starstruck. (minato)

Il était immobile sous les draps, les traits toujours endormis et innocemment paisibles comme on pouvait rarement le voir au quotidien, si confortable sous le bout de tissu que l’idée de les quitter serait presque inacceptable. Un soupir de contentement s’échappe entre les lèvres entrouvertes alors qu’il se tourne dans le lit en quête de cette même chaleur qu’il avait créée avec cette fille la nuit dernière. Les traits ne lui revenaient plus, mais elle avait attrapé son attention et il ne l’avait plus lâché de la soirée jusqu’à l’attirer sous les draps ou peut-être que c’était elle qui avait réussi son coup, qui sait. Il était fier le garçon, à préférer se valoriser plutôt que d’admettre qu’il était tombé dans un piège. Un piège dans lequel il accepterait de retomber volontiers, encore et encore. Des rayons de lumière frappent son visage et c’est assez pour qu’il se réfugie tête la première sous son oreille. Et pourtant, c’était assez pour le réveiller du sommeil si profond dans lequel il s’était plongé, l’adrénaline retombée. Il grogne légèrement, ignorant la présence du poids qu’il pouvait sentir près de lui, les yeux toujours clos, pas encore prêt à vivre une nouvelle journée. Il sent quelque chose de vif sur son dos, blessures de guerre de la nuit dernière aussi fraîches qu’était l’air qui les entourait à à présent. Les paupières papillonnent quand il accepte enfin son sort, prêt à affronter la journée qui l’attendait. C’est stupidement douloureux comme celui-ci aimait se plaindre et au lieu de se forcer à se lever, toujours immobile et confortablement au chaud, les prunelles se tournent vers sa voisine, pas peu fier de la nuit dernière. Cette foutue fierté qui ne voulait jamais redescendre. Les lèvres tendues, toujours fier même s’il ne voit qu’une corpulence plus importante à ce qu'il avait vu et senti hier soir ou peut-être avait-il rêvé. Toujours fier quand la lueur du jour sur les traits farouchement masculins. Les paupières se ferment, avant de se réouvrir, puis de réaliser et de penser à haute voix. « oh i’m still sleeping. » Avant que les paupières ne se referment et qu’il s’enfonce dans son oreiller pour continuer son sommeil, et peut-être se réveiller plus tard. Sauf que rien ne vient, et que ses yeux s’ouvrent un peu naturellement comme il le faisait tous les jours. « what the fuck. » murmuré alors que les paupières sont fermement serrées comme s’il voulait se forcer à se réveiller.. dans une autre dimension, probablement. Ils se réouvrent une dernière fois, pleinement réveillé, quand il regarde encore à côté de lui et qu’il ne voit pas la fille mais une autre personne, un inconnu, c’est assez pour le faire crier.

Erreur fatale digne d’un débutant. C’était très loin d’être dans les habitudes de Minato, de se laisser avoir.
De se faire sirène, oui. Séduire les pauvres pêcheurs égarés à son port.
De se glisser chez un garçon, pourquoi pas. Pour mieux repartir après une menace, une lame sous la gorge et un sourire charmeur, ou, s’il lui plaisait, juste après avoir froissé les draps. Mais jamais il ne s’endormait. Jamais il ne profitait d’une chaleur humaine loin de lui être nécessaire. Faiblesse humaine (il avait croisé Noriko, la lettre donnée, le coeur tordu qui n’avait cessé de saigner depuis, et l’impression d’être trop seul dans la grande ville). Fée sous les traits d’une autre femme, qu’il lui fallut maîtriser pour quelques heures, ça lui a plu, d’être plus fragile qu’avant, de soupirer derrière la bouche rouge à lèvres, de laisser son corps fleurir loin du vrai, appris à être adoré mais définitivement trop masculin parfois pour son propre bien. N’avait aucune idée de ce qu’être un homme signifiait, leçons martelées puis effacées avec la fugue, habitude prise sans être comprise. Dans leurs soupirs, il avait trouvé un contentement -un garçon mignon mais aux airs un peu hébétés, qui lui avait semblé au premier regard de pâmer, ce qu’il lui fallait pour passer une nuit décente.
Mais Minato s’était endormi, faute grave, éliminatoire, le pouvoir de changement dispersé entre les draps, au matin, il était redevenu lui-même, all scars and old bones. Encore empourpré de sommeil, c’est un cri qui le fit sursauter et sortir d’une torpeur sans rêves. « AAAH WHAT THE FUCK ! » Yeux mi-clos pour se sortir d’une nuit trop lourde, il se les frotta en baillant. « Why’d you make all that noise... » Et les souvenirs revinrent d’un coup, vague d’eau glacée en plein visage lorsqu’il se vit, nu, entre des draps qui jamais n’auraient du l’accueillir plus de quelques heures. « Oh. Well. » au pire, tant pis. L’autre n’avait l’air que d’un gamin, encore étudiant et inoffensif -si ce n’était pas le cas, il avait encore sa baguette accrochée à l’étui autour de sa cuisse, qui ne le quittait jamais, même dans le sommeil. À présent assis dans le lit, il haussa les épaules, tentant un rire face aux yeux ouverts trop grands de son partenaire de la nuit dernière. « What ? You don’t like what you see ? »

Étrange retour à la réalité que de se retrouver dans un lit avec un parfait inconnu, une situation qui ne lui était pas si étrangère que cela sauf qu’en dehors des soirées quidditch-bièraubeurre où il se réveillait au moins habillé aux côtés de ses compagnons de soirée, c’était bien la première fois qu’il se réveillait aussi nu qu’à sa naissance aux côtés d’un autre homme. C’est assez pour le paralyser, réalisant que son cerveau n’était pas capable d’imaginer quelque chose dans ce sens, l’attirance jamais ressentie. Les mots murmurés répétés en écho au sien et beaucoup plus fort, assez pour que ses poils s’hérissent mais il ne sent pas de danger. Et heureusement, le kasai ne savait plus où il avait mis sa baguette et si ses professeurs le savaient, ils ne manqueraient certainement pas de crier. Pas vraiment le meilleur homme de leur formation, Marlon, mais il avait bien réussi à monter jusque là. L’homme paraissait moins surpris que lui et c’est assez pour qu’il retourne tous les souvenirs de la veille, ou du moins ce qu’il parvenait à se rappeler à l’heure actuelle, les yeux tout aussi ronds et le drap sur son torse comme une vierge effarouchée. Et c’est assez pour que l’homme un peu trop à l’aise s’en moque, c’était tout ce qu’il pouvait voir. « wh- who.. who who are you ? » Qu’il bafouille si facilement, le temps qu’il se remette de ses émotions qui retombent aussi rapidement qu’elles se sont élevées dans les airs quand il avait crié peu virilement. « no.. okay yes maybe anyway bro it’s all fun and game but when did you come here ? » Le drap est abandonné alors qu’il se gratte la tête en se rappelant vaguement de la chevelure et des traits féminins qui se sont accolés aux siens. « you see last night i was with a woman and we had a good time together if you know what i mean, and now you’re here…...  » Le déni avait bon dos.

Presque vexé d’être repoussé ainsi, là où il devrait être soulagé -Minato ne reste jamais, ne s’attache encore moins, fier d’être une illusion qui réconforte ou soulage le temps d’une nuit puis de disparaître dans les embruns. C’est son ego qui, pourtant, est piqué à vif, puisqu’il sait que s’il n’est pas la jolie femme qu’il prétendait être la nuit dernière, il est tout de même plaisant à regarder. Son corps s’étire et s’extirpe des draps, manque de pudeur notoire, synonyme du rien à perdre. Lève les yeux au ciel, décidément, celui-ci n’était pas le couteau le plus aiguisé du tiroir. « Yeah I think I know what you mean. » D’un claquement de doigts, il retrouve le corps de la fille embrassée la nuit dernière, se mord l’index d’une façon équivoque -rappelant certainement quelques souvenirs rendus flous par l’alcool. Avant de reprendre son corps normal, le don a ses limites et il l’a certainement poussé trop loin il y a quelques heures. « We had fun didn’t we ? Consider yourself lucky, usually I’m not so nice with men. » L’habitude de voir les autres comme des proies, des conquêtes dans les moments les plus indulgents. De ne jamais faire confiance, et de menacer au dernier moment, pour enlever de leur tête les idées les plus sales. Cette nuit était une exception, il ne lui avouera pas tel quel. S’étire en baillant pour faire quelques pas vers une porte adjacente. « Bathroom ? » L’habitude de se sentir chez soi partout, lorsque l’on habite nulle part.