apocalypse,,

— prénom & nom ;
au malheureux, on dérobe un patronyme qu'il n'aura jamais la chance de connaître. les moires lui préfèrent le nom de la mère courage. il sera morozov, pour toujours se rêvant autre. chaque identité rencontrée pourrait être sienne, songe le bafoué à qui l'on refuse le plus grand des honneurs que l'on peut faire à un enfant : le nom de son géniteur.

lazar, glaciales réminiscences d'une existence qui lui est étrangère. murmuré, le prénom se veut prière. (( dieu a secouru. )) seul éclair de lucidité dans sa vie chaos, à défaut de pouvoir protéger son bambin, la matrone l'abandonnera au patronage divin.

— lieu de naissance & âge ;
si le faciès semble juvénile, l'âme est à jamais abîmée. myocarde décharné par des années de railleries cruelles et d'insultes quant à son triste statut, lazar, il a vieilli plus vite que tous les autres. vingt-deux années aux saveurs d'infini.

les premiers cris qu'il a poussé sont venus mourir dans le brouhaha des rues du kantô magique. pauvre femme mettant au monde un fils face contre terre, la boue comme premier berceau.

— nationalité ;
engeance maudite, le garçon ne récolte que silence à ses interrogations désespérées. terrible carmin qu'est celui des souillés : lazar n'est rien, ni personne. l'identité sans couleurs, on l'affuble d'un passeport du russe dont il n'a jamais senti la terre. fuite du géniteur l'euphorie passée, ses racines sont demeureront secrètes pour l'héritier qui restera dans l'ombre tout le reste de sa vie.

— baguette ;
particulièrement petite par rapport à la carrure du soviétique, elle est cependant sa plus belle possession. le bois de chêne blanc dont la baguette est faite est un formidable ode à ses racines, et assez souple pour laisser deviner l'ouverture d'esprit dont son propriétaire fait preuve. à première vue, l'artéfact est simple, à peine vernis. c'est son manche qui révèle sa beauté : des dessins gravés par le sorcier lui-même avec un couteau de fortune. formes et symboles dépourvus de sens, agrégés en une œuvre d'art que lui seul sait lire. tout ça a peu d'intérêt pour lazar: ce qu'il chérit le plus, c'est de savoir qu'en son coeur trône un cristal de vulptex. trésor pour l'enfant des rues.

— élément, groupe ;
oh, le gamin d'alors n'avait d'yeux que pour la statue du petit chien se mouvant près de lui. l'idiot délaisse les quatre autres yōkais, et bienheureux il est quand le tanuki le choisit, (lui aussi). fier membre des daichi, c'est le cynisme qui paralyse son faciès quand on affuble sa maison du sobriquet des chanceux. là est toute l'ironie de son existence : la chance, il n'en a jamais eu.

— occupations ;
les printemps défilent tandis qu'il reste invariablement présent sur les bancs de l'académie japonaise. lazar entame sa cinquième année en magizoologie. la tendresse parentale restée inconnue se distille dans l'amour que le russe porte aux animaux et à son environnement. définitivement plus patient avec ses créatures qu'avec ses semblables.

le daichi n'a pas résisté aux sirènes du club d'équitation et en est un des plus anciens membres. les bêtes, la compétition, l'adrénaline. il avouera en un murmure qu'il n'y a que chevauchant qu'il se sent enfin libre.

— situation financière ;
misérable. la matrone tapine tandis que lui est envoyé jouer dans les bas fonds de kantô. ça l'occupe un moment lazar, puis il grandit et il comprend. l'odeur l'enveloppe doucement alors que les hommes quittent les nymphes salies qui s'empressent de jouer les ingénues pour les prochains bienheureux. les cris, les soupirs, les insultes... il a tout connu, trop tôt. fruit du péché, combien de temps aurait-il fallu avant qu'il ne sombre lui aussi dans le chaos ? salvation venu de l'inconnu qui offrira une coquette somme à la génitrice qui dilapidera se fortune nouvellement trouvée dans ses drogues bien aimées. lazar, lui, trouve enfin le parent que tout enfant mérite.

le passage de désolation à abondance a été difficile pour le gamin qui rechigne encore à trop dépenser. il préfère mettre de côté lazar, au cas-où. il n'a pas encore touché l'héritage sali de l'ichor du paternel assassiné par ses frères et ses soeurs. il s'y refuse.  

— orientation & statut civil ;
seules les courbes féminines trouvent gloire à ses yeux. les femmes sont beauté là où les hommes ne sont que violence. il a envie d'aimer lazar, mais il n'y arrive pas. coeur inanimé, son âme n'est réchauffée que par des ardeurs nocturnes, passagères, mortelles.

— particularité ;
on le murmure monstre. hensoku zouwu, lazar jouit d'une vitesse surhumaine et tous les avantages qu'une iréelle vélocité peut provoquer. fervent opposant au joug ministériel, le gamin refuse de se faire recenser sur les listes, abhorre les pantins qui paradent dans les publicités dont la population est gavée à longueur de journée. soldat de la liberté, malheureux combattant d'une guerre fratricide.

— amortentia ;
odeurs souvenirs. oh, c'est cruel. les seules effluves qui animent ses veines décharnées sont le tabac froid des cigarettes agonisant dans les cendriers de l'établissement dans lequel il a grandi, celle du charme acclamant à laquelle lui non plus ne peut plus résister, et enfin le parfum du linge de la chambre qu'il partageait avec ses frères et soeurs au manoir.

la matrone fuit sa belle russie et se réfugie sur l'île japonaise, tente d'échapper à ses créanciers. elle n'est rien pour eux, juste une pauvre fille droguée, épitome d'une jeunesse gâchée. une maison close de kantô devient à la fois refuge et prison. lazar naîtra quelques années plus tard. gâchis. il ne mérite pas cette vie. · · · il en est libéré quelques années plus tard, quand un homme propose une existence meilleure au gamin. il est adopté par le docteur reed fleming. il le rejoint rapidement dans son manoir et s'aperçoit qu'il n'est pas le seul enfant. tous ont un point commun : ils jouissent de dons inexpliqués. · · · c'est avec leur nouveau père que tous commencent la maîtrise de leurs particularités. tout sont élevés pour servir le bien. bientôt, ils ont un nom : les hensokus. lazar est le deuxième arrivé d'une famille qui comptera huit frères et soeurs. un clan de talents hors du commun. · · · ils ne seront jamais recensés au ministère de la magie. reed ne le veut pas. on ne questionne pas papa. puis plus ils grandissent, plus la grogne des adolescents résonne : ils ne veulent plus être les monstres que l'on cache. ils veulent la liberté et la gloire : ils sont tous des créatures incroyablement uniques et méritent d'être encensés en tant que tels. réprime du paternel qui sait leur bêtise utopique. lazar est de ceux qui le suivent et calme la progéniture rebelle. · · · gamin bercé dans les idéaux de paix du père, le russe est un garçon plutôt détendu et sympathique. animé par l'ambition de prouver à tous qu'il n'est pas ses géniteurs et qu'il peut réussir là où ils ont échoué, il n'a que la liberté comme paradis. son seul défaut est l'amour qu'il porte aux soirées en tout genre, au grand damn de son paternel qui le voit sombrer dans les mêmes travers que sa chère mère. · · · s'il arrive pour l'instant à se limiter dans l'usage des drogues, moins de l'alcool, il est rare de trouver lazar sans une éternelle clope pendant aux lèvres. tout est prétexte pour s'empoisonner. · · · contre toute attente, le japonais est sa langue maternelle. les rares fois où il s'exprimait en russe étaient quand sa mère lui chantait des berceuses ou quand ils partageaient des secrets. ils ne voulaient que personne ne les comprennent. sans pratique pendant des années, il a totalement perdu la maîtrise des rares mots qu'il connaissait. lazar maîtrise parfaitement l'anglais, langue de sa famille de coeur. · · · casse-cou, le garçon est toujours prêt pour l'aventure. quand sa mère l'abandonnait pour la journée dans la rue, il n'avait pas d'autre choix que de s'amuser comme il le pouvait. depuis, il a gardé ses réflexes d'explorateur urbain. son terrain de prédilection reste la nature. plus elle est sauvage, mieux c'est. il n'y a que dans ces milieux qu'il est heureux.