(18+) BAD IDEA (seiren/pandore)

La veille, aucun ne s’était demandé ni pourquoi, ni comment. Comme si on n’avait pas besoin de raison pour se retrouver de cette façon, comme si en un instant on pouvait faire taire des années d’absence, de tensions, de non-dits. Des années de regrets, sans doute aussi, à se demander qui avait fait la première erreur, pour savoir qui pouvait jeter la première pierre. Peut-être qu’en réalité ils ne s’étaient jamais pardonnés. Ça réveillait la rancœur, ça les empêchait de tourner la page depuis tout ce temps, ça ne faisait pas taire des sentiments-poignards ni disparaître les taches de sang. Cinq ans que les blessures attendent le pansement, forcément qu’ils en viennent à retomber puisqu’on ne leur a jamais appris à se relever correctement. Les lèvres se retrouvent et on croirait qu’elles ne se sont jamais perdues. Elle a une certaine satisfaction, pourtant, de ne pas avoir été celle à craquer, à se réjouir d’une victoire qu’elle a quand même bien aidé à obtenir, d’autant qu’elle ne s’écarte pas mais pousse Seiren, au contraire, le force à reculer d’un pas pour s’adosser contre le mur, la main qui saisit sa nuque, s’y accroche, s’électrise à son contact. Elle rompt le silence en cherchant à moitié à retrouver la réalité, celle qui les a vus se quitter, tourner la page. Préfère rouvrir le livre, la respiration qui s’écorche, la bouche contre la sienne et le front qui vient toucher le sien, comme une manière de mettre pause, pour quelques secondes. « You sure? » Pas de bonne ou de mauvaise idée, pas de jugement. Elle sait que l’envie est mutuelle, veut simplement s’assurer qu’il est sûr de vouloir se jeter dans le vide avec elle, une nouvelle fois.

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☽. je peux très bien me pas assez de toi

— 10.03.2021 —

Le goût sous la langue de la mauvaise idée qui s’insinue au fond du crâne, récidive crasse qui s’empare de ses désirs inexpliqués -si la raison avait sa place dans ses gestes, il se serait éloigné, aurait pris la fuite, un merci silencieux et devenir l’ombre. Trop tard, inconscient aux conséquences effacées en buée sur les murs d’une chambre qu’il avait retracé en rêve après la perte. Causée par lui seul. Il ne savait même pas s’il voulait la récupérer, s’il voulait du eux d’avant, dont ils n’avaient plus l’insouciance ou la passion. Pourtant, rien n’était éteint. Les fleurs fanées avaient un goût de printemps, en baisers étiolés d’incertitude. Seiren fait non de la tête, mouvement presque imperceptibles et dilués dans la peau de Pandore à la bouche dans l’orée de son cou. « Not sure about anything, ever. » Mais tout sonne comme la plus brûlante des certitudes lorsqu’en lui résonne l’odeur d’une autre comme un poison -ou un souvenir. Pulsion première qui fait céder la porte, et tout devient poussière, barrières qu’il s’est forcées à ériger tombent une seconde fois. Une question dans le crâne. « Unless, you don’t… want to. » frayeur passagère au bord de lèvres qui se stoppent dans leur course, la peur d’avoir franchi une ligne qu’on aurait laissé à deux.

Ils oscillent entre le raisonnable et la démesure, à tel point qu’on se dit que tout était prévu dès le départ, que ce qui se passe avait été mis en scène au geste près. Seiren et Pandore en Shakespeares modernes, à danser un ballet prévu pour eux, par eux, à s’élancer d’un bout à l’autre de la scène en sachant que ni l’un ni l’autre ne va tomber mais sera plutôt récupéré, envoyé valser, fait tournoyer dans les airs. Adam et Eve en proie à un serpent fait-maison, de leurs mains d’enfants qui persistent à ne pas vouloir grandir ni tourner la page, le jus de pomme en baisers-gouttes dévalant sa gorge. « Not sure about anything, ever. » Et elle qui relève la tête pour s’offrir plus, sans un regret, quitte à dire adieu au Paradis. Ils sont trop désobéissants pour lui, de toutes façons, trop dans l’erreur, la vie remplie de fautes jamais vraiment terminées. Sauf qu’il s’arrête à son tour, la pause qui fait frissonner sa peau réchauffée. « Unless, you don’t… want to. » Elle garde le silence de l’avant-chute, recule d’un pas. C’est maintenant ou jamais, ils peuvent toujours jeter la pomme au feu et faire comme si elle n’avait jamais existé (en tous cas, pas depuis la veille). Mais ses doigts ont déjà choisi de la croquer, enlèvent son t-shirt, défont son soutien-gorge. Elle a ce regard malicieux qu’il connaît suffisamment, sa bouche qui reprend ses mots d’il y a quelques instants à peine. « Yeah I do. » Pomme croquée, elle reste là quelques instants à se faire dévisager volontairement. Finit par retourner près de lui, la main qui se glisse contre son dos, sa peau, les lèvres en manque de lui, la bouche en conquête spatiale qui dépose des baisers sur la sienne, sur sa joue, près de son oreille. « Happy birthday. I remember that, too. »  

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☽. je peux très bien me pas assez de toi

— 10.03.2021 —

Doute d’un instant jeté au feu avec leurs raisons apparentes -plus rien ne compte, sinon le brasier qui s’insinue à chaque fois entre eux. Il sourit, incendie, revient glisser sa langue contre la peau de flamme, Pandore a la même courbure que la veille, pas la même que les années d’avant, femme-poison plus belle encore que leurs plus jeunes années, souffle du danger. Mains serpent de l’Eden qui se posent en terrain jamais conquis, frôlent le ventre et la poitrine, peau mise à nu qu’il embrasse en s’y perdant. Le son d’un cadeau, année après année, d’un jour qu’il a trop de fois oublié. « Pretty cool gift if you ask me. » Blague qui sonne comme une vérité, avant de remonter contre les lèvres mutines. Et la bouche scellée contre la plaie à vif, il fait quelques pas en arrière et allonge sur les draps fleuris sa plus mauvaise envie -sa plus belle anomalie. Les rancoeurs sont encore là, les défiances prennent le pli, elles se reconnaissent dans chaque morsure qu’il laisse sur le cou et la poitrine acculée -sans marques, puisqu’ils ne sont pour l’autre que poussière, comme les magnolias fanés. Envie démente. Attachement que l’on nie. Même corps contre corps dans le plus sourd des oublis.

Un pas en avant, trois pas en arrière, on ne les suit plus, le spectateur doit se demander ce qu’il se passe en coulisses et attendre le dernier acte pour comprendre tout ce remue-ménage. Ils ont eu le temps de s’aimer, s’abhorrer se quitter et recommencer, sans pardon mais avec des mots-vipères, c’est pire. Les lignes sont floues, leur relation aussi, on ne sait pas vraiment quoi tirer de ces corps brûlants, de ces courbes qui s’embrasent et s’épousent naturellement. Pandore ferme les yeux pour apprécier les baisers, se cambre comme s’il fallait réduire plus encore la distance, la main dans des mèches familières. « Pretty cool gift if you ask me. » Elle esquisse un rire, ne parvient pas encore à prendre au sérieux ces semblants de déclarations, aussi paumée que le spectateur. Mieux vaut simplement profiter du spectacle, alors, se laisser porter et embraser, avec un s ou bien avec les deux, avant de le forcer à se retourner, incapable de dire adieu à sa fierté, reine sur son trône plutôt que soumise à ses passions — ce que chacun croie à tour de rôle, pour quelques minutes ou quelques heures, jusqu’à ce que le pouvoir s’inverse. Elle dénude d’un geste, embrasse la peau ardente, déshabille pour mieux rhabiller de sa langue, de sa bouche, les lèvres qui apprivoisent à nouveau ce que pourtant personne n’a dû goûter depuis la veille, un regard vers le sien et trois pas en avant, cette fois. Aucun pas en arrière.

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☽. je peux très bien me pas assez de toi

— 10.03.2021 —

Les propres mots dans une gorge sèche, et sourde de cris, qui s'échappent. A fleur de lèvres contre la peau douce qu'il embrase, et ne sait où donner de la tête -peu habitué aux frasques tendres. C'est plus facile, de détester, quand on a trop aimé, et trop perdu. Plus facile de s'adonner au défi. Seiren n'est pas tendre, mais passionné -c'est pire, la trahison douce, les flammes-noyade, succombe à l'odeur d'une peau familière et des courbes qu'il retrace par coeur même en son absence. Pandore partout, sous les paupières qu'il ferme lorsqu'elle reprend les rênes d'une lutte sans violence -juste celle de leurs égos froissés. La bouche au bord du précipice qui l'enlace et lui soutire un souffle, elle est là, la vraie agonie. Dans les écarts en mauvaises idées, dans les élans de courage qu'on regrettera peut être le lendemain. Avec certitude. Mais lorsque ses doigts s'accrochent aux boucles de jais qu'il a tant de fois tirées dans des nuits floues, la veille encore, il ne regrette rien. Succombe plutôt au péché. La morsure du serpent - ou plutôt, le baiser.

Spoiler:

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☽. je peux très bien me pas assez de toi

— 10.03.2021 —

Spoiler:

Et puis, tout s’arrête.
Il n’a pas entendu l’appel à travers la porte, ou si lointain au dessus des volutes d’une fumée qui se dissipe trop vite, un souffle expié alors qu’il se laisse retomber entre les draps. La poigne dans les cheveux de Pandore se desserre, pour caresser un instant, en tendresse qu’ils ne se connaissaient plus depuis longtemps. « I guess so, yes... » Fatale obligation à laquelle ils doivent tous les deux se résoudre, ne peuvent pas y échapper. Il se redresse et roule sur le côté, passant ses mains sur son visage pour tenter de se remettre les idées en place. « Do I have time to go to the bathroom or do you think it might be suspect ? »

Est-ce qu’ils ne devraient pas le prendre comme un signe, que c’est tout sauf une bonne idée de reproduire les erreurs de la veille ? Qu’ils devraient profiter de l’interruption pour arrêter ce qu’ils savent n’être que des bêtises ? Pourquoi y-a-t-il tant de tendresse, alors ? Tant de douceur dans les gestes, dans les caresses. Il y a la passion dévorante d’une intimité oubliée, oui, mais il y a aussi une affection certaine, une trace indélébile de ce qu’il y a eu et que l’un comme l’autre ne parviennent pas à supprimer totalement. « I guess so, yes… » Elle souffle, mécontente d’une vérité qu’elle connaissait pourtant autant que lui. S’essuie la bouche du pouce et se relève à contre-cœur. « Do I have time to go to the bathroom or do you think it might be suspect? » Elle réfléchit, hausse les épaules. « It would be. I’ll cover for you, just sit fast and she won’t notice. She loves your eyes more anyway. » Laisse la dernière phrase en suspens, on ne sait plus vraiment si elle parle de sa mère ou bien d’elle.
Une fois un peu recoiffée, ils quittent cette bulle paisible et étrange pour des couloirs bien moins familiers, agréables. Clémence les accueille dans la salle à manger avec le sourire des mères qui pensent tout savoir de ce qui se passe derrière le rideau — et qui ont raison, dans ce cas-là, mais ça, Pandore ne le dira jamais à voix haute. « Sit, sit. You’re going to love it. » Pandore garde Seiren derrière elle, masque discrètement de sa silhouette ce qui sauterait aux yeux mais qui échappe étrangement à Clémence, affairée dans le choix de la disposition des plats. D’un regard, elle invite Seiren à s’asseoir, prend la place à côté de lui. Sa mère est assise de l’autre côté de la table, suffisamment loin pour ne pas distinguer ce que l’un comme l’autre souhaiteraient garder caché. Surtout son pied, qui sous la table vient se glisser entre les jambes de Seiren, discret, presque invisible. « Seiren is in a really good quidditch team, Mom. » Lance-t-elle d’un ton calme et naturel, comme si rien ne se passait à côté. En toute innocence. « Oh, really? What post are you playing, Seiren? Tell me all about it. »

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☽. je peux très bien me pas assez de toi

— 10.03.2021 —

Il se heurte à un soupir qui fait fleurir son sourire -l’envie de trouver ses bras est réciproque, mais la peur d’être surpris prime. Le regret n’est pas encore là (le sera-t-il un jour?) conscience d’une erreur de parcours, mais que l’erreur est belle lorsqu’elle a des airs de Pandore. retour à la réalité brutal, comme s’il s’était épris un instant d’une comète pour mieux finir enraciné dans la terre. Les quelques soupirs se muent en souffles qu’il tente pour se calmer -sans succès, le brasier des lèvres de Pandore est encore là, comme indélébile. Il lui faut pourtant faire bonne figure, alors il la suit jusqu’à la salle à manger, sur les joues la peur et la honte mêlées et teintées de rouge. Happy fucking birthday.
Poli comme il sait si bien le faire (les années n’ont pas altéré sa couverture du gendre idéal), il s’assoit à la table à la vitesse de l’éclair. A pour avantage d’avoir Clémence dans sa poche depuis le premier jour, et ce malgré les déboires qu’il a vécu avec Pandore. « I’m sure I will, you always were such a good cook. » sourire qui se veut paisible (en réalité, inquiet), factice comme à son habitude. Lorsque les deux femmes à table se mettent à faire ses éloges, il n’y a pourtant qu’une des deux gravée dans son esprit (et le talon qui se niche le long de ses jambes fait virer ses joues au rose). Les yeux se ferment une demi-seconde, tenter de retrouver des pensées déjà perdues. « Er… Chaser ! I’m a Chaser. In the Komodo Dragons. Unfortunately we didn’t… Got to play the Cup, this year. » sa main envoie violemment Pandore regagner sa place, alors qu’il cherche la sienne dans tout ce bourbier.

Seiren est évidemment toujours aux yeux de Clémence le gendre parfait, dès leur premier baiser elle voulait les voir se marier, lui donner des petits enfants — et en bonne mère, elle avait considéré que leur rupture ne pouvait pas être de sa faute, Pandore avait forcément dû faire quelque chose qui n’allait pas. C’était ça, de ne la voir que comme le mouton noir, c’était toujours sa faute, ça facilitait les débats. « I’m sure I will, you always were such a good cook. — Oh come on, you’re flattering me, I really haven’t had time to practice my cooking. » Pandore lève les yeux au ciel devant tant de suffisance, de flatteries qu’elle sait pourtant ne pas être (trop) hypocrites. Se cherche une autre activité, le sourire malicieux devant Seiren qui se cherche une contenance. Ce n’est qu’un talon, après tout. « Er… Chaser ! I’m a Chaser. In the Komodo Dragons. Unfortunately we didn’t… Got to play the Cup, this year. » Repoussée d’un coup sec, par un Seiren qui n’a pas l’air d’accord avec son activité, Pandore hausse les épaules et prend une bouchée de haricots verts, les yeux provocateurs qui cherchent ceux du denki, murmurent un petit joueur. « Oh, that’s too bad, why is that? Do you want it to be a career? Pandore’s dad was playing Quidditch as well, you know, at Beauxbâtons. I think he was… Pandore? Do you remember? » Regard tourné vers sa mère, Pandore répond naturellement, « He was Seeker. » Mais au milieu de ce bordel de politesse et d’anecdotes passionnantes sur la vie d’un père qu’elle ne porte pas dans son cœur, elle s’ennuie, regarde les secondes passer et se dit que ce n’était peut-être pas une si bonne idée, d’inviter Seiren à entrer.