100 bad days.

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february 23rd, 2022 | ([Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien])
un énière soupire déchire la machoire, fait perler les larmes brillantes au coin des prunelles que les doigts viennent ceuillir, effacer les traces avant qu'elles ne puissent être éternisée sous les clichés de ses fans. comme il lui manque le temps où il n'y avait pas cette popularité supplémentaire à peser sur les épaules ; quand il n'était que l'apollon du cursus de droit et sciences politicomagiques, à observer au détour d'un couloir, et pour les plus chanceu.ses lors qu'il s'assoupissait sous la fenêtre, rayons de soleil caressant les traits divins. aujourd'hui réduit à fouler les murs de l'université à la recherche d'un recoin oublié, les pas s'enchainant à rebours de la foule estudiantine, l'entrainant loin des bruits et des âmes. gauche, droite, gauche à nouveau, à se perdre dans l'immensité des pavillons. c'est comme si l'école elle-même avait écouté ses prières (ou sans doute étais-ce plutôt le destin, s'amusant de leurs malheurs), le guide jusqu'à une salle qui semble oubliée (s'il avait su ce qui l'y attendait, sans doute aurait-il rebroussé chemin). mais il ignore tout de ce qui l'attend, alors la main se pose sur la poignée et pousse.

un nouveau baillement glisse sur les lèvres, brouille la vue quand les traits se froncent un instant. et c'est elle qui apparaît devant ses yeux sombres quand la réalité lui revient. gamine qui l'insupporte et dont il se délecte des malheurs. c'est puéril, c'est juvénile, mais surtout, plus fort que lui ; la haine est née il y a longtemps, et c'est ensemble qu'ils l'ont entretenus, tel un enfant maudit dont ils seraient les parents damnés. what're you doing here belacqua? not fawning over some dude? laisse le venin dorer les lèvres avec un sourire narquois. il s'amuse de lui rappeler sa plus récent humiliation ; une semaine plus tôt, le visage écrevisse devant un jeune homme dont il avait oublié et l'apparence, et le nom (s'il l'avait simplement connu un jour, probablement pas). how about you fuck off, i'd like to get some sleep. il est trop tard pour reprendre la recherche, trop paresseux épuisé pour ne serais-ce que contempler l'option. préfère simplement se faire roi pour l'éjecter.

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february 23rd, 2022
Et comme d’habitude, Gaia se noie dans le travail pour ne pas penser au reste, dans le déni et dans sa bulle, les doigts qui remettent régulièrement une mèche derrière l’oreille et la langue qui dépasse parfois un peu des lèvres, symbole de toute la concentration dont elle fait preuve. Entourée de parchemins et de livres anciens, elle cherche une solution introuvable, persiste, prend des notes avant de les raturer, décidément pas convaincue par ce qu’elle finit par gribouiller. Il y a autant de notes que de schémas d’ailleurs, mais rien qui ne dit précisément sur quoi elle travaille, il faut dire qu’elle-même ne le sait peut-être pas tout à fait. Elle a trouvé une place dans une salle vide après avoir étudié les emplois du temps, sûre de ne pas être dérangée, loin du bâtiment habituel de technomagie ou d’arts.
C’est évidemment pour ça qu’elle l’est, dérangée, qu’elle entend la porte s’ouvrir derrière elle mais qu’elle choisit de l’ignorer, penchée sur ses livres et ses notes. Ne se retourne même pas pour voir si c’est un visage connu, mais à y réfléchir peut-être qu’elle aurait dû (même si ça n’aurait rien changé). “What're you doing here Belacqua? Not fawning over some dude?” La voix est évidemment reconnaissable entre toutes, ce ton insupportable qu’elle a appris à exécrer, cette arrogance qui pue le Koh et le monstre. Elle lève les yeux au ciel, répond d’un ton un peu exaspéré. “I’m working.” Ne daigne même pas se tourner pour le regarder et fait mine de continuer son travail, en ignorant sa remarque — ou plutôt en ne la comprenant pas, jusqu’à ce qu’elle saisisse ce dont il parle et que ses joues se mettent à rosir en repensant au gala, lorsqu’elle s’est ridiculisée devant Lazar (pour ceux qui la connaissaient un minimum, en tous cas). “How about you fuck off, I'd like to get some sleep.” Mais elle ne bouge pas, l’ignore royalement. Sait qu’il ne partira pas, évidemment, qu’elle ne fait que retarder la confrontation. Et quand il s’impose à elle, encore, et que cette fois elle le regarde droit dans les yeux, elle répond d’un ton sec. “Yes, sure, et tant que tu y es tu voudrais peut-être que je fabrique un coussin pour que ta sieste soit plus confortable ? Dors la nuit, comme tout le monde.” La remarque lui est adressée particulièrement, à ce monstre qui doit sûrement préférer la nuit, alors qu’elle persiste encore à vivre au grand jour, le plus normalement possible.

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february 23rd, 2022 | ([Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien])
oh, comme c'est amusant, délectable même, quand le carmin teint les joues, quand le cœur bat un peu plus fort dans le silence de la salle ; pulsation silencieuse s'élevant pour devenir rugissement pour les créatures comme eux. encore plus réjouissant de la voir pointé le nez un peu plus dans ses parchemins, tenter vainement de l'ignorer (à croire qu'elle ne le connait pas). porte fermée, verrouillée d'un tour de main envoutée ; pour bloquer les intrusions, sans considération pour la gamine -- elle n'a qu'à se débrouiller si elle veut le fuir. la silhouette silencieuse du monstre s'approche, glisse entre les tables sans bruit. ferme les rideaux d'un mouvement de doigts magiques pour plonger la salle dans une pénombre qui lui convient bien mieux ; créature de la nuit plus que du jour -- à bien se moquer de ce qu'elle appelle insulte. noirceur qui fait ressortir les compulsions, le monstre s'éveille dès que les rayons de l'astre solaire sont voilés ; pour lui, comme pour elle. le petit prince en a fait sa mission de ne jamais laisser la gamine oublier qu'elle est comme lui maintenant, elle aussi appartenant aux ténèbres, qu'elle le veuille ou pas. satisfaction mesquine de voir le désespoir miroiter au fond des prunelles. sans gêne aucune, il s'installe au coin du bureau, envahit son espace d'une main pâle pour voler le carnet de notes ; prétends être intéressé alors qu'il n'y a rien de plus ennuyeux que les schémas sans explications. il lui offre un sourire, dévoile les crocs pointus qu'il n'a aucune raison de cacher devant elle -- se délecte au contraire de ses réactions viscérales. i won't say no since it's proposed so nicely. moqueur, narquois -- à se jouer de cette pseudo répartie. relache (jette) le carnet au-dessus de son épaule, chute silencieuse s'achevant en un bruit de papier froissé au sol. pose la main contre la table pour approcher, visage divin impossible à éviter maintenant qu'il envahit son espace ; sourire villain tout en crocs. i don't sleep well alone, wanna join? sous-entendu salace. il ne fait que la chercher, jouer de ses réactions -- se venge de tous les affronts faits envers les siens à travers les années, avant que le destin ne frappe, se moque d'elle à son tour.

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february 23rd, 2022
Avec lui, les respirations sont en sursis, le cœur accélère ou bien ralentit — de rage, d’exaspération ou d’attente, parce qu’elle ne sait jamais comment il va réagir, parce qu’avant la Chute, il lui aurait suffi d’une seconde pour la blesser, s’en nourrir, ou pire. Il ne l’a jamais fait, se contentait de la bousculer, de la pousser dans ses retranchements. Et elle s’efforçait et redoublait d’indifférence, les traits fermés, certaine de ce qu’elle pensait (et surtout, certaine de sa mère, à ne jamais remettre en question ce qui lui avait été inculqué, nourrissant une haine sans fins ni frontières).
Mais maintenant ? Désormais le plaisir lui semble encore plus grand, le sourire narquois qu’elle devine sans même avoir besoin de se retourner, la tête penchée qui persiste à vouloir étudier, l’ignorer, désespérée parce qu’elle sait que c’est impossible. Les yeux se lèvent par surprise lorsque les rideaux se ferment, les uns après les autres. Gaia serre les dents et continue à faire semblant, ignore les sensations de son propre corps une fois la pénombre imposée. Elle s’abhorre de ressentir cet apaisement, ces picotements d’excitation, cette adrénaline à la con, et elle fait tout pour ne rien lui en montrer, trop fière (et trop brisée, pas encore remise de ce cauchemar). Son carnet confisqué, Gaia soupire d’exaspération, lui adresse une remarque amère, les yeux qui se détournent de son sourire pour se braquer dans les siens, se forcer à le regarder, le confronter — si c’est encore un sourire, puisqu’il est noirci de ces crocs insupportables et monstrueux. “I won't say no since it's proposed so nicely.” Et évidemment Deion s’impose, envoie valser son carnet (tant pis, elle le ramassera une fois qu’il aura enfin quitté la pièce et l’aura laissée tranquille), se rapproche tellement qu’elle doit faire un effort surhumain pour continuer à fixer ses yeux et ne pas regarder le reste. “I don't sleep well alone, wanna join?” Elle laisse échapper un rire, de surprise et de mépris, un peu étonnée de cette nouvelle provocation mais suffisamment habituée à le détester pour ne pas se laisser (trop) intimider. “Aw, a big boy like you needs a stuffed animal to sleep? Seems like a ‘you’ problem.” Aimerait avoir la force de le pousser hors de son champ de vision et récupérer son carnet, mais elle n’a jamais su aller plus loin, dépasser les mots pour se battre avec les poings. Elle ne gagnerait sans doute pas, de toutes façons. Alors elle se lève et récupère le carnet avant de se rasseoir à sa place, la plus indifférente possible à sa présence.

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february 23rd, 2022 | ([Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien])
c'est qu'il a un flair pour le dramatique deion (( il est le fils de ses parents après tout )), prends soin à préparer la scène. sourire satisfait qui s'échappe en un uniquement ricanement quand la tête s'élève, mèches brunes tombant en cascade contre le dos, pour assister aux derniers rayons avant qu'ils ne soient coupés par les rideaux. s'amuse encore plus de ses tentatives d'indifférence, alors qu'il sent le pouvoir courser dans ses veines maintenant que le terrain leur est propice. s'imagine sans difficulté que les sensations d'une délivrance succulente sont miroirs chez la poupée.

il doit avouer que son self-control est respectable ; peu de gens arriveraient à garder leur calme dans une telle situation. doit aussi avouer qu'elle fait naitre le mépris chez lui ; à s'efforcer de persévérer dans cette pseudo humanité. gamine s'improvise à la répartie, cherche au fond de l'esprit les mots les plus blessants qu'elle connait pour les lui régurgiter au visage dans une tentative médiocre. ses insultes sont aussi faibles que sa capacité à se défendre ; à toujours encaisser, sans jamais riposter. la voilà qui s'élève, choisis de récupérer le carnet perdu. you almost look good when you're on your knees. lancé de la table alors qu'il se tourne vers, laisse ses jambes envoyer valser tous ses effets au sol alors qu'elles glissent sur la surface lisse. maintenant que la surface est libre, le corps s'y laisse choir. main sous la tête, un genou remonté alors que l'autre jambe pend au bout de la table. un énième bâillement délie les lèvres alors qu'il se prépare enfin pour la sieste tant attendue ; la gamine ayant perdu son attention.

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february 23rd, 2022
Avec lui, elle a l’impression de frapper dans le vide ; qu’elle pourra y mettre tous les efforts du monde, ce qu’elle dit et ce qu’elle fait ne résonnera pas, ou plutôt ricochera contre lui pour retomber au sol en silence, comme s’il ne s’était rien passé. Avec lui, ses poings serrés ont l’air de bouées gonflables pour bébé et ses joues rosies ne montrent que la gêne, pas la colère. C’est frustrant, voire insupportable, et Gaia n’a pas cessé de tenter avec les années - jusqu’à ce qu’elle soit punie par le destin et devienne ce qu’elle insultait jusque-là, transformée en monstre mais la main qui s’accroche à son humanité, en se disant que le monde est noir ou blanc, qu’on ne peut être qu’humain ou monstre, certainement pas les deux. Deion n’a jamais été que le second, pour elle, et il en jouait avec délice, alors que ses attaques ne partaient au départ peut-être que de défenses vis-à-vis de la haine des Belacqua pour son espèce.
Et comme d’habitude, ça ne fonctionne pas, il ne réagit quasiment pas à sa répartie, doit la trouver minable, à la limite bien tentée, pour elle. Frustrée, Gaia se penche pour récupérer son carnet, sur le point de se relever, “you almost look good when you're on your knees.” Malgré son innocence et sa candeur, elle comprend tout de suite, les joues qui deviennent cramoisies et la température qui monte, malgré le sang désormais glacial. Ça l’énerve encore plus, parce qu’au-delà de ses joues, son estomac se met à picoter, laisse émerger une boule qui n’a rien à faire là, et elle se déteste de ressentir quoi que ce soit autre que de la colère, toujours perturbée quand on lui fait une remarque de ce genre. Insupportable de l’être aussi quand c’est lui. Elle se relève plus vite pour faire cesser la situation et le trouve allongé, presque apaisé, le reste de ses affaires au sol, l’envie de crier de frustration à défaut de savoir comment se défendre correctement. Pose le carnet sur une table à côté et inspire doucement, en étant la plus discrète possible, comme si elle avait abandonné et le laissait faire sa sieste. Les mains jointes, elle se concentre pourtant, parvient facilement à créer une masse d’eau informe juste devant elle, pour qu’il ne puisse pas la voir, dont elle change la température pour la rendre glacée. Un peu apaisée par l’exercice et la nécessité de concentration demandée par le godaï, elle la déplace toujours en silence, la place juste au-dessus de lui - et la laisse s’écraser sur sa figure et le haut de son corps, l’obligeant à un réveil en sursaut, alors qu’elle ramasse rapidement ses affaires en faisant mine de l’ignorer (malgré tout très fière de ce qu’elle vient de faire).

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february 23rd, 2022 | ([Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien])
dit-moi gaïa, comment tu te sens ? est-ce que t'as envie d'hurler ? ou peut-être de pleurer ? est-ce que tu trouves que c'est injuste ? est-ce que t'as envie de supplier pour que ça s'arrête ? mais tu sais que ça ne s'arrêtera pas, même si tu demandes, même si tu supplies. parce que t'es assez intelligente pour savoir que ce n'est pas aussi simple, que ça ne peut simplement pas l'être. parce que l'histoire qui les lie est longue, et que les blessures et les affronts sont nombreuses -- qu'elles ne peuvent être effacées par quelques larmes  est-ce que tu regrette ? probablement pas, parce que la lueur de dégoût briller toujours au fond des prunelles marron, parce qu'elle s'accroche à son humanité, de peur que le monstre ne prenne le dessus ; sans comprendre que le monstre n'a rien à voir avec sa nature magique, qu'elle prend racine dans les profondeurs de son cœur et s'étend dans chacun des membres afin de prendre le contrôle de ces capacités. bien avant d'être mordue, gaïa avait été et était monstre ; monstre d'ignorance et de haine à répandre son venin autour d'elle. lui ? il ne se prétendait ni saint ni ange, était tout aussi monstre, si pas plus, mais il ne blâmait pas ses crocs, ni sa relation tendue avec l'astre solaire, s'il devait blâmer qui que ce soit ( mais il ne le ferait jamais ), sans doute serais-ce ses ainés, ceux ayant tracé le chemin des koh avant lui. et s'il comprenait que la faute ne revenait pas entièrement à la jeune belacqua, le plaisir de lui rendre la monnaie de sa pièce, de lui rendre chacune des insultes prononcées par ses lèvres rosées. mais le jeu ne durait jamais très longtemps, gamin ennuyé après quelques minutes à peine ; c'est qu'il avait de plus pressantes affaires à s'occuper.

aussitôt les paupières fermées, semble-t-il s'enfoncer dans les ténèbres. la fatigue constante l'emporte... esprit volant dans le firmament, s'enlise dans les limbes. destination? déversement glacé qui le ramène à la réalité. le haut du corps qui se redresse en panique, le cœur tambourinant à toute vitesse au fond de la poitrine. au bout des doigts, les ongles sont longs et acérés, prêts à percer l'épiderme s'il le fallait. le cri, lui, est mort, noyé par la gorgée d'eau qui s'est immiscée entre les lèvres quand elles se sont entrouvertes. le regard fait le tour de la pièce, s'assure qu'il n'y a aucune menace, alors même qu'il n'entend que deux cœurs dans la pièce : le sien, et celui de celle qui ne pouvait être que la fautive. état d'alerte relâché, il jette finalement un coup d'oeil à son état ; les mèches sombres sont trempées, pendent devant les yeux, la chemise rouge l'est aussi, collent à l'épiderme, et en se relevant, le liquide s'est frayé un chemin pour mourir absorbé à la taille par le pantalon. is that how you flirt? une main se glisse dans les cheveux pour les repousser vers l'arrière, libéré sa vue des gouttelettes y étant suspendues. il quitte la table, fait attention à ne pas toucher aux flaques qui y sont restées. il se retourne vers la silhouette encore occupée à ramasser ses affaires. get them drenched so they'll remove their clothes? les doigts s'affairent à défaire les boutons de la chemise avant qu'elle ne contamine à son tour le t-shirt... mais c'est trop tard, le tissu noir est déjà trempé et colle à l'épiderme. you know that's sexual harassment right? il laisse tomber la chemise sur la table inondée, et le tissu mouillé s'y écrase avec un bruit imposant. et sans doute le sent-elle, son regard froid, glacial, qui la suit dans chacun de ses mouvements. nouvelle ligne qu'elle vient d'ajouter à la longue liste des insultes à lui rendre.

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february 23rd, 2022
C’est frustrant - non, c’est même insupportable. C’est un océan d’incompréhension, d’insultes et de tensions, une planète bleue de détestation. Gaia n’était pas responsable, c’était vrai, suivait la haine d’une autre, de son miroir. Elle n’y avait jamais réfléchi, ne l’avait jamais remise en question, parce que c’était logique, parce que sa mère ne mentait pas ; parce qu’à cause de ces monstres, Gaia était orpheline de père (sans savoir qu’elle l’était plutôt de sœur, et que ce n’était pas la faute des rokurokubis, mais celle de sa mère). Alors elle s’y était plongée sans retour en arrière, avait embrassé la haine et n’avait pas pu s’en défaire, même quand elle avait été elle-même transformée. Et c’était insupportable, qu’il le lui rappelle sans cesse, alors qu’il avait respecté ce qu’elle avait demandé, cette nuit-là. Alors qu’ils auraient pu se quitter, pas bons amis, mais au moins dans une sorte d’entente étrange ; elle morte, lui indifférent, peut-être avec moins de ressentiment.
Mais ce serait trop facile.
À la place Gaia tente de se défendre maladroitement et Deion se relève en sursaut, le cœur à bout de souffle, à chercher une menace inexistante, parce que ça ne peut être qu’elle. “Is that how you flirt?” Elle est trop choquée par sa réponse, la bouche qui s’entrouvre et les joues qui se parent de rouge, voudrait répondre mais n’a pas les mots - bien sûr, comme toujours. Elle préfère l’ignorer, termine enfin de ramasser ses affaires éparpillées, les traits aussi fermés et durs que possible. “Get them drenched so they'll remove their clothes? - what?” Il répond à sa question d’un geste, la chemise doucement déboutonnée enlevée, et Gaia devient rouge tomate alors qu’il ne l’a même pas enlevée, le cœur qui se met à partir en fanfare (c’est insupportable). “You know that's sexual harassment right?” Elle détourne le regard, se force à résister au magnétisme de sa beauté mystique. Sauf qu’il peut entendre son cœur, voir ses joues, peut-être même sa frêle poitrine se soulever à toute vitesse. Peut deviner qu’elle n’est pas insensible et qu’elle déteste ça - et quand finalement ses doigts arrivent au pantalon, qu’il est sur le point de le déboutonner aussi, Gaia se dit que c’est trop. Prend la fuite en catastrophe, d’un “Ughh” lancé, de colère et de frustration, ses affaires dans les bras, un sortilège informulé bredouillé une fois arrivée devant la porte close. Il faut qu’elle parte, vite, parce que c’est insupportable. Parce qu’elle le déteste, lui et ses remarques acerbes, lui et sa part monstrueuse, lui et sa beauté insoutenable.