highest in the room. (yuji)

Il a le pied dans un autre univers, une distraction hebdomadaire et sa sortie de secours. Y a le sol qui vibre, les effluves de l’alcool qui montaient déjà, ne faisant plus qu’un avec l’air dans l’espace restreint. Beaucoup trop de monde, et la lumière tamisée à outrance : c’était là où plus rien n’allait, là où il se fuyait et, c’était tellement bon. Il ne pouvait qu’inspirer un bon coup et se sentir revivre. Tout était plus facile, une fois qu’il obtenait ce qu’il voulait. Marlon fébrile, qui peine à s’ouvrir, à jamais proche du point de non-retour après avoir passé plus d’une semaine avec sa présence étouffante, tourmentante. Et il savait que s’il tournait la tête, il le verrait encore. La nervosité propre à une personne addicte qui est difficile à cacher jusqu’à ce qu’il croise la silhouette familière, l’échange est rapide avant qu’ils ne se séparent et d’un coup, le cœur est plus léger. Seul après avoir perdu de vue ses compagnons de route, il se permit enfin un verre, se mêlant à la foule familière et si on l’accosta quelques minutes après, il se laissa faire avec grand plaisir. Impossible d’ignorer ce qu’il prévoyait de faire après, seul ou accompagné, c’était le même scénario qui se répétait encore et encore en quête d’une paix qu’il n’atteindra jamais. Et de sa hauteur, les prunelles balayèrent son entourage, des traits familiers aux visages qu’il avait probablement oublié. Son regard s’arrête sur un visage en suspens, et impossible de savoir si l’autre l’avait remarqué. Y a ce sourire qui ne présageait rien de bon qui se dessine sur ses lèvres, et c’est en offrant un dernier long baiser à sa compagne éphémère de la soirée qu’il l’abandonne sans la moindre honte pour retrouver Yuji. Yuji, fidèle compagnon dans la dérive, et avec qui il ne s’ennuyait jamais. Yuji qui ne semblait pas connaître ses limites, et d’autant plus quand il était enivré. Marlon se rappelle alors de ce qu’il a en sa possession, et il décida qu’il ne serait pas seul ce soir. Le verre d’alcool est rempli pour être bu sans la moindre patience, et le regard de Marley qu’il attrapa soudainement, insupportable et se faisant dissuasif. Il lui aurait fait un doigt d’honneur si les deux étaient seuls. Les pas sont rapides jusqu’à ce que sa lourde main se pose sur l’épaule du denki. “Got ya!” Lèvres retroussées en un bref sourire amical, retirant la main quand Yuji le remarque. “Didn’t know you’ll be here tonight.” Les introductions n’étaient plus nécessaires.

il ne sait pas trop ce qu'il fait là. invitation acceptée un peu trop vite. les effluves qui s'élèvent autour de lui lui rappellent un autre temps, pas si éloigné. où les fêtes se succédaient inlassablement. gamin sans cesse sous l'emprise d'alcool ou d'une drogue. juste pour pouvoir oublier. s'oublier. se détester un peu moins. pour pouvoir continuer de vivre un jour de plus. continuer de respirer en souhaitant ne plus le faire. c'est un univers à la fois familier et inconnu. nostalgie de toutes ces années mêlée à son éloignement du monde de la nuit. gamin beaucoup plus équilibré, heureux. plus épanoui mais poursuivi par ses vieux démons. les excès ont laissé des séquelles invisibles. le denki se contente d'un simple verre, détournant bien vite les yeux des drogues qui circulent dans l'endroit bondé. encore moins sa nénémis : le charme acclamant. yuji inspire profondément, se mettant un peu à l'écart, loin de l'état d'ébriété avancé de ses amis. la musique se mêle aux battements de son coeur, toujours un peu plus forts. sensation grisante qui lui manque. perdu dans les notes, il sursaute presque en sentant une main se poser sur son épaule. visage qu'il reconnaît vite. qu'il n'avait pas remarqué tout de suite. « you're back ! did u miss us that much. » ça lui fait plaisir de le revoir après tout ce temps. il se retourne vers marlon, l'observant en silence, comme pour voir si quelque chose a changé depuis leur dernière rencontre. « me neither. it was a last-minute call. » décision qu'il regrette à moitié. il apprécie un peu moins les fêtes qu'avant. sans doute parce que ça n'a pas la même saveur. parce qu'il est sobre. « so how you're doing ? pretty good i guess. » léger signe de la tête vers l'inconnue qu'il a abandonné pour aller à sa rencontre. ça le fait sourire un peu plus. son excursion à l'étranger n'a apparemment rien changé chez lui.

L’accueil est retourné avec la même chaleur, et c’est assez pour que le visage du géant s’éclaire d’autant plus. C’est qu’il en avait des souvenirs de partager avec le denki, même s’il était certain que la plupart avait dû être oublié avec tout ce qui avait déjà pu être consommé. Son sourire ne le quitte pas, à sa place dans le décor, dans la foule. « maybeeee. » Faut dire qu’il n’était plus le petit français fraîchement débarquée au Japon pour continuer ses études, les années avaient passé et il y avait laissé ses marques, ses habitudes qui faisaient qu’il était aussi bien chez lui à Minami iwo jima que dans sa Provence natale. Simple acquiescement à la réponse de Yuji, peut-être un peu trop faible à son goût où était-ce les Etats-Unis et la distance qui lui auraient fait oublier les tics et manies du garçon. « at least you showed up ! man it’s good to see you here. » Sincère dans ses mots prononcés au milieu de la foule, la voix suffisamment forte pour qu’il l’entende malgré la musique. Et même si le choix était vite fait entre parler et se bourrer la gueule, l’envie de savoir ce qu’il était devenu pendant ces derniers mois était présente. La suite serait d’autant plus présente et qu’importe si le père du garçon était quelqu’un avec qui il ne devait pas jouer, ça ne l’avait jamais fait peur. La solution était toujours : les gallions, coulant à flot quand il fallait réparer quelque chose. « can you tell ? it was really the best decision to leave, i don't regret anything. you should do it too bro, the parties never end. » Les prunelles ne quittent pas des yeux le bar, et le kasai ajoute avec un rapide clin d’oeil. « and everything that happens there, stays there. » L’homme profite alors d’un passage pour faire rapidement l’aller-retour et leur amener chacun à un verre, comme au bon vieux temps. « it’s been a while uh. what about you then, what are you up too ? »

il sourit légèrement, n'en revenant pas lui-même d'être présent à cette fête. la lutte contre son addiction le prive bien souvent de festivités, pour ne pas retomber dans ses travers. pour ne pas succomber une nouvelle fois à la tentation. alors il s'accroche au souvenir impétueux de ses crises. à ce manque qui empoisonne son être. au poison qui a laissé des marques indélébiles. iris qui se font plus sombres, plus lointaines. pensées qu'il chasse bien vite mais qui demeurent dans son esprit. « to leave ? yeah i guess you're right. my brother left everything behind last year. at least you returned. » les paroles se veulent légères mais la rancune habite chacun de ses mots. le gamin ne tient pas à rendre l'atmosphère plus pesante. « it's good to see you. i mean it. » c'est quelque peu réconfortant de revoir un visage familier dans un environnement qu'il lui paraît maintenant étranger. un environnement qu'il a longtemps considéré comme une maison. un repère. un cocon. and everything that happens there, stays there. ça le fait un peu plus sourire. « we shall call it the marlon rookwood credo. » il s'esclaffe de nouveau, le suivant des yeux alors qu'il s'éloigne pour récupérer deux verres au liquide sombre. les bonnes vieilles habitudes ne meurent pas. le denki s'en empare d'un, restant silencieux pendant quelques temps à la question de son ami. « well nothing much. i'm quite better since last year. i'm enjoying life differently. less parties. less drugs. » le kazama vide quelques gorgées de son verre, grimaçant légèrement au goût caractéristique de la liqueur. « what about you ? i do hope you'll stay with us for a long time. » yuji l'observe sans jugement, sans attente. il est juste heureux de pouvoir retrouver son ami après tout ce temps.

trop détendu comme s’il avait déjà consommé bien avant son arrivée, marlon était honnêtement euphorique, respirer l’air dans la pièce suffisait à avoir les prunelles constellées d’étoiles. et honnête, là il ne faisait pas semblant de prendre son temps à échanger avec le denki, depuis le temps. même s’il était la pire personne probablement pour yuji, il se considérait quand même comme un de ses amis. personne n’était parfait, non ? et marlon ne proposait jamais la plus parfaite des amitiés, c’était facile de le remarquer dès le départ. « your bro, uh? yeah, at least i’m back. » l’homme n’essaie de pas penser au terme de jumeau, l’imagine comme un espèce de lointain frère qu’il n’avait jamais aperçu pour ne pas déclencher quelque chose de bizarre en lui, qu’il n’essaie pas d’expliquer, qu’il ne cherche pas parce que la réponse avait déjà un nom, un prénom même. il chasse l’idée, ce trigger qu’il préfère ignorer et presse alors chaleureusement l’épaule de son ami qui semble au moins apprécier sa présence. la discussion est si prenante qu’il ne remarque pas les potentiels avions de chasse qui passeraient sur leur chemin. il manque de rire au nouveau credo, et d’avaler à la suite de yuji une gorgée de la boisson. une grimace se dessine alors aux informations qu’il lui offre de ce qui semble être sa nouvelle vie, « less parties…. less drugs ? » qu’il répète tel un perroquet, avant d’imaginer une vie sans deux composantes si importantes de sa - si triste - vie. tout serait si fade, et il aurait certainement essayé de passer l’arme à gauche une seconde fois, ou une troisième si la deuxième serait un échec, comme la première. parce qu’il ne pourrait certainement pas passer sa vie avec un fantôme à ses côtés h24, lui-même connaissait ses limites, et elles étaient loin d’être drôles. « don’t worry, i’m not going anywhere. never again. … only for vacations. » qu’il ajoute au dernier moment, parce qu’il fallait pas abuser non plus, le japon était charmant, mais il y avait la france en tête de liste. « i haven’t changed. i’m still the same Marlon. » et tout ce qu’il pouvait lui insinuer derrière. maintenant qu’il le disait d’ailleurs, « one question, when you say that you enjoy life differently… whatdoyoumean? » parce qu’il avait beau parlé, il est resté bloquer sur cette même phrase. « don't tell me you like fishing now? » qu’il ajoute, déjà choqué avant même que le garçon ne lui réponde, petite pensée au kasai qui règne sur les barques de l’académie. « at least you didn't say you were quitting for good. »