(18+) BAD IDEA (seiren/pandore)

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☽. je peux très bien me pas assez de toi

— 10.03.2021 —

Poings serrés et allure nerveuse, il regrettait déjà d’être sorti. It’s just a fucking watch, il aurait du la laisser plutôt qu’être confronté à ses souvenirs, chimères voraces attaquant la veille. Mais elle était importante pour lui, objet précieux de sa propre invention, une des premières, qui prenait un peu la rouille mais jamais la poussière. Attachés à ses porte-bonheurs. Dans un passé-méandre, dont Pandore faisait partie. C’était une erreur. il ne pouvait s’empêcher de le penser à moitié, leurs corps mêlés dans les tourmentes et les passions scandaleuses qui n’avaient eu de cesse de les rattraper. Pourtant, rien ne serait comme avant (qu’est-ce qu’on était, avant?)
Seiren inspira au moment d’apposer sa paume contre le bois poli d’une porte aux allures pompeuses. S’il savait lui aussi goûter aux joies d’une caste plus haute que la normale, sa famille ne jouissait d’aucune rivalité face aux Águilar. Pourtant, il connaissait les dédales des immenses maisons, les bibliothèques fournies, lui avait bien plus d’espace chez ses parents que dans sa chambre étudiante, minuscule et partagée. Mais le privilège était autre. Celui de manquer d’amour, de chaleur et de tout remplacer par les gallions brillant d’audace. Lorsque la porte s’ouvrit, et qu’il découvrit avec un énième fracas le visage constellé de tâches de rousseur, il ne sut si la sensation dans son ventre se composait de dégoût ou d’autre chose. Dents serrées, avant de lâcher les mots coriaces. « Give it back. » Il n’implorerait pas, avait déjà fait l’effort insensé de venir jusqu’à elle. Encore. Alors qu’il était coupable du rejet originel, et de leurs chemins séparés. Goût âcre dans la bouche lorsqu’il laissa sous sa langue rouler les mots insensés. Il regretta la phrase, aussitôt dite. « I lied about not knowing you had a boyfriend. I saw you with him. At Valentine’s Day. He seems nice. » Trop tard.

À chaque fois qu’elle le voyait passer le portail, son cœur se serrait ; pas de tristesse ni de nostalgie, en tous cas c’est ce qu’elle pensait (ce dont elle s’était convaincue?), pas même d’amertume, peut-être de regret. Elle n’était pas parvenue à poser des mots sur ce sentiment, fièrement détachée, passée à autre chose depuis des années, se disait qu’il ne venait de toutes façons pas pour elle. Alors elle serrait le poing et crachait son venin, le répudiait à défaut de l’aimer, vraiment. Elle avait passé les dernières années à se demander si même un instant, dans le reflet d’un miroir ou la pénombre tamisée de l’intimité, elle ne l’avait pas aimé. Si, au moins une fois, son cœur n’avait pas battu pour lui, si sa raison et son esprit appelaient tendresse et affection ce que d’autres auraient appelé amour. Elle s’élançait dans un champ fait de peut-être sans savoir ce qu’elle voulait y trouver ; pourquoi vouloir chercher de l’amour, encore maintenant ? Ou bien pourquoi l’éviter à tout prix ? Est-ce qu’elle avait à ce point peur d’un sentiment qui n’existait peut-être même pas ? Mais évidemment, il avait fallu que leurs corps s’entrechoquent à nouveau, lui embrument le cerveau, la perdent dans le flou d’une relation terminée depuis quatre ans.
Et cette fois quand Seiren passe le portail familial, comme toutes les autres fois, elle est incapable de verbaliser ce qu’elle ressent, adossée contre le chambranle de la porte, si ce n’est qu’un sourcil se hausse de dédain, par habitude, parce que l’animosité leur vient plus naturellement, à elle autant qu’à lui. « Give it back. » Il a le poing serré et le regard fermé, bien plus que la veille ; elle le nargue d’un sourire satisfait, feint la blessure d’une politesse absente. « Well, hello to you too. I am good, thanks for asking. » Mais elle n’a pas le temps de prévoir la suite, coupée par du venin, le sien, cette fois.  « I lied about not knowing you had a boyfriend. I saw you with him. At Valentine’s Day. He seems nice. » Elle se remémore vaguement la soirée mais ne se rappelle pas l’avoir vu, probablement trop occupée à gérer le comportement d’Akira, à fouiller dans ses souvenirs mais en réalité incapable de savoir comment réagir. Elle pense un whatever qui allait sortir de sa bouche quand la silhouette de sa mère se dessine dans l’entrée, s’éclaire à la vision de celui qui a toujours été son gendre préféré, celui qu’elle imaginait déjà devant un autel imaginaire, les doigts enlacés à ceux de sa fille. « Seiren! It is lovely to see you again! », abeille qui bourdonne à tue-tête, sans faire attention aux yeux levés au ciel de Pandore, trop obnubilée par son imaginaire. « You have to stay for — mais elle est coupée, d’un ton sec, cassant, Mère, he was just leaving. » ; pourtant, au lieu d’écouter Pandore, Clémence prend ses grands airs, déterminée, « That is nonsense. I’ve taught you better than to be indelicate and impolite. Invite him in. », impose-t-elle, ignorant le souffle agacé de Pandore et restant dans l’embrasure de la porte jusqu’à ce que Seiren s’y engouffre. « It’s in my room, come on. » Elle aurait aimé le laisser là, mais le regard maternel porté sur Seiren ne présage rien de bon, si bien qu’elle préfère le forcer à la suivre, déjà agacée de la tournure des événements.

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☽. je peux très bien me pas assez de toi

— 10.03.2021 —

Regard-brouillard et poings serrés, quand elle ouvre la porte. Enfant capricieux réclame son bien, à défaut de l’avoir clamée elle. Elle n’a jamais été à lui, et ne le sera, de toute façon, jamais plu. Audace d’un idiot qui a tout gaché et continue à le faire. Jalousie qui n’en est pas, lorsqu’il évoque le petit-ami. Se dit qu’il a sûrement réussi là où lui a échoué. Goût amer dans la bouche qui ne récolte que des cendres, même lorsqu’elle se targuait de ses baisers à elle. Et le silence se brise, d’une voix familière. Altière, remplie de cette prestance qu’ont uniquement les gens trop bien, dans le mauvais sens du terme. Il sourit, poliment, comme il l’a toujours fait au fil des années. « Bonjour Clémence ! » Elle lui a, il y a longtemps déjà, demandé de l’appeler par son prénom, et le français se mêle aux formules trop lisses, pourtant découpé par l’accent chantant du Japon. La gêne prend le dessus, et il n’a pas le temps de protester qu’il se sent forcé de rester. On ne dit pas non à la mère de Pandore. Ni au reste de la famille. Il est bien placé pour le savoir.
La chambre est telle qu’il l’a laissée -qu’elle l’a laissée, figée dans le temps. Des airs grandis trop vite, adolescence bafouée. Pandore a toujours eu l’air plus adulte, alors que Seiren se complaît dans ses folies douce de petit prince couvé. Pourtant, sa chambre à lui a l’air d’un champ de bataille, objets rouillés et inventions cassées qui jonches les murs. Pandore a toujours eu l’allure plus douce. Il croise les bras, en observant autour de lui. « I’m not going to search up your stuff. » et il s’adosse au mur le plus proche, comme attendant un miracle, ou qu’elle daigne lui rendre son trésor. Un regard furtif près de sa fenêtre, cadre vide. « Where are the magnolias ? »

« Bonjour Clémence ! » Le français impose une nouvelle salve d’yeux levés au ciel, non sans s’accompagner de visions du passé, quand sa mère insistait lourdement pour que sa fille lui apprenne le français, s’imaginait déjà Seiren prononcer ses vœux en français au mariage dont elle rêvait. Le ton est entaché d’un accent japonais dont il n’aurait pu se passer, mais Clémence se réjouit, satisfaite d’un effort qu’il continue à faire malgré les années passées et leur relation terminée ; Pandore prend douloureusement conscience que sa mère est plus attachée à Seiren qu’à sa propre fille, malgré leur séparation, mais elle ne fait aucune remarque, les dents aussi serrées que le cœur quand elle se dirige vers sa chambre, accompagnée d’un fantôme qui connaît parfaitement chaque couloir. « I’m not going to search up your stuff. » Elle lui jette un coup d’œil. Sa silhouette adossée contre le mur n’a rien de déplaisant, mais ce n’est pas le pire ; elle est familière, ne semble pas étrange ou sortie de nulle part. Elle ignore pourtant ces pensées interdites qui la blesseraient si elle les laissait lâchées en pleine nature, cherche dans des tiroirs une montre dont elle semble avoir oublié l’emplacement. « I was sure I left it here, I don’t understand », avant d’ajouter dans la précipitation, anticipant une remarque, « I swear it was right here » ; mais la montre n’est visiblement pas là, de même que le vase de magnolias près de la fenêtre, ce qu’il remarque, évidemment. « Where are the magnolias ? » Elle relève à peine la tête pour regarder la fenêtre, tout en sachant pertinemment qu’elle n’y trouvera rien, hausse les épaules. « You remember? » La pénombre de la veille l’avait caché et il n’était pas revenu dans sa chambre depuis des années, toujours dans celle de Noé ou dans les pièces communes. Ça venait de lui, pourtant, habitude née du premier bouquet qu'il lui avait offert ; elle n'avait pu se résoudre à arrêter de les changer dès qu'elles se fanaient, n'avait partagé à personne l'origine de cette obsession. « I don’t know, I needed to change them when I returned but I just… I don’t know, I had other things in mind, I must’ve forgot. » Les yeux quittent la fenêtre pour un énième tiroir ouvert sans trop d’espoir, mais elle en ressort sa montre, s’approche et lui tend, la voix adoucie, peut-être par la tristesse d’un au revoir imposé sitôt l’objet récupéré. « Here you go. You don’t have to stay if you don't want to, I can make up an excuse to my mother. »

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☽. je peux très bien me pas assez de toi

— 10.03.2021 —

Yeux aux airs adoration de la mère pourtant si souvent dépeinte en harpie, Seiren a toujours su se faire bien voir, de ses manières et de ses idées brillantes. Loin d’être en réalité le gendre idéal, il fait semblant, et il le fait parfaitement. Rêves de grandeur qui se transforment en rêve de richesse, facilité à parler car prostré hors du monde qu’on prend pour de l’amabilité. Lorsqu’il suit Pandore, c’est avec l’air plus poli encore que les galets que l’on ramasse un soir de marée basse -c’est ce qu’il est, au fond. Malheureux comme les pierres, grisaille intrinsèquement liée aux veines. Lorsque la chambre aux airs familiers sonne dérangeante, au lieu d’occuper tout l’espace, il se renferme dans un semi-mutisme. Pandore a égaré son trésor, (comme elle a l’air de s’être égarée elle-même), et il tente de ne pas se montrer agacer. La porte se ferme, les masques tombent à peine. Le sien semble lui coller à la peau. Remarque en note de fond, nostalgie lorsque les fleurs se font absentes. Comme un vide au creux du coeur. Il lui faut des magnolias. Et il secoue la tête, comme en proie à un mauvais souvenir. « I see. » Montre récupérée, qui émet un cliquètement caractéristique lorsqu’il l’enfile d’un geste habile à son poignet. Ses pas devraient le mener en sens inverse, vers la porte et l’escalier qui grince la nuit tombée et le hall qu’il a toujours trouvé trop grand et la rue aux airs clinquants -il ne bouge pas. Lèvres pincées. Au fond de la gorge, des mots inconnus qui ne veulent pas sortir. Un soupir lorsqu’il sort sa baguette, qu’il pointe vers sa propre main. « They were supposed to never die. » Au creux de sa paume, d’un filament rosé, les fleurs de Magnolias blanches se forment et s’entremêlent, jusqu’à créer un bouquet. En penchant les yeux, on peut remarquer que les coudes de leurs tiges, semblants d’arbustes arrachés, ne sont pas faits de bois, mais de minuscules engrenages. « The last bouquet I gave you before leaving was special. But you threw it away, didn’t you ? » Il avait pris soin, dans ses silences, de penser à elle. Fleurs mécaniques qui ne devaient jamais s’éteindre. Une fuite dont il avait laissé des indices, avant de se changer en fantôme. Mais il comprenait. Il aurait fait la même chose que Pandore, à sa place. Il aurait probablement brûlé les fleurs -peut être que c’était même ce qu’elle avait fait. Un feu de joie de leurs souvenirs.

Pourquoi devait-elle à ce point l’avoir marqué au fer dans sa peau ? Pourquoi doit-on garder une telle trace de son premier ? Dos à lui, alors que ses mains baladeuses cherchent négligemment dans les tiroirs l’objet tant désiré, ses prunelles sont ailleurs, posées sur le rebord d’une fenêtre vide de fleurs (vide de lui). C’est peut-être pour ça qu’elle met un moment, trop de temps, à retrouver sa montre, assaillie de souvenirs intempestifs qu’elle laisse pourtant entacher sa vision, d’un fantôme-relation dont elle accepte la malédiction. Qui d’autre pour accepter de se laisser hanter, si ce n’est elle-même ? Mais comme d’habitude, le retour à la réalité est aussi douloureux qu’une fusée explosée, qui s’écrase contre les flots et parvient à ne blesser aucun astronaute. « I see. » Le cliquètement la ramène sur le rivage, les yeux qui clignent et qui espèrent voir Seiren se diriger vers la porte (vraiment?) ; sauf qu’il ne bouge pas. « They were supposed to never die. » Le silence qui suit est pesant, lourd de sous-entendus et d’insultes passées qu’ils regrettent peut-être tous les deux. Elle retient une pique acerbe, une comparaison bien placée, la bouche à demi-ouverte et les yeux qui regardent cette main qu’elle connaissait par cœur il y a quelques années, au creux de laquelle les fleurs prennent vie à partir de rien, comme la première fois. Et comme la première fois, Pandore est émerveillée, peine à le cacher. Y parvient quand même, submergée par sa fierté. Pas question de lui montrer qu’elle aime encore ce qu’il fait, qu’il pourrait lui donner un bouquet de flammes qu’elle le chérirait et accepterait de brûler les murs pour le garder. « The last bouquet I gave you before leaving was special. But you threw it away, didn’t you ? » Au début, elle ne répond rien. Ses doigts viennent cueillir ce nouveau bouquet, feignent l’insensibilité quand ils effleurent les siens. Il n’y a plus rien, parce qu’elle n’a plus Seiren dans la peau. La page est tournée, le livre est même brûlé. Elle hume les fleurs, les yeux qui se ferment un instant pour mieux en apprécier le parfum, finit par attraper sa propre baguette. D’un geste, fait apparaître un vase sur le rebord de la fenêtre. Renaissance. Les fleurs retrouvent leur place naturelle, et quand Pandore se retourne et se rapproche à nouveau de Seiren, peut-être trop, les yeux cherchent les siens, un moyen de lui prouver sa sincérité. « They did when I left. Die. I didn’t throw them away. » C’est la vérité, fleurs fanées depuis quatre mois, remplacées par des vraies par un Noé qui ne passait là que pour ça. Ce n’était pas pareil, mais c’était déjà ça. « I would never. »

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☽. je peux très bien me pas assez de toi

— 10.03.2021 —

Il la regarde peindre le tableau de sa propre mélancolie,
Pandore en bouquet de pleurs.
Tout semble trop différent pour une première fois nouvelle, la couleur des pétales est pourtant la même. Le vase aussi, verre aux formes différentes qu’il reconnaîtrait entre mille. Soupir silence dans la poitrine quand elle ferme les yeux pour apprécier l’odeur du bouquet. Il ne sait plus sur quel pied danser, valse lente de leurs ardeurs ou leurs rancoeurs partagées. L’envie du bout des lèvres de murmuré un désolé qui ne vient pas. S’est-il déjà excusé pour sa fuite lâche ? Sûrement que non. Il ne leur a resté que la haine tenace, et le silence.
Alors, l’aveu en demi-teinte. Les mots de Pandore lui font l’effet d’un coup de poignard qu’il n’arrive pas à expier autrement qu’en retournant la lame dans une plaie déjà ouverte -sans savoir qu’elle était déjà à vif. « Oh. » il ne sait pas s’il la croit -mais il en a envie, faiblesse ou penchant qui ne s’est jamais vraiment éteint. Cache ses sincères sentiments sous le sourire croissant de lune d’une confiance feinte. Comme d’habitude, attitude qui n’a rien des affres grandioses. « You’re still crazy about me after all this time… I get it. » mais au fond des prunelles vissées dans les siennes, il y a autre chose. Du mensonge.
Du défi.
Des regrets.
Main qui s’accroche à la joue aux constellations qu’il a un jour retracées par coeur. Il se surprend, sans faire un pas de plus, à vouloir l’embrasser.
Provoquer le carambolage des fleurs au creux du coeur qui n’avaient pourtant demandé qu’à faner.

Comme à chaque fois, ils paraissent deux astres sur le point de la collision, en fusion, deux fusées après le lancement, et on ne sait plus lequel regarder tant les deux paraissent habités, à des kilomètres de la surface du sol, bientôt à déchirer l’atmosphère, quand ils ne sont pas trop occupés à se déchirer entre eux, à se lancer des piques qu’ils ne pensent même pas forcément. C’était à celui qui arrivait le mieux à tourner la page, à prouver à l’autre que la douleur ne l’atteignait pas, que ça ne faisait pas mal, de perdre quelque chose comme ça. Ils étaient tous les deux sur le podium, à feindre leurs émotions comme des rois, quand derrière des miroirs intimes volontiers ils tombaient le masque pour révéler les cicatrices. « Oh. » Elle se satisfait de sa surprise, se demande s’il la croit ou s’il imagine que c’est une nouvelle fois ce jeu stupide qu’elle ne supporterait pas de perdre, couronne à la main, quitte à mentir sans un regret.
Mais elle est sincère, presque trop d’ailleurs, à s’ouvrir à lui comme avant alors qu’il ne le mérite pas vraiment, les prunelles provocatrices qui regardent sa fusée depuis la vitre teintée. Et quand il sourit, de ces grands airs de prince, elle a envie de lever les yeux au ciel, en prière à un dieu ridicule, le supplier qu’il arrête de faire semblant, que pour une fois il se montre comme elle, sincère (comme hier?). « You’re still crazy about me after all this time… I get it. » Elle réfrène un rire, à ne pas le quitter des yeux quand sa main vient embraser sa joue, au risque de se prendre le trou noir d’à côté, les fusées pas du tout protégées.
Ils avaient dit qu’hier ne se reproduirait pas, pourtant.
Lui ne s’approche pas mais elle oui, à réduire l’espace qui sépare les vitres, une jambe qui s’enlève du fil et qui menace la silhouette entière de tomber à la renverse. Un coup d’œil à ses lèvres, le sourire qui s’agrandit. « You wish. » Elle s’est arrêtée juste avant la collision.

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— 10.03.2021 —

En orbite autour d’un astre qui n’a jamais trop brillé pour lui, leurs champs de collision sont dangereux,
se rapprochent.
Seiren aux comètes dans le sourire, dents brillantes d’audace pure. Feinte. Folle après la nuit passée à s’aimer dans les erreurs. Une autre de commise serait fatale, non ? Et pourtant, près des magnolias, lui vient des pensées qu’il aimerait chasser d’un coup de main -sans y parvenir. Ne comprend pas le coeur qui s’emballe et la taille aux airs de défi qu’on vient serrer lorsque les souffles se cognent. Pandore est trop près, elle résonne comme un écho d’hier et de demain, et il déteste ça. En même temps, les décharges électriques. Sa main libre vient faire tournoyer autour de son index une mèche rebelle, boucle qu’il relâche pour la voir voltiger près de son front. « Yeah I do. » il ne dit rien d’autre, laisse le silence s’installer. Confession absurde au fond de vérité qu’il éclate comme une supernova. Les yeux dans les siens en bataille brute. What now Pandore ?
Seiren ne regrette pas ses mots, persuadé qu’il ne les pense pas.
Mensonge éhonté.
Cède ou s’offre derrière les portes closes.

Ils se renvoient la balle comme ils se sont renvoyés la culpabilité, tous les deux aveuglés par leur fierté, à s’embraser puis se jeter à l’eau, s’offrir des roses et s’y piquer les doigts. C’est peut-être à cause de ça, que ni l’un ni l’autre n’ont dévalé les centimètres pour provoquer l’explosion, peut-être qu’encore maintenant ils se laissent chacun submerger par leur fierté, à jouer les grands dans une cour à laquelle ils pensent appartenir, quand ils ne sont en réalité que deux gamins idiots qui n’arrivent pas à tourner la page, accrochés l’un à l’autre et désespérés de l’être. Si seulement il ne s’était pas lancé dans ce cœur mécanique pour Noé, si seulement elle avait brûlé les magnolias, si seulement il n’était pas revenu, hier, si seulement-
« Yeah I do. » Surprise par la sincérité, elle ne peut retenir un mouvement de recul pour mieux voir ses yeux, pour tenter d’y deviner s’il ment, encore, la provoque, ou si comme elle il s’essaie au jeu de la vérité, sa bouclette rebelle qui retombe contre son front. Il a l’air sincère, et elle se sent partagée face à cette révélation, ne s’y attendait pas, sa fierté intriguée et l’esprit qui réfléchit sans le faire vraiment, le cœur battant. « So what now? » Et le doigt de glisser nonchalamment le long de son avant-bras, la main de Seiren toujours accrochée à sa joue, à lui renvoyer la balle parce qu’elle n’a pas envie d’être la première à se re-brûler les ailes.

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☽. je peux très bien me pas assez de toi

— 10.03.2021 —

Tourments et démences qu’il s’était targué de connaître par coeur -à tort. On ne connaît jamais Pandore, comme on ne connaît jamais les phénomènes du ciel, imprévisibles brasiers qui s’esquintent. S’il pensait la tenir, avant, dans la paume de sa main, les années ont passé. Les fleurs ont fané ou ont été jetées -c’est pareil, dans le fond, passion usée qui n’avait jamais été clémente. Cimentée dans le faux et l’espoir de briller plus fort à deux, perdus dans un jeu dangereux. Il n’avait jamais mis de mots sur ce qu’il avait ressenti, un jour, pour elle. Force de persuasion immense et l’espoir de ne plus jamais y penser quand il l’a mise en orbite pour mieux fermer les yeux. On ne parle pas des vieux amants. On y repense avec mélancolie, mépris, ou colère. Envie, peut être. La dernière en couleur de braises lorsque les yeux dérivent sur la courbe de ses lèvres qu’il a tant de fois goûtée -et hier encore. Seiren a fait une bêtise immense, il le sent. S’apprête à en faire une encore plus grande, lorsqu’il inspire et qu’il plonge, dans toute la torpeur d’une âme à la dérive, ses lèvres sur les siennes comme on signe un pacte indélébile avec le mort.
Une fois est une erreur.
La deuxième est une perdition.
Mais il n’a l’impression que de retrouver un chemin serti de ronces, dont il porte les égratignures aux poignets. Rien ne cicatrise. Les plaies font mal, lorsque sa bouche se perd et appuie plus fort. Sous les baisers de sa plus grande folie.