don't forget my love. (gaia)

> Okay. I'll be there in twenty minutes.

c’était la réponse qu’elle attendait, mais ces mots suffirent à lui couper le souffle. la notification lue, elle ne prend pas la peine de l’ouvrir et abandonne le téléphone qui rebondit sur le sofa et tombe au sol. pas un seul coup d’oeil n’est jeté, elle ne peut que fixer la porte qui lui faisait face, celle qui allait bientôt s’ouvrir. elle était étrangement calme pour quelqu’un qui venait de passer deux chaotiques semaines, et ce n’était pas parce qu’elle avait décidé de faire la paix avec ça, avec elle-même, loin de là. elle avait été trop conditionnée, plus endoctrinée qu’elle ne l’avait pensé pour accepter la situation avec sincérité, avec bonheur. à vrai dire, la nausée était toujours là. pesante, difficile à ignorer, elle se faisait alors muette alors que son corps était inerte, uniquement rythmé par sa respiration. y avait rien à voir dans son regard, celui qui n’arrivait pas à lâcher le poignet de la porte. peut-être était-ce tout ce qu’elle avait évacué pendant ces semaines qui l’avait rendue si sereine, si vide. malgré tout, la blonde avait été sincère dans ses messages, elles trouveraient une solution à tout ça, une situation qui la ferait retourner à la maison. c’était avec cette pensée qu’elle trouvait la force de trouver un moyen d’accepter la situation. c’est en la rejetant qu’elle avait réalisé ; elle ne pouvait pas vivre sans gaia. elle était sa vie, la raison de toute son existence. alors la seule chose qu’elle pouvait faire, c’est attendre. un son derrière la porte, la porte qui grince et qui révèlera son pire cauchemar sous les traits d’un petit ange. gaia

01.02.22 — @calista belacqua

don't forget my love

Elle ne sait pas si elle a déjà eu aussi peur ; ses mains tremblent, en tous cas, mais pas autant que son cœur. Confuse, perdue, elle regarde son placard et hésite, un sac vide ouvert sur son lit. Elle n’a pas beaucoup de temps, vingt minutes c’est peu. Pas beaucoup de temps et tellement d’incertitudes sur ce qui va se passer, sur la manière dont sa mère va la retrouver, l’accueillir. Elle ignore si elle dormira là-bas ce soir ou si Calista changera d’avis en la voyant, si elle l’a appelée pour lui pardonner ou bien pour mettre fin à ses jours - vu les messages, ça n’a pourtant pas l’air d’être le cas. Peut-être que tout l’espoir n’est pas mort, alors. Mais ça ne répond pas à la question de savoir ce qu’elle doit mettre dans le sac, encore vide. Finit par lancer un pyjama et une tenue, préparer quelques affaires un peu rapidement, les vêtements qui tombent parfois au sol parce que ses mains tremblent trop. Ses yeux voudraient pleurer mais Gaia a la gorge trop serrée, ne sait plus ce qu’elle doit ressentir, submergée par la tristesse, l’angoisse, l’amour et le bonheur. À défaut d’en choisir une, elle les ressent toutes.
Elle transplane et manque de se retrouver au mauvais endroit, la main posée une bonne minute sur la porte sans oser la frapper. Peut-être que si elle attend encore un peu, si elle repousse le moment, ça se passera encore mieux ; mais elle doit rentrer, c’est ce que sa mère a dit, elle lui a demandé de rentrer, ce n’est sûrement pas pour la rejeter à nouveau. Alors elle ouvre finalement la porte, les yeux qui croisent aussitôt les siens et le cœur qui se serre. Elle voudrait s’élancer, se réfugier dans ses bras, mais elle ne bouge pas, prostrée, sans oser. Finit par briser le silence au bout d’une minute, la voix qui vacille complètement, déraille et faiblit. “… can I have a hug?” demande-t-elle presque en chuchotant - supplie-t-elle, parce qu’elle n’ose pas encore se dire qu’elle est vraiment rentrée à la maison.

deux semaines semblables à une éternité, et là voilà, hésitante sur le pas de la porte. les traits si similaires, semblables à ceux de sa gaia ; mais elle était plus là, sa gaia. et elle devait apprendre à vivre avec. elle ne pouvait plus la rejeter maintenant, calista. il ne lui restait qu’elle. cette même phrase qu’elle se répétait comme un mantra pour faire avaler la pilule, l’éducation qui remonte et qu’elle tente de freiner. la blonde inspire un coup avant de croiser le regard de la mizu, suppliant. et le plus terrifiant dans tout ça, c’est qu’elle n’arrivait pas à sentir une once de pitié face à cette vision dévastatrice. à la question, la supplication, elle reste muette quelques secondes de plus, incapable d’articuler un mot. calista ne peut que l’observer de sa position, les traits figés dans le temps. une inspiration est nécessaire pour qu’elle se lève de son siège, une seconde l’est d’autant plus quand elle avance silencieusement jusqu’à ce qu’elle soit à sa portée. une main sur la joue de sa cadette, elle observe le visage pâle du rokurokubi de sa fille, inspecte la présence de cernes du rokurokubi de sa fille, et la rondeur de son visage, pour voir si le rokurokubi sa fille avait mangé en son absence. la dernière pensée lui donne un haut le cœur en réalisant que désormais, seul le sang lui suffirait. ses yeux se pressent en un ultime recours, trouver la force d’ignorer quelque chose savamment ancrée en elle lui faisait presque mal. alors pour éviter qu’elle ne voit cette grimace qui risquait de surgir sur ses traits, calista la prend dans ses bras. « welcome home. » murmuré contre son oreille, serrant le corps qu’elle avait fait naître. elle sent son coeur lâché et elle réalise ; c’était ce réconfort dont elle avait besoin pour celle qui n’avait pas parlé à qui que ce soit de cette situation, celle qui préférait travailler pour ignorer la réalité. elle en aurait presque envie de pleurer, émotion qu’elle avale aussitôt avant de finalement se séparer d’elle, les yeux toujours aussi secs et de l’inviter à s’asseoir d’un geste, ne la lâchant pas jusqu’à ce qu’elle atteigne leur fauteuil. derrière, le bruit de l’eau portée à l'ébullition et de la vaisselle qui se nettoyait avant d’être posée sur un plateau suffisait à rappeler que les deux étaient dans leur maison, autrefois si calme et si joyeuse. la blonde murmure quelques mots presque timides, lui précisant son retour avant de partir à la cuisine et d’y revenir solennellement le plateau entre les mains. c’est à partir de cet instant que les prunelles trouvent une difficulté à regarder gaia, et profite d’être accaparé par le service à thé, qu’elle ne boira probablement pas, pour la question et faire cesser ce silence presque insoutenable. « how are you doing ? » avec l’école, avec tes amis.

01.02.22 — @calista belacqua

don't forget my love

Elle n’ose pas, dire quoi que ce soit, penser quoi que ce soit, ressentir quoi que ce soit. C’est comme si sa propre mère était devenue un animal sauvage à apprivoiser et que Gaia ne savait pas par où commencer, ou même si c’était possible. Tout ce qu’elle savait, c’est que Calista lui avait demandé de rentrer. Mais elle n’avait pas dit pourquoi, pour combien de temps, ce que ça voulait dire concrètement. L’une comme l’autre savaient que ce ne serait pas simple, qu’il leur faudrait du temps pour s’acclimater, s’habituer ; presque un an après sa transformation, Gaia ne parvenait toujours pas à affronter les miroirs sans détourner le regard. Alors sa mère, c’était pire. La regarde comme si Calista était le plus imposant des miroirs, le plus effrayant, parvient à lui renvoyer son reflet mais aussi toute la déception et l’incompréhension que lui procurait la transformation de sa fille. Gaia n’ose pas avaler sa salive, respirer, la regarder ; et pourtant elle ne peut pas non plus s’en empêcher, cherche dans ses yeux tout ce qui lui manque depuis deux semaines, tout ce sans quoi elle ne s’imagine pas vivre une seconde de plus. La tendresse, l’attachement - l’amour. Mais avant que Gaia ne craque et que les larmes ne coulent, Calista brise le silence, la prend dans ses bras. “Welcome home.” Et c’est comme une bouffée d’oxygène : au début, Gaia ne réagit pas (n’ose pas), trop surprise de ce contact retrouvé, mais ensuite le cœur se serre, les larmes montent, coulent sans qu’elle ne puisse les arrêter. Les bras en suspens se glissent doucement autour de sa mère, mais elle n’a pas le temps de serrer, de se donner dans cette étreinte si désirée, que Calista se recule déjà ; les bras retombent le long de son corps et Gaia se retrouve sans mots, la bouche entrouverte et les poumons qui ne savent pas comment fonctionner. Obéit et s’assoit sur un fauteuil qui lui semble étranger, comme l’est le reste de l’appartement. Elle ne s’y assoit pas tout à fait, d’ailleurs, est à peine sur le bord, manquerait de tomber si tout son corps n’était pas tendu à l’extrême, incapable de se détendre. Pas même quand sa mère disparaît un instant, revient avec le plateau à thé des invités ; Gaia prend une tasse et s’humecte les lèvres, les yeux dans le vide, même si elle ne sent rien, même si ce n’est qu’une vulgaire tasse d’eau. “How are you doing?” Elle relève difficilement les yeux, affronte le regard maternel. Repose la tasse sur le plateau pour serrer ses mains l’une contre l’autre, tenter de masquer sa nervosité, comme elle le fait toujours. “G-good, hm, school is, good. I spent a few days with Tianyi, but, I have a new roommate now. Her name is Rose, and she-she’s really nice.” La voix tremble mais Gaia fait son possible pour ne pas craquer, pleurer, s’arrêter de parler. Comble les doutes par la voix, puisque sa mère ne semble pas prête à les combler par le pardon ; par l’amour, inconditionnellement. “And, hm, I’m going to the Valentine’s Day gala with Tianyi, I’m excited,” fait-elle, s’arrêtant volontairement avant de préciser qu’elle est aussi stressée à l’idée de se retrouver dans une aussi grande foule. Ce n’est pas le moment d’allumer un briquet près de l’essence répandue dans l’appartement. “How is work?”