–– the kingdom will sway

the kingdom will sway. 19 février 2022 w/ @ryuzashi jun.

les maigres rayons disparaissent au travers les fenêtres à mesure que la soirée s’installe. des visages se présentent, traversent tes pas avec empressement – et rejoignent les antres du temple pour les combats qui commencent . tu leur fais défaut pour l’instant, peut-être même pour la nuit. les affaires fonctionnent même sans ta présence, tous accoutumés au déroulement des soirées – et toujours sous bonne surveillance. plus occupée à rassembler tes affaires dispersées dans cette autre salle, après t’être entraînée avec d’autres yakuzas du clan. tu attrapes un chiffon propre et commences à nettoyer le naginata pour lequel tu as troqué tes katanas. t’as les pensées occupées. assiégées. par ces mauvaises nuits qui se cumulent d’autant plus depuis que minato s’est présenté au gala sous tes traits. encore profondément agacée de son insolence. et tu repenses souvent, à ses regards presque trop légers contre les tiens. à ses mains presque trop familières en dépit des années envolées. à ce putain de baiser de fuyard – dispersion sale. minato est omniprésent et tu meurs d’impatience, de retrouver ces sourires mutins pour mieux les arracher à ces terres. excès de colère qui ramènent toujours plus de ces êtres informes qui font de tes paralysies nocturnes, des supplices. en témoignent les récentes traces qui serpentent le long de tes tibias, dans l’ombre de tes vêtements. tes lèvres se pincent, contrariées. et tes gestes s’acharnent plus brutalement sur le bois du fauchard. l’idée de prendre quelques verres s’immisce en même temps – peut-être que ce soir n’est pas un temps à accorder à l’arène. plus un moment pour détremper les plaies purulentes dans les liqueurs anesthésiantes.

sur ces bonnes pensées dans les ombres des piliers, des pas s’amènent. tu les entends tardivement – et peu de personne se targue d’assez de discrétion pour que tu ne les remarques qu’au dernier moment. nombre d’entre eux sont assez proches dans ton cercle restreint pour que tu leur accordes moins de vigilance. et il y a les autres, les tiens. tes frères. ceux aux disciplines similaires. les semelles de tes godasses effleurent les planches en silence, de ces mouvements presque dansants qui s’accordent à tes manières de t’entraîner. ta jambe gauche glisse sur le côté et seul ton buste pivote pour étendre tes bras vers la présence – jusqu’alors restée silencieuse, comme par politesse. la pointe de ton fauchard vient cueillir la jugulaire du courtois visiteur, mais d’un simple effleurement. aucune intention de blesser la personne. simplement tes usages parfois délirants de souhaiter la bienvenue à quelqu'un.

en remontant le manche en bois et la courbe de la lame, ton regard se heurte nonchalamment à celui de ton frère aîné. ha. un jun aux traits impassibles, beaucoup trop accoutumé à tes manies farfelues. s’il est exaspéré de ton comportement, il n’en montre rien. « hey. » tes lèvres s’étirent d’un sourire pour humaniser tes mornes intonations.  « i didn’t expect you. » tu ne feins pas la surprise, remarquée simplement d’un haussement de sourcils. les secondes s’étendent un peu, dans ces mêmes postures – avant que tu ne te redresses doucement, faisant disparaître ton arme d’un sortilège informulé. dans quelques grains de poussières, le naginata s’efface de tes mains pour siéger à nouveau sur ses attaches le long du mur. tu te retournes en étirant tes bras vers le plafond, « to what do i owe the honor of your visit? » pour ensuite rassembler quelques affaires qui traînent. moqueuse dans ces mots que tu traînes sur la langue comme un avertissement. tu jettes un coup d’œil par-dessus ton épaule – « you don't look like you came to fight. » pas comme tu l’entends, remi. les combats s’amènent mais tu ne les pressens pas encore. ton attention se reporte à ce que tu ranges tranquillement, d’entre quelques gestes et d’autres formules. « i was about to have a drink. » tu attrapes finalement une bouteille de soju qui traînait sur l’un des buffets, « wanna share? » tu te retournes à nouveau vers jun, secouant l’alcool comme une invitation. deux verres apparaissent dans ta main libre – laissant entendre qu’il n’a, de toute façon, pas le choix. premier caprice de la soirée.  


prima luce, mk. (c) icon, prima luce

the kingdom will sway. 19 février 2022 w/ @ryuzashi remi.

sensation de familiarité s'exsude de sa prestance, à s'imposer en maître incontesté dans ces lieux autrement dominé. ici c'est un peu chez lui. c'est une part de son histoire qui s'inscrit encore dans ses récents récits, sous les traits d'un certain combattant dont il préfère encore et toujours taire le nom. mais ce soir il n'est pas là pour un amant. ce soir, il a un combat à mener. ce soir, c'est l'un des siens qu'il doit affronter.

ses pas le conduisent distinctement vers la salle où il sait la trouver, avant de se figer sans peine face à ce chaleureux accueil, tendrement accordé par sa soeur. le regard plonge dans les profondeurs de ses orbes ténébreuses ; l'ombre d'une réprimande dans ce simple contact visuel, sous des traits encore voués à l'impassibilité. les paroles fleurissent sous ses lèvres, mais l'aîné préfère rester muet. il n'a pas l'intention de s'excuser pour sa présence, qui sera bientôt justifiée.

sa silhouette file, tandis qu'il s'autorise à flâner presque curieusement dans la salle. la question lui arrache un singulier rictus — elle avait l'art et la manière de toujours la ramener. « you should know by now why i came here... » parce qu'il sait qu'elle possède de nombreuses cartes en main, mais qu'elle se refuse de dévoiler. l'offre se présente à lui comme un devoir et quelque part ça l'arrange — « sure... we need to talk anyway, might as well make it pleasurable » sourire de complaisance se dessine sous ses lippes, comme un jeu entre eux à savoir qui sera le plus sarcastique de deux. les corps prennent place tandis que les regards se jaugent — « so tell me... what could be so bad in your life that you need a drink ? » l'insolente morsure qu'il inflige avec le sourire. à lui rappeler l'insignifiance de son existence. à titiller ses nerfs pour la rendre prévisible, jusqu'à briser le loquet de ses secrets : qu'elle confesse elle-même son méfait. c'est par ces règles qu'il jure d'apporter la vérité.

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