ÂME TORDUE DANS LA VILLE

  le miroir est net
le visage est brisé
  13.09.21 — sad boi hours

J’étouffe, j’étouffe. Ce sont les mots qui sortent des poumons de JP. Je m’enfume, j’étouffe. Les nuages gris prennent d’autres couleurs et l’asphyxient. Qu’est-ce qu’il fout là déjà ? Il a une cigarette à la main mais il ne fume pas. L’odeur est âcre, loin du tabac ou de la weed habituel qu’il s’amuse à crapoter. Il jette le poison sur le côté ; il a besoin d’esprit clair. Alors il se fraie un chemin dans la foule à la transpiration enivrante. Il pousse les corps, appelé par l’appel d’air. Le fêtard bouscule, mèches humides et flottantes, idées noires et retournées. Dans un coin de son regard, l’autre kasaï n’est pas loin. Croisés par hasard dans cette soirée douteuse au cœur des richou de Kanto, JP a partagé sa taffe avec lui. Ce truc louche qui alourdit ses pensées. Le monde perd sa lucidité et rien ne semble réel. Il se tient dans une nébuleuse de sensation ; il est là mais pas là, en compagnie de fantômes le martelant de ses péchés. Jojo. Il entend. Cette même voix, encore. Toujours cette voix. Celle qui l’empêche de dormir, celle qui prend le ton de la culpabilité et éteint ses nuits. Enfin dehors, il inhale l’oxygène, les yeux montés vers le ciel étoilé. Jojo. Et elle chuchote à nouveau. Et il soupire à nouveau. S’il ferme les yeux suffisamment longtemps, elle disparaitra. Ça avait marché la dernière fois qu’il s’était noyé sous Koïde. Jojo. Elle se prononce une troisième fois et le denki ne parvient plus à maintenir sa paix intérieure. Trop d’indifférence, trop de refoulement. "Shut the fuck up." crie-t-il en se retournant. Derrière lui, le grand gaillard des Komodo sort du lieu de débauche. Mais ce n’est pas Marlon que perçoit Joao, c’est elle. Toujours et encore elle. "Yo, what’s up, man?" Sourire faux et cristallin aux lèvres, prêt à s’effondrer à tout moment. Les poings sont serrés, les pupilles sont rougies par la drogue et la nostalgie. Plus qu’une minute. Une minute où tout va bien et elle l’abandonnera. Elle s’effacera comme elle est partie – sans dire au revoir.
 

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  13.09.21 — sad boi hours

l’esprit est encore clair à cette heure aussi avancée, un exploit. encore vif, les pupilles dilatées, exalté par tout ce qu’il avait consommé et encore loin de l’illégalité. le fantôme n’est jamais loin comme à l'accoutumé et il l’ignore parce qu’il n’y avait que ça à faire. fuck off marley, murmuré alors que la cigarette sorcière ne quitte ses lèvres pour en rejoindre d’autre, inspire quand il goûte aux lèvres de sa voisine avant de la quitter avec un clin d’oeil gracieusement offert par ce dernier. le sourire constamment aux lèvres, presque tordu quand il croise les prunelles du double maudit, avant de revenir à lui. c’était pas une nouveauté, y avait rien de neuf à cette existence qui l’avait poussé jusqu’à ses pires travers. et il y songeait encore, jusqu’où pourrait-il aller à cause de lui ? se foutre en l’air, déjà fait. bousiller son organisme, en cours depuis de nombreuses années. tuer quelqu’un ? pas encore. les idées noires accompagnant parfaitement la boisson sirotée entre ses larges mains. alors il avance dans la foule, songe à se foutre en l’air à nouveau à moins que quelqu’un accepte de s’embraser avec lui. ilvermorny avait réussi à alimenter le feu de la décadence en lui, au point même où il paraissait étrangement innocemment à mahoutokoro. il s’avance, une insulte fuse, sourcil arqué il baisse la tête vers la silhouette qui se retourne et toute mauvaise pensée s’efface pendant un bref instant. marlon sourit de toutes ses dents devant son compagnon de route, camarade comme on en faisait que peu. « what’s good my man! » ignorant les traits du denki, il avance taquin « out without inviting me now ? you hurt my feelings... » concluant avec un rire qui était sa signature, il lui tapote simplement l’épaule avant de regarder autour de jp, réalisant qu’il était aussi seul que le kasai. son attention se reporte sur les pupilles immanquables rouges, et il en serait presque jaloux marlon. « and you had fun without me too…. are we falling apart bro. » pas de psychologie, pas de désir de savoir pourquoi il sombrait aussi. le pire ami à avoir, penser à l’unanimité, mais on avait les amis que l’on méritait et les deux s’accordaient trop bien pour imaginer une porte de sortie.

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 13.09.21 — sad boi hours

Son cœur s’alerte et les sueurs froides humidifient sa peau. A bout de souffle sans parler, JP reconstruit un masque aussi vite qu’il croise le regard de Marlon. Ce dernier dans un état aussi pathétique que lui (misery do love company) Un sourire arboré, comme si de rien n’était, comme si les morts ne parlaient pas dans son cou. Ils n’ont rien à se cacher et pourtant, ils prétendent que tout va bien. Ils n’ont jamais été du genre à monologuer sur leurs peurs et leurs sentiments. Ils délaissent tout ça pour une amitié emplie de rires et problèmes superficiels. Ils trinquent leur champagne en honneur es filles qu’ils ont laissé en vu et de soirées mal foutues.

Il ignore si c’est le vent qui frappe sa peau ou le devoir de maintenir les faux-semblants qui le réveillent brutalement. JP est à nouveau sûr de lui et enjoué, le fantôme traînant sur sa peau mis en sourdine. “Doin’ good, man. You? Got bored inside?” Il lui tape l’épaule en retour pendant qu’il mime une prétendue euphorie. Il aurait préféré croiser le kasai à un moment de sa soirée où sa sœur décédée ne lui tenait pas la jambe. “What can I say... you’ve been neglecting me, bro.” répond-t-il en toute ironie, voix plus aiguë pour imiter les femmes collantes qu’ils s’amusent à éviter. “Gotta tell you, dude. I’m on some super shit right now.” Comment expliquer qu’une petite pilule et un verre trop coloré l’envoyait six pieds sous terre, dans cet enfer où son cœur se plait. Jojo, elle l’appelle. Mais il n’entend rien, il continue de sourire. You were supposed to be nice with me. S’il l’ignore, elle s’effacera. Le soleil se lèvera et tous les mauvais maux disparaitront avec la lune. “Wanna try?” Il farfouille sa poche à la recherche du poison. Ce n’est pas comme si les deux camarades du Malheur cherchaient activement à aller mieux. Quitte à tomber, s’enterrer dans ses trauma, autant emporter un habitué avec lui.
 

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  13.09.21 — sad boi hours

le silence était un fléau, son fléau, alors marlon, il fuyait loin, très loin. trop loin même, à flirter avec les portes de la mort comme il le faisait avec toutes les filles qui s’approchaient de lui. ça lui allait cette situation, les bras tendus comme ses lèvres, les yeux brillants d’euphorie à croiser des vivants et un mort. peut-être qu’il en deviendrait fou un jour, il attendait ce moment qui semblait tarder bizarrement, le jour où il pèterait les plombs et qu’il ferait quelque chose de suffisamment violent pour finir derrière les barreaux, comme ce cher augustus. le vieil homme commençait à l'intéresser plus qu’il ne le devrait, plus qu’il ne l’avait fait dans sa vie où il avait passé à le dédaigner, le regarder de haut. peut-être qu’à force de grandir il comprendrait, même si ce n’était pas quelque chose qu’il désirait.
il soupire et se reconnecte au monde, au bruit loin du silence avec son allié dans le chaos, la parfaite rencontre entre deux hommes qui ne pouvaient que tout faire exploser. « yeah. thirsty too. » sans rentrer dans les détails, et qu’importe. se montre faussement choqué à l’accusation retourné, la main sur le coeur, « i would never bro you’re my bro…… » avant d’exprimer toute son intérêt à l’aveu du denki. « you are? » avant d’examiner les prunelles qui lui font face, « oh yeah i didn’t even notice.. you good in here ? » marmonné comme pour vérifier qu’il était bien là même si c’était stupide de sa part, en sachant pertinamment que quand l’un sombrait l’autre suivait généralement le pas. dans le cas de marlon, la probabilité explosait le chiffre cent. « you dare to ask me? gimme that » déjà fébrile, un comportement digne d’un homme qui ne voudra jamais se sevrer. un probable cocktail explosif avec une bouteille qu’il avait réussi à voler entre les mains d’une personne qui ne semblait plus vraiment être là, avant d’inspirer et d’expirer l’air entre eux, la senteur n’inspirant rien de bon, et le fantôme au loin que le guette encore, prêt à faire vibrer sa voix. « aaah... we’re really getting ready for our arrival in hell. i like that. »

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13.09.21 — sad boi hours

Le fantôme susurre à ses oreilles et des sueurs froides s’en dégagent. Un sourire à pleine dents flashé et c’est comme si la gamine n’avait jamais existé. JP continue son jeu et c’est un tel soulagement que Marlon le suive ; il ne peut pas être seul toute suite. Ne supporte pas la solitude ce soir. Il finirait avec une femme sans visage dont il dégraderait les courbes pour un plaisir qui ne viendrait pas. Il s’essuierait et disparaitrait comme un goujat, sans dire au revoir ni merci, se sentant aussi sale qu’un déchet posé sur le sable. Elle lui soufflerait dessus, cracherait d’un regard désapprobateur, quel sale type il est devenu. You used to be the best of us, dirait-elle. Et ça le brisait d’imaginer, une seule seconde, la décevoir, depuis sa tombe.

“Yeah, yeah, I'm gucci. Couldn't be better, pal. No worry.” Mensonge. Il voit son monde se retourner et les cadavres gésir du béton. Quelle ville de merde, Kantô. Il ferme les yeux, pourtant elle le poursuit. Pourquoi lui ? Pourquoi elle ? Elle vient l'emmerder des années plus tard. Putain, les petites sœurs sont chiantes. Dans sa poche, la petite pilule colorée se balade en solitaire. Il l’attrape et la jette dans sa flasque — la lui tend pour l’accueillir dans ses ténèbres. Sombre avec moi, le supplie-t-il presque du regard. “Bro, I’m already in hell.” pousse-t-il, le souffle court. Son cœur fait la course karting la plus rapide sa vie et la ligne d’arrivée est un jus à l’adrénaline. Électrisé à l’idée d’emporter un gosse avec lui dans les abysses, son sourire carnassier s’efface péniblement. I’m so disappointed in you. Mais il prétend, prétend que tout va bien. “Drink up, big boy. There, there. Here goes our redemption, eh.” Foutu pour foutu. Plus rien à perdre, plus rien à foutre. Désespoir sur sa peau, voile de colère sur les yeux, Joao récupère sa flasque du bonheur, y trempe ses lèvres pour espérer la faire disparaître de son cœur.

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  13.09.21 — sad boi hours

il ne pousse pas, ne cherche pas à aller plus loin. marlon était juste envieux de son état, ami mais pas vraiment la meilleure influence au monde, probablement pour ça qu’il était de ceux avec qui il s’amusait le plus. les conséquences étaient toujours… anecdotiques, jamais remémorer parce qu’il en avait rien à foutre. alors, l’appel dans son regard, la flasque tendue vers lui prête à être consumé, jamais il la refuserait. un si bel acte d’amitié. « don’t forget to welcome me there. » répondu avec un si large sourire, celui d’un homme qui n’avait plus rien à perdre, — parce qu’il n’y avait plus rien qui ne le retenait sur cette terre. rejoindrait-il les enfers ou y était-il déjà, depuis toutes ces années, ces décennies à se demander s’il était à la porte de la vie ou de la mort, ou si c’était uniquement son cerveau qui se jouait de lui. il boit généreusement devant les encouragements, sent la pilule traverser sa gorge, et ose même la vider avant de la rendre au denki, la secouant pour vérifier s’il restait du contenu. « oops, tasty. » il secoue d’un coup sa tête, l’effet instantanée de l’alcool s'éveillant en lui avant de partir, pour mieux revenir. « you were so eager for me to take that thing.. hope i don't die in an hour. » un sourcil haussé à plusieurs reprises, faussement inquiet avant de se relaxer, un bras fini autour des épaules de jp et le dos courbé - parce qu’ils ne faisaient malheureusement pas la même taille - il ajoute, « if that's the case, you'll take care of my funeral uh. and you will write overdose on my tombstone. » toujours dans l’exagération qui n’était pas vraiment irréalisable. un rire s’échappe, le rire de quelqu’un encore avec tous ses moyens avant de lever ses yeux pour regarder devant lui dans la foule accomplie, préparée aux mêmes délices, et de se voir comme devant un miroir. le sourire, qui était là, se défait, devant son double. l’illusion aurait été si parfaite si marley n’avait pas ses bras croisés. « hell is coming. it's too crowded here, let's move to a quiet corner. »

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13.09.21 — sad boi hours

Il y a un plaisir tordu dans le fait de voir Marlon avaler sans hésitation son poison. Ça lui réchauffe le cœur (bien déjà mort) d’être accompagné dans ses vices. Comme toujours, JP trouvait toujours un acolyte en Marlon, lui-même plus expérimenté que lui sur les tourments qu’on inflige à son corps.  “Nah I’d let Nicholas do all the work. For once in his life. But I’d write a nice eulogy, something like: Marlhoe was a tall nice asshole.” qu’il rétorque alors que le grand gaillard dépose tout son poids sur ses épaules. Il se traînait déjà ses traumas et maintenant, il doit traîner un boulet. Moins habitué à la drogue que lui, les probabilités qu’il OD avant le kasai sont élevées. La situation inverse : ça sera à lui de rapporter son cadavre à la morgue. Comme si JP n’avait pas suffisamment frôler la mort dans sa vie. La faucheuse se devait de venir le récolter un jour – c’était leur promesse.
Les amis décalent plus loin. JP acquiesce silencieusement d’un hochement de tête, lui aussi ne voit plus la terre très ronde. Cauchemar éveillé, la silhouette se dessine davantage et c’est sur on épaule que sa petite-sœur pose sa main. Don’t leave me here. You always leave me behind. Il sursaute, le regard apeuré par la chaleur qui se dégageait de sa paume. Il cligne des yeux, une, deux fois. Chasse l’humidité qui se crée un nid au coin de sa paupière. “You’re the one who left me.” répond-t-il enfin au fantôme, dans un chuchotement colérique. L’accident pour lequel il ne s’est jamais pardonné revient le narguer tendrement. Il pourrait tirer sur la veste de Marlon et l’implorer de le secouer. Une claque suffirait à réveiller un somnambule. Ce retour à la réalité lui ferait un bien fou. Mais il n’y a aucune drogue, aucun maléfice, aucun coup qui le sortirait de l’enfer qu’est sa vie. “Hey, dude...” commence-t-il faiblement. “I don’t feel so good.” A force de marcher, ils s’éloignent du bruit de casserole du nightclub et s’avance vers une nuit plus calme. Cruelle. Son souffle est saccadé. JP s'arrête : il n'arrive plus à respirer, les larmes lui montent aux yeux, et il l'impression de crever.

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  13.09.21 — sad boi hours

ça coule le long de sa gorge, jusqu’à ce que le fléau ne le prenne corps et âme sans crainte. y a plus eu de peur de la mort depuis bien longtemps, celle-ci semblant ne pas vouloir de lui à croire qu’elle voulait qu’elle souffre encore, fuck that. il ne craignait pas jp, un des rares à qui il faisait confiance sans la moindre crainte, et si la pilule l’envoyait dans les précipices, marlon le remercierait. les mots du denki ont le même mordant, et il en ricane simplement sans lui offrir de réponse alors que leurs pas les éloignent de la foule. Bat rapidement ses paupières avant de siffler un bon coup, de satisfaction, quand il voit que le petit réceptacle infernal commençait à faire effet. « oh, nice. » lancé dans le vent, le pas encore stable et jones traînant du pied, les effets avancés de la substance il supposait, lui qui l’avait gobé avant lui, sans l’attendre. le kasai allume machinalement une clope et manque de le proposer à son voisin avant que celui-ci ne parle, « who, me ? dude i haven’t left yet. » un doigt pointé vers lui-même et sourcil arqué avant de laisser tomber, ne cherchant pas plus loin parce qu’il n’y avait plus de logique maintenant. il était déjà tombé jp, et marlon attendait son tour. corps trop habitué à recevoir les mêmes injections et autres pilules porteur du paradis, il devait se faire patient avec son corps qui avait trop subi et qui s’était trop adapté. le kasai lâche une bouffée à l’air libre et s’approche du préfet en sale état, l’oreille tendue « wow, already ? » suffisamment épaté pour ne pas réaliser que quelque chose clochait. et même, comment le saurait-il si c’était le cas. « bro you should sit somewhere… against a wall or something » lancé avant de regarder autour de lui, la terre se faisant doucement vague et des lignes censées être droites devenir plus fluides ; il aurait bientôt besoin de s’asseoir lui aussi, mais l’air faisait du bien. « what the hell are you doing here. » ajouté à la place, en direction de la droite de jp, ajouté alors que tout était flou mais lui encore si clair. Il secoue brutalement sa tête, comme pour essayer de se reprendre, d’effacer la vision qui n’avait pas lieu d’être, « you good bro ? » question posée à son ami pour faire oublier l’autre, même si cette question ne servirait bientôt plus à rien.

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