus accélérée que pour une moldue, elle n’en reste pas moins à la traîne.

les bras de hayashida-sensei se croisent tranquillement sur son bureau irréprochablement rangé. « how’s your godai practice going? – uh? » tes sourcils se soulèvent dans l’incompréhension, pas certaine d’avoir entendue la bonne question. les mots te paraissent complètement décousus dans cette conversation, comme à contre-sens. « training is going well. actually i made new progress recently. » tes doigts viennent se perdre dans tes cheveux sans pour autant les ramener en arrière. tu demeures perplexe sur la tournure de la discussion. « why? » tu ne t’attendais pas à ce qu’elle soupire avant de te répondre. mais pas dans un souffle d’ennui, plutôt dans un besoin de tout relâcher pour mieux reprendre sa respiration. « i believe it’s your godai that keeps you in balance. » parce que ce qu’elle doit t’expliquer va être long. « i saw cases similar to yours that night even though these people haven’t the same kind of disease. » tu ne bronches pas, sciemment accrochées à ses paroles. « when the magic was gone your immune system wasn't that deficient. i mean, despite the wounds. » tu réprimes la grimace qui cherche à s’étendre sur ton visage. personne n’a conscience de l’ampleur des blessures que tu as encaissé cette nuit-là. et il faut que cela reste ainsi. mais tu te demandes encore comment tu as pu être en mesure de transplaner dans cet état – et pourquoi tu ne t’es pas évanouie dès que tu as atteint les sous-bois, compte tenu du résultat. « your weakness should have killed you... if it were governed by the laws of nature as we always thought. it wasn’t. this magic deficiency saved you somehow. you've been getting better over the past few years as you've been training to be an airbender. it is not a coincidence. you've learned so well to balance the magic flowing through you that you're regulated your immune system without knowing it. » un instant de silence retombe sur ses explications, mais la manière dont tu la dévisages doit être particulier parce que tu lui décroches un sourire d’un genre que tu ne lui connaissais que rarement. « that's why i feel so good when i play with the winds. – exactly. » ses bras se relâchent finalement alors qu’elle vient se reposer contre son dossier. « but at the moment i can't determine if this is an effective solution. how long will it last? your current situation proves that the weights on the scale have been unbalanced. » tu devines ses prochains mots avant même qu’elle ne les prononce. « i won’t. » elle ne laisse rien paraître mais tu discernes les traces d’une résignation contrariée dans son regard. « we can't treat you properly if we can't examine these new hypotheses. » un soupir. « but i can't force you to come back. that choice is yours. at least my door will always be open to you when you feel ready. » if i feel it.

tu ne veux pas t’enfermer dans de nouveaux protocoles, de nouvelles expérimentations. tu es lasse de ces séjours supposément encourageants qui deviennent interminables. la conversation se poursuit dans un échange de convenance, pour rendre l’atmosphère moins étouffante. elle s’enquiert des dernières nouvelles du village, prends état de la santé de ton père et de ton frère. dans son absence, tu en as presque oublié qu’elle aussi, elle était membre de cette communauté auparavant. c’est le cœur moins renversé que tu t’apprêtes à la quitter – autant désireuse de ne pas la retarder plus que nécessaire pour ses prochaines consultations, que de mettre le plus de distance possible avec ce bâtiment. mais tu ne fais que traverser la pièce, ton skateboard sous le bras, avant qu’elle ne t’interpelle à nouveau. « it's quidditch qualifying soon, isn't it? » tu ne veux pas entendre ses recommandations. « you will be healed by then but it might be… wiser not to participate and rest so you don't be injured again. » tu la regardes en relevant le visage, déterminée plus que jamais dans ta prise de position. « i can’t. i've been waiting for this competition for a year. i don't want to be just a spectator anymore. » hayashida-sensei soulève ses paumes en signe de drapeau blanc. elle n’est pas d’accord mais ne t’en empêchera pas. tu disparais finalement de son bureau après un échange de politesses, non sans entendre ses dernières paroles murmurées à ton ombre. « kurri anlariya, you are some mighty witch in your kind. »

❝ résumé,, la disparition de la magie + la pleine lune le même soir n'ont pas fait bon ménage chez anla et ont réveillé sa maladie. petit rdv à l'hosto pour faire le point.