(un)happy new year.

unhappy new year

l'invitation a quitté les doigts depuis longtemps, remplacée par une flute de champagne alors que le monde s'inversait. la jungle d'or et de verdure est encore plus princière qu'à l'habitude, le sky lounge s'est refait une beauté pour la fête de fin d'année annuellement. celle dont on n'entend pas trop parler, qui résonne comme un secret sur les lippes, parce qu'il faut une invitation dorée pour s'y présenter. hanui est somptueuse dans sa robe noire, longues mèches bleutées qui font refléter les couleurs froides sur le tissu velvet. achat fait, spécialement pour cette soirée, à décimer les dernières économies pour garder la face. et on oublierait presque la tragédie, car elle a l'air régalienne, porte l'opulescence comme si elle lui appartenait encore.

elle vole entre les groupes, s'arrête quelques instants pour discuter mais ne reste jamais, fini toujours par s'envoler. des visages qu'elle connait à peine avec qui elle échange comme s'ils étaient de vieux amis, et les noms qui s'envolent de l'esprit presqu'aussi rapidement. elle ne les connait pas, et ils ne la connaissent pas non plus ; dans cette petite foule, elle se sent seule, n'attend que la fin du décompte d'année pour s'éclipser en cendrillon des temps modernes. 10, 9, 8 enfin, soupire étouffé au fond de la flute. 7, 6, 5 prend une gorgée. 4, 3, 2 le dos s'heurte à quelqu'un d'autre. 1 elle se retourne la poupée, les prunelles remontent jusqu'au visage. happy new year !! et le coeur tombe, serré entre les doigts infâme du destin. marlon, what a surprise to see you here. tristesse et haine, émotions encore trop fortes pour l'homme qui l'a abandonné ; les sentiments qui ne sont pas encore retombées... parce qu'elle l'a réellement aimé hanui, mais sait maintenant que ça n'a sans doute jamais été son cas. happy new year. lève son verre, refuse de montrer les ruines de leur histoire qui l'habite encore.

unhappy new year

et pour la première fois de sa vie, il n’avait pas senti le temps avancé jusqu’au 31, celui-ci s’était brusquement arrêté il y a un peu moins de cinq jours, quand il s’était éclipsé en france avec son cousin pour retrouver leur famille. et lui qui passait si rapidement à autre chose, c’était encore étrange de réaliser que charlotte s’était évaporée, et qu’il ait pris autant de temps pour le savoir. il se savait dans le déni après les mots de niccolò, dans un espèce de brouillard qui ne voulait pas se dissiper alors il sauta encore plus rapidement sur le premier message reçu pour fêter le réveillon et rapidement, les minutes s'accélèrent et vint la soirée. et le cœur y était, presque, à moitié. il voyait presque marley avoir pitié de lui et ça ne lui donnait presque pas envie de détruire à nouveau son corps. y avait lottie, mazra aussi qui était certainement la dernière personne sur cette terre qu’il voulait croiser, mais il se savait safe ce soir, alors il laisse l’alcool coulé, chante à tu-tête quand le coeur y est et jamais seul, jusqu’au décompte final crié à l’unisson ou dissonant, il ne faisait pas attention. les lèvres étirées jusqu’à la fin du décompte et continue même s’il se sent percuter et se retourne et crie le happy new year ! tant attendu, avant de réaliser qu’il ne s’agissait pas d’un inconnu. « hanui ! » ses yeux se plissent un corps instant et il s’approche du visage de son ex comme pour distinguer ses traits en détail avant d’ajouter pour lui-même, « yes, that’s hanui… » et de finalement lui répondre à son tour. « and happy new year to you too, bunny. » il s’enfile un verre, le premier de l’année. « what a coincidence, what have you been up to? » demandé avec sérénité, comme s’il ne s’adressait pas à son ancienne copine qu’il avait à mainte reprise trompé et avec qui il avait rompu par sms en faisant un pendu.

unhappy new year

hanui! c'est étrange d'entendre son nom glisser entre ses lèvres. de cet accent français qui avait su la charmer autrefois. même géant hilare, l'esprit emporté par les substances... et c'est à se demander à quel verre il est rendu. habitude qui revient au galop, vient chatouiller l'égo déjà fracassé de la poupée. les doigts se serrent contre la coupe encore pleine. le corps qui se fige quand le visage de marlon s'approche, s'attendrait presqu'à un baiser comme autrefois, mais il est fidèle à lui-même le français ; a fucking deception. s'amuse à ajouter insulte à l'injure, loque humaine sans la moindre once de respect. et c'est elle l'idiote qui se laisse encore entrainer dans sa danse. bunny. la goutte d'eau de trop, ce foutu surnom qu'elle aimait autrefois entendre, comme une preuve de sa différence par rapport aux autres gamins... aujourd'hui, juste une autre preuve qu'ils n'avaient jamais rien été aux yeux de rookwood. alors le verre prend place entre les lèvres rosées, et le liquide coule au fond du gosier.

not much, just work. parce qu'elle avait tout perdu, de sa fortune à cette mère qui avait sombré, en passant par le petit ami pour lequel elle avait planifié son retour au japon (en autres). travailler pour rembourser les dettes, travailler pour oublier, travailler pour exister... and you? question qu'elle ne voulait pas poser, mais qu'elle arrache à ses lèvres. how fast did you move on? instantanné probablement. how many girls have you fucked? sans doute un nombre trop élevé... rien ne l'avait retenu alors qu'ils étaient encore ensemble après tout. les questions se bousculent dans l'esprit, s'insinuent comme un poison dans les veines alors qu'elle connait pourtant les réponses sans avoir à lui demander. damnée nouvelle année alors qu'elle commençait à peine -- à continuer la malchance qu'elle se trainait inlassablement depuis les dernières années.

unhappy new year

Retrouvaille qu’il ne voyait que cordiale de son regard, il n’y avait pas la moindre gêne dans son attitude et il était même agréablement surpris de croiser le chemin de la brune qu’il avait perdu de vue. Comme s’il avait essayé de garder le lien. Il secoue de façon absente le verre vidé, essayant de se concentrer sur la voix d’Hanui dans la cacophonie ambiante. « work ? that’s sad. » sans chercher à aller plus loin, il ne fit que le parallèle entre les études et la vie de modèle de la semi-vélane, un rythme qui ne lui avait pas convenu au final, mais soit. Le temps était passé maintenant, et Hanui un peu trop conciliante. L’homme avait peut-être trouvé cela bizarre au début mais ça avait arrangé ses affaires, des tromperies à des relations sans lendemain un peu plus licites. Et quand elle l’interroge, ça lui donne juste envie de se resservir un verre. « hmm… nothing much too. my routine didn’t change. » sobrement marmonné en sirotant son verre plus lentement cette fois, sans songer aux conséquences. « the end of the year was kinda shitty tho. hope 2022 will be a good year. » qu’il espère plus sagement avant de regarder autour d’eux et d’observer ce qu’il y avait. . « you have any new year's resolutions, bunny ? »

unhappy new year

elle le déteste. ouais, elle le déteste. c'est bien ça l'émotion qui vibre au fond du palpitant quand elle le voit. 1m96 d'égoisme qui n'inspirait que le dégoût. jolies mèches brunes qu'elle avait envie d'arracher, jusqu'à ce qu'il ne reste qu'un crâne brillant. ce regard à l'étincelle charmeuse qui glissait sur la foule avec ennui, à la traite comme toutes les autres... juste une gamine de plus qui ne valait pas son attention. petit prince pourri gâté, à ne voit que la langueur dans cette vie qu'elle se devait de vivre... bien sûr, ce n'était que de la colère. et elle engendrait plus de colère, à lui mettre le nez dans ces émotions qu'elle ne savait pas traiter, celles auxquelles elle ne voulait pas faire face parce qu'elle se sentait pathétique. les doigts serrent la coupe, les ongles poussent, acérés. et au fond du regard humique qui le fuit, les prunelles tournent au noir. la coupe est abandonnée sur l'assiette d'un serveur qui passe, remplacée par une pleine qui fini immédiatement entre les lippes et ne les quitte que lorsqu'elle s'est vidée à nouveau. le souffle se fait tremblant quand il s'expie finalement. not fall for selfish assholes. et de toute la soirée, c'est la première fois qu'elle s'autorise à être honnête.

unhappy new year

L’année qui arrivait ressemblerait certainement à celle passée, du moins à ses yeux. De l’alcool, de l’euphorie, quelques jours sombres avant qu’ils ne soient effacés par sa propre mémoire, rancune à courte durée qu’il voulait plus longue. Ouais, il n’attendait rien de cette nouvelle année. Pas même de la paix, parce que ça le ferait bien chier, la paix. Il voulait des étincelles, Marlon, des cris poussés vers sa direction, quelques larmes accidentelles alors qu’il s’érige en simple spectateur innocent, comme s’il n’avait rien fait. Les années passaient, l’âge aussi, mais rien ne semblait changer. Il avait un problème qu’il ne voulait pas résoudre. « hm ? selfish ? » en écho à la kaze pour être sûr d’avoir bien entendu ses mots prononcés dans la cohue, comme si elle ne venait pas de l’insulter. L’information ne montait pas, ou n’était-il simplement choqué. « yes, i am ? » répondu curieusement, comme si elle lui avait dit quelque chose de stupide. Oui pour l’égoïsme, et peut-être que oui aussi pour l’insulte. « why that ? oh, bunny, you’re drunk already ? can you seeee me.. » ajouté en rigolant, se moquant avec légèreté, ne le pensant pas vraiment mais jaloux qu’elle en soit déjà à ce stade. « what’s with the asshole, never thought i'd hear you say something like that. new year, new you? »

unhappy new year

sa présence est comme un poison, s'infiltre sous la peau pour attaquer le système. ses mots comme d'infinis couteaux pour rouvrir les plaies et en sculpter de nouvelles avec l'insouciante écoeurante qui lui collait à la peau. et c'est à se demander ce qu'elle a bien pu lui trouver un jour -- à finalement voir tous les défauts et les drapeaux rouges (( ceux-là même qui l'avait fait tomber, sans doute )). la colère change, ne se veut plus diriger vers le kasai, mais contre elle-même ; contre la candide gamine qui avait cru en lui, en eux -- à perdre son temps à chasser un imbécile. moqueur, il est fidèle à lui-même marlon ; se joue des sentiments pour prétendre à la surprise quand ils explosent. yes, i am. yes, you sure are. et elle se fait violence la poupée, ravale la colère pour ne pas perdre la face devant tous les invités. verraient-ils quoi que ce soit dans leur ivresse? stop treating me like a fool. même si elle l'avait été... trop longtemps. les nerfs au bord du gouffre, elle joue avec le feu à rester à ses côtés, espère peut-être au fond qu'il la poussera, lui donnera la chance d'expier toute cette colère en elle. why? is it wrong to call an asshole an asshole? is it surprising?

unhappy new year

Son regard sur elle est toujours rieur, ne prenant rien au sérieux et surtout ce soir-là où l’heure était uniquement à la célébration de la nouvelle année. Pourtant, Hanui semblait tout sauf heureuse. Les lumières n’aidaient pas à voir son visage, mais elle était bizarre comme ça, elle l’avait toujours été depuis leur séparation et les quelques fois où il se tentait à prendre des nouvelles avec les mêmes idées en tête. Et Marlon, il n’avait jamais compris pourquoi elle ne faisait au moins pas semblant de s’énerver. Il le méritait, il le savait. Il l’avait attendu même, un peu plus tard après avoir réfléchi posément aux sms mais rien n’était venu, alors le kasai la voyait comme une sainte. Elle était d’autant plus bizarre maintenant, plus honnête. « i'm not, i'm just being honest. » avec un ton qui n’aidait pas à sa crédibilité, mais il était sincère ici, depuis le début. Nouvelle année, nouveau visage ? Comme l’étrange double d’elle qu’il avait croisé en fin d’année, se rappelant aussitôt de son existence. Il a les yeux ronds quand elle l’entend parler de la sorte, il aurait presque envie de lui demander si elle était possédée par quelque chose mais il n’était pas prêt à recevoir sa première gifle de l’année. « nah, but coming from you yes. » Il se gratte la tête et essaie d’articuler les pensées qu’il avait en tête, « you’re.. hm.. i don’t think i’ve ever heard you talk like that yeah. too soft-spoken, doesn’t speak her mind. maybe that’s why i- » et pause ! pas toutes ses pensées non. maybe that’s why i left you. i was bored.

unhappy new year

grand air idiot qui se présente sous les prunelles trous noirs ; la confusion qui bouffe les traits de l'ancien amant. comme un enfant qui découvre que santa n'existe pas, qu'un mythe s'écroule sous son regard. et sans doute avait-elle sa faute dans l'histoire. gamine trop effrayée à l'idée de se dévoiler, incapable de montrer les sentiments noirs l'ayant consumé ; de ses larmes bleues ayant coulés sur les joues trop fréquemment, aux baisers carmins posés sur d'autres épidermes dans l'espoir de lui rendre chaque affront. jalousie sarcelle lui bouffant le coeur de le savoir avec d'autres... sans pourtant qu'aucun mots ne franchissent les lèvres. à tenter de protéger un égo déjà fragmenté, elle avait piétiné ce qui lui restait. et pour quoi? pour rien, pour un homme qui ne l'avait jamais aimé et qui ne l'aimerait jamais. des espoirs vains et une colère grandissante ; rage d'avoir perdu son temps et gaspiller ses émotions... rage d'avoir été aussi stupide, ire de savoir qu'elle refera sans doute l'erreur, car elle a ainsi été conditionnée. sans doute vaut-il mieux limiter les dégâts et partir, elle ne tirera rien de plus de lui, si ce n'est plus de plaies à panser... de nouveaux maux à subir. et peut-être qu'elle aurait pu, tourner les talons et l'abandonner là, au centre des convives... si seulement il s'était tu. maybe that's why you what? le sang bouillonne dans les veines alors qu'elle s'approche, pointe un ongle acéré contre son torse et ses prunelles obsidiennes dans les siennes. go ahead, finish it. et dans la voix se glisse le chant des sirènes. beauté surnaturelle le guidant vers le précipice d'où elle le pousserait bientôt

unhappy new year

l’euphorie redescend, et ça l’emmerde d’un coup. c’en était même plus drôle. il pouvait le sentir là, la distance qu’il y avait entre les deux, et tous les autres fêtards aux alentours. marlon le savait, il était dans le mauvais camp, pas à la bonne place, dans cette bulle sortie de nulle part. fallait qu’il boive encore, il avait pas envie de réfléchir ce soir, mais pas moyen de s’extirper alors il vole le verre rempli d’un homme passant à côté d’eux et au eh ! lancé, le kasai lance un regard suffisamment noir de sa hauteur pour que la victime ne s’échappe précipitamment. « fuck. » murmuré dans son verre quand la plus petite lui demande de répéter ce qu’il avait presque dit, liquide du courage, qui était celui de l’échappatoire pour lui, qu’il vide en quelques secondes avant d’abandonner le verre, le désir présent d’avoir les mains vides. se rappelle vaguement de paroles lancés par shiro à propos du dossier hanui, qu’il allait encore ne pas écouter, et est secoué par le regard de celle-ci, et de sa voix. « oh don’t you dare... » glissé même s’il était déjà trop tard. il se résiste pas, marlon. ça servirait à rien. et si elle voulait quelque chose, elle n’avait qu’à le dire, n’est ce pas ? les lèvres s’étirent alors qu’il sent l’alcool faire son effet, un délice.   « ya know, i always felt like you were acting like someone you weren't. ... wow that’s deep. » qu’il ricane, de lui-même cette fois. « you’re boring, bunny. so boring i had no other choice. your beauty, it’s not enough. » il manque de voler un énième verre, mais tous ses mots, ça a suffit à le réveiller. quelle soirée. « that what you wanted to hear ? c’mon, hanui, you should move on. »

unhappy new year

il ricane, moqueur, mesquin. ricane d'une insouciance calomnieuse, sans s'arrêter un instant pour réfléchir à la violence des mots. parce qu'elle lui a demandé, et que rookwood n'a pas besoin de plus pour déverser la vérité empoisonnée. ça lui coupe le souffle un instant à la belle ; l'ichor semble quitter ses veines, la laisse parcourue de frissons glaciaux alors que les crystaux limpides se glissent jusqu'aux prunelles sombres. énergie, amour et larmes flambées pour le géant égoïste -- ingénue ayant offert sa confiance à celui qui ne l'avait mérité, à lui donner des chances qu'il ne désirait pas, même après avoir dévoilé ses vraies couleurs. elle n'avait qu'elle-même à blâmer pour les espoirs assassinés, que ses yeux pour pleurer de sa stupidité d'avoir cru en celui qui l'avait largué d'un pendu. oh, comme elle aimerait que ce soit sa silhouette qui pende à la corde, s'heurte aux mots inoubliables.


le choc passe, ravagé par une colère magma. les pupilles noires s'étendent à la sclère, recouvrent le regard de ténèbres ; les plumes fendent la surface de l'épiderme ; les mots manquent, refusent d'émerger. alors c'est la jambe qui s'élève, vient se heurter à la fragilité du voyou. un vague de satisfaction parcourt la belle quand les traits de l'ancien amant se tordent de douleur, quand il tombe enfin du piédestal d'insouciance sur lequel il se tenait fièrement. les doigts agrippent le menton, force le géant à la regarder dans ses yeux obsidienne alors qu'elle prononce les mots, lentement, délibérément ; le maudit de tout son cœur qu'il a piétiné.


i think you've had enough fun for today. le chant de la sirène quitte les lèvres avec une froideur irrésistible ; ça ne lui ressemble pas. belle et royale, létale. et si les pouvoirs étaient plus forts, peut-être aurait-elle réussi à le ruiner plus longtemps... mais la malédiction ne saurait dépasser la fin de la soirée -- quelques heures d'enfer, au plus. et ça lui suffit à la poupée alors qu'elle l'abandonne sur le sol froid, avant que la foule ne s'intéresse d'un peu trop près à leurs affaires.